Chapitre 7 - 5
V
Kal s'avançait vers son adversaire, qui, comme l'avait dit la fille, fit jaillir de grandes flammes bleues. Le Chasseur d'Ombres esquiva les premières attaques, pour essayer de l'atteindre avec son épée. Mais ce fut un échec cuisant. Son adversaire était rapide. Peut-être même trop pour lui.
Alors, il tenta des attaques pressées mais moins précises, tout en esquivant, sans forcément vouloir lui asséner un gros coup, simplement pour jauger son adversaire. Seulement, Evrard s'en amusait, et se faufilait aisément entre chaque coup.
- Alors, jeune Chasseur, on ne me touche pas ? Ce n'est pas comme ça que tu vas me mettre au tapis, tu sais ? Ton maître t'as au moins appris à te battre ? Mais ! Quelle question ? Telle que je la connais, elle ne fait qu'enseigner ce qu'il lui plaît.
Kal ignora royalement la remarque du Mage qui lui faisait face. Les deux hommes se tournaient autour, comme deux fauves prêts à se sauter dessus. Le plus jeune ajouta :
- Tu dis que je ne te touche pas, mais tu ne m'as encore rien fait non plus.
- Tu veux essayer de goûter à ma supériorité ? Ma foi, si cela est ton vœu le plus cher...
Puis juste après avoir dit cette phrase, il fondit sur le Chasseur d'Ombres comme un faucon sur sa proie. Il lui attrapa le bras, celui où sa manchette était déjà bien abîmée, et la lui calcina en un rien de temps. Par réflexe, le brun retira d'un coup sec son bras, mais l'homme qui lui faisait face avait de la ressource et profita de ce mouvement de recul pour le déstabiliser. Il se plaça ensuite rapidement sur le côté, et le fit chuter. Une fois son adversaire à terre, le Mage leva ses mains au-dessus de lui, et avec un regard terrifiant, déferla ses flammes sur Kal. Mais ce dernier se décala au bon moment et profita de cette ouverture pour le frapper violemment. Il enchaîna presque sans réfléchir les coups qu'il portait. Le jeune homme se laissait dépasser par la situation, il perdait totalement le contrôle de ses mouvements.
Un jet de sang jaillit de la bouche d'Evrard. Par acquis de conscience, Kal se recula. Il ne voulait pas le tuer. Cet être semblait trop intéressant.
Seulement, au lieu de gémir, ou de se plaindre, Evrard rigola, et affirma :
- Moi qui voulais tester ta force, j'avoue que je ne suis pas surpris. Je pense que je n'aurai pas de scrupule à ne pas y aller de main morte. Tu es jeune , fort, mais n'a aucune expérience. C'est d'ailleurs ça qui te mènera à ta perte. Pour conclure, notre petite joute sera terminée en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Kal fronça les sourcils et pinça les lèvres. Il n'aimait pas beaucoup la tournure des évènements. Le Chasseur avait déjà une protection en moins, il ne pouvait plus parer ses attaques sans se faire brûler. Une évidence se faisait sentir : il y avait un fossé entre eux deux.
En se relevant, son ennemi parut changer. Comme si le combat commençait réellement, ce qui l'inquiétait un peu... Il avait réussi à le blesser, certes, mais son adversaire s'était laissé faire...
- Un conseil, si jamais tu ressors vivant, ne montre jamais ta vraie force en début de combat, ça te perdra.
Soudain, il se mit à crier une incantation, et un cercle de feu les entoura tous deux. Puis une deuxième, où son corps entier s'enflamma. Kal ne pouvait reculer, au risque de se voir réduit à l'état de cendre. Il devait entrer dans son état second, mais il n'y arrivait pas. Pour la première fois, se mettre en colère ou ressentir une émotion assez forte qui lui enlèverait toute raison, lui était impossible. Il réfléchissait plus qu'il ne faudrait. Il en était conscient, mais ne pouvait faire autrement. Jamais il n'avait combattu de Mage comme celui-là, et son infériorité ne laissait pas de place au doute quant à l'issue de ce combat. Toutes les solutions auxquelles il pensait, trouvaient toujours la même fin. Comment s'échapper ?
- Tu réfléchis trop !
Une bourrasque de feu s'abattit sur Kal, qui hurla de douleur en se repliant sur lui-même. Le Mage continua de marcher dans sa direction, pour lui agripper les poignées. Le cuir de sa dernière protection s'effritait. Le jeune Chasseur gémissait encore et toujours. Jamais il n'aurait pu imaginer qu'une telle sensation soit possible. Il avait l'impression qu'on lui arrachait sans cesse la peau avec un poignard rouillé. Son corps entier était soumis de force à la torture extraordinairement cruelle du feu bleu, sans jamais avoir un instant de répit. Les flammes l'embrasaient en épousant une à une les formes de son corps. Elles suivaient un chemin précis, guidé par l'instinct bestial de leur créateur, partant des mains, jusqu'au coup, puis le buste, pour enfin charcuter les jambes.
- Tu vas m'écouter, lui dit-il. Je ne suis pas ton ennemi, nous sommes dans le même camp, et je pense que nous avons un objectif commun. Mais j'ai besoin de l'écorce des gardiens pour commencer mon travail. Alors soit je t'élimine maintenant, soit tu abandonnes, soit tu ne fais pas le faible, et tu me suis !
Faible... Faiblesse...
Il n'était pas faible. Il n'était plus faible. Comment osait-il dire ça ? Mais pouvait-il encore se battre, alors qu'il n'arrivait plus à bouger sa main ? Que devait-il faire ? Il n'abandonnait jamais, mais n'était-ce pas nécessaire ? Un mal pour un bien ? Un bon ou mauvais choix. Sa tête était lourde de questions.
- Ne te pose pas de question, et prend la voix qui te semble la meilleure. Préfères-tu la faiblesse, en mourant ou en abandonnant ? Ou alors voudrais-tu emprunter le chemin de la force et de la puissance, en marchant dans mes pas ? Tu pourras aller dans les Ruines, et nous irons combattre l'Ombre ensemble. Qu'en dis-tu ?
Les Ruines... L'Ombre...
Ce furent les deux seuls mots qu'il avait retenus. Il devait atteindre ses objectifs, par n'importe quel moyen. Un choix s'imposait à lui.
D'un côté sa raison lui criait de laisser tomber, qu'il ne devait pas aller avec quelqu'un d'aussi sombre, et mystérieux. Mais d'un autre, il pouvait entendre son envie d'avoir des réponses et de ne plus être traité de faible, et ainsi suivre n'importe qui. Dans un état pareil, comment pouvait-il faire un choix ?
- Je viens avec vous, mais à une condition, décida-t-il finalement.
- Je t'écoute, mais tu n'es pas vraiment en état de poser tes conditions.
- Vous ne tuez personne.
- Et pourquoi je ferais ça ?
- Parce que si vous avez écouté ma condition, c'est que vous avez besoin de moi. Sinon vous m'auriez laissé mourir.
L'homme vêtu de noir sembla réfléchir un instant.
- Même dans un sale état, tu restes perspicace. C'est d'accord.
Les flammes bleues s'éteignirent, et le Mage aida Kal à se relever. Les deux hommes se regardèrent, et le Chasseur s'appuya sur celui qu'il allait maintenant suivre, pour aller rejoindre Erlis.
- Mon dieu, Kal !
- Erlis, dis aux Géants qu'ils ne craignent plus rien. Quant à moi, je vais partir avec lui. J'ai besoin de me former, et je pense que j'ai beaucoup à apprendre à ses côtés, expliquait-il d'une faible voix, en s'efforçant de ne pas montrer la douleur qui accaparait son réceptacle.
- Tu plaisantes ? Regarde l'état dans lequel il t'a mis ! Il est dangereux. Il t'utilise !
- Peut-être bien, oui, mais sa puissance est grande. Je dois acquérir de la puissance si je veux venger ma famille, mes amis... Nous nous quittons ici, merci de m'avoir mené jusqu'ici.
- Kal, s'il te plaît, il y a forcément un autre moyen...
- Mais je ne le connais pas. Alors je choisis d'aller là où je sens que je pourrais laisser mes restes de faiblesse derrière moi, à jamais.
La jeune fille le regardait, dépitée...Elle ne comprenait pas ce changement de situation. Kal enveloppa les épaules de la jeune fille de ses mains, et ajouta :
- Surtout, ne laisse pas ton futur mari te maltraiter. Si jamais tu ne te sens pas en sécurité, par, enfuie-toi, trouve toi un refuge, mais ne reste pas dans ses bras. Je suis sûr qu'un jour nos chemins se recroiseront. Ce jour-là, je veux te voir heureuse. Je ne veux pas voir un visage comme celui que tu tirais à l'auberge. Au revoir.
Elle n'eut pas le temps de répondre que Kal, avec son armure presque entièrement calciné, lui avait tourné le dos, et s'apprêtait à entamer son périple avec Evrard.
Hey !
J'espère que ça vous a plu ! Désolée pour les fautes mes yeux tiennent grâce à des bâtons d'allumettes je corrige ça demain.
A lundi !
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