Chapitre 1

Béryl

— Eh...

Tout mon être est dédié à Morphée, je lui ai tendu les bras des heures plus tôt et désormais, il m'est impossible de me dégager. Je n'en ai pas envie...
L'oreiller accueillant ma joue est si moelleux et le beau blond me souriant a l'air si réel.
C'est comme si tout mon être était ancré dans le sommeil.

Et puis, pourquoi on me réveille, d'abord ? Cela fait presque trois mois que je n'ai plus mis de réveil... Pourquoi aujourd'hui ?

— Eh !

Une main se pose sur mon épaule et me secoue avec insistance. La vision de mon partenaire blond s'estompe à mesure que le sommeil s'échappe.
Je grogne en accrochant plus fort l'oreiller. Comme si c'était le portail magique pour me glisser à nouveau au pays des rêves :

— Béryl ! insiste la voix.

Mon buste est secoué de plus en plus fort, un grognement plus sinistre cette fois m'échappe, synonyme de frustration :

— Quoi ? je tonne.

Je ne prends pas la peine d'ouvrir les yeux, de toute façon je retournerai bien vite auprès de mon blond aux allures de Leonardo DiCaprio :

— Ton réveil a déjà sonné deux fois y a plusieurs minutes. Qu'est-ce que tu fous ?

J'ouvre un œil, encore dans la brume. Mon cerveau met un temps à connecter tous les neurones. Lorsqu'il y parvient, m'offrant une jolie migraine, je me redresse vivement :

— Quelle heure est-il ?

J'ouvre de grands yeux en tenant fermement la couverture sur ma poitrine nue :

— Je sais pas... 8 h 30 je dirais, me dit la voix.

Je considère mon frère avec des yeux de merlan frit.

8 h 30?!

J'ai ma réunion de prérentrée pour ma dernière année de licence dans une heure et demie. Il ne me reste que trente minutes pour me préparer, trente minutes de transports en commun. Ainsi je pourrais y être trente minutes à l'avance pour avoir une place.

Trente minutes?!

C'est extrêmement peu, j'avais pourtant mis mon réveil à 7 h 45. Je me maudis intérieurement. Le rythme de vie de ces vacances refuse de me quitter, il faut dire que c'est la faute d'un jeune homme à la peau bronzée ayant agité mes nuits et m'imposant un rythme de vie complètement déjanté, un vrai comble pour moi qui aime tout planifier. Je dois dire que sa légèreté me manque un peu... À moins que ce soit ses jolis abdos.

— Béryl ?

Le blondinet devant moi me ramène sur terre en quelques secondes. Tout s'accélère dans ma tête alors que je perds des minutes précieuses.

Douche, café, sac... Je passe en revue tout ce que je dois faire en grommelant. J'aurais dû me coucher plus tôt hier soir !

Je m'enroule comme je peux dans les draps fins avant de m'arracher au lit dans un douloureux effort. Mon frère fronce les sourcils en me regardant passer comme une tornade près de lui.
Je lui lance un rapide « merci » avant de déguerpir fissa. J'arrive rapidement à la salle de bains en quelques foulées :

— Je t'ai fait le café ! il me crie.

Un soupir de soulagement m'échappe tandis que je lâche le tissu pour m'engouffrer dans la douche.
J'allume l'eau sans vraiment faire attention à la température et pousse un gémissement lorsque l'eau glacée frappe ma peau.

Bordel !

Dans un mouvement de recul, ma tête heurte une des vitres, m'arrachant un juron. Aujourd'hui prend des allures d'une sacrée journée de merde.
Heureusement que nous n'avons que deux heures d'explications avant que je ne retrouve Justine. La fac a été conciliante cette année, elle a bien voulu accepter ma demande pour être dans la même section que mon amie. Au moins un point positif.
Je l'entends d'ici me raconter combien son été à elle a été triste. Comme le mien à vrai dire... mais je joue beaucoup avec les apparences. C'est un de mes nouveaux dons...

Après avoir rapidement frictionné mon corps de savon en évitant d'inonder mes cheveux, j'enroule toujours en vitesse une serviette autour de mon corps. Je glisse mon amie dans un coin de ma tête et traverse le couloir, laissant négligemment des traces de pieds humides sur le parquet.

À grands pas, je rejoins la plus grande pièce de cet appartement, elle regroupe la minuscule cuisine ouverte ainsi que le salon occupé d'un canapé miteux qui prend presque toute la place. Il faut vraiment qu'on le change. Je me plains pas mal, mais nous avons eu beaucoup de chance de nous dégoter ce petit cocon, même si le loyer est extrêmement cher pour quatre pièces.

— Je t'ai réveillé ?

Mon frère secoue sa frimousse blonde sous mes yeux. Ses cernes sont de plus en plus creusés :

— Je viens de rentrer, il marmonne.

Je me sers une tasse de café brûlant en le regardant se frotter le menton, où une barbe de quelques jours commence à pousser.
Il empeste un mélange de fumée, d'alcool et de sueur :

— Tu devrais aller te reposer.

Il se passe une main sur le visage avant de rabattre ses cheveux en arrière. Il a l'air exténué malgré le mois de vacances qu'il s'est accordé. Ses forces diminuent à vue d'œil chaque jour à mesure que son tour de taille rétrécit.
Mon frère, à mon opposé, a arrêté ses études il y a deux ans et demi, après l'accident... Il s'acharne à travailler dans un petit bar où son patron lui impose des horaires de nuit. Je ne l'ai jamais vu aussi mal en point.
Frères jumeaux, nous sommes d'ordinaire pâles, mais à son stade, c'en est morbide... On pourrait presque voir ses veines en transparence, ses yeux bleu clair sont ternes et ses taches de rousseur n'ont plus le même éclat.
Je m'inquiète beaucoup pour lui, même si je n'ose pas le lui dire. Nous sommes très proches, pourtant, il ne se confierait pas à moi. Au contraire, il se moquerait de moi en me retournant une réplique sarcastique dont lui seul a le secret.
Pourtant, il a énormément changé, il n'est plus que l'ombre de lui-même depuis ce fameux jour et je ne peux rien faire pour arranger ça. J'ai l'impression que nous sommes à des années-lumière l'un de l'autre. Lui appartient au monde de la nuit, moi du jour... Je souffle sur ma tasse en l'observant, oubliant toute notion du temps.
Il retire son tee-shirt puant avant de le rouler en boule :

— T'inquiète pas pour moi.

Toujours la même phrase.

Ça va, Béryl.
Arrête de t'inquiéter tout le temps.
Tu m'étouffes.

Il en a toute une panoplie. Je fronce les sourcils lorsqu'il disparaît, sans doute pour mettre ses affaires au sale. Je bois rapidement mon café qui me brûle la gorge en revenant à moi-même.

Peut-être qu'il a raison. Après tout, nous sommes des adultes maintenant, avec nos vingt et une bougies.

Pourtant, comme lorsque nous étions enfants, je ne peux m'empêcher de me poser un tas de questions sur lui, car lui n'a jamais cessé d'être énigmatique. Je ne cesse de m'inquiéter plus pour lui que pour moi-même. Peut-être que parce que comme ça, j'évite de me concentrer sur ma propre peine, ma propre douleur qui déchire mon cœur. Sur ce gros vide en moi. C'est peut-être plus facile ainsi...

***

Voici donc le premiers chapitre qui présente un peu nos deux personnages.

Qu'est ce que vous en pensez ?

Vos premiers retours sur Béryl ?

Et sur Milo ?

Sur leur relation ?

Lequel pensez vous aimer dans le futur eh eh ?

N'hésitez pas à voter et commenter ! Et partager l'histoire aussi.

Merci d'avance et gros bisous !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top