Chapitre 15 - 3

III

Plusieurs heures passèrent quand enfin Evrard rentra. Kal avait profité de cette absence pour méditer sur son lit, et calmer ses nerfs, ainsi que sa colère gestante. Mais le dernier point figurait comme un échec, puisque le jeune homme attendait le Mage de pied ferme, bien décidé à avoir une petite discussion.

- Que me vaut ce regard très peu amical ? le questionna Evrard à peine un pied posé dans la chambre.

- Je pense que tu sais pourquoi. Mais, comme je vais garder certaines choses pour moi, j'ai seulement deux questions pour toi.

- Je técoute. Mais moi aussi jai quelque chose à t'avouer...

Kal ne se laissa pas déstabiliser.

- Pourquoi veux-tu ce pouvoir, quel est ton véritable but ?

- On en a déjà parlé. Tu sais très bien que je ne te répondrai pas.

Le Chasseur regarda le sol de bois vieilli quelques instants, réfléchissant au dilemme qui se posait : rester de marbre et ne rien dire, ou passer à la puissance supérieure ? À vrai dire, pour l'instant, il tentait plutôt de se raisonner, et de ne pas sombrer dans sa colère. En vain.

Le jeune homme diminua doucement la distance qui les séparait, et fit tranquillement reculer l'homme jusqu'à ce qu'Evrard touche le mur. Puis il lui empoigna fermement les épaules. Il eu moment dhésitation, dans lequel il songea à lui à lui relever sa capuche, mais n'en fit rien par respect. Puis, après l'avoir sondé du regard de haut en bas, il pressa de toutes ses forces le corps du Possèdeur. Kal cédait. La simple idée d'avoir été manipulé à des fins noires et brumeuse, le noyait dans une bilieuse fureur.

- Kal, que fais-tu ? demanda l'homme à la capuche d'un ton qui essayait de ne pas être agressif.

- Je tempêche de bouger, puis en haussant fortement le ton ajouta, parce que je veux des réponses !

Pour la première fois de sa vie, Evrard décida de ne pas jouer avec sa recrue. Il sentait que l'irascibilité de Kal pouvait se régir sur lui, et ne voulait en aucun cas en être le point de réception.

- Bien... Nous allons faire un compromis.

- Je n'en ai rien à secouer de tes putains de compromis ! renchérit encore plus fort le jeune homme, tout en décuplant la force dans ses bras.

- Ça va être intéressant. Si je te dis pourquoi-

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans : je n'en ai rien à secouer de tes putains de compromis ?

Kal avait crié. Il savait que la colère qui se logeait au fond de sa poitrine ne cesserait de grandir. Il se laissait submerger par ses émotions. Cela était contraire à ses principes et ne lui ressemblait pas. Pour autant, le jeune homme refusait de lâcher prise. Il désirait des réponses, après être resté dans le déni trop longtemps.

- Je vais te poser une dernière fois la question, lui affirma-t-il en se retournant. Pourquoi désires-tu tant ma puissance ?

- Je ne changerai pas d'avis. Rappelle-toi que si tu me fais le moindre mal, tu n'auras plus personne pour te guider. Donc, je vais continuer sur mon histoire de compromis.

Kal serra les dents, et ferma les yeux. Il ne pouvait pas perdre la face ainsi. Il ne perdait jamais la face. Seulement, Kal se sentait débordé par les événements. Il ne savait quoi choisir, et cette sensation le trouvait encore davantage. Que devait-il faire ?
Brutalement, un facteur lui revint en mémoire, le jeune homme n'était pas sûre que celui qu'il avait face à lui, ne voulait pas son mal. Alors s'il se montrait violent, il pourrait peut être le regretter...

- Donc, comme tu réfléchis trop, je vais te dire ce que je pense. Demain, nous commencerons un entraînement physique, qui aura pour mission de tester ton mental. Alors, si dans un mois, tu arrives à m'infliger une égratignure, je te révèle tout. J'en fais le serment.

Kal demeurait toujours plongé dans ses pensées. S'il acceptait, cela voudrait dire qu'il se résignait. Mais d'un autre côté, il ne cherchait jamais la violence, excepté quand on le titillait de trop. Que devait-il décider ? Tant de possibilités s'offraient à lui Mais s'il lui faisait du mal, il s'en voudrait. De plus, comment pouvait-il l'abîmer ne serait-ce qu'un peu, quand lors de leur dernier combat, le jeune homme avait été désemparé face à la puissance d'Evrard ? Qui, pour couronner le tout, disposait encore de ressources.

- Tu réfléchis encore de trop. Suis ton instinct, c'est ton meilleur allié, mon garçon. Crois-moi.

Kal se tiraillait l'esprit. Il plongeait dans le néant un peu plus chaque minutes. Ne serait-ce pas une forme de faiblesse, que de céder à cette espèce de chantage ? Mais ne serait-ce pas aussi immature que de ne pas voir la vérité en face ? Si jamais Evrard se retournait contre Kal, ne serait-il pas en danger ?

Il était le premier à critiquer les hommes, parce qu'ils réfléchissaient beaucoup pour ne rien faire. Pourtant, actuellement, il se retrouvait exactement dans ce même cas. Ses tourments et questions prenaient clairement l'avantage sur son instinct qui le guidait depuis petit. Mais comment pouvait-il prendre une décision ? S'il résumait, ses choix se limitaient à : s'abaisser face à quelqu'un, ce qu'il ne faisait plus depuis la fameuse nuit, puisque même son maître n'avait jamais cherché à le dominer, sinon il devait entamer un combat maintenant au risque de se faire humilier. Un tourbillon s'amplifiait en lui. Kal se laissait totalement envahir, et il en avait conscience.

S'en comprendre pourquoi, brutalement, des bribes de souvenir lui revinrent en mémoire. Jamais il ne cherchait à être le meilleur étant petit, alors pourquoi maintenant ? Il l'ignorait. Tout lui semblait étranger. Les battements de son cœur doublaient leur rythme, habituellement si lent. Enfin, si, il savait pourquoi. Il voulait se venger, et devait s'imposer.

Kal perdait pied.

Dans une poussée d'énergie venue des tréfonds de son corps, comme un signal envoyé par son subconscient, il leva brutalement son bras, et y enfonça ses dents. Sa mâchoire serrait si fort que son enveloppe charnelle finit par céder. Ce fut seulement quand le jeune homme décela un goût de rouille, qu'il arrêta.

Surpris par la violence son acte, il recula son bras, et observa la trace ornée de rouge. Il passa un doigt sur la plaie, en appréciant ce moment où son corps descendait en pression. Il croisa le regard d'Evrard qui semblait ressentir des émotions contradictoires : effrayé et fasciné à la fois.

- Ne panique pas. Je ne pensais pas que l'Éveil aurait une puissance si phénoménale chez toi, et je ne supposais pas une telle force de caractère de ta part. C'est incroyable. Je n'avais pas vu ça depuis de longues années, plus de deux ou trois décennies. Ne me regarde pas avec de tels yeux. Ce que tu viens de faire est totalement normal. Tu n'as pas lu l'avant-propos du livre ? Il est pourtant bien dit que l'Éveil bouscule nos repères, en agissant directement sur le cerveau, notamment sur les zones qui gèrent la conscience, les émotions et le raisonnement. En règle générale, les effets apparaissent avec le temps. Seulement, chez toi, c'est très rapide. Un peu comme si ton Éveil avait déjà commencé depuis un certain temps déjà. Étrange... En revanche, je vais modifier ton entraînement. Il va falloir que tu t'équilibres, si tu veux maîtriser cette puissante florissante. Demain, quand les premiers rayons du soleil apparaîtront, tu iras prier, ensuite, nous irons à la rivière des glaces, où tu subiras un entraînement intensif et excessivement fatiguant pour minimiser les déséquilibres liés à ton Éveil. Ensuite, vers le soir, tu prendras ton premier repas qui sera constitué d'un simple morceau de pain, ainsi que de l'eau à volonté. Puis, tu iras étudier. Un esprit sous tension mais bousculé dans un corps en pleine forme mais inapte à posséder un tel pouvoir est dangereux, pour son hôte mais aussi pour les autres.

- Du pain et de l'eau ?

- Oui. Plus tu seras dans l'extrême, plus ta force psychique évoluera. Tu ne dois pas te plaindre, ni craquer. Jamais.

Kal ne répondit rien. Il éprouvait même une légère envie de réussir ce défi. Et puis, il avait déjà jeûné plusieurs jours durant.

- J'accepte, mais ce n'est pas une égratignure que je tinfligerais. Mais bel et bien une raclée, parce que, quand on me provoque, on finit toujours par s'en mordre les doigts. Sache-le.

Au milieu de la petite pièce lumineuse, les deux hommes se serrèrent la main. Kal était déterminé à le battre, même s'il devait s'amocher à en perdre l'usage d'un membre.

Néanmoins, après tout ceci, il n'avait pas oublié son objectif principal. Ou du moins, ce dernier lui revint subitement en mémoire.

- Maintenant, continua le jeune homme, j'ai une autre question.

- Je t'écoute.

- Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de cette pierre. C'est bien ceci, que tu fabriquais avant notre rencontre. As-tu au moins arrêté ?

- En vérité, il y a aussi autre chose que je te cachais. Mais à présent, ce n'est plus la peine. J'ai gagné suffisamment de temps.

- C'est-à-dire ? renchérit Kal sur la défensive.

- Eh bien... L'artefact dont tu me parles, j'en cherche la recette depuis des années, et jai dû enfreindre la loi pour certaines de mes recherches, mais ce n'était rien d'important. Maintenant je n'ai plus besoin de ça, grâce à toi. Mais toi, en revanche, tu dois retrouver la relique Originelle. Si je te fais donc chercher tous, c'est pour qu'en plus de te trouver toi-même, je puisse retrouver la trace de cette pierre et recueillir des informations rapidement. Je veux posséder le pouvoir de l'Ombre qui y est renfermée, mais d'abord, je dois la retrouver. Nous avons donc un but commun.

Pas tout à fait... songea Kal.

- Si je comprends bien, le temps que je passe seul, tu t'en sers pour enquêter. Et tu comptais m'en parler un jour ? Pourquoi me l'avoir caché ?

- Je te l'aurais dit quand j'aurais retrouvé sa trace. Je te l'ai caché jusqu'ici, parce que je ne pensais pas que tu irais de toi-même chercher des réponses aussi vite. Je pensais que tu irais dans un premier temps au Temple.

Kal le regardait de travers, les yeux à demi fermé, dubitatif. Mais il devait se contenter de cette réponse, alors il ne chercha pas plus loin, quoi qu'un peu frustré. Cet homme n'était pas honnête avec lui. Cet homme, il le concidérait comme un danger.

Heyy

J'ai oublié de poster hier, je m'en excuse^^'

Enfin, j'espère que vous allez bien, et je poste demain.

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