Chapitre 23 - 7
VII
Dans la pénombre, et la respiration lente, Kal ouvrit peu à peu les yeux. Une douleur le lança sur sa côte droite, et sa tête demeurait encore lourde. Il n’avait que peu de souvenir de ce qu’il lui était arrivé, mais il se souvint clairement qu’il avait perdu le contrôle. Doucement, le jeune homme se leva, et se dirigea vers le miroir. En observant son flanc droit, il y perçut une croûte.
Étrange… ma peau se fissure seule ?
Il continua d’observer sa silhouette, avec un regard sombre. Le jeune Chasseur se sentait assez différent, comme dans un état nouveau, appart, unique… Les lignes de son bras gauches ne semblaient pas s’être agrandies, ce qui eu le dont d’agacer Kal : il ne progressait pas. Cependant, son corps ne trahissait pas cette émotion, et restait relâché. Cette attitude, sans savoir pourquoi, le rassurait. Certaines choses restaient indemnes chez lui… En passant la main dans ses cheveux bruns, il sentit une couche grasse se déposer sur sa peau. Il était temps pour lui d’aller se laver.
En sortant dans le couloir, il trouva étrange qu’aucun bruit ne se fasse entendre. Tout était calme, silencieux, presque vide. En marchant jusqu’à la salle de bain, il ressentit cette même atmosphère pesante et lourde, mais il n’y prêta pas attention, trop concentré à ruminer la pensée qui l’obsédait : il ne gagnait pas en puissance, et ne progressait pas. Il avait le sentiment de s’éloigner de son but. Il devait se venger. Il devait devenir puissant.
Après s’être fait couler un bain bouillant, il sortit de l’eau, le visage démuni de toute expression. Sentir l’eau chaude sur sa peau, lui procurait toujours un immense plaisir, mais il ne savait pas vraiment pourquoi. C'était comme ça.
Il prêta attention à l’ambiance de la maison, tout en s’habillant, mais elle ne changeait pas. La demeure semblait vide…
Après avoir enfilé son pantalon, il passa dans sa chambre récupérer ses armes pour ensuite traverser la bâtisse. En arrivant dans le salon principal, où de vieux canapés bleus décoraient la pièce, il ne trouva rien. Enfin, si. Il y avait bien quelque chose que Kal pu remarquer grâce à son sens hors norme de l’observation. Une trace de sang sur la table basse, en face la cheminée. Il s’approcha de la tâche, et conclut à la texture qu’elle datait d’environ trois jours. Avec cette information, il put conclure deux choses : il s’était passé quelque chose d’étrange et de sombre trois jours auparavant, et il avait dormi au moins pendant trois, sinon il aurait déjà remarqué ce détail bien avant. Mais, même en sachant cela, son problème n’était pas résolu, Evrard et Pascal ne montraient toujours aucun signe de présence. Où étaient-ils et que faisaient-ils ?
Pour prendre une décision mesurée, Kal traversa la pièce de long en large, en large et en travers, le regard noir, la mâchoire serrée et le visage fermé. Une pointe d’agacement montrait le bout de son nez au fur et à mesure qu’il réfléchissait. Ici, il était en terrain inconnu, peut-être même en danger, et cette proposition était fort probable. Ajouté à cela, ses forces ne se compensaient pas, donc il n’avait par moment plus de contrôle sur son état. Si cela lui arrivait sans personne à ses côtés, il deviendrait vulnérable. Mais, il ne pouvait se résoudre à attendre patiemment le retour des deux hommes. Kal prit donc la décision de partir explorer la ville, pour se rendre dans les quelques auberges qu’il avait pu repérer. Ce devait certainement être dans ce genre d’endroit que traînaient les deux hommes, avec une bière à la main et plus encore dans l’estomac.
Dans la rue, les étales semblaient bien plus vides qu’à son arrivée dans la ville. Les vendeurs avaient tous ou presque écoulé les trois quarts de leur marchandise. Certains pliaient même bagage, pour cause de succès. Néanmoins, cela n’empêchait pas la foule de remplir le moindre espace libre des rues et ruelles, au grand damne de Kal qui ne supportait pas la foule. Certaines personne le cognaient, et il grognait comme un animal sauvage. Il avait réussi à mémoriser les trajets pour se rendre dans les auberges, mais avait une idée assez précise, presque comme une conviction, de là où était Evrard. Durant ses recherches pour trouver des informations, il avait découvert une auberge souterraine. Exactement le genre d’endroit qui pourrait correspondre à un homme qui opère dans le noir.
Il tourna dans une ruelle à gauche, puis à droite. Descendit vers le port, et remonta. Puis, il arriva dans un coin de la ville assez comprimé, et il prit la première ruelle à droite. Une petite porte était construite dans le mur. Il frappa à cette dernière, et un petit homme lui ouvrit. Ils se détaillèrent. Il avait un peu de barbe mal rasé, des vêtements sales et déchirés, des rides marquées.
- Que voulez-vous ?
- Je viens dans une auberge, non ?
- Oui, mais que voulez-vous ?
- Qu’est-ce que l’on fait dans une auberge ?
- Que voulez-vous ?
- Vous devriez songer à changer de chanson.
Le petit grogna, mais le laissa finalement entrer, malgré un regard mauvais.
De toute sa hauteur, Kal détailla la salle, avant de voir la capuche d’Evrard et le visage de Pascal, attablés avec plusieurs autres personnes. Ils ne semblaient pas l’avoir remarqué. Kal s’approcha donc doucement, et finit par croiser le regard de Pascal. Tous se tournèrent alors vers lui. Mais, Pascal qui allait prendre la parole, fut coupé par Evrard :
- Kal ! Viens t’asseoir, je t’en prie. Allez lui chercher une chaise, il doit être encore convalescent.
- Non, merci, je peux rester debout.
- Non, j’insiste !
- Je vais rester debout.
- Bon, bon… ne prend pas cet air si renfrogné.
Un silence commençait à prendre place autour de la table, tandis que l’autre partie de la clientèle de l’auberge se donnait à cœur joie pour crier, boire et jouer aux cartes. Même masqué par sa grande capuche, Kal savait pertinemment qu’Evrard le regardait. Ce dernier fut le premier à prendre la parole.
- Pourquoi nous cherchais-tu ?
- Je me retrouve seul dans une maison que je ne connais pas, avec une blessure au flanc, et je suis infichu de savoir ce qu’il m’est arrivé. C’est une raison suffisante ? lui répondit-il calmement en fixant la flamme d’une bougie.
- Tu ne te souviens de rien ? s’étonna l’homme.
- Non.
- Étrange… Comment nous as-tu trouvé ?
- J’ai suivi mon intuition.
- Pas mal ! s’exclama un des inconnus tandis que Kal haussa les épaules.
- Peut-être… En attendant, j’aimerais savoir qui vous êtes. Précisément.
- Nous sommes tous des Possédeurs. Nous travaillons avec Evrard, et donc toi par extension, à la recherche de…
Il laissa sa phrase en suspens. Il n’avait pas besoin d’en dire plus puisque si Kal était aussi puissant que dans les rumeurs qui couraient, il était censé avoir compris une chose aussi évidente. Ce dernier le fit d'ailleurs comprendre en acquiesçant.
- Pourquoi êtes-vous réunis ?
- Eh bien, reprit Evrard, disons que nous avons une idée d’où pourrait se cacher la chose. Néanmoins, il va nous falloir ton aide. Ce pourquoi je voulais t’en informer dès mon retour.
Le jeune homme détourna enfin son regard de la flamme, pour le poser sur son interlocuteur. Il cligna deux ou trois fois des yeux, éblouit par la lumière. Il affichait un air détendu, et ce n’était pas pour dissimuler une quelconque émotion. À cet instant, il ne ressentait rien. Il était comme vide.
- Je pense que maintenant que je suis là, tu peux me dire de quoi il s’agit.
- Oui, en effet, mais s’il te plaît, assieds-toi.,
Kal céda.
- Bien, merci.
- Alors ! commença un des hommes autour de la table.
- Je vous écoute.
- Après de minutieuses recherches chacun de notre côté, reprit-il, nous n’avons jamais pu poser la main sur la relique. Cependant, il est fort possible que ce soit quelqu’un qui soit intéressé par l’Ombre Originelle qui possède ce que nous cherchons.
- En effet, cela me semblerait logique, approuva Kal.
- Mais nombreuses sont les personnes qui la convoite, continua un autre. Néanmoins, nous sommes bien organisés, et nous avons le bras long. Par conséquent, je pense que nous connaissons toutes les personnes ayant, de près ou de loin, un lien avec l’Ombre.
- Vous avez des informateurs ?
- En quelque sorte oui. Cela nous a donc permis de trouver une personne avec un profil parfait. Bien entendu, rien n'est sûr. C’est même fort probable que ça ne soit pas elle. Cependant, ce que nous comptons mettre en place va certainement faire jaser. Ainsi, toute personne qui se montrera beaucoup plus discrète, sera donc placée en tant que suspect.
Kal l’avait écouté attentivement. Il comprenait très bien leurs intentions. Si bien, qu’il avait même une petite idée du rôle qu’il aurait à jouer.
- Vous voulez que j’aille voir cette personne, que je fouille, ou que je l’agresse ?
- Parfaitement. Elle habite sur la pointe de Naöré. Tu connais ?
- J'ai fait tout mon apprentissage secondaire dans la région de Naöré.
- Encore mieux !
Un homme, roux et barbu appela une serveuse pour recommander une dizaine de bière, puis s’écria :
- À la bonne heure ! On va la coincer, c’est certain.
- Il y en a en trop, remarqua un des homme.
- Des gens comme elle ? C'est certain.
- Non. Des bières. Tu as mal compté.
- Tant pis.
Une fois les bières sur la table, chacun prit une pinte et elles s’entrechoquèrent. Kal avala d’une traite sa boisson, puis en attrapa une deuxième qu'il ingéra tout aussi vite, ce qui lui valu des remarques :
- Sacré descente le gamin.
- Ça tu l'as dit !
- Je ne suis pas un gosse.
- Tu es toujours plus jeune que nous !
- Eric ! le reprit Evrard. À présent, nous devons expliquer à Kal le déroulement de sa mission.
- J’allais te le demander. Pour commencer, je pars quand ?
- Demain, dès l’Aube. Tu as une carte ?
- Oui.
- Bien, je te l’annoterai, pour que tu puisses te repérer plus facilement. C’est une femme d’environ soixante ans, mais elle est très puissante. Méfie-toi. Tu vas t’introduire chez elle, et tu vas fouiller toute sa maison. Je ne précise pas qu’il faut que tu sois discret, ça va de soi. Dans le cas, le plus probable, où tu ne trouves rien, tu caches ton visage, et tu la menaces, et criant bien fort l’objet de ta venue. Tout le village entendra.
- Je ne la tuerais pas.
- Je ne te le demande pas.
- Je sais, mais je préviens.
- Parfait. Tu as tout en tête ?
- Oui.
- Parfait. Rentre à la maison, on ramènera à manger. Il faut que tu te reposes. Il y a déjà du pain dans la cuisine si tu as très faim.
- Merci.
Puis il se leva, et rentra dans la demeure de Pascal, avec un sentiment particulier. Mais il aimait ça. Il adorait même. Une sorte d’adrénaline montait en lui, et cela faisait si longtemps, qu’il se sentait en pleine forme
Bonjour ! Comment allez vous ?
Voici la fin du chapitre 23 :)
Bon après-midi ^^
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top