Chapitre 37 - 3

III

Le soir tombait doucement sur la ville de Dragsard. Evrard était déjà parti, d’après les dires de la libraire, depuis un certain temps. Certainement pour préparer le discours qu’il allait servir à tout le monde. Il sortit dans la rue, puis se rendit directement au lieu donné, puisqu’il avait pu repérer où se trouvait l’événement cet après-midi, durant son temps libre.

    C’était une grande maison en pierre blanche, avec une jolie porte en bois. Quand Kal toqua, celui qui lui ouvrit ne fut pas Evrard, mais à sa grande surprise : Phi. Ils se regardèrent tous deux, avant qu’elle ne le prenne par le poignet, pour l’emmener à l’écart et lui toucher deux mots :

- Mais tu es vraiment cinglé ma parole ! Qu’est-ce que tu fiches ici ?

- Et toi donc ?

- Moi ?

- Oui, toi. Qu’est-ce que tu fais ici ?

    Soudain, une voix retentit derrière le dos du jeune homme.

- Puis-je savoir avec qui tu complotes ?

    Kal ne se retourna pas, se contentant de lui répondre :

- Pour le coup c’est elle qui vient m’enquiquiner. Elle m’a ouvert puis pris à part.

- Phi, soit gentille et retourne à l’intérieur.

- Ne me parle pas sur ce ton, grand fou ! Je ne suis en rien tes idées, alors non, je ne compte pas rester.

- Alors pourquoi es-tu venu dans ce cas, ma jolie ?

- Pour confirmer mes doutes.

- Et sont-ils confirmés ?

- À mon grand désespoir, oui ! Qui plus est, tu lui as bien retourné le cerveau !

- Pour ta gouverne, il ne m’a pas retourné le cerveau, intervint Kal. J’ai choisi de le suivre de mon plein gré.

    Elle ignora la remarque de Kal, et continua à s’adresser à Evrard :

- Tu verras le jour où vous allez fêter vos retrouvailles avec Lélia, ça va être joyeux !

- Cette petite putain ne peut rien faire contre moi.

    Kal resta de marbre, ne voulant pas montrer le moindre signe de désaccord. Mais au fond de lui-même, s’il avait pu achever Evrard, il l’aurait fait sans la moindre hésitation.

- Tu la traites de cette façon encore une fois, et tu finis grenouille de compagnie à l’école de sorcellerie !

    Il éclata de rire, avant de lui répondre :

- Moi aussi je possède de la magie, et au cas tu auras l’oublié, ça aussi, tu ne peux pas transformer un être doué de magie plus d’une certaine durée.

- Sauf quand un sorcier possède une magie bien supérieure au transformé.

- Tu penses réellement me dépasser ?

- Moi non. Mais des amis à moi, sans aucun doute.

- De toute façon, ça se vérifiera bien un jour où l’autre.

- Et ce jour-là, je pourrais enfin admirer ton corps ensanglanté gisant au sol.

- Ou alors ça sera moi.

- Tu peux toujours rêver, si ça te fait plaisir.

    Il se rapprocha de la femme, et lui susurra quelque chose à l’oreille avant qu’elle ne parte. Enfin, il se tourna vers Kal, qui lui dit :

- Mais quelle folle…

- Oui, je suis entièrement d’accord avec toi. Suis-moi.

    Le jeune homme obtempéra. En mettant les pieds dans la salle, la première chose qui le mit dans une position d’inconfort, fut la foule qui se trouvait en ces lieux. La pièce était assez grande, avec des murs toujours faits de pierre blanche, accompagnés d'un sol en bois, taché à certains endroits. La plupart des gens étaient assis autour de tables en bois, et ce qui parut très surprenant aux yeux de Kal, pour la majorité, ils n’étaient pas ivres.

- Qui sont-ils ? demanda le Chasseur.

- Tu comprendras dans quelques minutes. En attendant, va t’asseoir à la table au fond à gauche, là-bas.

- D’accord.

    Kal tourna la tête, et observa une table ronde avec trois individus, dont Pascal. Quand il s’assit, en les saluant, le Possèdeur prit la parole :

- Kal, je suis content de te voir là. J’eus peur que tu nous aies abandonné. Je te présente Annabelle, une mage, et lui c’est Olius, un Traqueur assez réputé dans la région de Drung. Tu as peut-être déjà entendu parler de lui.

- Je suis désolé, mais non.

- C’est normal, je ne suis célèbre que pour mes exploits dans la région.

- Et qu’avez-vous faits comme exploits ?

- J’ai éliminé pas mal d’Ogre des Neiges, de Yétis, de Squelantes… en sauvant à chaque fois pas mal de monde.

- Au moins vous devez être apprécié…

- C’est le moins que l’on puisse dire.

    Au grand soulagement de Kal, au moment où il devait continuer la conversation, silence se fit dans la salle. Evrard commençait à prendre la parole. Ce fameux Olius lui tapait déjà sur le système.

- Mes chers amis ! Nous voilà, pour celles et ceux qui ont pu venir, réunis dans cette pièce, pour que je puisse vous présenter notre stratégie d’attaque. Vous savez tous comment le roi est mauvais pour ce Royaume. Il ne connaît rien à la magie, ou encore aux Créatures qui peuplent ce continent. Il ne pense qu’à lui, et à ses humains. Mais cela va changer. Un jour, je récupérais la place qui me revient de droit.

    À ces mots, tandis que Kal n’en croyait pas ses oreilles, la plupart des convives levaient leur pinte de bière et hurlèrent. Evrard se gratta la gorge pour reprendre le contrôle de la situation. Le silence s’installa à nouveau.

- Mais je ne tiens pas à attendre de pouvoir récupérer ma place, pour entamer un changement. Non. Je suis déjà sur la piste, ou plutôt devrais-je dire, nous sommes sur la piste, de la Pierre D’Oublie. J’espère bientôt mettre la main dessus. Mais ce n’est pas tout. Dans notre Alliance, celle qui va exterminer les Ombres pour rétablir l’Empire Ancien, nous avons le Nominé de cette génération ! Je vous prie d’applaudir : Kal !

    Le concerné, totalement perdu parce qui lui arrivait, reçut un coup de pied de la part de Pascal, l’invitant à aller au côté d’Evrard. Comprenant qu’il n’avait pas le choix, il se leva, fit  bonne figure, et se présenta aux côtés du Possèdeur. Son attitude neutre, et fermée sembla en perturber plus d’un dans la salle, et créea une vague de chuchotement. Pour faire cesser cela, Evrard reprit la parole, et annonça :

- Il nous a toujours été d’une aide remarquable, et continuera de l’être à l’avenir. Il sera celui qui nous aidera à décimer les Ombres, mais aussi les autres Alliances, qui seront expulsées en dehors de notre chemin !

    De nouveau, des cris d’approbation se firent entendre. Kal continuant de ne rien montrer, déjà mal à l’aise au milieu de tous ces gens, comprenait petit à petit ce dans quoi il venait de s’embarquer.

Lélia… si tu étais là, tu m’aurais déjà tué trois fois…

    Ne voulant pas faire tache, plus qu’il ne le faisait déjà, il prit rapidement la parole.

- Je ferais tout pour mener notre projet à bien. L’extermination des Ombres est une priorité pour moi. Je ne vous décevrais pas.

- Parole de Nominé. Vous pouvez le croire.

    Puis le jeune homme retourna à sa place. Suivi, peu de temps après par Evrard qui était très content de lui.

- Ça va ?

- Tu entends quoi par récupérer ta place qui te revient de droit ?

- Pascal, Annabelle, Olius, allez discuter ailleurs je vous prie.

    Sans broncher, ils s’en allèrent.

- Bien. Alors, si tu veux, mon père a hérité du caractère de Possèdeur que ma grand-mère avait. Il s’est donc fait chassé de la couronne, et à subit la torture. Depuis, il faut donc que je me venge.

    Kal secoua la tête pour dire qu’il avait compris. Jamais il n’aurait pu imaginer une telle chose.

- Dis-moi.

- Je t’écoute, mon garçon.

- Tu ne vas quand même pas me demander d’assassiner le Roi, si ?

- On verra.

    Puis il quitta la table, pour aller discuter avec une autre personne qui le regardait fixement depuis qu’il avait fini son discours.

    Kal, lui, comprenait qu’il allait devoir manœuvrer habilement, s’il ne voulait pas avoir, en plus des Ombres à gérer, l’Alliance d’Evrard. De plus, il allait devoir parler à Phi. Elle avait l’air de connaître Lélia, et Evrard. Tout comme Lélia, elle le détestait, et il était curieux d’en connaître la raison.

    Après quelques minutes, deux hommes vinrent à la table.

- Tu es jeune, mais tu dégages quelque chose de puissant, lui dit le blond tout fin avec de grandes lunettes.

- Quelle est l’utilité de cette information ?

- Aucune en apparence.

- Donc je suppose qu’il y en a quand même une ?

- Non.

- Êtes-vous sain d’esprit ?

- Je le crois bien.

    Kal s’adressa au brun qui l’accompagnait :

- Il a bu combien de verre ?

- Il ne boit jamais.

- D’accord…

    Ils restèrent pendant quelques minutes à se regarder sans rien dire, puis Kal quitta la table, lassé par cette conversation ridicule qui lui avait fait perdre son temps. Il rejoignit Evrard à une table, où tout le monde sembla ravi de le voir.

- C’est donc toi dont tout le monde vante la force en ce moment ?

- Oui, c’est lui, répondit Evrard.

    Ce qui arrangea Kal, car discuter avec trois paires d’yeux qui lorgnaient sur lui n’était pas ce qu’il préférait.

- Penses-tu qu’il pourrait m’aider à récolter le sang d’un Anachric ?

- Qu’en penses-tu Kal ?

    Il regarda celui qui lui avait fait la proposition. Il avait les cheveux roux attachés en queue de cheval, avec une petite barbichette et des yeux verts. Sa carrure prouvait à elle seule que ce n’était pas quelqu’un qui avait l’habitude de se battre. Il portait un collier qui attira l’œil du Chasseur.

- Vous êtes sorcier, mage ?

- Sorcier. Comment tu l’as su ?

- Votre carrure. C’est une amulette ou un talisman ?

- Une amulette.

- Pourquoi vouloir du sang d’Anachric ?

- Pour une potion.

- A quoi servira-t-elle ?

- Pour ma femme. Elle est malade et je veux la sauver.

    Kal fixa les yeux de l’homme, avant lui répondre :

- Comment a-t-elle pu se faire mordre par un Serpent à Bande Bleue ? Il n’en existe presque plus.

- Elle est cartographe. Elle explore des endroits inconnus, et il se trouve qu’à la frontière entre Fiara et Drung il y a une grotte où une colonie y vit encore.

- Si vous acceptez que je fasse le voyage seule, je vous aiderai.

- On ne peut pas attendre. Il faut que nous nous y téléportions dès demain.

- Il y a un portail pas loin ?

- Dans les falaises derrière la ville, oui. Donc, si tu es d’accord, nous partirons demain matin.

    Kal acquiesça, avant de se tourner vers Evrard :

- Si Écho n’est pas là à mon retour, tu es un homme mort.

- Ne t’en fais pas. Il sera là.

    Le sorcier prit à nouveau la parole :

- Rejoignons-nous à l’entrée Est de la ville, demain matin à l’aube.

- Très bien, j’y serais.

Bonjour!!!
Que pensez-vous de cette nouvelle partie ?
On approche de la fin x)
Bonne journée !

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