Chapitre 3 : Deux fées.

 Comme à l'accoutumé, la jeunesse se sentit pousser des ailes et la raison en aveugla certains. Personne ne s'imaginerait un attentat à l'arme blanche de nos jours et c'est cela qui poussa un groupe de jeunes premières à rétorquer au terroriste.

-Qu'est-ce tu nous veux ? On la connaît pas ta Wase ! Avec ce nom elle peut pas être française alors nous les brises pas avec ton cure-dents.

-Descends de ton portail qu'on puisse sortir ! Y'en a qui ont les cours qui reprennent à treize alors laisses-nous manger !

Les jeunes idiots, assurés de leur force de groupe, grimpèrent sur le portail et l'un d'eux attrapa la cheville de l'homme à l'épée. Ils le firent descendre de force et deux autres lui attrapèrent les bras. Malgré son immobilité, l'homme reposa sa question et se laissa prendre un coup au visage. Il fit tourner sa lame autour de son pouce et en planta la pointe dans le visage de celui qui lui retenait le bras en question. À demi-libéré, il reprit son épée à revers et appuya son tranchant dans l'abdomen de son deuxième détenteur, évitant les coups de poings des quelques autres compagnons de ses victimes, il en embrocha quelques uns et donna son plus beau coup de pied dans le dernier. Un mouvement de panique s'embraya suite au carnage que l'épéiste venait d'effectuer et les dizaines de lycéens se marchèrent dessus, reculant et perdant ceux qui se tenait à l'arrière et qui n'avait pas vu les actes barbares. Ce fut le cas de Nora qui resta sur place et regardait les autres reculer et courir à l'opposé de la sortie. Elle se demanda donc si l'alerte intrusion n'était pas qu'un exercice mais bien réelle. Lorsque la vue se dégagea pour lui permettre de voir la scène de crime, son regard croisa celui de cet homme aux cheveux parfaitement blancs malgré son jeune âge. Ses iris bleues se perdirent dans le regard vide et entièrement blanc du terroriste avant de se poser sur la lame tachée du sang frais de ses récentes victimes.

-Te voilà Wase ! déclara-t-il en pointant du doigt l'adolescente.

Il s'avança alors jusqu'à elle et joua de son arme sur le chemin, la vague de panique était passée et les quelques curieux, bien qu'à bonne distance, les observaient ou les filmaient. Idiote qu'était la jeunesse.

-Nono !...

La voix de Léa avait retentit un court instant et cette dernière s'était retrouvée bloquée par quelques jeunes qui retenaient les autres de foncer sur l'homme. Accompagnée de Lou-Anne et, étonnement, de Yuko, elle s'était précipitée à l'entrée en entendant l'alerte.

-C'est un Vivialde... Je pense que tu ne devrais pas rester ici. prévint Sylvia, cachée derrière l'épaule de son amie.

-Tu crois ? répondit sarcastiquement la blonde. Il a une épée ton Vivialde alors oui je vais pas rester là...

L'homme dont l'ouïe était fine s'arrêta à quelques mètres de sa cible et glissa sa main libre sur sa lame de manière à la lustrer.

-Tu ne devrais pas savoir que je suis un Vivialde. Un Yvilis tout au plus devrait être le terme que ton père t'ait appris sur mon peuple.

Il relâcha sa lame et leva le bras avant de poser le plat de son épée sur son épaule. Il prit appui sur le sol et s'élança dans une course sur Nora où il abaissa enfin son sabre sur elle. Une bourrasque de vent rafraîchit l'adolescente et la fit tomber sur les fesses, Sylvia avec elle. Ce vent avait également surpris ses amies et les autres élèves dans la foule observatrice. Nora releva les yeux vers son agresseur afin de savoir pourquoi l'arme ne l'avait pas blessée ou même tuée. C'était Yuko qui la bloquait de ses bras qu'il avait croisés. Des filaments noirs et transparents se rabattaient dans son dos. Longs comme deux feuilles A3 mais large comme une bouteille d'un litre et demi d'eau de source. Au nombre de quatre et symétrique par paire, ces surfaces translucides se trouvaient être des ailes et la raison du vent violent qui avait surpris les lycéens. Le Vivialde recula d'un bond et laissa son épée se briser en dizaines de morceaux qui tintèrent sur le sol bétonné. Un sourire crispé se forma sur le visage de ce dernier et les mêmes ailes apparurent dans son dos, d'une teinte blanche montrant l'opposition absolue entre lui et son adversaire.

-C'est toi qui lui a dit mon nouveau rôle ? Yuko. demanda-t-il.

-Je ne vois pas de quoi tu parles. Tu peux être ce que tu veux, pour moi tu n'es qu'un traître des fées.

Le brun se jeta sur l'autre et ils s'envolèrent après quelques rixes avec les murs environnants. Les agents de police et les gendarmes arrivèrent sur les lieux quelques minutes après leur départ et Nora avait été rejointe par Léa et Lou-Anne entre temps. La rousse la serrait contre elle, les larmes aux yeux et ne pouvant pas les arrêter, la blonde tentait de la réconforter comme elle le pouvait avec quelques mots doux et des tapes dans le dos. L'enquête s'acheva sur cinq morts et un disparu, les agents ne croyant pas les jeunes leur déclarant que des hommes avec des ailes dans le dos venaient de se battre. L'affaire se classa sur une vigilance accrue à l'entrée de l'établissement les mois qui suivirent et les adolescents qui avait vécu les meurtres subirent quelques rendez-vous avec des psychologues. Une haine s'installa envers Nora pendant quelques jours avant de mystérieusement disparaître et les vidéos prises par certains lycéens devinrent des images de science-fiction très appréciées sur les réseaux sociaux.

L'année de première s'acheva sur les épreuves anticipées du bac, français et TPE pour Nora et Lou-Anne, les mêmes avec les sciences pour Léa qui était donc en filière littéraire. Après deux mois estivaux dont la chaleur était digne d'une canicule pour la France et durant lesquels les trois amies s'étaient rejointes pour une journée à la plage. La rentrée en terminale arriva à une vitesse relativement fulgurante pour la blonde qui s'était par la suite retrouvée enrôlée dans des raids à répétitions sur des jeux en ligne. Durant la première semaine, ce fut le premier cours de maths que Nora détesta le plus.

-Après une année sans nouvelles, vous venez dans mon cours et me dites que vous ne comprenez pas ce qu'est une suite ou pire encore un simple polynôme du second degré. s'exclama le professeur de mathématique, devant l'adolescente qui ne l'écoutait pas plus que ça.

Nora ne le trouvait pas plus sympathique physiquement que moralement, une pilosité grisonnante et une calvitie ayant atteint le sommet de son crâne. Elle l'avait d'abord vu se tenir devant la fenêtre, bras dans le dos, à observer l'extérieur la tête haute. Pour elle, il s'agissait assurément du big boss d'une entreprise machiavélique au cerveau immense et à l'intention de former des zombies par son métier de prof.

-J'ai pas dit que je savais pas ce que c'était, j'ai dit que je ne comprenais pas comment ça fonctionne.

-Et bien, c'est le cours. Si vous aviez simplement décidé d'y venir auparavant, vous comprendriez. Vos camarades le savent et le comprennent, tout du moins pour ceux qui en ont fait l'effort. Je ne me bats plus pour ceux qui ne veulent rien faire.

Certaines têtes s'affaissèrent et Nora ne manqua pas de les remarquer. Notamment celle d'un garçon de sa classe qui la baissa mais ne se sentait pas du tout coupable. Il affichait une mine fière à se reconnaître dans l'élite des nuls en maths. Ou alors ne faisait-il que se moquer d'elle ?

La porte de la salle s'ouvrit et laissa passer un nouvel élève accompagné d'un surveillant. La blonde ne crut pas en ce qu'elle voyait. La chevelure blanche et des yeux également si clairs que le blanc de ses globes se mêlaient à ses iris.

-Bonjour, excusez-nous du dérangement je vous amène le nouvel élève. s'excusa le pion.

-D'accord, entre, installe-toi.

Le prof retourna à son bureau, oubliant sa querelle avec Nora et demanda alors le nom du nouveau afin de l'ajouter sur une liste sur papier.

-Shiro, monsieur. Je n'ai pas de nom de famille. répondit ce dernier en prenant place.

Il s'était installé à deux places de Nora, celle à côté d'elle étant prise par Lou-Anne et la suivante par Yuko. A l'instar de l'adolescente, le brun observait également de travers son nouveau voisin de table.

-Qu'est-ce que tu fais là ? marmonna-t-il à son adresse.

-La même chose que toi...

Le cours reprit et Nora reçut une nouvelle remarque publique par El Mathaari. Après cela, les deux heures de philosophie permirent à la jeune fille de reposer ses neurones. Monsieur Gelée, leur prof de philo, dictait son cours et notait les points essentiels au tableau. Cela permettait donc à Nora de suivre sans trop s'en soucier, en plus elle appréciait énormément les sujets puisqu'elle pouvait s'y reconnaître et ça la rassurait de ne pas se sentir différente. C'était devenu un complexe pour elle, le simple fait de ne pas se rendre en cours l'après-midi lui avait autrefois valu d'être la victime de discrimination et de harcèlement. Elle s'était donc renfermée sur elle-même avant de s'ouvrir à un monde virtuel, son monde. Elle en était par conséquent restée froide avec autrui et se nouait difficilement d'amitié et voir les autres s'amuser alors qu'elle ne voulait pas les rejoindre la faisait se questionner sur elle.

*

-Nora ! appela sa mère depuis le rez-de-chaussée. Tu pourras descendre manger.

Ce jour-ci, la mère de l'adolescente ne travaillait pas et avait récupéré sa fille au lycée au lieu de la laisser prendre le bus et ne rentrer que vers treize-quatorze heures. La blonde sortit de sa chambre et descendit les marches. La sonnette de la porte d'entrée retentit lorsqu'elle arriva en bas. Située juste en face de l'escalier, elle alla l'ouvrir pour voir de qui il s'agissait.

Shiro se tenait sur le palier et la salua d'un sourire qui la mit mal à l'aise. Derrière elle, sa mère les rejoignit pour s'enquérir de l'identité de la personne qui avait sonné. Devant un jeune homme visiblement du même âge que sa fille, elle demanda alors à celle-ci de le lui présenter.

-Je suis Shiro, un camarade de votre fille madame Wase.

-D'accord, entre, ne te gênes pas voyons. C'est surprenant de voir que Nora peut se lier d'amitié avec des garçons mais je suis heureuse de voir que c'est possible.

Elle l'invita à s'installer à la table où le repas les attendait et lui demanda s'il voulait lui aussi rester pour manger.

-Madame Wase, votre mari est-il présent ?

-Mon mari n'est plus de ce monde, il a disparut quand Nora avait deux ans. Tu avais quelque chose à lui demander ? Tes parents peut-être ?

-Non, je voulais simplement m'assurer qu'il s'agissait bien de Philius Wase.

Shiro posa sa paume sur la table, prit appui dessus et attrapa la gorge de la femme avant de la jeter contre le frigidaire avec une force hors norme. Il attrapa un des couteaux posés avec les couverts et sauta sur Nora qui était restée debout dans l'encadrement de la porte. Elle n'avait pas confiance en lui et s'était donc mise en garde au cas où il aurait décidé de faire la même chose qu'il n'y a que quelques mois.

Un bruit fracassant de verres qui se brisent retentit dans la cuisine et une ombre noire repoussa le lycéen loin de l'adolescente. La porte d'entrée s'ouvrit à la volée et Léa et Lou-Anne se tinrent dans le hall d'entrée, essoufflées mais rassurées de voir Nora les observer, intriguée.

-Qu'est-ce que vous fa...

Elle n'eut pas le temps d'achever sa question, Léa lui attrapa le poignet et la tira dans l'escalier. Lou-Anne referma la porte de la chambre derrière elles et la bloqua avec la chaise du bureau de son amie.

-Yuko nous a tout expliqué et nous a emmené avec lui. expliqua Léa à une vitesse que Nora avait du mal à suivre. Shiro veut te tuer parce que tu es la fille de Philius Wase et que tu possèdes aussi des marques sur les joues.

La porte trembla sous un coup sourd et une lame de couteau traversa le bois. Un second coup détruisit la porte sur une certaine surface, suffisante pour pouvoir faire passer quelqu'un. Shiro se tenait de l'autre côté, trois autres couteaux en main et leur lançait un sourire psychopathe. L'ombre noire revint à la charge et fit valser le jeune homme de l'autre côté de la pièce, il s'agissait de Yuko et il avait retrouver ses ailes sombres et une plaie longiligne était apparue sur sa joue.

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