06. Fissure du corps

⚠️ : chapitre difficile à lire, merci de prendre en compte les TW présents dans le disclaimer !





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Chapitre six





« Il se croyait immortel, éternel.

Mais c'était avant que les flammes de l'enfer ne le consument.

L'homme le trouvait beau dans les draps souillés de son sang,

il aimait plus que tout sa voix mélodieuse quand elle criait son désespoir. »















Plus tard, même bien plus tard que le temps, les horloges avaient cessé de fonctionner. Les aiguilles ne bougeaient plus. Le soleil s'était déjà couché, les étoiles se cachaient, seule la nuit noire dominait.

Tout était sombre. Tout était éteint.

Comme cette forme étrange dans la poitrine qui, habituellement, maintient la vie. Mais pas ce soir.

L'organe s'affolait. S'essoufflait. Tremblait.

Parce qu'autour de Jeongguk, tout était noir. Tout était obscurci par la brume, par les ténèbres. Il était coincé dans un flou, un peu tyrannique, un peu fou.

Namjoon aussi était obscurci par tout cela.

Lui aussi, il était noir. D'un noir amer. Un noir de colère. Mais aussi rouge de rage. Un rouge hostile, dévastateur. Expéditif.

Un vermillon aussi intense que celui qui se trouvait aux coins des lèvres du châtain.

Le temps était toujours en pause. La nuit, dehors, était toujours noire. La violence, elle, était toujours présente. Et les membres de Jeongguk, toujours aussi tremblants.

Au milieu des cris incessants de son fiancé, l'écrivain fixait le lit, conscient du danger qui le guettait, mais à la fois détaché de tout cela. Complètement paralysé, figé. Il n'osait plus bouger, appréhendant la suite.

Appréhendant la mort.

Il avait beau se dire qu'il fallait être fort, mais, par moments, ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait plus. Il avait perdu le contrôle de lui-même, sa fierté, quand les choses avaient commencé à lui échapper.

Et pour la toute première fois, Jeongguk s'était mis à penser à toute cette situation. Cherchant à comprendre quand tout cela avait dérapé. Depuis quand les choses avaient-elles cessé de fonctionner correctement ? Quand était-il devenu le pantin d'un homme narcissique ? Il n'était plus rien, seulement un objet. Un objet de fantasmes. Un objet déshumanisé.

En fait, si, il savait quand tout cela avait commencé...

Dans sa mémoire lui revenaient des flashs de cette soirée, celle où tout avait basculé.

C'était lors d'une nuit d'hiver. Il faisait très froid, la première fois que tout cela s'était produit. Ce soir où l'enfer s'était installé dans sa vie.

Ils revenaient d'un bal de charité, là où des convives fortunés déblatéraient pendant des heures sur divers débats de société. Namjoon, lui, contribuait activement à ces discussions. Le riche héritier des écuries Peugeot était comme un poisson dans l'eau lors de ces événements, à l'inverse de Jeongguk qui ressemblait à un chaton égaré. Personne ne lui adressait la parole, il servait seulement de décoration, une sorte de panoplie que son fiancé promenait un peu partout avec lui, à travers la salle, le maintenant accroché à son bras.

Le châtain qui commençait à s'ennuyer fortement, s'était éclipsé le temps d'un instant.

Il s'était rapidement retrouvé devant le bar, là où étaient servis toutes sortes de cocktails colorés et attrayants, une sorte de piège pour les personnes comme lui, celles qui ne boivent que très rarement.

Il avait ainsi très rapidement succombé aux mélanges et au goût sucré, tombant dans le plaisir et le désordre de l'alcool, causant de sacrés dégâts à la soirée.

Namjoon, furieux, l'avait alors ramené à la maison.

L'écrivain se rappelait encore de cette tâche impure à la couleur vermeille, qui s'était propulsée dans l'épaisse couche de neige, contrastant à la perfection avec le blanc pur recouvrant le perron de l'habitation.

Il se souvenait de ce premier coup. Qui l'avait pris par surprise.

Du deuxième, un peu plus violent.

Du troisième, profondément marquant.

De tous les autres qui avaient suivi, de plus en plus puissants.

Jusqu'à ce que son corps meurtri et blessé ne puisse plus bouger. Son fiancé en avait alors profité.

Le brun avait profité de cette faiblesse pour le tirer par les cheveux jusqu'à l'intérieur de la maison. La rage habitait ses pupilles, il était devenu fou. Il devait punir, toujours plus et autrement que par les poings. Alors, il avait de nouveau traîné Jeongguk jusqu'au coin de mur, pour qu'il n'ait aucune possibilité de s'échapper. Il s'était ensuite occupé de le prendre, violemment. Encore et encore. Sans s'arrêter, sans que les cris et protestations, physiques comme sonores, de Jeongguk lui importent en quoi que ce soit.

Le châtain avait eu beau hurler, personne n'était venu l'aider, personne pour le sortir de son agonie. Alors, il avait fini par se taire, laissant son esprit se déconnecter de la réalité pour se protéger. Laissant son corps à cet homme, qu'il puisse en faire ce qu'il voulait.

Laissant ses espoirs s'envoler et ses appels à l'aide s'égarer.

Et à ce jour, cela continuait.

Aujourd'hui. Durant cette nuit noire, beaucoup trop sombre, Jeongguk savait ce qui allait se passer, prochainement.

Parce que Namjoon savait. Il savait toujours tout.

Et surtout, il découvrait toujours la vérité.

Ainsi en étaient des rendez-vous secrets depuis trois semaines entre Jeongguk et son ex-petit ami, Kim Taehyung. Il avait appris que, depuis ces trois semaines, les deux jeunes hommes s'étaient vus plusieurs fois, et qu'ils se reverraient probablement d'autres fois.

Et ce fut alors là, le début de la fin.

Parce que Namjoon voyait rouge et que seule résonnait dans sa tête, la future punition.

― Regarde-moi, Jeongguk.

Il déglutit.

Un frisson d'effroi dévala la courbe de son échine, lorsqu'il osa planter ses iris apeurés dans ceux sanguinaires de son futur époux.

― Je vais te poser une seule et unique question, tu m'entends ? Tu n'as surtout pas intérêt à me mentir, Jeongguk...

L'homme se rapprocha de sa proie, tel un chasseur affamé. De sa main droite, il prit soin d'accrocher le menton du jeune homme dans un geste délicat qui contrastait avec son aura assoiffée de sang et de violences.

― ...car tu sais ce qu'il se passera sinon. Tu ne veux pas me décevoir, n'est-ce pas ? questionna Namjoon, tout en forçant son fiancé à se soumettre à sa domination.

Jeongguk secoua négativement la tête.

Oh non, il ne voulait surtout pas le décevoir.

― Est-ce que tu vois un autre homme derrière mon dos ?

― N-Non...

Une seule gifle.

Vive et rapide. Sèche et violente. Brutale et impatiente.

Le sifflement de l'air, créé par l'impulsion de la main de Namjoon, résonna à travers les murs de cette petite chambre aux murs pourpres et à la décoration blanche bientôt recouverts sous quelques traces écarlates.

― Jeongguk... qu'ai-je dit précédemment ?

― De ne pa-pas men-mentir...

― Donc ?

― Oui... finit par avouer Jeongguk, coupable, la tête baissée en direction du sol.

Le brun sourit, avant de laisser échapper un d'accord à peine audible, d'un ton doux qui déstabilisa le châtain. Il fait vraiment froid dans le dos

Mais avant qu'il pousse plus loin dans sa réflexion, pour en connaître la raison, il était déjà trop tard.

Et ce fut sur le mur, derrière lui, que sa tête avait cogné.

Ce fut autour de son cou, que des mains rugueuses s'étaient refermées.

Ce fut ses poumons qui avaient commencé à manquer d'air et à le faire suffoquer.

Et, ce fut, sur ses joues que les larmes pellucides s'étaient écoulées.

Toute inspiration supplémentaire était tout bonnement impossible pour Jeongguk. Sous la frayeur, il écarquilla les yeux. Et sous la fureur de son agresseur en train de l'étrangler, il prit peur. Une fois de plus.

Et c'était toujours aussi douloureux.

Sa cage thoracique brûlait, elle appelait à l'aide. Malgré le manque d'air conséquent, il pleurait, sans réellement pouvoir le contrôler. Ses émotions étaient bien trop confuses, troubles. Il y avait un mélange de frustration, de panique, d'horreur. Mais surtout, une peur souveraine, immense : la peur de mourir sous les coups de son bourreau. Il était effrayé par cela. Son corps entier en tremblait.

L'homme devant lui était devenu fou. Il l'était déjà depuis longtemps.

Alors que les paupières de Jeongguk allaient se clore définitivement, que son esprit allait sombrer dans l'inconscience, toute pression sur sa gorge disparut.

La respiration erratique et le corps désarticulé, il tomba au sol, violemment. Ses genoux se retrouvèrent vite écorchés par la moquette foncée de la chambre, les mains toutes aussi abîmées par une réception maladroite.

Le châtain essayait de reprendre ses esprits, mais c'était difficile quand la douleur, elle, persistait dans son organisme. Son sang pulsait contre ses tempes, il le sentait. Son corps s'affolait.

C'était insupportable, toute cette souffrance, toutes ces douleurs aussi physiques que psychologiques.

Ça faisait mal.

Dans un élan, à la fois audacieux et suicidaire, il releva la tête pour soutenir le regard noir de son fiancé. Mais cela ne plut pas à Namjoon.

Et à partir de là, les choses s'accélérèrent...

― Je n'aime pas ta façon insolente de me regarder, Jeongguk. Cherches-tu à recevoir une punition ? Moi, je pense que oui.

Une autre gifle, violente. Très violente. Qui atterrit sur la joue déjà bleue du cadet. Le geste était brut, intense, fait pour blesser, fait pour entraîner la douleur. Et sous la puissance de l'impact, la tête du châtain heurta le sol, le laissant complètement sonné.

Il n'eut pas le temps de se remettre, qu'au loin, il entendit le bruit métallique d'une braguette descendue. Instantanément, ses sens se mirent en alerte, malgré le bourdonnement dans ses oreilles.

Apeuré, il releva la tête une nouvelle fois, le regard flou s'ancrant dans celui fou de son prédateur.

― J-Je t'en prie... n-ne fait p-pas ça... ! supplia-t-il d'une voix écorchée.

Les yeux cruels de son fiancé auraient pu le tuer sur place s'il le voulait, mais Jeongguk savait que Namjoon n'oserait jamais aller aussi loin. Enfin, il l'espérait.

― Voyons, chéri, tu sais bien ce qui arrive lorsque tu me mens, n'est-ce pas ? Il est de mon devoir de te montrer où est ta place, susurra-t-il tout prêt de son oreille, rapprochant lentement son bassin vers l'avant.

Le châtain déglutit.

Du liquide lacrymal s'échappait toujours plus abondamment de ses yeux.

― Je t'en su-supplie... je te promets de ne pl-plus jamais mentir... s'il te plaît...

Toujours à genoux au sol, il implorait, de tout son être et de toute son âme.

Son visage se retrouvait à seulement quelques maigres centimètres du sexe de son fiancé, déjà fièrement dressé, lui donnant de fortes nausées.
Son estomac était déjà prêt à régurgiter tout ce qu'il contenait.

Alors qu'il s'apprêtait à se reculer, loin de Namjoon, une main vint s'agripper fortement à ses cheveux, lui arrachant une grimace et quelques mèches au passage et l'obligea à se pencher en avant. Deux doigts se posèrent sous son menton pour le forcer à ouvrir la bouche. Jeongguk alla pour protester quand il se fit violer son intimité buccale. Avec violence. Beaucoup trop même. Sans aucune retenue ni compassion. Et ce durant plusieurs minutes malgré les supplications et les pleurs incessants.

Namjoon y prenait du plaisir.

Dans cet acte de violence, il s'abandonnait entièrement. Dans cette fellation forcée et non consentie, il soupirait de son bien-être infâme.

C'était ce qui faisait de cet homme, un psychopathe et un connard fini.

Et apparemment, cela l'amusait grandement de pratiquer ce genre de chose.

Si seulement cela était amusant...

Jeongguk voulait mourir, de nouveau. Son envie était revenue et il aurait aimé pouvoir succomber sous le manque d'air. Ou bien, mourir des coups et blessures qu'il recevait continuellement. Parce qu'en fin de compte, c'était peut-être mieux que d'être ici. De toute façon, tout était mieux que cette situation.

Et si seulement...

Après de nombreux va-et-vient énergiques et brutaux, le brun finit par venir dans la bouche souillée, sous les soubresauts du cœur de Jeongguk. Son organe vital se composait et se décomposait, sans cesse, comme une musique qu'on réécoute ou un film qu'on regarde, inlassablement. Une sorte de mélodie tragique qui formait une boucle infinie.

Mais Jeongguk, lui, ne voulait plus entendre ces sons-là ni revoir les images de sa pitoyable vie.

...cela pouvait s'arrêter ici. Cela devait s'arrêter ici.

Il ne le supportait plus.

À peine Namjoon eût-il fini, que le pauvre et frêle jeune romancier se retrouva traîné jusqu'au lit par une poigne qui tenait toujours aussi fermement ses mèches châtains. Cela lui provoqua une douleur aiguë sur le dessus du crâne, si bien qu'il ne put réfréner un glapissement apeuré. Bien vite, il fut jeté comme une vulgaire poupée sur les draps encore immaculés.

L'homme se plaça au-dessus de lui, pas encore rassasié. Il soumet encore une fois Jeongguk à lui, par son aura dominante. Et ce dernier n'osait plus bouger, il était comme figé. Complètement paralysé. Parce qu'il connaissait la suite.

Namjoon allait encore s'amuser.

Se distraire avec le corps de Jeongguk.

Il s'approcha, dangereusement, d'une manière prédatrice, jusqu'au corps frêle du châtain pour venir déposer un baiser, ni doux ni passionné, au coin de ses lèvres fendues. De ses lèvres torturées.
L'écrivain se débattit de toutes ses forces et de toute sa rage, pour l'éloigner de lui avant de se raidir davantage face au ton menaçant, autoritaire de son fiancé.

― Si tu bouges, Jeongguk, ça sera encore plus douloureux, alors reste tranquille, veux-tu.

Sa respiration se bloqua. Son cerveau se déconnecta.

Et son cœur, quant à lui, s'éteignit.

Son corps entier prit conscience du danger et par mécanisme, tenta au mieux de le protéger de ce calvaire, de cette atrocité. De cet amant complètement dérangé, déréglé, détraqué.

L'homme au-dessus de lui fut peu content de ses réactions. Il commença à laisser toujours plus de marques sur la peau déjà marquée comme au fer rouge par les coups et les souvenirs. Des morsures par-ci par-là, des suçons qui lui rappelleraient à jamais cet acte abominable.

Le corps de Jeongguk n'était plus très beau, ni très esthétique.

Il était devenu une toile céleste. Une peinture un peu trop réaliste. Un nuancier de bleu, de noir et de violet. Habituellement, c'était plutôt un beau mélange pour une peinture de l'univers, mais pas si ce mélange-là s'étendait par taches sur le corps du châtain.

Oui, il n'était plus très beau...

Et il en avait marre. Le romancier était épuisé de tout cela. Il voulait se rebeller, partir, s'enfuir, mais ce soir, ce n'était pas encore le bon moment.

Alors, il se laissa faire.

Même lorsque Namjoon entra de force en lui, déchirant ses entrailles, son intimité, il se laissa faire.

Même lorsque le brun l'embrassa de force, une nouvelle fois, il se laissa faire.

Il se laissa faire dans chacun des mouvements, comme une poupée désarticulée, corrompue par les jeux pervers de son fiancé, entièrement déshumanisée.

Jeongguk ne cria plus ce soir. Non. Parce que Jeongguk n'existait plus. Il était parti, emportant avec lui son esprit et son âme, hors de cette réalité destructrice. Seul son corps restait, vide de vie.

À présent, il voulait simplement se fondre dans le lit, disparaître à tout jamais.

Lorsque trente minutes supplémentaires passèrent et que, dehors, la nuit était toujours aussi noire, Namjoon ne s'amusait plus. Il en avait fini avec lui. Et sans un mot ni un regard en arrière, il était sorti de la chambre, laissant Jeongguk seul et sale, dans les draps tachés de l'univers. Des dégradés froids et puissants aux couleurs destructrices.

L'ambiance dans la chambre était glaciale, bien que ce ne soit pas encore la période hivernale. Pourtant, il faisait froid, parce que son cœur s'était éteint.

Tout était vide. Tout était mort.

Son cœur et son âme. Morts.

Ses pensées, ses souvenirs. Morts.

Son envie de vivre. Morte.

Alors, il pleura. Toutes les larmes de son corps, toutes les larmes de son âme réduite en poussière.

Parce qu'encore une fois, l'homme avait piétiné ses sentiments. Son estime de lui-même.

Sa dignité.

Car oui, ce soir-là, Jeongguk s'était fait violer.





☆★☆

...hey, ça va ?

C'était un chapitre nécessaire pour la suite de l'histoire, et à mon sens, c'est le plus difficile de toute la fic donc vous inquiétez pas pour le reste !

À bientôt ! ♡︎

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