Chapitre 21

Impatients et excités, les deux élèves entrèrent dans la salle sur demande. Devant eux se tenait une forêt immense aux ombres mystérieuses, mais accueillante. Leta poussa des cris de joie en s'approchant d'un tronc d'arbre tombé à terre.

– C'est tout simplement incroyable ! Une forêt dans l'enceinte même de Poudlard ! Comment ces arbres peuvent-ils pousser sur des dalles en pierre ?

– Je n'en ai pas la moindre idée, répondit Norbert, tout aussi impressionné. Ce château est exceptionnel.

Leta déposa la petite créature qui commençait à s'impatienter dans ses bras. Le Cynospectre regarda autour de lui et s'aventura dans le creux de l'arbre en poussant des jappements joyeux. Norbert posa à son tour le chien fantôme qui rejoignit son frère.

– Ils ont même un coin rassurant pour dormir, remarqua-t-elle, ravie pour leurs protégés.

– Et à manger !

Norbert venait de remarquer des pots en terre disposés non loin de l'arbre couché. Une bonne odeur en sortait, un mélange de lait et de miel. Il attrapa deux coupoles et les remplit. Les Cynospectres se ruèrent sur leurs gamelles et lapèrent le liquide en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

– Ces petits étaient affamés ! comprit Leta avec une certaine colère.

– Ils sont loin de leurs parents depuis plusieurs jours, les pauvres. Je me demande ce qui a pu pousser leurs parents à les abandonner.

– Ils sont peut-être malades... Les parents abandonnent souvent les enfants différents.

Une nouvelle fois, Norbert sentit une grande tristesse s'échapper de son amie. Mais il ne demanda pas de plus amples explications. Il était là pour elle, et il serait là le jour où elle voudrait en parler.

– Bon, ce n'est pas tout ça, mais nous allons être en retard au repas ! reprit-elle aussitôt. Surtout si les escaliers ne sont pas conciliants avec nous. Nous reviendrons vous voir en fin d'après-midi, en attendant, soyez sages.

Ils semblèrent comprendre ce que leur disait Leta, car les deux petits partirent se mettre en boule dans leur tronc d'arbre. Norbert avait un peu de mal à les laisser seuls, mais il sentait que rien ne pouvait leur arriver dans cette salle magique. Il suivit donc son amie jusqu'à la grande salle où les attendait Tayor.

– Ah vous voilà enfin ! s'exclama-t-il. Vous avez loupé quelque chose ! Je ne sais pas quelle acromentule a mordu Peeves, mais il a fait de la grande salle un champ de bataille en l'espace de quelques secondes. Même les elfes de maison sont sortis des cuisines pour le chasser ! C'est votre surprise qui s'est mal passée ?

– Non pas vraiment, répondit Leta avec un sourire amusé. À moins qu'il soit mauvais joueur. Tu en penses quoi Newt ?

– Tu as sûrement raison, il ne doit pas aimer perdre, se contenta-t-il de dire.

Norbert n'aimait pas mentir, d'ailleurs il le faisait très mal. Il préférait et de loin se taire et ne pas se faire remarquer.

– En tout cas, on ne risque pas de le revoir faire des pitreries avant un moment. Le Baron Sanglant a été clair sur ce point. Du coup, qu'est-ce que vous allez faire cette après-midi ? les questionna Tayor

– Travailler, répondit simplement Leta avant d'attaquer le repas.

– Mais c'est le réveillon de Noël ! s'étonna-t-il.

– Cette fête n'a pas vraiment de signification pour les sorciers qui n'ont pas de Moldu dans leur famille, expliqua la jeune fille en haussant simplement les épaules.

– Vous n'allez pas vous offrir de cadeau demain matin ?

Tayor les regarda tour à tour, vraiment surpris. La fête de Noël était tellement importante pour sa famille... Sans attendre leur réponse, il changea de sujet. C'était bien trop douloureux pour lui.

– Vous allez réviser quoi dans ce cas ?

– Le cours de Sortilège, répondit Norbert. Nous avons pris beaucoup de retard avec l'absence de Madame Girouette. Et son remplacent, Monsieur Griploup n'est pas des plus...

À cet instant, les trois élèves se tournèrent vers la table des professeurs. Le professeur en question venait de renverser sa chaise en se levant. Ce n'était pas un mauvais bougre, mais il n'était pas des plus doués. Il était tellement mal à l'aise devant ses élèves qu'il loupait un sort sur deux, rendant l'apprentissage de ces derniers bien plus difficile.

– D'après Mattyu, il est tout le contraire de Madame Girouette. Poudlard n'a jamais vu sorcière aussi douée ! Même la mort n'a pas entaché ses pouvoirs.

– Notre professeure de Sortilège est un fantôme ? s'étonna Norbert.

– Oui, ce n'est pas la première fois. Il faut bien qu'ils s'occupent, déclara Tayor la bouche pleine.

– Pour un cours d'Histoire de la magie, je veux bien, mais pour un cours de sortilège ! s'exclama Leta. Comment un fantôme peut-il encore se servir de sa baguette ?

– Je vous l'ai dit ! C'était la sorcière la plus douée de toute la Grande-Bretagne, peut-être même du monde entier.

Monsieur Griploup renversa cette fois-ci son verre de Bièraubeurre. Madame Ingrid Rondepierre, la professeure de Potions en fit malheureusement les frais.

– Ce sorcier est un troll dans un magasin de porcelaine, se moqua gentiment Tayor avant de continuer le festin qu'avaient préparé les elfes de maison.

L'après-midi se passa dans le calme général. Norbert, Leta et Tayor travaillèrent dans la bibliothèque sur le livre des « Sorts et enchantements », volume 1, sous l'œil autoritaire de Madame Radcliffe. Avant que le soleil ne se couche, Atchoum quitta leur compagnie pour profiter des derniers rayons. Les deux amis sautèrent sur l'occasion pour retourner à la salle sur demande, s'assurer que leurs deux petits protégés allaient bien. Les Cynospectres s'acclimataient particulièrement bien à leur nouvel environnement. Ils jouèrent ensemble un temps, puis les deux élèves se dirigèrent vers la salle des trophées pour remercier Peeves. Ils le trouvèrent tranquillement assis sur la coupe du tournoi des trois sorciers.

– J'espère que ma remontée de bretelles n'a pas été vaine, déclara-t-il en les voyant arriver.

– Non, elle nous a été très utile. Les deux petits sont parfaitement bien installés, et ceci grâce à toi. C'est vraiment généreux de ta part, le remercia Leta.

– Bho, pour le réveillon de Noël même moi je peux être gentil, surtout si ce n'est pas envers des humains !

Un large sourire barra son visage. Il sauta de son trône autoproclamé et flotta joyeusement en l'air.

– Tu peux nous en dire plus sur cette salle ? demanda timidement Norbert.

– Eh bien, commença-t-il en stoppant net ses réflexions. C'est peut-être l'endroit le plus exceptionnel de ce château. Certains l'appellent la pièce Va-et-Vient, d'autre la Salle sur demande. Les sorciers connaissant son existence se comptent sur les doigts d'une main.

– Seulement ? s'exclama Leta, ravie de ce privilège.

– Oui, enfin, je parle des gens encore vivants. Pour que cette salle apparaisse, il faut en plus de passer devant trois fois d'affilée, il faut avoir vraiment besoin de la trouver.

– C'est vraiment incroyable, souffla Norbert qui essayait d'imaginer le potentiel de cet endroit.

– Nous sommes d'accord, c'est pourquoi je vous prierais de n'en parler à personne... Jamais !

Il lâcha ce dernier mot d'une façon particulièrement menaçante. Norbert recula d'un pas et frissonna. Peeves avait beau être sympathique par moment, il n'en restait pas moins un esprit frappeur des plus effrayants.

– Ne te fais pas de souci Peeves, nous ne dirons rien, répondit Leta, pas le moins du monde apeurée. D'ailleurs, nous te laissons. Joyeux réveillon !

– Hum... le réveillon, c'est le jour parfait pour faire une bonne blague. Fantômes du passé, du présent et du futur...

Pensant tout haut, l'esprit frappeur se mit à réfléchir sur une farce particulièrement amusante, selon lui. Les deux élèves de première année le laissèrent à ses tergiversations et quittèrent la salle des trophées.

– Bien, c'est à mon tour de te faire ta surprise de Noël, révéla Leta avec un sourire joyeux.

– Je croyais que nous ne fêtions pas cette fête Moldue ? s'étonna Norbert en la suivant jusqu'au rez-de-chaussée.

– Ose dire que tu n'as rien pour moi ?

Elle lui lança un regard en coin tandis qu'il souriait timidement. Il avait bien prévu quelque chose...