Chapitre 4. Enchaînée

Isabella

Les rayons du soleil me brûlaient le visage. J'entrepris d'ouvrir les yeux mais la lumière me fit un mal de chien. Ma jambe gauche était engourdie et je ne parvenais pas à la bouger. Je voulus dégager le bout de tissu qui recouvrait ma cuisse mais celui-ci semblait ancré à ma peau. Alors que j'entrepris de l'arracher avec le peu de force qui habitait mon corps, mes bras restèrent bloqués en l'air. Je relevai soudainement mon regard.

J'étais... attachée ?

La panique s'empara de moi à la vue des épaisses chaînes métalliques qui reliaient le mur situé derrière moi à mes poignets. Tout me revint brusquement en mémoire. Les tirs, ma blessure, le pistolet braqué sur ma tempe et ces voix qui s'agitaient autour de moi.

Faites que je sois en plein cauchemar.

Je commençai à agiter mes bras en espérant faire céder les embouts argentés qui maintenaient faiblement l'objet qui me gardait prisonnière. Au bout de quelques minutes, je dus me résigner. Ces choses ne lâcheraient pas et j'étais condamnée à rester sur le lit recouvert de draps noirs. Le sang commençait à ne plus circuler dans mes bras et ma jambe me faisait atrocement souffrir.

Tout autour de moi était étrangement calme. La chambre dans laquelle j'étais demeurait déserte, n'ayant pour décoration qu'une armoire située au fond de la pièce et le lit sur lequel j'étais assise. Les murs blancs et les immenses baies vitrées qui n'en couvraient qu'une partie me donnaient l'impression de commencer à dangereusement se rapprocher de moi. Ce fichu poids oppressait fortement ma poitrine et des fourmillements s'emparaient de mes membres. Je ne savais cependant pas si ces derniers étaient dus à la mauvaise circulation de mon sang ou à l'attaque de panique qui me submergeait de plus en plus.

Un. Deux. Trois. Expire, Bella.

Les exercices de respiration qui m'aidaient à me calmer ces derniers temps ne suffisaient plus. Tout n'allait pas bien se passer cette fois-ci. Tout était comme avant, comme quand j'étais avec eux. Je ne savais pas exactement dans quelle famille j'avais atterri mais je savais que j'étais dans l'une des leurs. L'univers que je fuyais depuis des années s'était à nouveau imposé à moi. Sans crier gare, ce monde me retenait à nouveau captive d'un environnement que je n'aurais même pas osé souhaiter à mon pire ennemi.

M'avaient-ils reconnus ? Non, c'est impossible.

Personne ne savait que j'étais la fille de Carlos. Seule ma sœur aimait briller sous sa protection. Je ne faisais plus partie des Martinez depuis assez longtemps pour que toutes ces ordures ignorent mon existence.

Des bruits de pas se firent alors entendre. Leur écho lointain me laissait penser qu'ils foulaient un escalier. Je tentais une dernière fois de me défaire de mes liens mais rien n'y faisait.

- Elle est là, prononça finalement une voix rauque avant de déverrouiller la porte que j'ignorais jusque-là fermée à double tour.

Comme si j'avais pu m'en approcher, bande d'idiots.

- Tu es enfin réveillée.

La carrure imposante de l'homme qui venait de parler s'approcha lentement de moi. Il s'arrêta quelques instants pour contempler mon pansement avant de dégager les quelques mèches de cheveux qui collaient sur mon front trempé de sueurs.

- NE ME TOUCHE PAS SALE ENFLURE !, hurlai-je tandis que mes poignets commençaient sérieusement à m'irriter à force de les agiter dans tous les sens.

- Cupidon t'a envoyé l'âme sœur Cole ? Elle parle comme toi, plaisanta un autre homme qui se tenait nonchalamment contre l'embrasure de la porte.

Celui que je devinais être Cole lui jeta un regard noir. Il était quant à lui au bout du lit et tenait une cigarette dans sa bouche. Je le reconnus. C'était lui. C'était celui qui avait voulu me tuer hier. Et à vrai dire, j'aurais préféré mourir que de finir enchaînée ici. Je lui jetai à mon tour un regard aussi sombre que possible. Je doutais de ma crédibilité mais il ne devait en aucun cas voir ma crainte.

Je ne leur ferai plus jamais ce plaisir.

L'homme qui se tenait près de moi, quant à lui, esquissa un sourire que je ne parvenais pas à déchiffrer. Une faible lueur traversa ses yeux et sa main s'approcha à nouveau de moi. J'avais envie d'arrêter de respirer à cet instant précis. Mon cœur battait à tout rompre et je le soupçonnais de vouloir transpercer ma cage thoracique. Si seulement.

Ses doigts se posèrent alors sur mes lèvres. Ce fut le geste de trop. Je le mordis instantanément à pleines dents. Il poussa un bruyant soupir avant d'abattre son autre main sur ma joue.

- Mais c'est qu'elle m'aurait presque fait mal, murmura-t-il dans un rire étouffé.

Je redressai alors ma tête et des larmes embuèrent mes yeux. Je les fermai afin qu'il ne perçoive pas ma faiblesse. Sa gifle venait de me réduire à néant. L'humiliation que j'étais en train de subir sous les regards attentifs de ces trois hommes m'enfonçait dans le mutisme. Je sentis finalement des larmes perler sur mon visage.

- Et elle chiale maintenant !

- Arrête Ethan, le coupa la voix rauque que j'avais entendu avant que la porte ne s'ouvre.

J'ouvris les yeux et aperçus le fameux Cole qui avait à présent les yeux braqués sur le monstre qui se tenait à mes côtés.

- Tu défends une Martinez ? Mon poing dans ta tronche de merdeux a dû te faire perdre quelques neurones, on devrait appeler Caleb, répliqua-t-il.

Mon sang ne fit qu'un tour à l'entente de ce nom. Martinez. Ils savaient. Je ne sortirai jamais vivante de ce pétrin. La panique s'empara à nouveau de moi. Je devais me débarrasser d'elle tant que ces inconnus se tenaient à mes côtés. Ils étaient comme eux. Ils n'hésiteraient pas à me descendre au moindre tremblement. Ces gens-là ne traiteraient jamais une personne en dehors de leur clan avec respect mais avaient encore plus horreur des froussardes dans mon genre.

- Ferme-la et casse-toi si c'est pour dire des conneries pareilles. Tu l'as bien regardé ? Elle n'est pas Adalyn. Elle n'a pas la marque. Elle ressemble plus à un vieux déchet issu de la rue qu'à n'importe quel membre de cette famille d'enculés.

Je l'observai, ahurie par ses paroles. Il alluma une nouvelle cigarette à peine la première éteinte. Que le cancer emporte précocement ce malade loin de ce monde. Je remerciais néanmoins le ciel lorsque Ethan s'éloigna de moi afin de murmurer je ne sais quelle parole dans l'oreille du prénommé Cole. Quelle qu'elle soit, celle-ci lui déclencha un rictus.

« Elle n'avait pas la marque » demeurait à présent la seule phrase tournant en boucle dans mon esprit. Ils connaissaient donc bel et bien ma sœur. Et je ne savais pas encore dans quel merdier notre ressemblance m'avait foutu mais je devais trouver un moyen de partir d'ici au plus vite. Le psychopathe au bout du lit ne me quittait plus du regard et son sourire commençait à me donner la nausée.

- Je ne sais pas qui est cette Adalyn mais il y a de toute évidence erreur sur la personne, tentai-je dans un énième espoir. Laissez-moi par...

- Tu peux crever ici, je m'en tape.

Et il sortit en claquant la porte.

***

Cole semble difficile à convaincre 😭

Mais ce n'est probablement qu'une question de temps... Enfin, on espère !

Avec tout mon amour,
Ox

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