Chapitre 25 - 3
III
Kal reprenait tranquillement la route, pendant que le soleil se levait. Il n’avait presque pas dormi, sans cesse réveillé par un rêve qu’il n’avait pas fait depuis bien longtemps. Une masse noire se jetait sur lui, et le dévorait de l’intérieur. Il se mettait à hurler, et son corps tombait peu à peu sous l’emprise de cette chose… Puis il se réveillait, tentait de se rendormir, mais faisait à nouveau ce même cauchemar. Alors le jeune homme finissait définitivement par ouvrir les yeux, puis s’affairait à ses tâches.
Aujourd’hui, il avait décidé de continuer son voyage. Il arriverait dans quelques heures, dans le territoire des garous nocturnes. Mais il n’y pensait pas vraiment. Il réfléchissait plutôt à l’énigme que l’homme lui avait posée. Y avait-il déjà un quelconque lien avec sa quête ? Comment pouvait-il le connaître ? Tout était flou… Kal avait beau penser, réfléchir, essayer de trouver des liens, rien ne parvenait à son esprit… Tout en réfléchissant à sa quête, il prêtait attention au moindre signe de vie, car si par malheur un Viandard venait à le pourchasser, il serait bien mal en point. Même si sa respiration était redevenue normale, son bras demeurait fracturé. Son bras droit qui plus est. Il s’était fabriqué une attelle, avec des bouts de bois et du tissu, mais ça ne le soulageait pas vraiment. Il devait éviter les mouvements brusques, comme manier une épée, et il guidait son cheval avec sa main gauche.
Plus les heures passaient, plus l’altitude diminuait, et la neige fondait, ce qui était un terrain de jeu parfait pour les Viandards. Il restait encore plus vigilant. Pendant qu’il réfléchissait, il trouva un lien suspect avec le mot qu’il avait trouvé dans un livre. Peut-être que l’homme qui lui avait donné un avertissement était aussi l’auteur de ce mot, qui sait ? Mais en attendant, une pression s’abattait sur lui.
Une vive douleur le prit à la tête, et sa vision devint flou, puis noire. Il perdit tout à coup l’équilibre, et tomba sur son bras une première fois. La douleur fut horrible. Il hurla. Ses muscles se contractaient seuls. Son mal de tête empirait. Des douleurs lui prirent l’entièreté de son corps et l’assaillirent. Il était étendu sur le sol, devenant une proie facile. La souffrance qu’il ressentait, et son mal être ne faisait qu’augmenter. Son cœur palpitait. Il ne contrôlait plus rien. Sa conscience demeurait impuissante face au mal que son corps combattait. Soudain, il eut de violentes contractions du bras droit, et ce dernier frappa violemment et à plusieurs reprises le sol. Le Chasseur s'égosillait. La douleur lui était insupportable. Puis, plus rien. Un instant après, tout s’arrêta. Silence se fit. La douleur s’envola, et son cœur reprit sa cadence habituelle, tout comme sa respiration.
Néanmoins, il se sentait partir. Il fermait les yeux, doucement. Il ne devait pas, et encore moins ici, dans une zone aussi dangereuse. Il luttait autant qu’il pouvait. Mais ne trouvait pas de solution, et ferma les yeux. Cependant, il n’était pas seul. Écho lui cogna légèrement la tête à plusieurs reprises pour le tenir éveillé. Il sentait que le danger approchait. Kal le sentait venir aussi. Mais tout son corps venait de se relâcher, et faire un mouvement lui demandait une énergie qu'il ne possédait pas.
Quelques secondes plus tard, il ressentit une présence à ses côtés. Une présence qui n’était pas celle de sa monture. Puis, plusieurs grognements. Le cheval commençait à se tendre. Evrard devait se lever. Il réussit à mouvoir un doigt. Puis il bougea un orteil. Mais ce n’était pas suffisant. Il ne pouvait rien faire de plus. Il n’avait pas le choix. S’il ne faisait rien, il y laisserait sa peau. Alors, à contre-coeur, il prononça faiblement :
- Anoarë tharphs fuxima kôo.
Une chaleur envahit son corps.
- Anoarë fatül cahgtu kôo.
Ses yeux devinrent rouges foncés, et ses veines noires. Mais son cœur, lui, accéléra, au lieu de ralentir. C’était l’effet recherché, mais cela était dangereux. Son flux grimpait plus vite dans son sang, mais Kal se fatiguait aussi bien plus vite. Tous ses sens se développèrent. Il réussit néanmoins à se lever, et à observer le monstre qui lui faisait face : un Chlakoa. Une créature dangereuse. Une chimère, pour être exact. Elle était issue d’un croisement entre un Spectre et un Cérafilt.
La créature qui lui faisait face était certes, de taille moyenne, mais très effrayante quand on ne possédait pas l’expérience de Kal. Le Chlakoa possédait quatre grandes pattes, très fines, mais toutes aussi agiles que puissantes. Le monstre avait aussi une grande queue qui flottait dans l’air, tout comme ses oreilles. Ajouté à cela, il était pourvu d’immenses cornes, très puissantes et des crocs acérés.
La bête n’attendit pas longtemps pour foncer sur sa proie. Kal, bondit à côté et brandit son épée, pour ensuite foncer sur le monstre à grandes enjambées. Avec suffisamment d’élan, il sauta sur la créature et lui enfonça son épée dans son épaule squelettique. Néanmoins, la féroce bête l’éjecta et le jeune Chasseur atterrit contre un arbre. Ce n’est pas ce qui l’arrêta. Il ne ressentait plus rien, donc peu lui importait. Les conséquences futures n'étaient pas sa préoccupation du moment. Plus de douleur, plus d’émotion, plus de sentiment. Rien. Il se relevait, évitant tous les coups de cornes de la bête sauvage, et au moment propice il la tua d’un simple coup dans les côtes, avant de lui-même s’écrouler au sol.
La douleur revenait peu à peu. Son cœur retrouvait un rythme régulier. Écho restait aux côtés de son maître.
Après quelques minutes Kal ressenti sur sa peau un courant d’air très frais, qui lui procura de nombreux frissons. Encore très secoué par son état actuel, il n’ouvrit pas les yeux de suite. Seulement, quand il entendit des bruits pas autour de lui, il comprit rapidement qu’il était en danger. La seule chose qui le rassuré était que sa monture n’avait bougé d’un pouce. Les bruits de pas se figèrent. Kal ne pouvait pas encore se mouvoir comme si de rien était, mais il pourrait se relever, et peut-être même prendre la fuite sur le dos de sa fidèle monture.
Le jeune Chasseur continua à mimer un sommeil profond, jusqu’à ce qu’il comprenne que les personnes qui l’entouraient cherchaient autre chose que sa mort, puisqu’elle ne le touchait pas. Alors, il se releva doucement et difficilement, sans se retourner face aux invités, pour ensuite se coller à sa monture. Kal se concentrait sur l’ensemble de ses sens. À l’écoute des respirations, le groupe devait compter trois individus, et se fut uniquement lorsque le jeune homme fut certain que le trio ne bougeait pas qu’il se retourna. Il analysa rapidement les trois hommes qui se tenait à deux mètres de lui. Il était tous grands, avec pour seul vêtement une longue et ample robe noire tachée de sang, sans manche. Un des trois avait les cheveux blonds, qui lui arrivaient dans le milieu du dos, tandis que les autres arboraient une chevelure très noire. Sur les poignets, ils possédaient tous trois plusieurs gros bracelets, et Kal remarqua rapidement un autre détail. Ils se taillaient les ongles de façon à avoir des griffes.
- Des Déserteurs… j’étais surpris de ne pas encore vous avoir croisé…
- Maintenant tu nous as devant toi, répondirent-ils ensemble.
- Que me voulez-vous ?
- Ton ami.
Kal resta de glace, mais ne voyait pas de qui pouvaient bien parler les trois hommes, hormis Evrard.
- J’ai une question, avant de vous répondre.
- Ton ami.
Ils firent tous trois un pas en avant, tandis que Kal cherchait à qui s’adressait pour couper la connexion entre les trois. Le blond dégageait quelque chose de nettement différent. Il semblait calme, posé, mais à la fois d’une cruauté sans fin.
- Le blond. Tu dégages quelque chose de très étrange. Ce n’est pas courant chez un Déserteur. De plus, tu as un visage sans cicatrice. Même si ton visage pourrait être celui d’un Déserteur, ta carrure peut se rapporter à un soldat Elfe. Ce qui, en soit, est assez curieux, puisqu’il n’y a aucun peuple Elfique sur Drakaë.
Un silence se fit.
- Tu as su à qui t’adresser pour attirer mon attention, ce n’est pas courant. Mais j’aurais dû le savoir, tu n’es pas comme tout le monde. Cependant, tu as raison. Je suis bien un métissage. Et je cherche ton ami.
- Quel ami ? rétorqua-t-il, méfiant.
- Il nous a parlé de toi, une fois, donc nous pensions que tu le connaissais.
Le jeune Chasseur était totalement perdu, mais s’efforçait de ne rien laisser paraître.
- Je ne sais pas du tout de quoi tu parles…
Un silence souffla sur les quatre hommes. Il était impossible pour Kal de savoir si c’était bien Evrard, mais il ne pouvait y avoir que lui. Seulement, pourquoi parler de lui aux Déserteurs ?
- Nous vous avons vu passer la nuit ici.
Il avait deux choix. Le premier était de le dénoncer. Mais s’il faisait ça, il y aurait de grande chance pour que ça ne lui attire que des ennuis, et il ne semblait pas encore être en mesure de terrasser un nombre inconnu de Possèdeurs. La deuxième option était de couvrir Evrard, ce qui était un choix plus sûr pour l’instant.
- Je ne vous dirais rien.
- Bien sûr que tu vas tout nous avouer.
- Pourquoi le ferais-je ?
- Tu n’es pas en mesure d’entamer un combat contre nous dans le temps actuel.
- La mort ne me fait pas peur, déclara le jeune Chasseur d’Ombres avec un regard beaucoup plus sombre.
- En es-tu certain ?
- Oui.
Alors que les deux hommes aux cheveux noirs, commençaient à lever les bras, le blond le leur interdit, avant de s’adresser à Kal.
- Toi aussi, tu dégages quelque chose. Ne pas avoir peur de la mort est si rare… Bon vent.
- Adieu.
Puis Kal remonta à cheval, la tête remplie de questions.
Bonjour !
J'espère que cette partie vous a plu :)
Je vous retrouve vendredi !
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