Chapitre 5. La tentative

Isabella

Cela faisait déjà quelques heures que l'autre malade était parti. Je sentais à présent mes bras qui gonflaient au fur et à mesure que le temps s'écoulait. Cette position allait finir par me provoquer une stase veineuse aux dégâts irréversibles et bordel, je n'avais aucune envie de perdre une partie de mon corps.

Pourquoi ces hommes m'avaient-ils soigné pour ensuite m'attacher comme une moins que rien ? Je tremblais à l'idée qu'ils aient été embauchés par ma famille. Si tel était le cas, il enverrait ses hommes venir me chercher. Plus les minutes défilaient, plus mon ventre se tordait. Putain. Si seulement j'avais été une personne normale, je ne serais jamais restée allongée toute la journée sur mon canapé pour ne finalement sortir qu'en pleine nuit. J'avais baissé ma garde et je m'en voulais. Terriblement.

« Tu peux crever ici, je m'en tape ». Ce mec était vraiment le pire des enfoirés. Mais il ne mentait peut-être pas totalement car si je ne mourrais pas de faim, ce serait sûrement à cause de ma vessie qui exploserait. Et je ne doute pas une seule seconde qu'il n'en aurait rien à faire.

Attends une minute... Je peux vraiment mourir de ça ?

Je chassai rapidement cette idée de mon esprit. Si je continuais à cogiter de la sorte, je finirais rapidement par sombrer dans la folie. Il avait cependant redoublé d'effort pour que ce soit le cas. Je n'avais aucune notion du temps mais il me semblait entendre sa musique depuis une éternité déjà. Tous ces boum, boum, boum incessants me donnaient envie de lui crever les tympans. C'était d'ailleurs la première chose que je comptais faire avant de m'enfuir d'ici.

Je n'avais pas peur de lui. J'ai connu bien pire et j'ai pourtant réussi à m'en sortir. Je ne vois pas en quoi cette situation serait différente. Au moins, ils ne m'avaient pas tué. C'était donc des amateurs à mes yeux. S'ils avaient été embauchés par mon père, ils auraient fait bien pire que m'attacher.

Un. Deux. Trois. Expire.

Ces souvenirs ne me quittaient jamais. Ils étaient d'ailleurs probablement le fondement même de mon angoisse permanente. Si j'avais réussi à échapper aux Martinez, j'échapperai aussi à ce vieux gang de misérables américains.

La seule chose qui m'emmerdait était qu'à ce stade, je devrais être obligée de changer de continent pour ne plus être suivie par tous ces dégénérés. Remarque, il me suffirait d'une simple semaine enfermée ici pour être certaine d'avoir perdu mon appartement. Plus rien ne me retiendrait donc aux États-Unis.

- O... OU... OUI, hurla soudainement une voix féminine.

J'écarquillai les yeux. Ne me dîtes pas...

- OUI, CONTINUE !, ajouta-t-elle.

Putain mais c'est pas possible. En plus du boucan incessant des basses qui résonnaient contre les murs, il fallait qu'il ramène la plus grande gueularde qu'il pouvait trouver. Je veux bien qu'elle prenne du plaisir mais de là à risquer de se fouler les cordes vocales... La simulation avait ses limites mais de toute évidence, cette fille ne les connaissait pas. Elle prenait au moins du plaisir tandis qu'on me laissait dépérir ici.

Pour ne rien arranger, le bruit d'un lit qui tambourinait contre le mur avoisinant le mien me parvint. Des gémissements se firent entendre de plus en plus fort. Je pense sincèrement que le sort de mes bras et ma cuisse douloureuse n'étaient rien en comparaison du supplice de cette écoute.

Et puis... Plus rien.

J'eus soudainement une idée. Si me laisser mourrir seule ici le laissait indifférent, ce n'est pas pour autant que je devais me taire.

- T'ES PAS TRÈS ENDURANT !, criai-je à mon tour.

J'entendis des grognements étouffés dans la pièce d'à côté. Bingo. Il n'était pas sourd. Sa potentielle incapacité à entendre aurait néanmoins pu expliquer sa tolérance envers ce qu'il venait de subir. Envers ce qu'elle venait de nous faire subir.

- JE SAIS QUE TU M'ENTENDS, continuai-je.

Aucune réponse.

- J'AI BESOIN DE FAIRE PIPI, tentai-je.

Rien.

- JE VAIS FINIR PAR FAIRE SUR TES DRAPS SI TU NE VIENS PAS M'AIDER.

Silence total.

Je me creusais les méninges pour tenter de trouver la phrase qui le ferait sortir de ses gonds. Il n'y a que ça qui marchait avec eux : la provocation. Mais je ne les connaissais pas. Je ne le connaissais pas. Je me remémorai alors la scène de la veille mais mon cerveau était encore à moitié dans les vapes et rien de particulier ne me vint à l'esprit. La seule chose dont je me souvenais était que je voulais qu'il tire. J'étais effrayée à l'idée que mon paternel m'ait mis la main dessus. Et même s'il semblait avoir oublié mon existence ces six dernières années, je ne pouvais m'empêcher de toujours penser au pire.

Mais là, je me souvins.

- JE CONNAIS ADALYN ET J'AIMERAIS TE D...

La porte de la chambre s'ouvrit brutalement.

***

Voici un nouveau chapitre ! L'insolence d'Isabella me fait tellement rire 😂

J'espère que vous l'appréciez autant que moi 🤍

Avec tout mon amour,
Ox

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