Chapitre 22
Chapitre 22
Leta conduisit Norbert jusqu'à la grotte en toute discrétion. Le concierge, Septime Gobe-Planche, était sûrement enfermé dans son bureau pour écrire les pages de son livre. Tous les élèves en avaient entendu parler, mais personne ne s'en plaignait et pour cause : ne pas avoir cet homme dans les pattes était une bénédiction. Surtout pour ceux qui, comme Leta et Norbert, n'étaient pas tout à fait respectueux du règlement.
Les deux premières années descendirent les escaliers qui les menaient à la crique et s'approchèrent du lac noir.
– Tu as ton coquillage avec toi ? demanda Leta.
– Bien sûr !
Norbert avait depuis longtemps lancé un sort à la poche de sa cape pour que celle-ci soit plus profonde. Il en sortit le coquillage offert par la selkie.
– Très bien tu peux l'appeler.
Il ne posa pas de question et se contenta d'exécuter l'ordre de son amie. Plusieurs minutes après l'appel, un remous dans l'eau attira leur attention. Des cheveux de terre et de vase sortirent de l'eau, suivis de deux yeux d'un jaune étincelant et d'un sourire composé de dents en triangle affutées. Elle resta là, à la surface de l'eau, ses épaules grises légèrement dénudées comme si le lac était sa robe du soir. Encore une fois, Norbert était sous le charme de la créature.
– Bonjour, Méridia, nous sommes venus t'offrir tes cadeaux de Noël, expliqua-t-il en s'inclinant pour la saluer.
– Noël ? s'interrogea-t-elle en penchant sa tête de quarante-cinq degrés sur la droite.
– Une fête Moldue qui célèbre la naissance de leur dieu, ou un truc du genre, expliqua Leta en haussant les épaules. Les sorciers ont enlevé la partie religieuse et ont gardé les bons côtés. Les belles décorations, les sapins dans la grande salle, les chants à vomir et les cadeaux.
– Oh, quelle étrange coutume.
La Serpentard acquiesça puis s'approcha de la créature de l'eau. Elle lui expliqua quelque chose que Norbert n'entendit pas. La Selkie sourit de plus belle et sortit une de ses mains palmées et griffues pour faire un geste du poignet hors de l'eau.
Pour la seconde fois, un mélange du fond du lac sortit de son lit pour créer un piano absolument magnifique. Odorant certes, mais époustouflant. Ravie, Leta partit s'installer devant et posa ses doigts avec un plaisir non dissimulé sur les touches faites en coquille d'un blanc presque étincelant à la lumière des torches. Norbert se mit à penser qu'il ne l'avait jamais vue aussi souriante. Comme si à cet instant, le masque de son habituel rictus tombait pour laisser apparaître l'enfant de onze ans qu'elle était. Il s'empressa de sortir son carnet à croquis et son fusain pour garder à jamais ce souvenir sur le papier.
Leta respira un grand coup, puis ferma les yeux. Ses doigts glissèrent sur le clavier et une musique enchanteresse en sortit. Bien vite sublimée par sa magnifique voix.
Sur le long chemin
Vous trouverez enfin
Ces gens qui tendent la main
Le sourire serein
Leur faire confiance
Est une évidence
Bonheur et transparence
Au son de la danse
Qu'importe ton passé
Oublie ta destinée
Vis ce présent adoré
Avec les êtres aimés
Profite de ce jour
Ne prends plus les détours
Échappe-toi de ta tour
Chasse tes propres vautours
Remercie la chance
D'avoir baissé ta méfiance
Profite de ton enfance
À ta meilleure convenance
La voix de Leta se répercuta contre les parois de la grotte, donnant un son des plus époustouflants, puis finit par s'éteindre, et la musique prit fin. Norbert et Méridia profitèrent un instant de la musique qui résonnait encore en eux, puis applaudirent avec beaucoup d'enthousiasme la chanteuse.
– C'était magique, s'enthousiasma le jeune Poufsouffle. Merci pour ce moment merveilleux.
– Avec plaisir.
Des rougeurs adorables avaient pris possession de ses pommettes. Elle passa sa main dans ses longs cheveux noirs et tenta de se dissimuler derrière. Comprenant sa gêne, Norbert changea de sujet pour leur offrir à son tour leur cadeau.
– J'ai également un présent pour vous.
Il plongea sa main dans la poche de sa cape et en sortit deux rouleaux de parchemin. Il s'approcha de Leta pour lui donner le sien, puis du lac pour donner celui de Méridia.
– Je les ai ensorcelés pour ne pas qu'ils subissent les affres du temps. Ils ne peuvent se détériorer, même dans l'eau, ajouta-t-il à l'intention de la Selkie.
Ses deux amies déroulèrent le manuscrit pour trouver un magnifique portrait d'elles. Norbert avait pris soin de s'appliquer plus qu'à la normale pour les représenter telles qu'il les voyait. Le résultat était incontestablement à couper le souffle.
– Oh, Newt... c'est magnifique ! Je suis bien trop belle dessus !
– C'est de cette façon que je te vois, répondit sincèrement Norbert.
Leta aurait voulu répliquer, lui dire qu'il se moquait d'elle. Mais non, il n'essayait pas de la flatter, ni même de lui plaire, il disait simplement la vérité, sa vérité. Ses yeux clairs reflétaient sa sincérité. Elle le trouvait tellement craquant avec ses cheveux entre le châtain et le roux qui lui retombaient sur le visage d'une manière asymétrique, et sa large bouche qui lui offrait plus de sourire à elle qu'à n'importe qui d'autre.
– C'est la première fois que des sorciers m'offrent quelque chose... déclara Méridia qui semblait être sous le choc. Je n'aurais pas pu rêver meilleurs présents.
Leta et Norbert sourirent en connivence. Ils étaient heureux d'avoir touché la Selkie.
– Malheureusement, je n'ai rien vous offrir en retour, reprit-elle.
– Nous avons fait ça pour te faire plaisir, et non pour recevoir quelque chose, expliqua Norbert, soudainement gêné.
– Je sais, et cela me donne encore plus envie de vous offrir quelque chose en retour. Mais je doute qu'un strangulot en brochette ou qu'un collier de coquillages vous fasse plaisir.
– À choisir je préfère le collier, et Norbert sûrement le strangulot, mais sain et sauf, plaisanta Leta.
Cette remarque amusa la créature fantastique qui poussa un râle étrange. La voir sourire de toutes ses dents n'était pas des plus rassurants, mais tout comme les humains, cette expression faciale bien que terrifiante représentait la joie.
– Vous n'êtes pas comme les gens de mon peuple, je dois trouver quelque chose de différent, finit par dire Méridia.
– Nous ne sommes même pas comme les sorciers de notre espèce, conclut Leta d'un rire jaune.
Voyant l'heure tourner, les élèves prirent congé et se rendirent dans la grande salle où se tenait le grand banquet de Noël. Guirlandes, bougies, neige tombante et sapins incroyablement bien décorés donnaient à la pièce un aspect encore plus féérique qu'à l'accoutumée. La soirée était festive, et tout se passait incroyablement bien dans l'enceinte de Poudlard...
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