La sorcière à la pierre de Lune

Procès 2




Violette Baudelaire

La sorcière à la pierre de Lune




Ses cheveux aussi bleus que la nuit volaient au vent. Ses lèvres aussi rouges que la plus douce des roses. Ses yeux couleur argent sortant de l'ordinaire. La pierre sans valeur à son cou. Ses mains menottées.

La fille posa son pied sur la première marche de l'estrade. Les gens la regardaient, impassibles, certains jubilaient de la voir dans cet état. La longue robe noire masquait son corps frêle. La tenue des condamnées à voir cachait les hématomes causés par la cruauté des gardiens.

Les feuilles de la fin du mot d'octobre maculaient le sol. L’automne pleurait de voir une si jeune adolescente dans cet état.

Ses cheveux pas semblables aux autres, qui la rendait si différente, si inacceptable. Ses lèvres aussi rouges que le sang qu'elle avait fait coulé lors des rituels dont on la jugeait coupable. Ses yeux argents qui sondait votre âme. La pierre qu'on laissait à son cou car quiconque la touchait serait ensorcelé jusqu'à la mort par cette moins que rien.

Elle s'approcha, l'arme d'un soldat contre le bas de son dos. Maintenant près de la lumière, des torches de la populace, la foule la voyait mieux. Horrifiés, terrifiés, dégoûtés, leur visage les trahissaient. Ils la haïssaient.

« Thérèse, Louise, Salazar. Vous avez été condamnée à mort par la justice de notre fidèle souverain soutenu par un jury populaire pour motif de sorcellerie. Une dernière volonté ? »

Leurs yeux brûlaient de rage envers elle. Si cela leur était permis ils lui auraient sûrement sauté à la gorge, l'étripant, la ruant de coups, la frappant même après sa mort.

Elle allait mourir car elle était une sorcière, celle qui a de plus tué une quarantaine de personnes avec des rituels proscrits par la morale. Comment expliquer à tous ces gens que l'eau du petit ruisseau était contaminée par une maladie infectieuse alors que vous êtes sur le point d'être brûlée vive ?

Tant qu'elle y était, autant leur avouer qu'ils se trompaient de toujours sur toute la ligne en ce qui concernait les sorcières et qu'ils devaient cesser sous peu de les chasser.

« La Lune n’est pas mauvaise comme vous pouvez le penser. Elle n’est pas responsable de vos malheurs, elle ne veut que vous aider. Vous devriez l'écouter plus attentivement quand elle vous murmure à l'oreille. »

Ses cheveux de nuit la rendait si impressionnante. Une créature de la nuit qui se dressait fièrement.
Ses lèvres rouges captivaient le regard, on rêvait qu'elles se posent sur les notre. Un seul de baiser pourrait être fatal, beaucoup y serait prêt à y laisser la vie pour goûter ne serait ce qu'une fois à ce plaisir proscrit par la religion.
Ses yeux argentés, caressant votre corps, votre cœur. Comme un chat, elle pouvait voir dans le sombre. On désirait du plus profond de votre être qu'ils croisent les vôtres.
Une pierre ne signifiant rien pour eux. Tous pour ceux qui étaient capable de comprendre. La pierre de Lune. Preuve de la magie dont elle savait faire usage.

Pour eux, elle était une hystérique démoniaque, une créature infâme.

Pour elles, elle était une sorcière, une fille de la Lune.

On l'attacha et la foule cria, certains l'insultaient. Un prêtre prononça quelques mots pour le salut de son âme. Mais elle ne les entendait pas, elle ne voyait pas leur colère. Elle se contentait de regarder l'horizon et les ombres qui s'approchaient.

Elles arrivaient vite, mais pas assez vite. Les âmes des anciennes sorcières et quelques sorciers auraient pu la sauver, mais il était déjà trop tard.

Le soldat avait déjà lâché la torche enflammée. Elle ne pleura pas, ne cria pas, ne se débattit pas.

À la place, elle sourit.

Elle regarda les ombres rassemblées autour d'elles, les larmes coulants sur les joues. Les sorcières perdaient l'une des leurs et ne pouvaient rien faire pour la sauver. Elle était condamnée mais plutôt que de la voir souffrir et qu'elle sente dévorer petit à petit par les flammes ardentes, les ombres décidèrent de l'emmener avec elles.

La fille leur fit signe qu'elle était d'accord, elle n'irait pas rejoindre cet endroit qu'on appelle paradis mais restaient avec ses sœurs à errer sur la Terre, les aidant à accomplir leur mission.

Les ombres s'approchèrent d'elles, et l'enlacèrent toutes ensembles, au départ ce n'était un câlin fraternel remplit d'amour. Ce que de l’amitié, de la compréhension, de l’écoute, du réconfort. Un instant plus tard, elles lui demandèrent pardon pour le mal qu’elles s’apprêtaient à lui faire subir. Puis peu à peu elles se serrèrent, serrèrent encore, toujours près de son frêle corps. Jusqu'à ne lui laisser aucune once d'oxygène. Jusqu'à l'étouffer.

Les villages racontèrent tout le long de la soirée que les vapeurs toxiques de la fumée l'avaient tué avant que le vrai spectacle n'est eu le temps d'avoir lieu. Cette nuit là fut bien froide et sombre.

Pas la peine de chercher la Lune dans le ciel, elle s'était laissée entièrement voilée par les nuages, en deuil de sa fille. En colère contre ces humains. Contre ce besoin vital de tuer. Contre la bêtise humaine.

Thérèse, la fille de la nuit se réveilla quelques nuits plus tard et toutes les suivantes parmi les ombres.

Elles avaient pour mission de protéger les autres enfants de la Lune, ces sorcières, toutes ces personnes exclues de la société parce qu'elles étaient différentes de la norme.

On raconte qu'une fois par an, elle se mêle à tous les humains. Retrouvant le temps d'une soirée sa vie d'avant. On raconte que les soirs d’automne, on peut voir les ombres. On raconte que l’on prête un peu d’attention, on peut rencontrer la sorcière de la Lune.

Il vous suffit d’écouter la Lune quand elle vous murmure à l’oreille.

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