04
Maison des El ****, Lundi 7h30
N O O R
C'est l'heure de se réveiller. Je me lève de mon lit et vais réveiller Naïl pour qu'il se prépare à aller à l'école. Je rentre dans la chambre de ma mère pour la réveiller également. Elle a son rendez-vous chez le psychiatre aujourd'hui.
Quant à Naïm, il se réveille seul en général. Il a compris la valeur des études. Il a de bonne notes et je n'ai pas à me plaindre. Cette année, il passe son bac ES en fin d'année. Je ne m'inquiète pas pour lui.
Nous déjeunons tranquillement tous les quatre. Naïm est très silencieux. Son attitude interpelle notre mère.
Maman - Qu'est-ce qui ne va pas Naïm ?
Il s'efforce de sourire.
Naïm - Tout va bien Maman.
Elle n'a pas l'air très convaincu mais ne dit rien. Nous débarrassons puis nous prenons la route. Je dépose les garçons dans leurs écoles respectives puis nous allons à la clinique pour le rendez-vous de ma mère. Nous patientons dans le silence dans la salle d'attente avant que son psy ne vienne nous chercher accompagné d'une aide-soignante.
Ils s'installent sur le bureau pendant que je me mets au fond de la pièce avec l'aide-soignante. Les séances se sont toujours déroulées comme ça. En deux ans, je n'ai pas remarqué une très grande évolution.
Psychiatre - Bonjour Madame El ****.
Maman - Bonjour.
Psychiatre - J'ai cru comprendre que vous traverser une période difficile. Pouvez-vous m'en dire plus ?
Maman - Il n'y a rien de plus à dire.
Psychiatre - Que s'est-il passée Samedi soir ?
Maman - Réellement ? Ça vous intéresse ?
Psychiatre - Bien sûr.
Maman - Vous êtes prêt à écouter une "dégénérée" qui aurait tenté de se suicider ?
Psychiatre - Vous n'êtes pas une dégénérée.
Maman - Nous sommes pourtant dans cet asile de fous. Je n'ai rien à faire ici dans ce cas.
Psychiatre - Vous savez, je ne suis pas votre ennemi. Je suis là pour vous aider.
Maman - Je n'ai pas besoin de votre aide.
Psychiatre - Je sais ce que vous ressentez mais ..
Elle le coupe brusquement.
Maman - Vous ne savez rien de ce que je ressens. À vrai dire, vous ne savez même pas qui je suis. Si vous-vous basez sur le témoignage de ma fille, il n'a aucune valeur. Et vous le savez.
Psychiatre - Je vous écoute alors dans ce cas.
Maman - Pourquoi est-ce que cette consultation "confidentielle" se fait-elle en présence de ma fille et de cette aide-soignante ?
Psychiatre - Ce sont des mesures de sécurité.
Maman - Je ne vois pourtant pas de danger dans cette pièce. À moins que ce soit moi le danger.
Psychiatre - Je n'ai jamais dit ça.
Maman - Pourtant c'est ce que vous pensez. Vous ne me faites pas confiance.
Psychiatre - Vous vous trompez. Mesdames, je vous invite à nous laisser seul à seule.
Nous quittons la pièce, un peu sceptique.
C'est la première fois que ma mère s'exprime autant lors d'une consultation. Habituellement, elle se contente d'écouter le psychiatre et de répondre brièvement. J'appréhende un peu le dérouler de cet entretien inattendu. À l'image de ma mère. J'espère la retrouver un jour. Elle me manque tellement. J'aimerais retrouver la mère qui m'a mis au monde, celle qui me consolait lorsque je n'étais qu'une enfant. Je me rappelle qu'elle aimait lire des livres, faire du jardinage, découvrir de nouveaux paysages et concocter de bons petits plats. Naïm et moi avons eu une très belle enfance auprès de nos parents. Mais il a fallu que cet événement tragique vienne perturber l'équilibre de notre famille.
Au bout d'une demi-heure, la porte du bureau s'ouvre laissant apparaître ma mère. Son visage est neutre. Le psychiatre quant à lui semble perturbé. Je ne l'ai jamais vu dans cet état.
Moi - À la semaine prochaine.
"Au revoir" m'a-t-il répondu.
Nous regagnons la voiture dans le silence et prenons la route en direction de la maison.
Maman - Félicitation pour ta qualification. Tu le mérites.
Moi - Merci.
Maman - Je suis désolée d'avoir gâché cette soirée.
Moi - Ce n'est rien.
Nous arrivons à la maison. Je me prépare pour aller travailler. Je suis caissière dans un supermarché du centre. Ce petit boulot me permet d'arrondir les fins de mois. Je travaille à mi-temps, au besoin de l'entreprise. En général, je fais 2 ou 3 heures par jour. Ça peut être le matin comme l'après-midi. Je n'ai pas à me plaindre, ce n'est pas un travail pénible.
En mon absence, une auxiliaire de vie reste avec ma mère toute la journée en semaine. Elle s'occupe de lui faire à manger et veille à ce qu'elle prenne correctement ses médicaments. Elle devrait arriver d'une minute à l'autre. Je retrouve ma mère dans le séjour regardant le journal télévisé.
Moi - À ce soir Maman.
Maman - À ce soir.
Je me dépêche d'aller au boulot. Je mets mon sac de sport dans le coffre, ce soir c'est la reprise des entraînements de boxe.
[...]
Salle de sport, 18h25
Coach Randy - Ta garde Noor !
Je remonte ma garde. L'entraînement d'aujourd'hui est intensif. Ça fait plus d'une heure que nous répétons le même exercice. Je sens la fatigue qui commence à réellement monter.
Coach - Ce n'est pas comme ça que tu vas te qualifier pour la finale. Cogne comme un bonhomme !
Je suis à court d'énergie. Je donne mon maximum mais ce n'est pas suffisant. Je mobilise les dernières forces qu'il me reste pour envoyer une droite puis je m'écroule au sol. Je finis par demander un temps mort.
Je tente de reprendre mes esprits en buvant de l'eau bien fraîche pour me réveiller.
Coach - On va changer de méthode. Le réel problème auquel tu dois faire face, c'est ton endurance. Tu te fatigues beaucoup trop vite. À partir de ce soir, tu feras une heure d'entraînement au combat sur le ring et une heure de sport sur machine. Je te laisse 10 minutes pour récupérer ensuite tu enchaînes sur une heure de vélo.
J'hoche de la tête n'ayant pas la force de lui répondre par des mots.
Mon histoire avec la boxe professionnelle remonte à il y a plus de 5 ans. À l'époque, j'avais arrêté l'école et nous avions besoin d'argent.
Notre famille traversait une période difficile. Naïl était un bébé de quelques mois et ma mère avait perdu son boulot à cause de son instabilité. J'étais encore mineure et les opportunités d'emplois étaient rarissimes.
5 ans en arrière...
Ce soir-là, ma mère était en pleine crise. Naïl pleurait beaucoup et nous ne savions pas vraiment pourquoi.
Maman - Fais quelque chose Noor. Je t'en supplie. Je ne supporte plus cet enfant.
Ça faisait une heure qu'il pleurait, je le berçais du mieux que je pouvais mais rien ne fonctionnait.
Moi - Shhhuut. Ça va aller bébé. Je suis là. Ta soeur....
Ma mère prit alors un vase et le lança en notre direction. Heureusement que le vase s'était écrasé à quelques centimètres de nous.
Maman - Qu'il dégage ! Je ne veux plus de cette chose dans ma maison.
Elle commença à nous lancer une multitude d'objets. Tout ce qu'elle trouvait sur son chemin. J'ai dû prendre la fuite avec mes petits frères. Je ne savais pas vraiment où aller. J'étais complètement désemparé. Naïl s'était calmé. Naïm quant à lui, ne comprenait rien. Il était beaucoup trop jeune. Désormais, c'était moi qui pleurais à chaudes larmes dans les rues de Paris, en pleine nuit, un bébé dans le bras droit et un enfant agripper à ma main gauche. J'avais seulement 16 ans.
Un couple vint à notre rencontre et me proposa de l'aide. J'étais tellement en position de détresse que je ne pouvais refuser. Le couple m'a proposé de nous hébergeait pour la nuit.
Installée dans la chambre d'amis avec mes petits frères, je balayais la pièce du regard et tomba sur une paire de gants de boxe poser sur un bureau.
Instinctivement, je me suis lèvé et j'ai enfilé la paire de gants. J'ai commencé à essayer de reproduire des mouvements de combat comme dans des films de mon enfance.
Soudain, la porte s'ouvra sur Randy, le propriétaire de cette maison.
Randy - Tu sais boxer ?
Moi - Non.
Randy - Viens. Suis-moi.
Je me sentais étrangement en confiance avec cet inconnu. Je l'ai donc suivi jusque dans une pièce au sous-sol qui semblait être une salle de sport.
Randy - Tu vois ce sac ? C'est un punching-ball. Je veux que tu tapes dedans.
Je commençai à taper timidement ne comprenant pas vraiment le but. Il m'arrêta.
Randy - Ce soir, je veux que tu extériorises ta haine à travers tes coups. Je veux ressentir ta peine. Tape de toutes tes forces dans ce sac. Tu peux crier, personne ne t'entendra. Il faut que cette rage sorte de ton corps.
Je me mis alors devant le punching-ball et commença à taper, taper, taper ... Je repensais à la mort de mon père, rien n'allait plus depuis qu'il nous avait quitté. J'avais arrêté l'école, ma mère n'était plus la même. Nous étions comme des orphelins. Pourtant, nous avions une mère. Elle avait renoncé à ses responsabilités. Je tapais de toutes mes forces en repensant aux malheurs de notre famille.
Moi - JE TE HAIS ! JE TE HAIS ! JE TE DETESTE !
Je finis par m'effondrer au sol. Soulagée, libérée, délivrée ... Je tentais de récupérer mon souffle.
Randy - Tu as un réel potentiel à exploiter. Tu veux que je t'apprenne à boxer ?
Moi - Je ne suis pas sûr d'avoir le temps.
Randy - C'est dommage. Tu pourrais en faire un métier et gagner ta vie grâce à ce sport.
Ça faisait 3 mois que je recherchais activement du travail. C'était très compliqué au vu de mon jeune âge. Ça pouvait être une opportunité pour moi mais je restais tout de même méfiante.
Moi - J'accepte à condition que vous soyez mon coach.
Il me sourit puis me tend la main pour m'aider à me relever. Je la saisie.
Randy - Je vais t'apprendre à voler comme un papillon et piquer comme une abeille.
À suivre ...
À chaque fin de chapitre j'aimerais lancer des débats sur des sujets sociaux. Ça vous dit mes sœurs Fi'Llah?
En attendant, voilà un petit questionnaire. J'ai besoin de vos retours pour la suite de l'histoire 😘❤
Jusque-là, quel est votre personnage favori ?
Qu'avez-vous pensez du chapitre ?
Vous avez quel âge ? (Ça n'a rien à voir avec l'histoire 😂)
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