Chapitre 8. Le calme avant la tempête

Isabella

Le cri de douleur de Riley fendait le silence de la maison. Il lâcha instantanément son téléphone pour retirer le bout de verre qui n'était non pas enfoncé dans son ventre, mais dans sa main.

Il avait tenté d'intercepter mon coup avant que celui-ci ne le blesse plus gravement. Les yeux écarquillés, il me fixa tout en tentant de compresser la plaie pour stopper l'hémorragie.

- Putain !, hurla-t-il finalement.

Avant qu'il n'eut le temps de se jeter sur moi, je me précipitai en bas des escaliers. Je n'avais absolument aucune idée d'où j'allais atterrir, ni même sur qui je pourrais tomber. Seul un instinct de survie que je ne connaissais que trop bien dictait les moindres de mes faits et gestes.

Je courrai à travers le salon, heurtant au passage les coins de quelques meubles. Ma jambe me faisait encore atrocement souffrir, la douleur s'amplifiant à mesure que j'accélérais.

Mais la chanson m'était familière et, comme il y a six ans, je m'efforçais de faire abstraction.

Je finissais ma course au sous-sol, entrant dans la première pièce qui s'était présentée à moi. Seule une petite fenêtre laissait passer les rayons de la lune. Je ne parvenais pas à habituer mes yeux à l'obscurité récente dans laquelle je venais de me plonger.

Je heurtais ce qui me semblait être des cartons avant que mon dos ne rencontre le rebord d'une table d'opération. Je me retournai alors et aperçus tout un tas d'instruments dont je ne connaissais même pas l'existence.

Était-ce là qu'ils avaient prévu de me torturer ?

D'accord Bella, là tu dois vraiment te casser.

Je n'entendais aucun bruit provenant du couloir. J'avais supposé qu'il me courrait après pour m'achever en guise de représailles mais il n'en était rien.

J'étais encore plus angoissée à l'idée de me dire qu'il se cachait en attendant que je sorte qu'au scénario de course poursuite qui s'était déroulé dans ma tête.

C'était à cause de ce connard que j'étais prisonnière de cet endroit. Il l'avait bien mérité. La silhouette qui s'était approchée de moi l'autre soir était donc la sienne et non celle de Cole.

Ça expliquait pourquoi ce dernier était si furieux à l'idée de devoir me garder chez lui... Mais ça n'excusait en rien sa décision de m'attacher à des chaînes comme une bête sauvage.

J'entrepris alors de fouiller les cartons qui m'entouraient dans l'espoir de trouver de quoi me défendre lorsque je sortirai de cet enfer. Tout ce que mes mains touchaient étaient cependant de vieux tableaux empilés les uns sur les autres. Je les jetai de rage à l'autre bout de la pièce avant de poursuivre mes recherches vers les autres cartons.

Mais toujours rien.

J'étais condamnée à attendre ici avec le faible espoir que ma bonne étoile se montre enfin clémente.

Assise dans un coin, je me recroquevillais sur moi-même, la tête dans mes bras qui étaient à présent posés sur mes jambes pliées.

Mes yeux commençaient à brûler, non seulement de fatigue mais aussi de désespoir.

Alors que les larmes montaient de plus en plus, je me souvins. Mon père et mon frère évoquaient souvent ces « Américains » et l'aversion qu'ils éprouvaient envers eux.

Les Blake.

En plus de leurs activités, ils désiraient plus que tout conquérir le marché de la contrebande d'œuvres d'art aux États-Unis.

Évidemment, je me doutais que la passion de ma famille pour la peinture et les sculptures était fortement limitée. Outre les photos de femmes déshabillées qui recouvraient quelques murs de notre ancienne maison, rien ne laissait penser qu'elle s'y intéressait réellement.

Je m'étais toujours demandée ce que cela signifiait, ce que ces oeuvres pourraient bien cacher de plus sombre. Et c'était le moment ou jamais de le découvrir.

Je m'emparai alors de l'une des toiles avant de frénétiquement l'arracher. Il n'y avait rien, outre des écailles de peinture qui s'éparpillaient à présent sous mes pieds. Mais je ne m'arrêtais pas là et répétais les mêmes gestes avec les autres tableaux qui se présentaient à moi.

- Mais t'es complètement malade !, vociféra soudainement la voix de Riley dans mon dos.

Je me raidis instantanément. Mes membres se contractaient au fur et à mesure que j'entendais ses pas se rapprocher de moi. La pièce n'était pas très grande et si je ne bougeais pas d'ici maintenant, il allait se venger. Mais je ne pouvais pas m'enfuir.

Mon corps refusait d'obéir à ma raison. Je tentais de placer une jambe devant l'autre mais rien n'y faisait.

Mon coeur battait à tout rompre, chaque pulsation résonnant dans mes oreilles comme un tambour assourdissant. Ma respiration était de plus en plus difficile, chaque souffle grattant ma gorge comme si l'air était devenu visqueux. Une sueur froide perlait sur mon front, glissant lentement le long de mes tempes.

Mes mains tremblaient, incontrôlables, et je sentais un vertige me nouer l'estomac. Les murs de la pièce semblaient se rapprocher, me pressant, me compressant.

Une peur irrationnelle m'envahissait, un flot déferlant de terreur sans source identifiable. Mes pensées étaient brouillées, chaque mot, chaque image dans mon esprit se dissolvait en une cacophonie de chaos.

Je cherchai désespérément un point d'ancrage, quelque chose pour me ramener à la réalité, mais tout semblait flou, distant et irréel. Lorsqu'une sensation d'étouffement me submergea, comme si une main invisible serrait ma gorge, je voulus crier. Mais aucun son ne sortit. Mon esprit et mon corps me laissaient tomber et je ne pouvais absolument rien y faire.

Mes crises étaient revenues et je ne pouvais pas lutter contre elles. Elles me condamnaient.

- Respire lentement, soupira finalement mon garde attitré en s'agenouillant près de moi.

- Elles... Elles reviennent toujours, soufflai-je entre mes sanglots.

Mes mains tremblaient et ma vue était trouble. Ma respiration s'était agitée et je ne parvenais pas à la calmer. Se montrait-il gentil avant de m'asséner le coup final ?

- Ma mère..., déglutissait-il, elle en faisait souvent.

Les yeux encore embués de larmes, je relevai la tête vers lui. Je voulus dégager les quelques mèches brunes de cheveux qui recouvraient mes yeux mais tout était tellement emmêlé que j'abandonnai vite l'idée.

- Elle en faisait pratiquement tous les jours. Ça a duré des années. J'étais petit alors je ne sais pas trop ce qu'il faut faire dans ces cas là mais je sais que tu dois calmer ta respiration.

- J'essaie, soufflai-je tout en posant une main sur ma cage thoracique.

Sa bienveillance soudaine, malgré ce que je lui avais infligé, me retourna l'estomac. Personne ne s'était jamais montré si prévenant à mon égard, sauf peut-être ma soeur lorsque nous étions petites.

Je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était intéressé ou que, peut-être, il tentait de me manipuler comme j'avais tenté de le faire quelques minutes plus tôt.

- Mon frère va te tuer s'il voit le bordel que t'as foutu ici, prononça-t-il avant de se lever pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être.

Maintenant que je m'étais calmée, un rictus se dessinait sur mes lèvres. Cole était donc son frère... Mais qu'il s'emporte ou non, ça m'était égale. Si j'avais pu atteindre cet enfoiré de kidnappeur, c'était tout ce qui m'importait.

Enfin, techniquement ce n'était pas vraiment lui qui avait décidé de m'embarquer. Mais c'est lui qui me retenait ici et rien de l'y obligeait.

- Je m'excuse pour... ça, disais-je tout en pointant sa blessure de mon menton.

- Ah, ouais, répondit-il tout en haussant les épaules. Je crois que je l'avais bien cherché, rit-il finalement. C'est un peu de ma faute si t'es ici et je ne voulais pas... faire toute cette merde, termina-t-il en agitant ses bras pour me désigner.

Il marqua une courte pause avant d'ajouter tout en me lançant un clin d'oeil :

- Et puis techniquement, tu m'as raté.

Sa désinvolture m'arracha un sourire. Il avait décidément l'air d'être l'opposé de Cole.

Il semblait avoir changé de vêtements car aucune trace de sang n'était visible. Lorsqu'il leva les bras pour s'emparer d'un carton vide et y placer tout ce que j'avais hargneusement arraché, j'aperçus plus distinctement le bandage qui recouvrait sa paume.

J'avais agi aussi violemment que mon père le faisait et ça me répugnait.

- Pourquoi tu m'aides ?, demandai-je enfin.

- Parce que je sais que tu n'es pas elle. Et même si mon frère ne peut s'empêcher de voir Adalyn lorsqu'il te regarde, je sais que toi, tu n'y es pour rien.

Je fronçai désormais les sourcils. Qu'est-ce qu'elle avait bien encore pu faire ?

Mais lorsque je voulus poser ma question, la voix de Cole résonna dans le couloir du sous-sol.

Si je pensais avoir déjà touché le fond, il fallait croire que je m'étais trompée.

***

Je n'ai pas pu attendre une semaine avant de vous publier la suite alors la voici !

N'hésitez pas à me donner votre avis ou partager cette histoire si vous êtes déjà conquis 👀

Je peux en tout cas vous annoncer que J'ADORE Riley 🤍

Avec tout mon amour,
Ox

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