Chapitre 46

Norbert et Leta retinrent leur souffle. Absorbés par la révélation de la Selkie. Tous deux avaient oublié le temps qui passait et le repas dans la grande salle qui devait avoir déjà commencé.

– Quelle particularité ? relança Norbert dans l'espoir qu'elle ne s'arrête pas en si bon chemin.

– Consommer des Umbras permet aux êtres immatériels d'utiliser la magie...

– Comment est-ce possible ? s'exclama Leta, sidérée.

– Je ne peux répondre à cette question, je n'en ai pas la réponse. Quoi qu'il en soit, je compte sur vous pour mettre la main sur la ou les personnes qui s'en prennent aux Umbras. Vous comprenez le danger si un tel savoir se répandait.

– Nous allons tout faire pour l'arrêter, acquiesça Norbert, mais je ne peux pas promettre de l'empêcher de parler.

– Amenez-nous les responsables. Nous ferons justice... à notre manière.

Méridia esquissa un sourire. Ses dents tranchantes claquèrent puis elle retourna dans les profondeurs du lac. Laissant les deux élèves ahuris.

– Elle veut qu'on l'aide à commettre un meurtre, s'étrangla Leta.

– Ce n'est pas ça qui m'inquiète le plus pour le moment, souffla le Poufsouffle, pensif.

– Tu penses à la même chose que moi ?

– J'en ai bien peur...

– Mais qu'est-ce que nous prépare Peeves...

Les deux amis n'en dirent pas plus. Ils avaient tant à réfléchir. Et comme d'un accord, ils avaient décidé d'en parler à tête reposée. Quand ils arrivèrent dans la grande salle, plusieurs professeurs, dont le directeur, les regardèrent d'un mauvais œil. Norbert, gêné de cette attention, essaya de se faire plus petit qu'il ne l'était déjà. Malheureusement, Mattyu Grandson se leva pour le rejoindre.

– Norbert, tu ne peux plus te permettre d'arriver ainsi en retard. Je sais que pendant les vacances les règles sont plus laxistes, mais tout de même, le réprimanda le préfet.

– Je m'en excuse.

– J'espère bien, et fais gaffe à tes oreilles si nous perdons des points !

Samedi 10 avril 1909

– Bon, faisons un petit récapitulatif de tout ce que nous savons sur cette histoire, proposa Norbert en s'installant sous un grand chêne non loin de la cabane du garde-chasse.

– Tout d'abord, les fantômes des quatre maisons ont disparu, et c'est Peeves qui, lui, était toujours présent qui nous l'a fait remarquer, attaqua Leta.

– Oui, ensuite, tout a été calme jusqu'à notre rencontre avec Helga et Salazar dans la forêt, poursuivit Norbert.

– Et une fois de plus, cette information nous a été donnée par Peeves.

– C'est étrange. Si c'était lui le responsable, pourquoi nous donner autant d'informations, réfléchit tout haut le jeune garçon en fronçant ses sourcils roux dans une moue des plus adorables.

– Peeves est un esprit frappeur. Il adore semer la zizanie et jouer avec nos pieds. Cette fois-ci, il a peut-être voulu jouer à grande échelle, proposa Leta.

– Ça se tient.

– Ensuite, nous avons encore une fois eu l'aide de Dumbledore, et nous avons sauvé la famille Cynospectre. Mais cette fois, sans l'aide de Peeves.

– C'est normal, il avait déjà disparu. Pourquoi disparaitre si le jeu est de s'amuser à nous voir chercher ?

– Pour faire monter l'aspect dramatique ? Il ne pouvait kidnapper une nouvelle fois quelqu'un, surtout depuis que les professeurs se mêlent à la partie.

– Peut-être... en parlant d'aspect plus dramatique, il y a aussi l'incident du lac avec l'attaque des Strangulots, se rappela Norbert.

Leta arrêta de marcher en rond dans l'herbe déjà bien abimée pour s'appuyer contre un dolmen. Les bras croisés, elle faisait marcher son cerveau à cent à l'heure.

– En quoi cela a un rapport avec notre histoire ?

– Méridia nous a appris que les Umbras se nourrissaient de Strangulots, et ce jour-là, elle m'a annoncé qu'ils étaient particulièrement agressifs envers les sorciers, car nombreux d'entre eux avaient disparus. Peut-être que la personne responsable de tout ça a kidnappé des Umbras pour les enfermer, comme la famille de Cynospectres, et les nourrit de Strangulots.

– Pas bête le petit blaireau ! s'exclama Leta en tapant son poing dans son autre main. Cela confirme donc l'importance des Umbras dans l'affaire !

Norbert fusilla un instant son amie du regard puis reprit sa théorie.

– C'est également ce jour-là que Méridia m'a parlé de la potion sous la pleine lune avec la feuille de mandragore.

– Cette potion est-elle un jeu de plus, ou est-elle la fin de toute cette histoire ? demanda Leta tout haut.

– Vu la réaction de nos professeurs, c'en est sûrement la conclusion. Mais j'ai l'impression qu'on sort du domaine du jeu...

– En fait, tant qu'on ne sait pas de quoi il retourne on est bloqués, ragea-t-elle en se remettant en mouvement. Si Dumbledore ne nous avait pas fait faux bond on en saurait déjà plus !

– On sait désormais que le but de Peeves est d'arriver à exercer la magie des sorciers, et cela, sûrement pour réaliser ce mystérieux sort combiné à une potion.

– Dans cette hypothèse, mon principal suspect n'est plus présent, grimaça Leta en faisant référence au concierge de Poudlard.

– Gobe-Planche ne voulait qu'emprunter un livre dans la réserve, après tout, ce n'est pas interdit pour lui.

– Et que veut Peeves ? demanda Leta.

– Redevenir un sorcier ?

– Je ne crois pas qu'il l'ait été un jour. Peeves n'est pas un fantôme, mais un esprit frappeur, récita la jeune Serpentard, fière d'avoir retenu une leçon de sa jeunesse.

– Et concrètement, qu'est-ce que ça change ?

Elle haussa les épaules, incapable d'en dire plus.

– Je crois que nous pouvons creuser par-là, vu que nous n'avons toujours pas plus d'infos concernant la potion, proposa Norbert.

– Cela veut dire qu'on va se replonger dans de vieux ouvrages poussiéreux, se lamenta son amie. Je préfère l'action et de loin.

– De l'action il y en aura sûrement le temps venu, même si cela m'inquiète plus qu'autre chose...

– T'inquiète Newt, au pire, on a une armée de Selkies pour nous venir en aide !

Cette image amusa grandement Leta, Norbert lui, était plus perplexe. Il avait beau penser au meilleur des scénarii, cette histoire risquait de mal finir. S'étant attaché à l'esprit frappeur, il ne voulait pas que celui-ci soit mis en danger. Mais que pouvait-il arriver à quelqu'un qui n'était ni vivant ni mort ?