Chapitre 3. La première règle

Cole

- T'es vraiment trop con, me hurla Lexie tandis que je refoulais ma rage sur la pédale d'accélération de ma caisse. On n'aurait jamais dû les suivre.

La pluie s'abattait sur le pare-brise. Le paysage défilait à une allure ahurissante, à tel point que je ne parvenais plus à parfaitement distinguer la bordure de sécurité de la route. Je ne freinerai pas. Je ne pouvais pas m'arrêter en si bon chemin. La vitesse affichée au compteur s'affolait.

180 km/h. 200 km/h.

J'avais l'esprit embué par la peur qui m'animait à l'idée que ces enfoirés de Martinez nous suivent encore jusque chez moi. Comment avaient-ils pu oser se ramener devant ma propriété ? Je ne comprenais pas. J'étais pourtant presque certain qu'ils n'avaient pas cramé mes hommes qui les surveillaient. Avais-je été si stupide au point de perdre le contrôle de l'empire de mon père ? Au point de perdre un semblant de bon sens ?

- Bordel !, m'écriais-je avant d'abattre mes mains sur le volant.

- Ne lâche plus jamais ce volant à cette vitesse, Cole. Je te préviens, je ne finirai pas en bouilli à cause de toi, renchérissait Lexie tandis que je posais à nouveau mes yeux sur la route.

Elle ne perdait jamais une occasion de se la fermer celle-là. Comme pour lui donner raison, je donnai un grand coup de volant en direction des arbres bordant la route avant de reprendre une trajectoire normale. Elle me lança un regard noir qui me fit instantanément sourire. Je voulais la faire flipper autant qu'elle me cassait les couilles à cet instant. Je ne pouvais pas lui faire subir le même sort que Riley, alors, je me vengeais à ma manière.

Les grandes grilles métalliques bordant l'entrée s'ouvrirent à la seconde de notre arrivée. Tant mieux. Je n'avais plus la force de casser la gueule d'une autre personne ce soir. J'ouvrai la fenêtre à ma droite en jetant un rapide coup d'oeil aux gardes postés de chaque côté de celle-ci afin de leur faire comprendre qu'il ne fallait pas davantage jouer avec mes nerfs.

- On fait quoi d'elle ?, demanda mon frère en pointant du doigt la brune qui gisait sur la banquette arrière de la voiture.

Putain. J'avais complètement oublié la SDF qui était à moitié en train de crever dans ma caisse. Les sièges en cuir blanc étaient à présent fichus. C'était celle que je préférais et rien que pour ça, je pourrais abréger ses souffrances plus vite que prévu.

- Tu n'as pas appelé Caleb ? Sérieux Riley, là il faut la soigner parce qu'elle perd vraiment beaucoup de s...

- Vous pouvez la jeter dans le fossé, j'en ai rien à foutre, interrompis-je la blonde. Et brûlez la bagnole tant que vous y êtes.

Je n'avais aucune idée de ce pour quoi ils s'étaient entêtés à la prendre avec nous. Depuis quand les Blake faisaient preuve de charité ? Penser au simple fait que le corps de cette pouilleuse avait foulé le pas de cette maison me donnait la gerbe. Mais après le coup que j'avais infligé à Riley et la tentative d'intimidation de ces enflures de Mexicains, je n'avais juste pas été d'humeur à débattre.

Je marchai frénétiquement jusqu'à mon bureau en n'oubliant pas de me saisir de la bouteille de scotch à moitié vide qui était encore posée sur la table basse du salon. J'avais besoin d'une clope et maintenant. J'allumai cette dernière avant de m'asseoir sur le siège dont l'emplacement me permettait de dominer la pièce. Tandis que je parcourais les feuilles d'un dossier posé devant moi, j'entendis la voix de Caleb résonner dans le hall. Je décidai de l'ignorer.

Faites qu'elle ne se réveille jamais.

- Monsieur Blake, voici les enregistrements de ce soir, m'informa l'un de mes hommes en entrant dans la pièce du troisième étage.

Je m'en emparai avant d'extraire la carte SD située dans la montre que Lexie portait encore quelques heures plus tôt au casino. Je devais comprendre pourquoi ils s'étaient pointés chez moi. Comme si le micro avait été recouvert d'eau, je ne distinguais pas bien les voix qui s'élevaient. Les machines à sous venaient de plus ajouter un bruit ambiant qui empêchait à ma concentration de se frayer un chemin. Je refermai alors mon ordinateur portable avant de le jeter à travers la pièce et d'approcher le briquet de ma seconde cigarette.

- Je suis foutu, marmonnai-je entre mes dents.

Pour ne rien arranger, j'entendais à présent les gémissements de l'autre bouffonne dans le salon. Je supposais qu'elle s'était réveillée. Personne n'écoute donc mes prières ?

Par pitié... Ne me dites qu'ils l'ont allongé sur l'îlot central de la cuisine, là où je mange !

Je m'emparai de l'arme qui se cachait dans l'un des tiroirs de mon bureau et dévalai les deux étages en trombe. Je voyais rouge et j'étais prêt à bousiller le premier venu qui se mettrait en travers de mon chemin. Riley et Lexie n'étaient plus dans la pièce mais j'aperçus Caleb en train de placer la balle qui s'était logée dans la cuisse de la sans-abri dans un petit plateau métallique. Il entreprit enfin de désinfecter la plaie.

- Putain mais Caleb sérieux, t'aurais pas pu faire ça ailleurs ?, m'empressais-je avant de me ruer sur eux.

- On n'en serait pas là si t'avais pas décidé de stocker la marchandise dans notre bloc opératoire.

- Je n'avais pas prévu qu'il servirait ce soir à soigner une clocharde. Faut qu'elle dégage d'ici avant son réveil donc bouge ton cul, répondis-je.

Il continuait son travail sans même daigner tourner la tête vers moi. Je la vis alors ouvrir faiblement les yeux. Elle semblait confuse et sa main se porta machinalement vers la plaie encore découverte. Le médecin retira son bras d'une traite et lui souffla de rester calme. Ses cheveux bruns trempés étaient éparpillés sur son visage, de sorte que je ne parvenais pas à distinguer ses traits. Maintenant que je la regardais de plus près, cette fille me disait vaguement quelque chose...

Un gémissement de douleur s'échappa de ses lèvres. Elle ouvrit subitement les yeux, dégageant les mèches de cheveux qui la recouvraient par la même occasion. Ses deux iris verts rencontrèrent les miennes et mon cœur faillit louper un battement.

Ne me dites pas que... Non, impossible.

Je pointai alors mon arme vers elle. Si je tirais, là, maintenant, sa cervelle s'éparpillerait sur tous les meubles de ma cuisine. Et qu'est-ce que j'avais horreur de la saleté. Sans quitter son regard, je m'approchai lentement, le bout de mon flingue atteignant à présent presque sa tempe.

- Vas-y, tire, murmura-t-elle finalement.

Elle ne laissait pourtant rien transparaître. Je ne parvenais pas à déceler une once de défi dans sa voix, ni même de peur sur son corps. Le seul membre qu'elle bougeait était sa jambe au contact des mouvements de Caleb.

- T'ES QUI BORDEL ?, hurlais-je finalement tout en débloquant la détente de mon arme.

- On dirait... Adalyn, prononça finalement Lexie en entrant dans la pièce.

Ce prénom me provoqua un frisson qui me fit détourner le regard. Je constatai l'air ahurie de mon amie qui détaillait avidement cette fille encore allongée sur l'îlot marbré. Ça ne pouvait pas être elle... Et pourtant, elle lui ressemblait étrangement. Je me concentrai à nouveau sur ma cible, pressant à présent la détente un peu plus fermement avec mon index. Un doute s'immisça dans mon esprit et j'aimais tout sauf ça.

- Elle ne peut pas vivre dans ce cas, m'exclamais-je tout en tentant de garder mon sang-froid.

Riley se précipita rageusement sur moi. En l'espace d'une fraction de secondes, mon corps heurta le carrelage de la pièce et s'affaissa lourdement sous le poids de mon frère.

- TU VEUX CREVER TOI AUSSI ?, vociférai-je tout en essayant de récupérer l'arme qui avait glissé à quelques mètres.

- Cole, calme-toi et réfléchis deux secondes, continuait Lexie sans quitter ma future victime des yeux. Ton frère n'a pour une fois pas eu une idée stupide.

Je me redressai et aperçus à présent la brune trembler. Elle fermait les yeux si fort que j'eus l'impression que les pattes d'oie qui se dessinaient au coin de ses yeux allaient précocement se transformer en rides. Ça ne pouvait pas être elle. Adalyn n'aurait jamais tremblé comme une feuille sur le point de se détacher de sa branche.

- Il faut qu'on la garde ici, on en a besoin vu la situation dans laquelle on s'est foutu, prononça enfin Riley.

- Hors de question. Elle va crever.

- Putain mais on est dans une merde noire là, tu le vois bien ! C'est peut-être notre seul moyen de pression sur Adrian Martinez et toi, tu continues à jouer les bornés. De toute façon j'ai déjà prévenu Ethan et il a déjà décidé que tu la garderais.

- La garder ? Mais vous me prenez pour un vétérinaire sérieux ? Regardez la ! On dirait un animal écrasé sur le bord de la route.

Riley étouffa un rire avant que je lui lance un regard assassin. Ce mec ne semblait vraiment pas tenir à sa vie.

- Il sera là dans quelques minutes de toute façon, tu verras ça avec lui, abdiqua finalement Lexie dans un soupir avant de tourner les talons.

Mon oncle, Ethan, commençait sérieusement à me taper sur les nerfs. Depuis la mort de mon père, lui et moi dirigions l'organisation familiale. Il avait cependant tendance à oublier que moi aussi, j'étais sur le coup. Malgré moi, certes, mais je me devais d'assurer la relève. Pour lui. Or, l'idée que mon paternel écoutait toujours attentivement les conseils de son frère me hérissait les poils. Je connaissais pourtant très bien les règles de la Famille et la première d'entre elles était de ne jamais faillir aux ordres.

Heureusement pour lui, je me sentis finalement d'humeur obéissante. Aucune règle ne m'interdisait d'être joueur.

Et mon premier divertissement serait une Martinez.

***

Hello tout le monde, j'espère que vous allez bien ! Enfin, que vous allez mieux que Bella en tout cas...

N'hésitez pas à faire votre pronostics pour la suite 😈

Avec tout mon amour,
Ox

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