Chapitre 13. Trois vies pour la sienne
⚠️ Ce chapitre ne convient pas à un public non averti.
Cole
Les enfoirés qui avaient tiré sur Lexie se tenaient à présent devant moi, leur corps déjà couvert de bleus retenu par mes hommes de main. Je sentais une vague de haine déferler dans mes veines. Je devais les faire parler mais en vérité, je voulais juste qu'ils crèvent.
Les faire souffrir. Les faire mourir.
Ces mots se répétaient en boucle dans mon esprit tandis que je me précipitai vers l'une des salles du sous-sol. Elle était humide, sombre et sale. Un frisson me parcourut lorsque j'y pénétrai. C'est dans cette pièce que j'avais pour la première fois assisté à une scène de torture.
Je revois mon père se tenir près de cet homme. Je le revois le frapper jusqu'à ce qu'il cesse de respirer. Je le revois s'acharner, encore et encore, alors qu'il était déjà trop tard.
Et pourtant, malgré sa force que je pensais résistante à toute épreuve, il était à présent trop tard pour lui aussi. Il ne reviendrait jamais. Et les fils de pute qui avaient tenté d'enlever la vie de Lexie, qui avaient tenté de défier l'autorité des Blake, en paieraient le prix.
Je n'étais pas mon père, non.
Aujourd'hui, j'étais devenu pire que lui.
- Je vous en prie..., sanglota l'un d'eux tandis qu'on liait ses poignets derrière le dos d'une chaise.
- Ferme ta gueule, crachai-je tout en lui enfonçant mon poing dans le ventre.
Son souffle se coupa, mais ses yeux ne cessaient pas d'implorer ma pitié. C'en était trop. J'allais finir par gerber à force de le regarder.
- Je vous dirai tout ce que vous voulez, continua-t-il malgré tout.
Je me jetai alors sur lui, le faisant par la même occasion tomber à la renverse. Mes poings percutaient son visage à une vitesse effrénée. Son nez émit alors un craquement. Je l'avais pété et c'était tout ce qu'il méritait.
- JE T'AI DIT DE FERMER TA GUEULE, hurlai-je sans cesser de m'acharner sur lui.
Ce connard refusait de m'écouter. Il gémissait. Je m'emparai alors d'une cisaille qui traînait sur le sol aux côtés d'autres outils et essayai de l'enfoncer dans sa bouche dégueulasse. Mais il tenta soudainement de me mordre. Je lâchai alors mon instrument tout en bloquant son corps avec le poids du mien. J'étais à califourchon sur lui, écartant le plus possible sa mâchoire à l'aide de mes deux mains. Je tirai si fort qu'elle finit par émettre un craquement sourd qui le fit hurler de douleur. Elle s'était déboitée.
Je m'emparai alors de la cisaille, l'ouvris et la refermai d'un coup sec sur sa langue. Je tentai de récupérer le bout coupé qui se barrait dans sa gorge avant qu'il ne s'étouffe avec. Mais son sang giclait partout et j'en avais plein les yeux. Je mis finalement la main dessus et le passai devant les yeux de cet abruti.
- Tu sais, je ne supporte pas les traîtres. Mais je déteste encore plus ceux qui travaillent pour les Martinez. Alors peut-être que le cadeau que je vais envoyer à tes petits copains leur fera comprendre qu'il ne faut pas... Non, me ravisai-je. Qu'il ne faut jamais commencer à empiéter sur mon terrain, corrigeai-je en agitant le bout de sa langue sous ses yeux qui m'imploraient encore.
Mais son regard me foutait dans une colère noire. Je revoyais le corps de mon père gisant sur le béton mouillé par la pluie. Je revoyais ses yeux ouverts vers le ciel, le sang s'échappant de sa bouche entrouverte et qui terminait sa course dans les flaques.
Je me revoyais finalement moi, désemparé, tentant de le réanimer pendant des heures avant de prévenir Riley.
Tout était de la faute de cette famille, de nos guerres de pouvoir, de l'ambition démesurée de mon père. Mais surtout, tout était de la faute de mon manque de vigilance. J'avais été trop con, mais ce soir, j'étais un autre homme. Je ne ferai plus jamais cette erreur.
Depuis cette fameuse nuit, j'étais mort de l'intérieur. Toutes mes croyances et espérances, tous mes rêves et mes espoirs s'étaient envolés là où l'âme de mon père s'était égarée. Je ne possédais plus rien d'autre que le poids du pouvoir sur les épaules. Et rien ne me permettait de l'alléger. L'amour que mon père me portait était mort avec lui. Et moi, je me situais entre cette tombe et la réalité.
J'aurais dû poursuivre son assassin ce soir là. J'aurais dû courir jusqu'à en perdre haleine, jusqu'à m'époumoner. Mais je n'avais rien fait de tout ça. Non, j'avais préféré m'accrocher au rêve de le secourir. J'avais été faible. Tout ce que mon père aurait détesté.
Mais il ne restait plus rien de l'ancien Cole. Je m'emparai alors d'un flingue avant de fixer les paupières à demi fermées du type gisant sur le sol.
- Une première vie pour les vingt années qu'il restait à mon père, lui dis-je avant de lui coller une balle entre les deux yeux.
Je pris quelques secondes pour recharger mon arme avant de me tourner vers ses deux coéquipiers.
- Il n'en restera que dix-sept après vous, prononçai-je avant de tirer.
Au même moment, mon oncle Ethan fit irruption dans la pièce ensanglantée. Il poussa un soupir avant de s'appuyer sur l'un des poteaux bétonnés et d'allumer une clope.
- T'aurais quand même pu m'attendre gamin, souffla-t-il en même temps que la fumée de sa première bouffée.
- T'avais qu'à bouger ton cul.
- Ah ça je le bougeais, oui, mais pas jusqu'ici, me lança-t-il tout en me faisant un clin d'œil.
L'allusion qu'il faisait à sa partie de jambe en l'air me provoqua un frisson de dégoût.
- T'en n'as pas marre de te taper des putes ?, lui dis-je avant d'allumer à mon tour une cigarette.
Il émit un bref rire sans cesser de regarder les cadavres jonchant le sol.
- Non. Elles ne risquent pas de te briser le cœur et savent fermer leur gueule, répliqua-t-il avant de poser son pouce et son index d'une part et d'autre du visage de celui que j'avais massacré. Putain, tu ne l'as pas loupé.
Je lui fourrai alors le bout de langue du type dans la main avant de faire signe aux hommes qui se situaient à l'arrière de la pièce de se débarrasser des corps. Ethan, lui, ne bougea pas, se contentant de fixer la langue ensanglantée avec un rictus amusé.
- Tu sais, Cole, commença-t-il en écrasant sa cigarette sous sa botte, y a une manière plus propre de faire parler ces enfoirés.
Je haussai les épaules, sentant l'adrénaline redescendre lentement.
- Ouais, peut-être. Mais moins divertissante.
Ethan émit un rire rauque, un son qui fit écho dans la pièce.
- T'as pas tort. Mais parfois, faut savoir jouer avec leur tête avant de jouer avec leurs tripes.
Je me tournai vers lui, les poings encore serrés de rage.
- Et alors, t'as une meilleure idée ?
Il s'avança, s'appuyant nonchalamment contre le mur humide.
- Pas vraiment une meilleure idée, juste une différente. Ces gars-là, ils répondent à quelqu'un. Et parfois, la peur de ce quelqu'un est plus efficace que la douleur.
Je le fixai, essayant de lire dans ses yeux ce qu'il avait en tête.
- Tu veux dire qu'on devrait leur faire croire qu'on peut atteindre ce quelqu'un ?
Il acquiesça lentement.
- Exactement. Les faire parler par pure terreur. Leur faire comprendre qu'ils sont des morts en sursis, que ce n'est qu'une question de temps avant qu'on les trouve, eux et leur boss.
Je soupirai, pas entièrement convaincu mais intrigué par l'idée.
- Ça pourrait marcher. Mais je préfère les voir souffrir comme pap...
Mais je m'arrêtai là. Je n'avais pas la force d'en parler. J'avais seulement la force d'extérioriser.
Ethan sourit, un sourire qui n'atteignait jamais ses yeux. Il me comprenait. La tristesse se lisait dans son regard mais, comme moi, il n'en parlait pas. Et même s'il ne mettait pas de mot sur ce qu'il s'était passé pour une raison purement égoïste, je lui en étais reconnaissant.
- Je sais, gamin. Mais parfois, la vraie torture, c'est de les laisser vivre avec la peur. Chaque jour, chaque nuit, ils se demanderont quand ça va tomber.
Je jetai un regard aux corps qui gisaient au sol, puis à Ethan.
- Je vais y réfléchir.
Ethan acquiesça, puis ajouta avec un clin d'œil :
- Et pour ce qui est de se taper des putes, disons que ça me permet de rester détendu. T'as déjà essayé de gérer ce bordel sans décompresser de temps en temps ?
Je ne pus m'empêcher de sourire malgré moi.
- Ouais, peut-être que je devrais essayer. Mais pas ce soir.
En vérité, ça me dégoûtait et je n'en avais aucune envie.
Il éclata de rire.
- Allez, je m'occupe de tout ce merdier, dit-il tout en désignant les corps. Va te reposer.
Je quittai la pièce et me retrouvai à présent seul. Seul, mais accompagné de mes démons silencieux. Mon esprit était encore en proie à la rage et à la confusion. Et puis, il vagabonda vers Lexie, ses blessures, son état qui me semblait avoir été critique...
Je pris alors mon téléphone et composai rapidement le numéro de Caleb. Après quelques sonneries, sa voix résonna à l'autre bout du fil.
- Comment va-t-elle ?, lui demandai-je finalement.
- Elle est stable pour le moment, mais... c'était moins une. Je l'ai laissée se reposer à l'étage. J'avais... un truc à faire.
- Et ton truc ne serait pas un grand brun musclé ?, le taquinai-je.
Et comme je m'y attendais, seul le silence m'offrit une réponse. Caleb n'aimait pas parler de ses conquêtes, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Je n'étais pas non plus le plus bavard à ce sujet.
- Et Cole...
- Oui ?
- Non, rien. Je dois te laisser, à plus, dit-il avant de raccrocher.
- Ok..., répondis-je dans le vide.
Mon cousin était souvent comme ça. Il ne se confiait jamais sur rien, restant secret sur le peu de vie personnelle qui lui restait à côté de nos activités. Il devait être bouleversé par l'état de sa sœur et avait besoin de se vider l'esprit. Je ne pouvais que respecter son choix. En attendant, elle était en sécurité chez moi.
Quand j'arrivai enfin devant la porte de sa chambre, je pris une profonde inspiration avant d'entrer. Je m'approchai doucement, m'asseyant à ses côtés. Ses yeux s'ouvrirent lentement, et elle tourna la tête vers moi.
- Salut, gros con, souffla-t-elle, un faible sourire aux lèvres.
La Lexie que je connaissais n'était donc pas morte et le poids qui compressait ma poitrine disparut subitement. Elle avait toujours été une emmerdeuse de première, et même blessée, elle ne perdait pas une occasion de me le rappeler.
- Salut, répondis-je en essayant de cacher mon soulagement.
- Je suppose que tu t'es occupé des connards qui m'ont tiré dessus.
- Tu veux parier ?, lui lançai-je tout en réajustant le coussin derrière sa tête. En tout cas, toi, tu devrais te reposer.
- Comme si j'avais besoin de ton autorisation pour ça, grogna-t-elle en se laissant retomber sur l'oreiller.
Je lui lançai un léger sourire avant de refermer la porte. J'ai vraiment cru qu'elle allait crever dans mes bras hier et ça me foutait encore les boules.
En quittant la chambre, une détermination froide et implacable se forma en moi. Comme d'habitude, je n'arriverai sûrement pas à fermer l'œil de la nuit. Je me repasserai la scène de ce soir, en boucle et en boucle. Mais ils devaient payer.
Ils allaient payer.
Et cette fois, je ne laisserai rien ni personne se mettre en travers de mon chemin.
***
J'ai vraiment écrit ce chapitre plus vite que mon ombre et je vous promets beaucoup, beaucoup de surprises pour la suite... 🫣
Avec tout mon amour,
Ox
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