Chapitre 9. Le prix de l'insolence

Cole

Le corps de Lexie dans mes bras semblait peser une tonne. Ses yeux révulsaient comme si elle allait crever, là, maintenant. Des enfoirés avaient attaqué l'entrepôt en pleine nuit afin de tenter d'intercepter les armes qui devaient bientôt partir en Russie. Lexie avait été touchée par des balles, à quatre reprises.

Quatre reprises de trop.

Tandis qu'elle parlait encore faiblement dans la voiture que je conduisais à une vitesse démentielle, elle était maintenant presque inerte. Caleb prenait son pouls tandis que je courais comme un dératé jusqu'à la salle d'opération du sous-sol. Il ne fallait pas qu'elle parte définitivement

Je ne voulais pas qu'elle meurt.

Riley et moi avions grandi aux côtés de Lexie et de son frère qui n'était autre que Caleb. Ce dernier savait, semble-t-il, garder son sang froid tandis que moi, je bouillonnais de rage et de peur. Si elle nous quittait, je trahirais une fois de plus mon père.

Ma famille, les Blake, avait toujours veillé sur celle des Smith dont Lexie et Caleb font partie. Lorsque leurs parents ont trouvé la mort dans un accident de voiture, mon père les a pris sous son aile. C'était la raison pour laquelle elle flippait toujours de la vitesse à laquelle je roulais. Elle était la sœur que je n'avais jamais eue. Mais on la présentait comme notre cousine pour éviter d'avoir à étaler notre vie privée.

- Bordel mais Caleb, dépêche-toi d'ouvrir cette foutue porte avant que je ne me serve de ta tête pour l'enfoncer, m'écriai-je à bout de souffle.

- Elle est bloquée, je n'y peux rien, répondit-il tout en lui donnant plusieurs coups d'épaule.

- C'est tout ton corps que je vais immobiliser à vie si tu ne la défonces pas sur le champ.

Toujours sans m'accorder d'attention, mon cousin prit de l'élan pour se jeter contre l'objet de nos problèmes. Celle-ci s'ouvrit finalement et je me précipitai sur la table d'opération pour y poser Lexie qui ne réagissait maintenant presque plus. Mais elle était entre de bonnes mains et elle finirait par se réveiller. Tout du moins, c'est ce que j'espérais.

- Putain mais qu'est-ce qui s'est passé ?, hurla Riley qui semblait surgir de l'ombre.

Je me retournai vers lui et cru apercevoir au même moment une silhouette quitter la pièce, mais je manquais cruellement de sommeil et mon cerveau semblait me jouer des tours. Mon frère prit alors la tête de Lexie dans ses mains et sa lèvre inférieure se mit à trembler.

- Tu ne vas quand même pas te mettre à chialer comme un gamin là ?, lui demandai-je. T'as foutu quoi encore ?, ajoutai-je tout en fixant le bandage qui recouvrait sa main.

Il la cacha alors derrière son dos sans cesser de regarder le corps tuméfié de la blessée.

- J'espère que tu ne les as pas laissé repartir vivants répondit-il tout en ignorant mes questions.

Ses membres tremblaient et une colère que je n'avais que très rarement vu chez lui illuminait ses yeux. Je ne comprenais pas ce qui lui prenait. Lui qui était d'habitude si casse couilles avec sa bonne humeur à toute épreuve semblait à présent perturbé.

- Ils n'étaient plus là. Deux de nos hommes sont morts et Lexie s'était réfugiée derrière des containers. Les autres sont à leur trousse mais je leur ai bien mentionné de tous les ramener ici une fois qu'ils auront retrouvé ces connards.

- Vous devriez sortir, ajouta Caleb tout en nous poussant presque dehors. J'ai besoin d'espace et vous me déconcentrez.

- Tu m'emmerdes, lui répondis-je tout en m'allumant une cigarette.

Mais je sortis malgré tout. Je n'avais pas envie de jouer avec le feu ce soir et la vie de Lexie était bien plus importante que ma volonté de vérifier les compétences médicales de mon cousin. Qu'aurais-je pu de toute façon lui dire ? Il était diplômé de l'Université de Californie avant même que je ne sache manier un flingue.

- Je sais. Ferme la porte tant que tu y es !

Je lui lançai un doigt d'honneur avant de me diriger vers le salon, suivi de près par Riley. J'avais besoin d'un verre, et vite.

- Tu vas finir par me dire ce que t'as fichu avec ta main ou tu attends que je t'en colle une ?, ajoutai-je tout en me saisissant de la bouteille de scotch.

- Je suis tombé, répondit-il simplement sans me regarder.

Je fronçai les sourcils. Sa réponse ne me convenait pas mais je me retins d'ajouter quelque chose lorsque j'entendis le son de la télévision. Les voix criardes qui provenaient du salon m'irritaient fortement. Mon verre à la main, je me rendais dans la pièce d'où provenait le supplice.

Je m'arrêtai net en entrant. La SDF était là, bien installée sur le canapé, la télécommande à la main, les yeux fixés sur l'écran.

Putain, qu'est-ce qu'elle foutait là ? Riley était censé la surveiller, pas la laisser se promener comme si elle était chez elle.

- Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?, grondai-je en me dirigeant vers elle, prêt à la traîner de force jusqu'à sa chambre.

Mais Riley se planta devant moi, levant les mains pour m'arrêter.

- Attends, Cole. Je peux expliquer.

- T'as intérêt à avoir une sacrée bonne excuse, parce que là, je suis à deux doigts de t'égorger.

Riley avala sa salive, cherchant visiblement ses mots.

- Elle... euh... elle s'ennuyait. Et puis je l'ai surveillée tout le long, tu vois ?

- Ouais t'avais vachement l'air de le faire là, crachai-je en lui jetant un regard noir.

Elle leva alors les yeux vers moi, un sourire insolent aux lèvres.

- Il a raison. C'est pas comme si j'allais m'échapper avec tous les gardes autour de cette maison, s'exclama-t-elle finalement en pointant le jardin du doigt. En plus j'étais en train de mourir de faim et...

- Toi, tu la fermes. Et toi, Riley, t'es complètement taré de la laisser faire ce qu'elle veut.

Je sentais la rage monter en moi.

- Alors non. Moi c'est Isabella et je ne vais pas la fermer après que tu m'aies attaché comme un chien à sa laisse.

Je l'assassinai à présent du regard. Cette meuf était complètement tarée, mais avant que je n'ai le temps de la traîner de force dans la chambre, Riley tenta de me calmer.

- Allez, Cole, c'est pas la fin du monde. Elle a juste regardé la télé.

Je pris une profonde inspiration, essayant de me contenir avant de commettre une terrible erreur.

- Riley, tu devais la surveiller, pas lui donner accès à toute la baraque.

La captive se leva alors du canapé, s'étirant comme si elle venait de passer la journée la plus relaxante de sa vie.

J'allais la tuer.

Je m'avançai vers elle, attrapant son bras pour la tirer du canapé.

- Retourne dans ta chambre, et cette fois, tu bouges pas d'un centimètre.

- Parce que c'est ma chambre maintenant ? C'est trop d'honneur Monsieur Blake !, rétorqua-t-elle, un rictus toujours collé aux lèvres.

Je contractai à présent le moindre centimètre de mon corps pour ne pas en coller une à quelqu'un. Personne n'écoutait mes ordres et ça me mettait dans un état indescriptible.

Et puis... Comment connaissait-elle mon nom ? Putain, elle me mettait hors de moi.

Elle haussa finalement les épaules, mais obéit, un sourire moqueur toujours accroché aux lèvres. Riley me regarda, l'air penaud.

- Ça va, Cole. On gère...

- Non. Tu gères rien du tout, le coupai-je avant d'entraîner Isabella à l'étage supérieur.

Une fois en haut, je claquai la porte de la chambre, la laissant seule. Puisque les chaînes ne la rendaient pas plus obéissante, il fallait que je trouve un autre moyen de la faire parler. Riley allait devoir se venger de ceux qui nous avaient attaqué tout seul, pour l'instant. J'avais un compte à régler ici.

Je retournai dans le salon, mais je n'arrivais pas à réfléchir. Je commençais vraiment à être crevé de ne pas dormir. Il fallait que je découvre pourquoi elle ressemblait tant à Adalyn et, surtout, ce qu'elle savait. Je n'aimais pas l'idée qu'elle s'amuse à jouer avec mes nerfs sous mon propre toit.

Après quelques minutes, je montai à nouveau les escaliers. J'ouvris la porte de la chambre doucement cette fois, la trouvant assise sur le lit. Avoir emmené cette meuf ici était une véritable erreur. Et j'allais m'assurer qu'elle paie pour la connerie de Riley.

- Tu te crois chez toi maintenant ?, dis-je en entrant dans la chambre, la voix chargée de sarcasme.

Elle leva finalement les yeux vers moi.

- C'est l'hôpital qui se fout de la carte vitale là, répondit-elle.

- De la charité plutôt. Tu n'as pas l'air brillante toi.

À quoi je jouais là ? Je ne devrais même pas répondre à cette débile. Mais elle me faisait bouillonner et j'avais besoin de me défouler.

- Riley aurait dû te laisser attachée. Mais maintenant, on va devoir trouver un autre moyen de te surveiller.

Elle haussa les épaules, son putain de sourire moqueur toujours dessiné sur ses lèvres.

- Essaye toujours. Je n'ai rien à te dire.

Je m'approchai d'elle, mon regard plongeant dans le sien.

- Tu penses vraiment pouvoir me défier ? Tu ne sais pas à qui tu as affaire.

Elle ne détourna pas le regard.

- Oh, je sais très bien à qui j'ai affaire. Un homme en colère qui ne sait pas quoi faire de moi. Tue-moi, tu es pathétique.

Je laissai échapper un rire amer.

- Très bien. Tu veux jouer à ce jeu ? Parfait.

Je me rapprochai encore, suffisamment pour sentir qu'elle n'avait pas pris de douche depuis déjà vingt-quatre heures.

- Puisque tu refuses de m'écouter en étant enchaînée, tu vas devoir payer autrement.

Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas encore ce que je voulais dire. Je lui pris le bras, l'obligeant à se lever.

- Tu vas venir avec moi. On a un tableau à livrer, et vu que Lexie est blessée, c'est toi qui vas t'en charger.

- Et si je refuse ?, demanda-t-elle, sa voix tremblante malgré elle.

Je serrai son bras un peu plus fort.

- Tu n'as pas le choix. Si tu veux rester en vie, tu ferais bien d'obéir.

Je l'entraînai hors de la chambre, la poussant devant moi dans le couloir.

- Riley, prépare la voiture. On part dans cinq minutes.

Mon frère, qui se tenait à proximité, acquiesça rapidement.

Nous descendîmes les escaliers, Isabella trébuchant légèrement sous la force de mes doigts autour de son bras

- Tu vas regretter ton insolence. Et crois-moi, je vais m'assurer que chaque seconde de cette livraison soit un enfer pour toi.

Elle ne répondit pas, se contentant de me lancer un regard meurtrier. Nous arrivâmes dans le salon où le tableau emballé nous attendait. Je la poussai vers la porte, la tenant toujours fermement.

- De toute façon, tu es à moi maintenant. Tu n'as nulle part où aller, et personne pour te sauver. Alors, fais ce que je te dis, et peut-être que tu t'en sortiras vivante.

Nous sortîmes de la maison, la voiture déjà prête. Riley ouvrit le coffre et j'y plaçai le tableau avec précaution. Puis, j'ouvris la portière avant, poussant Isabella à l'intérieur. Je m'assis à côté d'elle, fermant la porte derrière moi.

- Tu vas vraiment le regretter, dis-je, un sourire froid aux lèvres.

Alors que la voiture démarrait, je jetai un coup d'œil à Isabella. Elle fixait la route, les mâchoires serrées, mais je pouvais voir la peur dans ses yeux. Oui, elle allait regretter son insolence. Et je m'assurerai que chaque minute de ce trajet soit un rappel de qui contrôlait la situation.

Le jeu venait de commencer, et je comptais bien le gagner. Quoi qu'il en coûte.

***

Je suis tellement excitée par ce chapitre. Ça me met dans un de ces états de le publier ici ! 🫣🫣

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Ox

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