02
Hôpital de Sainte Anne, 00h32
N O O R
J'ai toujours détesté l'odeur des hôpitaux. Cela me rappelle de mauvais souvenirs. J'attends des nouvelles de ma mère depuis maintenant deux longues heures. Ce n'est pas la première fois mais je pensais que c'était derrière nous.
Elle a encore une fois tenté de mettre fin à ses jours. Je l'ai retrouvé inconsciente dans sa salle de bain avec une boîte de somnifère dans la main. J'ai rapidement pratiqué les gestes de premier secours pendant que Naïm appelait les urgences. Son pou était très faible. Quant au petit Naïl, je lui ai demandé d'aller dans sa chambre. Un enfant ne devrait jamais être témoin d'une scène pareille.
Ma mère souffre d'une dépression clinique qui dure depuis maintenant six ans. Lorsque sa dépression a commencé, Naïl avait seulement quelques jours. À l'âge de 16 ans, j'ai dû mettre un terme à mes études pour m'occuper de lui, mon petit prince. Depuis sa naissance, je jongle entre le rôle de mère et celui de grande sœur.
J'envoie un message à Naïm pour savoir si tout se passe bien à la maison.
~ iMessage ~
Naïm - "On a mangé et Naïl dort. Des nouvelles de maman ?"
Moi - " J'attends le docteur mais ne t'inquiète pas. Je risque de rentrer très tard alors ne m'attend pas."
Naïm - " Ok "
Un docteur arrive dans la salle d'attente.
Docteur - Famille El **** ?
Je me lève précipitamment et me dirige vers lui. Il me demande de le suivre.
Nous traversons un long couloir pour enfin arriver dans la chambre d'hôpital de ma mère. Elle a l'air de s'être endormi. On me dit souvent que je lui ressemble beaucoup avec ses longs cheveux bruns ondulés. Je m'approche d'elle et lui tient la main.
Docteur - Vos gestes de premier secours lui ont été d'une grande aide. Votre mère est restée inconsciente pendant plus d'une heure. Sans votre intervention, cette overdose aurait pu lui être fatale. Nous lui avons fait un grand lavage gastrique pour limiter les effets secondaires de ces médicaments.
Moi - Merci beaucoup Docteur.
Docteur - Je fais seulement mon travail. Nous allons la garder en observation cette nuit. Cependant, il faudrait lui prendre un rendez-vous au plus vite avec son psychiatre.
Son psychiatre ainsi que son ancien psychologue ont établi le même diagnostic. Ma mère serait dépressive à tendance suicidaire. Il y a des périodes où elle va mieux, on a presque l'impression de l'avoir retrouvé puis sans qu'on s'y attende elle rechute.
Moi - Son prochain rendez-vous est dans deux jours.
Docteur - Très bien Mme El ****. Nous vous appellerons demain matin pour venir la chercher s'il n'y a pas de complications.
Je dépose un baiser sur le front de ma mère puis quitte l'hôpital. J'étais déjà fatiguée suite à mon combat mais là je suis réellement épuisée. Je ne suis pas véhiculé mais heureusement que l'hôpital n'est pas très loin de chez nous. Je prends donc la route à pied. Il est très tard. Les rues sont désertes en ce soir d'hiver.
Je rentre chez moi et monte directement dans ma chambre. Je ne tarde pas à m'envoler dans le pays de Morphée.
Maison des El ****, Dimanche 08h25
...... - Noor ! Réveilles-toi !
Je sens quelqu'un secoué mon bras. Je me doute déjà de qui il s'agit. J'ouvre doucement les yeux et vois Naïl. Il monte sur mon lit et se blottit contre moi.
Moi - Bonjour petit prince.
Naïl - Bonjour.
Moi - Tu as pris ton petit-déjeuner ?
Naïl - Non. Je veux le prendre avec toi.
Moi - Le premier qui arrive en bas choisira ce que nous déjeunerons. Tu es prêt ?
Naïl - Ouiiii.
Moi- 3, 2, 1, ... GO !!
Nous nous levons tous les deux, dévalons les escaliers pour enfin arriver la cuisine. Je le laisse me devancer. On finit par éclater de rire.
Moi - Alors qu'est-ce que tu veux déjeuner petit prince ?
Naïl - Je voudrais bien deux tartines avec du beurre et de la confiture de myrtille, un bol de lait avec du cacao et du jus d'orange pressé.
Moi - Ok chef. Je m'en occupe.
Je me mets tranquillement au fourneau.
Naïl - Maman s'est réveillée ?
Moi - Oui. Ne t'inquiète pas Naïl. Elle va bien.
Un petit silence s'installe entre nous. Nail finit par briser ce silence.
Naïl - Pourquoi maman ne m'aime pas ?
Je suis étonnée par sa question et je ne peux m'empêcher de ressentir de la peine.
Moi - Tu te trompes mon chéri. Maman t'aime beaucoup.
Naïl - Pourtant elle n'aime pas que je lui fasse des bisous et des câlins.
J'essaie de le rassurer comme je peux.
Moi - Elle n'a jamais aimé ça. Moi en revanche, j'aimerais bien un câlin de mon petit prince.
Il se lève et vient me faire un câlin.
Moi - Je t'aime petit frère.
Naïl - Moi aussi Noor.
Je sais que la distance que lui impose notre mère est difficile à vivre pour lui. C'est compréhensible pour un enfant de 6 ans. Je ne peux rien faire d'autre que de tenter de combler ce vide.
Soudain, Naïm débarque dans la cuisine torse nu.
Naïm - Wesh l'équipe !
Je déteste qu'il parle comme ça. Je n'y vois pas d'inconvénient avec ses amis mais à la maison, on doit parler correctement.
Moi - Il n' y a pas de "wesh". Apprends à parler français premièrement et va mettre un tee-shirt. On n'est pas à la plage.
Naïm - C'est bon, on a compris. Détends-toi, tu es qualifié pour les demies.
Moi - Comment tu le sais ?
Naïm - J'ai mes sources. Tu comptais me le dire un jour ?
Moi - Je n'ai juste pas eu l'occasion de le faire avec tout ce qui s'est passé hier soir. Va mettre un tee-shirt !
Naïm - C'est bon, j'y vais. Comme tu peux être lourde parfois.
Moi - Merci.
Naïm redescend dans la salle à manger.
Nous discutons un peu tous les trois. Je leur parle un peu du combat de la veille en déjeunant puis nous faisons le ménage. C'est le seul jour de la semaine où nous avons le temps.
Peu de temps après, je reçois un appel d'Imane. Je lui explique brièvement ce qui s'est passé hier soir et que je ne pense pas pouvoir sortir. Du coup, elle me propose de venir à la maison cet après-midi.
Je raccroche puis Naïm vient à mon encontre tandis que je fais la vaisselle dans la cuisine.
Naïm - Je peux te parler.
Moi - Oui bien sûr.
Naïm - Je sais que tu ne me dis jamais rien pour me protéger mais j'ai 17 ans et je ne suis plus un enfant. J'ai très bien compris que quelque chose n'allait pas. Je te demande de me dire la vérité sur maman.
Moi - Tu es sûr de vouloir savoir ?
Je me retourne pour lui faire face. Ce n'est pas un sujet facile à aborder.
Naïm - Oui, je suis prêt à entendre la vérité.
Quand tout à coup, la sonnerie de mon téléphone retentit. Le numéro appelant n'est pas répertorié dans mon téléphone. Je réponds à l'appel.
~ iCall ~
Moi - Allo ?
....... - Oui bonjour, Hôpital de Sainte Anne. Je suis le docteur P. ******* en charge de Madame El ****. Vous êtes ?
Moi - Je suis sa fille. Comment se porte-t-elle ?
Docteur - Elle va beaucoup mieux depuis hier soir. A priori, il n'y a pas eu d'effets secondaires suite au lavage gastrique qu'elle a subi. Pouvez-vous venir la récupérer dans la matinée ?
Moi - Oui. Je pourrais être là d'ici un quart d'heure.
Docteur - À tout à l'heure.
~ Fin d'appel~
Naïm - Elle va sortir de l'hôpital ?
Moi - Oui. Je dois aller la récupérer.
Naïm - ....
Je range rapidement la vaisselle avec l'aide de Naïm.
Moi - Je te raconterai tout ce soir. C'est vrai. Tu as le droit de savoir ce qui arrive à maman. J'ai toujours essayé de te laisser en dehors de tout ça pour que tu ne t'inquiètes pas.
Naïm - Je sais Noor. Depuis que maman a changé tu la remplaces du mieux que tu peux pour moi et Naïl. Je te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour nous.
Moi - Ne me remercie pas. Si je ne le fais pas qui le fera pour nous ? Viens là petite tête !
Je lui ouvre mes bras pour qu'il vienne me faire un câlin. Il me dépasse en taille du coup c'est plutôt lui qui m'enlace au final.
Moi - Même si tu me dépasses, n'oublie pas que c'est moi la plus grande.
Naïm - N'importe quoi ~en riant~ va plutôt chercher maman à l'hôpital.
J'enfile rapidement mes chaussures, ma veste, je récupère les clefs de ma voiture puis je file récupérer ma mère à l'hôpital. Le médecin m'explique qu'elle va devoir suivre un traitement et que l'on doit la surveiller lors de ces prises de médicaments. Il faudra également éviter de la laisser seule et redoubler de vigilance pour éviter une énième tentative de suicide. Je la rejoins dans la chambre. Elle est déjà prête.
Moi - Bonjour Maman.
Elle se contente seulement de hocher la tête.
Moi - Je vois que tu es déjà prête. On y va ?
Elle hoche la tête.
Nous quittons l'hôpital dans le silence. Elle monte à l'arrière. Elle n'est jamais montée à l'avant d'un véhicule depuis l'accident ayant causé la mort de mon père. Je la regarde à travers le rétroviseur. Elle contemple le paysage à travers la vitre. Nous arrivons assez rapidement devant la maison. Je me gare puis je descends du véhicule pour lui ouvrir la portière. La système de sécurité enfant est programmé à l'arrière. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec elle. Elle est totalement imprévisible. Elle me regarde, puis regarde la maison.
Maman - Tu aurais dû me laisser mourir.
A suivre ...
N'hésitez pas à aimer, commenter ou partager <3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top