Kamikaze



Le chef de notre groupe me tend un objet, petit mais très lourd. Sa signification, elle, semble dix fois plus pesante que le poids de la chose elle même. Mon supérieur lance quelques mots "d'encouragement" à nos troupes, les mains croisés dans le dos, en nous mettant sur la conscience qu'une fois l'arme activée, il restera encore notre courage dans les cendre et entre les brèches de fumée. 

Ce que j'ai actuellement dans les mains, c'est une bombe, prête à exploser à tout moment. En moi se répand une motivation anarchique, celle de la laisser tomber, et de courir dans la brousse pour subsister encore un temps. Mais le devoir de tout bon soldat, est de braquer son fusil à toute occasion, même quand la mort est la seule chose qu'il reste à vivre après avoir appuyé sur la gâchette.

Je serre alors l'objet avec regret, et me dirige en rang serré avec mes camarades jusqu'au point où nous allons attaquer. La tension monte, se dissipe puis revient en trombes, à la manière d'un métronome cassé. Je ne dois pas faillir, tel sont les ordres. 

Au bout d'un moment, nous sommes arrêtés près d'une ravine où quelques restes gisent, faisant guise de décoration morbide pour le dernier lieu que nos yeux risquent de voir. Je m'attroupe avec les autres, et le chef nous laisse là, seuls et sans lois. Nous sommes comme libre, mais prisonniers d'une promesse. Nous sommes coupés de nos fils, mais toujours pantins. Nous sommes esclaves et maitres, malades et remèdes, vie et mort. Alors au final, que sommes nous ?

D'un seul coup, au loin, un coup de fusil se fait entendre. Mes camarades s'élancent vers un train arrivant contre le flanc d'une colline, axé de sorte à ce que nous soyons repérés au dernier moment. Je prend place avec eux, et essaye de savourer mes derniers instant, et puis là, j'active mon arme, dans un fouillis de bourdonnements. Mais d'un coup, le sol se dérobe sous mes jambes, et juste avant l'explosion, mes pieds deviennent pattes d'éléphants. 



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top