Chapitre 5: Réveil... Ou renaissance?
Elle avait mal à la tête et sa gorge était sèche. Ce furent les deux premières choses qui frappèrent Athénaïs lorsqu'elle reprit conscience, complètement perdue. Elle avait l'impression que ses oreilles bourdonnaient, et elle sentait comme une gêne dans son bras gauche... Elle se demanda vaguement où elle était, et ce qu'elle faisait là. Puis elle se rendit compte que le bourdonnement qu'elle entendait était en fait le bruit d'une conversation animée non loin d'elle. Elle ouvrit doucement les yeux pour voir où elle était. Elle eut la surprise de voir dans un premier temps un plafond blanc, puis un mouvement à la périphérie de son champ de vision attira son attention: il s'agissait d'une femme vêtue d'une courte robe de cuir noire sur un pantalon moulant du même matériau, et une paire d'épaisses chaussures à semelles compensées. Elle était en pleine dispute avec quelqu'un, un homme, visiblement, qui la regardait d'un air contrarié et pinçait les lèvres pendant qu'elle parlait.
Un léger froissement attira l'attention d'Athénaïs. Elle tourna vivement la tête en se redressant brusquement, et tomba nez à nez avec un homme blond, musclé, à l'apparence enchanteresse. Elle fronça légèrement les sourcils. Elle l'avait déjà vu, mais où?
- Tu es réveillée, fit simplement l'homme d'une voix douce. Comment tu te sens?
- J'ai soif, répondit Athénaïs d'une voix rauque qui l'étonna elle-même.
Les deux belligérants avaient soudainement arrêté de se disputer. Ils s'étaient tous deux tournés vers Athénaïs, et s'approchèrent d'elle, vaguement inquiets.
- Ca a marché, fit la femme d'un air incrédule.
- Evidemment, répliqua un gamin en s'approchant. C'est moi qui ai eu l'idée, ça ne pouvait que marcher!
Athénaïs fronça les sourcils.
- Je vous connais? demanda-t-elle, perdue.
Sa gorge lui faisait mal tellement elle était desséchée. Elle repoussa ses questions, et regarda la première personne qui croisa son regard -la jeune femme, en l'occurrence- dans les yeux.
- J'ai soif, répéta-t-elle.
La jeune femme tourna le regard vers le gamin.
- Tu disais? Elle se souvient de rien...
- C'est sûrement passager, fit le jeune garçon. Apollon, on te laisse avec elle.
Sur ces mots, il sortit, en entraînant la femme et l'homme avec lequel elle se disputait un peu plus tôt. Athénaïs resta donc seule avec le dénommé Apollon, et sentit une vague angoisse l'envahir. L'homme lui saisit doucement le poignet d'un geste apaisant et lui murmura:
- Ne t'inquiètes pas, je ne te ferai aucun mal.
Il lui sourit, ce qui calma un peu la jeune femme, puis s'assit à côté d'elle. Il lui expliqua:
- Je vais te donner à boire, petite. Ne sois pas dégoûtée, et n'aie pas peur, d'accord?
Athénaïs ne comprit pas où il voulait en venir, mais hocha la tête. Elle avait terriblement soif, et était prête à tout pour pouvoir se désaltérer. L'homme sourit, et sortit un petit couteau de sa poche, dont il se servit pour s'entailler légèrement le cou, au niveau de la carotide. Il renversa légèrement la tête en arrière, et murmura:
- Vas-y, sers-toi.
Athénaïs marqua une légère hésitation devant ce liquide écarlate qui s'échappait de la plaie, puis son parfum lui parvint, aussi envoûtant que sa couleur riche. Elle s'approcha timidement de l'homme, et posa ses lèvres sur la plaie avant d'aspirer le sang à grandes gorgées avides. L'homme fit glisser sa main dans les cheveux de la jeune fille pour lui caresser la tête.
- C'est bien, souffla-t-il pour l'encourager. Continue, tu en as besoin.
La jeune femme n'écoutait qu'à moitié ce qu'il disait. Elle buvait son sang à grandes lampées, réhydratant peu à peu sa gorge asséchée. Elle sentait sa main dans ses cheveux, et son bras qui vint doucement enserrer sa taille à la manière d'un père protecteur, et elle ferma les yeux comme un nouveau-né tétant le sein de sa mère. L'homme la laissa boire jusqu'à ce qu'elle s'arrête d'elle-même, repue par ce repas plutôt singulier, mais qui avait apaisé sa soif et calmé sa gorge sèche. Il la serra un instant contre lui, puis la relâcha en douceur. Il semblait un peu affaibli, mais profondément heureux et attendri.
- Tu te sens mieux? lui demanda-t-il.
Elle hocha la tête.
- Oui... merci, répondit-elle en souriant.
L'homme sourit à son tour et passa une main douce sur sa joue.
- Mais de rien, petite... Je n'allais pas te priver de ton premier sang, quand même... ç'aurait été inhumain de faire une telle chose.
Athénaïs ne comprit pas tout de suite ce qu'il voulait dire. Son cerveau commença alors à se réveiller, lui provoquant d'atroces douleurs à mesure qu'elle prenait pleinement conscience de ce qu'elle venait de faire. Elle releva la tête vers l'homme, terrifiée. Ce dernier la regarda sans comprendre.
- Athénaïs? demanda-t-il. Tu vas bien?
- Vous approchez pas de moi, souffla-t-elle en reculant à l'autre bout du lit.
L'homme fronça les sourcils devant son air terrifié et profondément écoeuré.
- Athénaïs, qu'est-ce qu'il t'arrive?
Il avait l'air réellement soucieux, ce qui dérouta la jeune femme davantage encore. Elle se leva brutalement et se dirigea vers la porte d'un bond, tournant le dos à l'homme. Elle voulait fuir et se cacher, d'un seul coup. Elle prenait conscience qu'elle venait de boire du sang, le sang de cet inconnu qui l'avait incitée à le faire comme s'il s'agissait de la chose la plus normale au monde! Elle était écoeurée, mais était surtout écoeurée par elle-même: elle avait aimé le goût de son sang, et l'avait bu avec avidité. Elle n'avait pas hésité une seconde lorsqu'il lui avait offert le liquide rouge qui suintait encore dans son cou... A cet écœurement se rajoutait une terreur sans nom, la terreur de ce qu'elle avait fait, si naturellement, comme par pur automatisme... non, plutôt par instinct. Elle avait instinctivement su qu'elle devait boire son sang, et elle avait instinctivement retrouvé le réflexe de succion pour l'aspirer. Comment en était-elle arrivée à faire une telle chose, à penser d'une telle façon?
Elle ouvrit la porte, et s'enfuit dans le couloir. Elle entendait l'homme courir à sa suite, visiblement déterminé à la rattraper. Soudain, alors qu'elle tournait à l'angle d'un couloir, elle se sentit projetée sur le côté et se retrouva clouée au sol, nez à nez avec la jeune femme vêtue de noir. Cette dernière lui maintenait les bras fermement pour l'empêcher de se débattre, et gronda en voyant qu'Athénaïs tentait de se débattre tout de même. Le dénommé Apollon arriva derrière elle et s'agenouilla près des deux jeunes femmes. Il posa une main sur le bras d'Athénaïs, qui tenta de se dégager, effrayée par ce qu'elle était devenue, mais l'homme la força à le regarder dans les yeux et lui dit d'une voix calme, chargée de tendresse:
- Calme-toi, Athénaïs... Tout va bien, ne t'inquiètes pas.
La jeune femme continua toutefois à se débattre. Elle était terrifiée, et avait peur de les blesser à cause de ses nouveaux instincts étranges qu'elle sentait en elle... Elle voulait mordre celle qui la tenait pour qu'elle la lâche, ou lui casser le bras, ou n'importe quoi d'autre qui pourrait lui permettre de se libérer. Elle lâcha une sorte de feulement, ce qui l'effraya davantage encore: depuis quand savait-elle faire ça?
Elle sentit alors qu'on lui enfonçait une aiguille dans le bras. D'un geste violent, elle réussit à se retourner vers le coupable et donna un violent coup de dents dans la main qui tenait la seringue. Elle entendit un cri, et la main disparut, probablement à cause de la douleur, mais elle se retrouva encore plus fermement plaquée contre le sol. Elle sentit ses forces la quitter rapidement avant de sombrer dans une sorte de semi-inconscience assez étrange. Elle sentit les mains se relâcher, mais elle ne pouvait bouger. Elle entendit un soupir de soulagement alors qu'une paire de bras la saisissait.
- Je pensais pas qu'elle serait consciente aussi rapidement... fit la voix de celui qui s'appelait Apollon.
A la façon dont elle entendait sa voix, elle en déduisit que c'était lui qui la tenait dans ses bras.
- Elle est très intelligente, et vive d'esprit, répondit la femme. Elle est très dangereuse...
Elle sentit une nouvelle seringue dans son bras.
- Elle m'a fait mal, se plaignit une autre voix... celle du gamin, songea Athénaïs.
- C'est trois fois rien, Para... soupira la femme.
Para... Ce nom disait quelque chose à Athénaïs. Elle l'avait déjà entendu, aussi certainement qu'elle avait déjà vu tous ces gens. Le jeune garçon ne semblait pas d'accord avec la femme.
- Mais ça fait mal quand même, Cali!
Petit flash. Cali. A la mention de ce nom, Athénaïs vit se former dans son esprit l'image d'une jeune femme d'à peu près son âge, avec des lunettes de soleil et une capuche rabattue sur son visage. Elle l'associa également à une sensation de peur, d'inquiétude, de danger... Elle frissonna intérieurement, incapable de se souvenir de quoi que ce soit de plus. Elle sentit alors quelque chose s'enfoncer dans son cou, quelque chose qui lui fit mal. Elle tressaillit sous la douleur, et sentit les bras d'Apollon se resserrer davantage autour d'elle. Puis la douleur disparut aussi rapidement qu'elle était apparue, et elle tenta de comprendre ce qui venait de se passer.
-...marche pas, fit Apollon. Elle l'a senti, elle ne dort pas. Sa transformation est probablement plus avancée que ce que je pensais...
- C'est bizarre... fit Para. Elle a pourtant perdu pas mal de sang à cause de l'accident...
- Son système immunitaire devait être affaibli, souffla Cali. Et arrêtez de parler si fort, elle est probablement encore consciente.
Il y eut quelques instants de silence, puis Apollon répondit:
- Elle a les yeux fermés... Elle est calme, son coeur bat à peine, et sa respiration est faible. Je doute qu'elle soit réellement consciente.
- Méfie-toi... fit Cali. On ne sait pas où en est exactement sa transformation.
Apollon marmonna quelque chose de très vague qu'Athénaïs ne comprit pas. Elle entendit une porte s'ouvrir, et, quelques instants plus tard, elle sentit qu'Apollon la reposait en douceur sur une surface moelleuse. Un lit, probablement. Elle sentit qu'on rabattait un bout de tissu sur elle, et que quelqu'un la bordait, puis elle entendit un murmure léger:
- Cali dit n'importe quoi... Et puis, que tu sois consciente ou pas, qu'est-ce que cela change? Tu devras bien être mise au courant, un jour...
Elle sentit une main douce caresser son front en douceur, puis Apollon reprit:
- Elle ne comprend pas ce que ça fait, et elle ne peut comprendre. Elle n'a jamais transformé personne, comment le pourrait-elle?
Sa main glissa sur la joue de la jeune femme, puis elle sentit qu'il dégageait ses cheveux pour accéder à son cou. Elle sentit ses doigts effleurer une zone très sensible juste sur sa carotide, et frémit imperceptiblement sous la douleur. Les doigts de l'homme se crispèrent un instant, et il retira sa main, comme s'il s'en voulait.
- Désolé, petite... Je ne voulais pas te faire de mal. Cali a peut-être raison, tu es sûrement consciente... excuse-moi, si c'est le cas.
Il se tut. Athénaïs tenta d'ouvrir les yeux, mais rien à faire, son corps ne lui répondait plus. Elle sentit quelqu'un lui prendre la main et la serrer doucement, d'un geste à la fois doux et protecteur. Elle supposa qu'il s'agissait là encore d'Apollon, bien qu'elle ne comprenne pas pourquoi il faisait tout cela.
Elle restait perplexe: si son corps ne répondait plus beaucoup, son esprit, au contraire, était d'une vivacité impressionnante, et ses pensées défilaient à toute vitesse dans son crâne, incapables de se fixer sur une question particulière, probablement parce qu'elle en avait beaucoup trop. Elle se demandait surtout où elle était, et tentait de se rappeler qui étaient ces gens, pourquoi elle avait l'impression de les connaître, et tentait de comprendre ce qui lui arrivait.
Enfin, peu à peu, ses pensées s'éclaircirent et elle réussit à se concentrer sur une question à la fois. Elle commença par les gens autour d'elle. Des bribes de souvenirs lui revinrent peu à peu, des cris, une angoisse terrible, mais également la douleur et des coups de feu... Elle se força à se rappeler chacun de ses souvenirs, et la mémoire lui revint peu à peu: d'abord, le visage de Cali caché sous une capuche et une paire de lunettes, puis sa surprise lorsqu'elle avait vu la couleur des yeux de la jeune femme. Ecarlates... Ce devait probablement vouloir signifier quelque chose, bien qu'elle ne sache pas encore quoi. Ce fut ensuite ce garçon, Paracelse, qui lui revint en mémoire... Elle revit ses iris, rouges également, emplis d'empathie alors qu'il tentait de la calmer. Elle faisait une crise d'angoisse, elle s'en rappelait à présent. Toutefois, la raison de cette crise lui semblait encore floue et incompréhensible, lointaine et invisible. Elle bloqua cette pensée: une chose à la fois. D'abord les gens, ensuite les évènements.
Malgré ses efforts, elle ne put se rappeler où elle avait déjà vu Apollon. Elle se doutait qu'il y avait un lien avec Cali, même si elle ignorait lequel exactement. Elle était par ailleurs fortement étonnée par sa gentillesse envers elle, et même par l'affection dont il faisait preuve... Un instant, elle se demanda s'ils se connaissaient avant d'écarter cette pensée. Elle s'en serait souvenue, si elle le connaissait.
Elle passa ainsi deux bonnes heures à essayer de se rappeler qui elle était. Peu à peu, elle se rendit compte que son corps recommençait à lui répondre alors que la mémoire lui revenait. Elle réussit à ouvrir les yeux, et serra légèrement la main d'Apollon, qui se redressa et serra davantage sa main entre les siennes.
- Tu peux parler, Athénaïs? lui demanda-t-il doucement.
La jeune femme tenta de dire quelque chose, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Elle avait à nouveau la gorge sèche, et frissonna en pensant qu'elle aimerait bien boire à nouveau quelques gouttes de sang. L'homme sembla le comprendre, et lui serra brièvement ses doigts entre les siens et lui murmura:
- Si je te donne quelque chose à boire, tu vas encore fuir comme tout à l'heure?
Athénaïs hésita. Elle avait soif, et elle aurait donné n'importe quoi pour réhydrater à nouveau sa gorge asséchée, mais elle s'imaginait parfaitement ce qu'il allait lui donner au vu de sa question... Elle frissonna, et articula:
- Je... Je ne sais pas.
Apollon resta un instant sans rien dire, puis soupira.
- Je vais quand même t'apporter de quoi boire. Je te demande juste de ne pas hurler, ni te sauver, même si ça te dégoûte...
La jeune femme hocha la tête. Apollon serra une dernière fois ses doigts, puis sortit de la pièce. Athénaïs resta seule, avec pour seule compagnie le silence et cette désagréable impression que ses nerfs avaient été déconnectés de ses muscles. Son cerveau, toutefois, carburait et tentait de comprendre ce qu'il lui arrivait. Aux mots qu'Apollon avait prononcé, elle sentait qu'il allait lui ramener du sang. Elle n'était pas bête, et vu sa réaction, aussi instinctive que normale à ses yeux, lorsqu'elle avait réalisé qu'elle buvait son sang, elle se doutait bien qu'il allait lui donner à nouveau ce liquide à boire. Elle voulut se lever et fuir avant qu'il ne revienne, mais ses nerfs ne répondaient pas encore assez pour qu'elle puisse esquisser un geste plus important que lever légèrement un bras ou plier la cheville. Elle se sentit profondément agacée, mais savait qu'elle n'avait rien de mieux à faire qu'attendre que le produit qui la tenait dans un tel état cesse de faire effet.
Apollon revint quelques instants plus tard avec une bouteille de verre. Une étiquette entourait soigneusement cette dernière, à la manière d'une bouteille de vin. Athénaïs fronça les sourcils. Avait-il réellement prévu de la rendre ivre?
Ses doutes s'envolèrent toutefois lorsque l'homme déboucha la bouteille pour verser une partie de son contenu dans un gobelet en plastique. Le parfum capiteux et légèrement métallique du liquide était identifiable entre mille, et Athénaïs sut aussitôt qu'il s'agissait de sang, frais de surcroît. La bouteille ne devait servir que de contenant pour le lui ramener. Elle frissonna en se demandant s'ils avaient saigné quelqu'un pour remplir la bouteille, ou s'il s'agissait de don de sang volontaires...
- Tiens, fit Apollon en lui tendant le verre.
Athénaïs tenta de lever la main pour le prendre, mais c'était peine perdue: elle arrivait tout juste à lever l'avant bras, et que de quelques centimètres. Apollon soupira, et sa main sortit du champ de vision d'Athénaïs, qui sentit son lit se redresser tout seul.
- Je lui avais dit de mettre moins de produit... grommela-t-il entre ses dents.
-Quel produit? Qui? demanda Athénaïs d'une voix pâteuse.
L'homme lui tendit le verre.
- Bois, lui dit-il. Je t'expliquerai après.
Athénaïs hocha la tête, et Apollon s'apprêtait à l'aider à boire lorsque la porte s'ouvrit. Le verre quitta soudainement le champ de vision d'Athénaïs, qui entendit Apollon protester vivement, avant de remarquer le nouvel arrivant: le jeune garçon de tout à l'heure...Paracelse. Il avala le contenu du verre sous les yeux médusés d'Apollon. Il reposa le gobelet vide à côté de la bouteille et haussa les épaules aux questions furieuses d'Apollon.
- Je viens de la sauver d'une hérésie totale, fit le garçon avec un sourire insolent. Du sang aussi frais dans un vulgaire gobelet en plastique, sérieusement?
- J'avais que ça sous la main! se défendit Apollon.
- Alors laisse la boire à la bouteille, quand c'est comme ça...
- Et après c'est moi l'hérétique... Qu'est-ce que tu veux, gamin?
Les yeux de Para étincelèrent.
- Ne m'appelle pas gamin, gronda-t-il. Et Cali te cherche.
- Qu'est-ce qu'elle veut?
Para haussa les épaules.
- Aucune idée, elle ne m'a rien dit. Mais je pense que ça doit avoir un lien avec elle.
-Elle s'appelle Athénaïs, gronda Apollon.
Para eut un sourire insolent.
- C'est dingue ce que ça t'as changé de lui accorder une deuxième vie... Il est où, le vrai Apollon? Celui qui draguait toutes les filles qui passaient devant lui et qui se fichait royalement de leur nom?
Athénaïs eut un hoquet de surprise lorsqu'Apollon l'attrapa par le col pour le plaquer dos au mur.
- Encore un mot de travers et je te jure que j'éclate ta jolie petite tête de sale gosse dans un mur, gronda Apollon d'un air menaçant.
Para ne perdit pas pour autant son sourire.
- Ca se voit que tu traînes depuis plusieurs siècles avec Cali, fit-il. Tu réagis comme elle...
Athénaïs n'écouta pas la suite de la conversation, bien qu'elle vit clairement Apollon lâcher Para, qui sortit quelques instants plus tard. Plusieurs siècles? C'était quoi, ce délire? Elle était chez des fous, il n'y avait pas d'autre explication logique et rationnelle à cela... Personne ne vivait plus d'un siècle, et encore moins plusieurs... Elle tenta de se persuader qu'il avait exagéré, mais son coeur n'y croyait pas lui-même. Elle sentait que c'était quelque chose d'autre, quelque chose de bien plus inquiétant que simplement quelques mots en l'air. Il y avait trop de choses, trop d'éléments étranges pour qu'il s'agisse réellement d'une simple farce. Déjà, le simple fait que Cali l'ait emmenée avec elle. Cette histoire de sang, aussi. Maintenant, des hommes âgés de plusieurs siècles... Où était-elle, exactement? Et, surtout, avec qui? Avec quoi?
Elle fut tirée de ses pensées par un brusque jet d'eau dans la figure. Elle lâcha un cri de surprise et battit plusieurs fois des paupières. Ses yeux firent la mise au point, et un visage se dessina sous le sien. Cali.
- Ah ben quand même, fit la jeune femme. J'ai cru qu'on t'avait perdue. Tu peux bouger?
Athénaïs resta un instant en arrêt sur image. Elle ne l'avait pas vue entrer, pas plus que Para et l'homme qui se tenait derrière la jeune gothique. Apollon était toujours à côté d'elle, et lui serrait doucement la main, l'air inquiet. Athénaïs tenta de lever le bras. Ce dernier répondit sans effort, à sa grande surprise. Une lueur d'inquiétude passa un instant dans le regard de Cali, puis disparut.
- Promets-moi que tu ne vas frapper personne.
-Pourquoi? demanda Athénaïs, inquiète.
- Promets-le, c'est tout, insista Cali.
Athénaïs secoua la tête.
- Je veux savoir ce qu'il se passe avant, réclama-t-elle. Ce que j'ai, pourquoi je suis ici... Et ce que vous êtes, ajouta-t-elle plus bas.
Un sourire fugace échappa à Cali.
- C'est justement pour ça que je te demande de nous promettre de ne pas frapper, Athénaïs. Parce que je sens que tu ne vas pas apprécier la nouvelle.
Le coeur de la jeune femme accéléra d'un seul coup.
- Comment ça? demanda-t-elle.
-Dis-lui, qu'on en finisse... réclama Paracelse.
Il reçut un regard noir de la part de Cali. Le sien se fit innocent. La jeune femme reporta son attention sur Athénaïs.
-Athénaïs... fit-elle d'un ton hésitant.
Elle plongea ses yeux de rubis dans ceux de la jeune femme et articula clairement:
- Tu es morte.
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