Chapitre 1 - 2
II
Lorsque Lélia appela Kal pour le dîner, il descendit penaud, et ne croisa pas le regard de son maître durant tout le début de leur repas. Il fixait son bol de soupe orange, le regard vide, alors que Lélia avalait son dîner avec appétit.
— Arrête de faire cette tête-là. J’ai déjà une idée assez précise sur ce que tu vas me dire. J’aimerais juste la confirmer, même si je sais que c’est compliqué pour toi.
Il se rembrunit encore un peu plus, avant de lui beugler agressivement :
— À quoi ça sert que je te le dise alors ? Puis ça m'étonnerait que tu saches que c'est difficile, tu n'es pas à ma place. Tu ne sais rien. Puis tu n’es pas souvent là.
Cela servirait à retrouver cette chose qui hante tes nuits depuis trois ans maintenant. Cela fait trois ans que je t'entends crier dans ton sommeil : "Arrête, Arrête ! Je te sens, je te vois, mais où es-tu ?". Toutes les nuits, quand je suis là, je me lève pour te calmer.
Le jeune homme se crispa encore davantage. Elle disait vrai, chaque nuit il cauchemardait. Ces rêves le tourmentaient tellement qu’il redoutait souvent le sommeil, passant alors la nuit à lire, avant de s’écrouler sur une page, ou de voir les premiers rayons de soleil traverser la pièce.
— Tu ne m'as jamais parlé de ta vie d'avant. On peut commencer par là, si tu veux.
— Il n'y a pas beaucoup à dire.
À vrai dire, il cherchait surtout à enterrer ses souvenirs qui le faisaient tant souffrir. Il voulait vivre comme si rien n’avait existé auparavant. Aborder le sujet, rendait sa gorge nouée et son cœur serré.
— Je ne suis pas ton ennemie, tu peux me parler. J'aimerais bien te connaître un peu plus avant de te quitter. S'il te plaît.
Il souffla, et continua à fixer son assiette toujours remplie de soupe. Elle avait refroidi. Il ne la mangerait certainement pas.
— Tu ne me lâcheras pas avant que je te raconte tout, n'est-ce pas ?
— Absolument. Je crois que la Créature qui t'a attaqué, a tué mon mari, ou du moins une de son espèce. Alors j'ai besoin d'informations. Nous avons besoin d’informations, pour comprendre ce qu’il se passe réellement.
Kal releva les yeux, la regarda, et poussa son bol sur le côté. Elle avait enfin réussi à piquer son attention. Depuis tout ce temps, elle connaissait son mal-être, et n'avait jamais rien dit. Elle l'avait laissé souffrir. Elle l’avait laissé volontairement en compagnie de ses démons. Ce constat aurait pu le rendre triste, mais il ne connaissait pas cette émotion. Chez lui, tout devenait colère, ou alors en une émotion quelconque qu’il cachait derrière un attitude neutre.
— Je suis désolé, et d'autant plus si vous vous aimiez vraiment, lui répondit-il d'un ton neutre malgré la colère qui pointait le bout de son en son fond intérieur, avec un visage aussi expressif qu’un cailloux.
En détaillant pour la énième fois les yeux de la femme, il lança, agacé :
— Aider son prochain fait partie de mes devoirs, c'est ça ? Donc je suis obligé si ça t'aide, hein ?
— Oui, nous nous aimions vraiment, pas comme ces couples formés par l'argent. Tu as déjà connu ça ? renchérit-elle d’un ton doux, frôlant l'insolence, tout en ignorant sa pique.
À l’entente de cette simple question, le visage de Kal, d’habitude si inexpressif, se déforma, laissant place à une grimace de colère. La culpabilité qu’il ressentait était si forte qu’elle le dévorait de l’intérieur, le rendant fou de rage envers lui-même. Il était le seul survivant. Il n’aurait jamais dû rester en vie.
— Lors de cette foutue nuit, j'ai perdu mes amis, ma famille, et aussi celle que j'aimais plus que tout. Encore aujourd'hui, j'ai l'impression de m'enfoncer un poignard dans le cœur quand j'en parle.
— Et… avait-elle un don particulier ?
— Non... Elle était normale. Enfin, normale... c'est un bien petit mot. Pour moi, elle était incroyable… et je l’admirais d’autant plus, parce qu'elle était dotée d’un talent que je n'avais pas. Elle qui ne s'était pas démarquée lors des deux premières épreuves, avait eu de grandes facilités pour la dernière.
Il marqua une pause, avant de lui demander :
— Pourquoi me regardes-tu ainsi ?
— Tu souris. C'est la première fois que je te vois sourire… Parler de cette jeune fille a su te faire passer d’un état de colère à un état de tendresse. Je ne pensais pas que ça pouvait être possible.
Son sourire, qui fascinait Lélia, s'effaça, pour laisser place à son indéfectible expression fermée. Le jeune avait été blessé si profondément par la disparition de ses proches, qu’il en avait perdu toute joie de vivre. Les seules fois où l’on pouvait apercevoir un sourire sur ses lèvres, étaient quand il passait du temps avec Echo, ou lorsqu’il repensait à Elaïa, même si bien souvent son poing finissait dans le mur. Dans ce genre de moment, la douleur le ramenait à lui. Sinon, il se perdait dans les tréfonds de ses pensées, accompagnés d’une insoutenable culpabilité.
— Excuses-moi... c'est juste que je n'ai pas l'habitude de te voir exprimer quelque chose… tu es si renfermé, lui souffla-t-elle. Enfin, tu disais qu'elle avait des facilités avec les Esprits. Autre chose ?
— Non. Mais ce qui m'étonne, c'est qu'elle n'ait pas senti la chose qui nous a attaqué. Ce qui me pousse à me dire que ce n'était pas un Esprit. D'ailleurs, tous les témoignages que j'ai lu tendent vers cette conclusion.
— Tu as vu juste.
Ces simples mots heurtèrent Kal, avec grande violence. Il perdit toute contenance. Sa peau devint presque instantanément aussi pâle que celle d'un cadavre. Son cœur se compressa, il ne comprenait pas.
— Je pense que tu veux une explication ?— Tu oses vraiment me demander ça ?
Elle soupira, avant de se lancer :
— La Créature qui a attaqué durant la cérémonie se trouve être une Ombre. Tu n'es pas sans savoir que si un humain venait à mettre la main sur un Bestiaire, le monde pourrait courir un grand danger, c'est pourquoi il est difficile de s’en procurer. Ce qui explique ton ignorance sur le sujet.
Kal secoua la tête, le cœur battant la chamade. Il ne savait quoi répondre, ni quoi faire. Il semblait être à des lieux de cette pièce,dans un lac au milieu duquel il se noyait.
— Pour continuer, je suis à présent sûre que tu n'es pas un simple Chasseur de Créatures.
Trop d'informations d'un coup. Le rythme cardiaque du jeune homme accéléra, et toutes traces de contrôle disparurent rapidement, cédant place à la panique. Lélia venait de réussir l'exploit de le déstabiliser.
— Je suis persuadée que toi, tu l'avais sentie cette chose. Même bien avant que le drame ne se produise.
— Comment sais-tu tout ça ?
— Les documents que tu lis ne t'apporteront rien. Seuls des gens comme moi et quelques autres peuvent t'aider.
Elle marqua une pause, en observant les réactions de Kal. Comme à son habitude, il ne montrait rien, se contentant d’absorber les informations, en fixant un point précis. Personne ne pouvait dire à quoi il pensait, ce qu’il ressentait… Mais au fond de lui, tout s’écroulait. Il perdait pied, tous ses repères s'effondraient. Un mélange de colère, d'angoisse, d'incompréhension tourbillonnait en lui. Il était incapable de décrire ce qu’il ressentait. Néanmoins, une chose était claire. Il appréhendait la suite de cette conversation, autant pour ce que Lélia allait lui révéler, qu’à cause de l’incertitude qu’il avait sur sa capacité à ne pas laisser exploser sa colère. Aussi furieux soit-il, il s’en voudrait de blesser cette femme.
— Les Ombres sont très différentes des Esprits. Elles ne peuvent être vues et ressenties que par quelques personnes seulement, dont toi et moi. Nous avons dans notre corps, un gène qui diffère des autres, qui nous permet de développer certaines facultés supplémentaires. En règle générale,elles n'attaquent que dans de rares cas, dans un but bien précis. Lequel ? Il faut réussir à le trouver. Personne n'est encore parvenu à déterminer la cause d'une attaque.
Kal se leva brusquement, et commença à faire les cent pas devant la porte d'entrée. Il n'y comprenait plus rien ! Comment avait-elle pu lui cacher ça ?
— J'étais présente, cette nuit-là.
Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. La colère retenue éclata.
— Pardon? s'énerva-t-il en frappant la table avec son poing.
— Calme-toi !
— Que je me calme ? Tu es en train de me dire que tu étais là lors de cette foutue nuit, que je ne suis pas seulement un Chasseur de Créatures, que je ressens des choses étranges que personne de perçoit, que tu sais que je galère depuis des années à trouver des réponses et que tu ne m'as jamais aidé, puis il faudrait que je me calme ? s'époumona le jeune homme avec des yeux remplis de colère.
— Je sais, ça va être dure à avaler, mais-
— Non tu ne sais rien du tout ! Même si tu n’es pas là souvent tu aurais pu m'en parler !
— Laisse-moi parler ! cria-t-elle en se levant brusquement à son tour et en haussant la voix. Je peux être aussi énervée que toi, alors tu vas m'écouter. Est-ce clair ?
Il se tue, les poings serrés et le regard noir.
— Assieds-toi.
— Hum… grogna le jeune homme.
— Comme tu l'auras compris, je ne t'ai pas trouvé par hasard, comme je le prétendais. J'ai essayé de faire quelque chose. J'ai fait comme toi, je l'ai visualisé mentalement, et quand j'ai enfin vu sa forme, j'ai voulu la rendre perceptible. Seul un grand Chasseur d'Ombres peut se mesurer à une telle Créature. Alors, comprenant que personne ne survivrait si tout le monde restait dans la zone de dégât, j'ai préféré évacuer deux bébés. Ceux que tu as protégé.
— Protégé ?
— Quand tu as essayé de visualiser ce Monstre, tu as attiré son attention, et alors que les deux jumeaux allaient mourir dans d'atroces souffrances, l'Ombre s'est tournée vers toi. J'ai alors couru avec les deux nourrissons et les ai donnés à une dame dans un village près du Temple. Je pensais qu'ils n'étaient que les deux seuls survivants. Seulement, quand je suis revenue par acquis de conscience, je t'ai vu toi, et j'ai eu le doute. Un Chasseur d'Ombres naît ainsi. Mais il devient performant en éveillant ses prédispositions lors de sa croissance. Je t'ai donc gardé, pour voir comment tu évoluais. Si je ne t’ai rien dit, c’est parce que je voulais te protéger. Mais aussi, pour observer ton développement et l’avancement de ton Éveil. Comme je suis régulièrement absente et pour de longue durée, je ne pouvais pas me permettre de tirer des conclusions sur la base d’un simple doute.
— De toute manière, je n'ai jamais été prêt à tes yeux ! bougonna-t-il de nouveau.
— Tu sais pertinemment que j’ai eu raison. Tu étais encore sous le choc, je ne pouvais pas laisser ton Esprit, encore fragile, s'écrouler à cause d'une découverte d'une si grande importance ! D’autant plus si cela s'avérait faux !
Kal resta muet quelques secondes, puis il demanda prudemment en faisait tous les efforts du monde pour paraître calme, avec la peur qu'une autre explication sortie de nulle part vienne se joindre à la discussion :
— Tu as parlé d’Éveil. C’est similaire à mon Éveil de Chasseur de Créatures lambda ?
— En quelque sorte…
— Et quel est le rapport avec Elaïa ?
— Je pense qu’il n’y en a pas vraiment. Cela confirme simplement que les prédisposé à ressentir les Esprits, sont insensibles aux Ombres.
— D'accord... Et, à quoi ressemblait-elle au juste, cette chose ?
— Une Ombre est une ombre... Elle se déplace rapidement, et produit les mêmes sons aux opposés, en même temps, pour troubler ses adversaires. Celle-ci était grande et massive, elle était noire comme toute Ombre, mais un peu brumeuse avec une odeur assez forte. Qu’as-tu vu, quand tu as fermé les yeux ?
— Un flou noir.
— Hum…
Un silence passa, le Chasseur d'Ombres digérait peu à peu ce qu’il venait d'entendre. Néanmoins, il se risqua à demander :
— Où sont les jumeaux ?
— Je les ai donnés à une dame dans un village voisin. Pourquoi ?
— Je compte percer le secret de cette Ombre. Ils pourront peut-être m'aider. Leur corps a peut-être gardé des traces, ou je ne sais quoi qui pourrait m’aider à trouver l’Ombre.
— Oh... Mais tu sais, nous sommes loin des Ruines. Même à cheval ça prendrait un certain temps.
— Peu m'importe, j'irai.
La femme le regarda avec une lueur nouvelle brillant dans ses yeux.
— Je pense qu'il est temps de changer de marque tu ne crois pas ? J'aurais aimé pouvoir te le faire autrement, mais maintenant tu sais tout. Sauf si tu veux encore garder celui que tu as.
— Je ne comprend pas, mon Éveil n’est pas fini, pourquoi me grader maintenant ?
— Le tatouage n’est pas que le symbole de notre rang. Il permet aussi de montrer que l'on peut suivre notre chemin. Donc je te nomme Chasseur d’Ombre, car, même si tu découvres ta nature, que tu as encore besoin d’un coup de pouce, tu es capable de tracer ta propre voie.
Kal acquiesça silencieusement, le regard vide, perdu dans les tréfonds de ses pensées.
— Une dernière chose, rajouta Lélia, tu ne peux plus avoir de maître officiel à présent. Un Chasseur d’Ombre doit comprendre seul, car nos proies sont uniques et difficiles à débusquer. Nous devons donc avoir l’habitude de faire nos propres recherches. Bien sûr, rien ne t’empêche de te faire aider. Mais essaye de respecter la consigne de ne pas avoir de maître.
Puis, sans attendre la moindre réponse, elle partit dans sa chambre récupérer un petit coffret dans lequel se trouvait une lame, tandis que Kal sortit dehors, tout en enlevant sa chemise. En revenant, le jeune la fixait, la tête pleine de questions, auxquelles il n’avait pas de réponse.
Je l'ai fait faire à la capitale. Mon instinct ne m'avait pas trompé et encore heureux, sinon je me serais retrouvé avec une lame ensorcelée sur les bras…
Elle prit la lame blanche entre ses doigts, et dessina sur le tatouage de Kal, une tête de Griffon. Au fur et à mesure que le nouvel emblème se dessinait, l’ancienne s'effaçait, et du sang s’écoulait. Kal ne montrait rien de la douleur qu’il ressentait à ce moment, il y prenait même un léger plaisir. Cela symbolisait un nouveau départ pour lui. Quand Lélia eut fini son œuvre, elle prit grand soin d’appliquer un bandage sur le torse du jeune homme. L’emblème n’était plus un dessin noire comme l’avait été la tête de dragon, mais une cicatrice indéfectible.
— Le fait que ta marque soit ancrée dans ta chair est un signe d'appartenance important chez nous. Ta mission est implantée jusque dans ta chair.
Le jeune homme ne répondit rien. Il lui fallait du temps pour avaler tout ce qu’il venait de se passer en l’espace d’une soirée. Il était comme perdu… Elle venait de lui déballer bien trop d'informations en une seule fois.
— J’ai failli oublier ! Prends ça ! lui dit-elle en lui tendant un collier avec une petite pierre verte. C’est de la Malachite. Une amie m'a dit que cela te protégerait des cauchemars.
Il prit la pierre, assez froidement, et la passa autour de son coup. Il n’appréciait pas que Lélia lui ait caché toutes ses informations. Il lui en voulait.
Le jeune Kal resta silencieux un moment, observant la pleine lune qui trônait dans le ciel étoilé. Puis, il demanda :
— Pourquoi un Griffon ?
— Tout comme les Chasseurs de Créatures et d'Ombres ont des points communs, Dragons et Griffons en ont aussi.
Lélia regarda son disciple, qui serait dans quelques heures un jeune homme indépendant, traversant les routes de Drakaë sans avoir connaissance de son cruel Destin. Elle gravait dans sa mémoire son visage, sa carrure, ses yeux, aussi inexpressifs soient-ils. Elle pressentait quelque chose de grave, qui changerait bien des choses. Cet événement, elle le redoutait. Lélia le redoutait tant, qu’elle se refusait à consulter les Populations Savantes. Elle préférait encore reniait une évidence, que d’affronter la réalité et la contempler avec désespoir et impuissance. Au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas à cause de ses absences qu’elle s’était tu, mais plutôt parce qu’elle savait comment cela finirait… Cette fin, elle ne pouvait pas s’y résoudre. Alors, elle le prit dans ses bras et le serra aussi fort qu’elle le put. Puis, à sa grande surprise, elle sentit les bras de Kal l’entourer. Ce dernier, malgré la colère qu’il pouvait éprouver, en ressentant la terreure de son maître lui chuchotta :
— Ne te fais pas de soucis pour moi. J’ai des choses à comprendre et à accomplir. Il ne m’arrivera rien, avant de l’avoir retrouvée.
Elle s’écarta du jeune homme, les joues humides, puis enveloppa la main gauche de Kal des siennes, avant de lui dire :
— Je vais t’apprendre une dernière chose. Une chose qui te servira forcément. Les Sorcières guérisseuses vivent un peu partout dans le monde, au service des Populations, ou des Puissants. On ne peut pas toujours leur faire confiance, mais il y en a une au château, en qui j’ai toute confiance. Au moindre problème, tu n’auras qu’à aller la voir.
— Merci pour tout.
Puis Kal remonta dans sa chambre. Il ne voulait pas supporter le visage éploré de Lélia plus longtemps. Il détestait avoir à consoler les personnes. En se couchant, il ne ferma pas tout de suite les yeux. Il finit d’abord la lecture de son Bestiaire, avant de repenser à tout ce qu’il avait accompli depuis sa rencontre avec Lélia. Ce ne fut que quelques heures plus tard, qu’il plongea dans un profond sommeil.
Hey !
Comment allez-vous ?
Voilà la deuxième partie du chapitre 1. J'espère qu'elle vous a plus :)
Donc après réflexions, je pense poster le lundi, mercredi et vendredi ( parce que c'est des jours où je n'ai pas trop de devoirs et ça me laisse du temps pour écrire un peu le week-end ).
Donc demain je verrai si je poste un chapitre ou pas... Surprise !
C'est tout pour moi ! On se retrouve au prochain chapitre 🙂
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