CHAPITRE 34 ✓

Je reste bouche-bée face à cette révélation. Matt me regarde, inquiet quant à ma réaction.

- Je... Comment ?

- Je crois qu'ayant remarqué notre ressemblance, il est allé questionner ses parents, qui lui ont rappelé notre passé.

Il inspire profondément puis continue son récit :

- Je suis né par erreur, ils ne voulaient pas de deuxième enfant. Ils voulaient m'abandonner, mais mes grands-parents ne les ont pas laissé faire. Ils m'ont recueilli, élevé, comme si j'étais leur propre fils. Voilà pourquoi je ne me rappelle pas de Lorin.

Je le prend dans mes bras dans un élan de compassion.

- C'est n'est pas grave. Ça ne change pas ce que tu es. Et puis, peut-être que vous vous entendrez bien ?

Cela me coûte beaucoup de prononcer cette dernière phrase. Mais je ne peux empêcher à Matt de voir son frère, même si celui-ci ne peut me voir.

- Merci, Sky. Mais... Il n'a pas l'air plus enchanté que toi. Un petit frère mendiant, ça salit l'honneur...

- Dans tous les cas, à mon avis, moins de gens sont au courant, mieux c'est, rencheris-je.

- Je suis d'accord...

Je comprends qu'il veuille essayer d'établir un lien avec Lorin. Mais ce dernier est beaucoup trop attaché aux Phénix pour, à la fin, s'allier à notre cause. Surtout si, de cet autre côté, il y a moi...

- Si jamais tu as besoin de parler, ou de taper sur quelqu'un, n'hésites pas hein ?

Je serai là pour lui un maximum, tout en restant dans la mesure du possible. Matt me gratifie d'un sourire franc.

- Merci.

- Allez, viens, il faut y aller...

Je l'embrasse furtivement et, après un dernier encouragement, nous nous hâtons de retrouver le terrain d'entraînement, où nous attendent nos équipes respectives.

- Viens vite, me souffle Bianca, quand j'arrive à son niveau. Tu n'as presque rien manqué !

Je la remercie et file m'asseoir entre Adam et Elena, laquelle me gratifie d'un regard qui signifie clairement : "tu m'expliqueras tout après". Je hoche la tête et écoute le plus attentivement possible ce que raconte le professeur Kyriel.

- Vous serez donc par groupe de trois ou quatre, que vous avez formé il y a quelques jours. L'épreuve se déroulera pendant deux heures. Le reste de la journée, vous êtes libre de vous occuper comme vous le voulez.

Un murmure d'appréciation se propage dans la salle, puis, sur un signe du professeur, le silence se fait à nouveau.

- Pendant ces deux heures, vous aurez des énigmes à résoudre, qui vous permettront de continuer dans le jeu. Le but est de sortir de la maison dans laquelle vous serez consignés. Il y aura deux professeurs pour vous surveiller. Remercions la vingtaine de membres des Phénix qui ont contribué en nous prêtant leur domicile pour la journée.

Une salve d'applaudissements retentit. Je réfléchis à ce qu'il vient de nous dire. Tout est autorisé, donc je n'aurais pas besoin de me séparer de mes poignards. Tant mieux. On n'est pas vraiment en sécurité, ici. Il vaut mieux être prévoyant.

- Votre heure et lieu de passage est inscrit sur le tableau prévu à cet effet, continue Kyriel. Des gardes vous escorteront et veilleront à votre sécurité le long du trajet. Le reste des informations vous sera communiqué en temps réel. Bonne journée à tous !

Je médite ses paroles puis déclare :

- Ils n'ont vraiment pas confiance en nous. Nous ne serons pas seuls un seul instant...

- C'est vrai, soupire Adam. Je m'en étais jamais rendu compte...

- En tout cas, on a intérêt à se comporter correctement, conclut Elena.

Je souris tristement devant sa phrase à double sens. En tant qu'agents de la Ligue, nous allons devoir faire encore plus attention.

- Vous venez ? On va essayer de voir quand on passe !

Nous nous dirigeons vers le grand tableau autour duquel les élèves se sont rassemblés. Quand une petite ouverture apparaît, j'avance au milieu du flot d'adolescents pour essayer de voir quelque chose. Après moult efforts, je parviens devant la liste, que je parcours du regard.

Je ne tarde pas à repérer mon nom, entouré de ceux de mes deux amis. Nous passons à dix heures et demi, dans la maison numéro douze. Je m'extirpe de ma foule et rapporte les informations à Elena et Adam, restés en retrait.

- À mon avis, on devrait apporter nos armes, propose mon amie aux yeux violets. On ne sait jamais ce qui peut arriver.

- Je suis complètement d'accord, approuvé-je. On prend autre chose ?

- Je ne vois pas quoi... À mon avis, notre cerveau suffira. Ou pas, mais ça on verra là-bas, blague Adam.

J'éclate de rire et les entraîne hors de la salle. J'apprécie de plus en plus le blond. Il a montré que, même s'il fait des blagues et adore taquiner les autres, il est capable d'être sérieux et productif. Je suis contente de le compter comme ami.

- Il est huit heures et demi, on part dans plus d'une heure. On fait quoi ? demandé-je.

- On va boire une bière ? propose Adam, à moitié sérieux.

- Il en est hors de question ! Tu vas pas aller à l'épreuve bourré ! contesté-je.

- Oh, ça va... On peut pas rigoler ici !

Il aborde une mine boudeuse, qui se transforme en un immense sourire quand, dans un geste, Elena et moi nous jetons sur lui.

Je saisis son bras et son cou et le plaque contre le sol. Je jette un regard à Elena, qui s'est occupé de le faire tomber en lui prenant les jambes. Adam se défend de toutes ses forces, mais n'arrive pas à se détacher de notre emprise. Après l'avoir baladé dans tout le bâtiment, à la vue de tous, nous nous étalons par terre, hilares.

- Vous êtes méchantes ! se plaint le blond.

- Tu ne voulais pas t'amuser ? rétorqué-je, les sourcils levés.

- Si ! Mais pas comme ça ! Maintenant, tout le monde va savoir que mes amies sont capables de me mettre à terre les yeux fermés !

- Parce qu'ils en doutaient ? se moque Elena, un grand sourire aux lèvres.

Adam fait la moue et se relève.

- Peut-être deux ou trois personnes ! Maintenant, c'est fini pour moi !

- Oh, pauvre bichette... sourié-je. Deux admirateurs en moins !

Nous éclatons de rire, bientôt rejoins par mon ami.

- Quel... plaisir de vous voir aussi heureux, résonne une voix déplaisante, nous coupant.

Je lève les yeux vers l'auteur de ces paroles et découvre Lorin. Non mais il me suit ou quoi ? En ce moment, où que je sois, il est là, derrière moi. C'est quand même louche !

Je ne répond pas. Adam, quant à lui, me lance un regard qui me rappelle la première fois où nous nous sommes vus. Il m'avait alors dit que Lorin était dérangé et sans émotions. Je peux maintenant confirmer le premier critère, mais il semblerait que mon professeur soit capable d'éprouver de la haine.

- Sky... J'espère que tu as suivi mon avertissent...

- Oh que non, dis-je fermement.

- Fais attention à toi ! Sinon, je serai obligé de te le dire, et sache qu'avec moi, ce ne sera pas très agréable... ricane Lorin, visiblement fier de son coup.

Seulement, ce qu'il ne sait pas, c'est que je suis au courant, et que je ne vais pas me laisser faire.

- Je le sais bien, Lorin Lewin, lui chuchoté-je à l'oreille avant de m'en aller sans me retourner, suivie par mes amis.

Si j'ai bien raisonné, il doit avoir le même nom de famille que Matt. Alors, espérons que je l'ai déstabilisé en montrant que je le connais plus qu'il ne le pense...

- Sky, il va vraiment falloir que tu m'expliques cette histoire ! me tanne Elena.

- Il y a un point positif, commente Adam. On est deux à être paumés.

J'inspire profondément avant de débiter.

- Je vous fais confiance pour garder ça pour vous. Lorin est le frère d'Alex.

Mes deux amis restent bouche-bée jusqu'à qu'Elena demande :

- Et... Il sait ?

- Non, répondé-je à mon amie aux yeux violets qui se détend immédiatement.

- C'est... Comment Alex l'a prit ? demande Adam, l'air de s'inquiéter sincèrement pour lui.

Je ressens un élan d'affection.

- Je ne sais pas... J'espère qu'il va s'y faire... C'est gentil de t'inquiéter pour lui.

Il sourit :

- Les amis de mes amis sont mes amis.

Mes lèvres s'étirent doucement.

- T'es le meilleur ! m'exclamé-je en le prenant dans mes bras.

Je souris et, accompagnés d'Elena, nous rejoignons la caverne.

Une heure plus tard, nous redescendons vers le hall, prêts pour l'épreuve. Deux gardes prennent les devants et nous partons pour la maison numéro douze, dans laquelle nous allons concourir.

Alors que nous marchons, bavardant gaiement, un sentiment de malaise s'empare de moi. Il se manifeste d'abord par un mal de tête étrange, puis par une sensation pesante sur mon cœur, comme s'il se préparait à combattre.

J'en informe aussitôt Elena, prise d'un urgent pressentiment. Mon amie aux yeux violets sonde les alentours, puis me regarde en hochant la tête. Elle aussi a senti quelque chose.

Je regarde les deux soldats, inquisitrice. Quelle est la probabilité que des agents de la Ligue nous attaquent, ne sachant pas que nous faisons partie de ce groupe ?

J'hésite à les prévenir, mais décide finalement de ne rien faire et d'attendre. Une mauvaise interprétation de mes propos pourrait entraîner une méfiance de la part des Phénix, et je n'en ai aucunement envie.

- Avancez, les jeunes !

Je me rends compte qu'en réfléchissant, j'ai ralenti, entraînant mes amis avec moi.

- Excusez-nous, lancé-je avant de rattrapper les gardes à la suite d'Adam.

Soudain, quatre personnes masquées nous tombent dessus, nous criant de ne pas bouger. Elles portent les tenues de combat noires typiques de la Ligues, et trois d'entre elles abordent une épée. La dernière, qui semble diriger l'opération tient un grand fouet entre ses mains.

Dès qu'elle les voit, Elena équarquille les yeux et chuchote :

- Fleurs !

Les trois jeunes portant une épée se tournent vers elle et équarquillent les yeux. Les gardes profitent de ce moment d'inattention pour leur sauter dessus. Je ne sais plus quoi faire. Il ne faut absolument pas que nous nous fassions démasquer, mais je ne peux pas attaquer les miens !

J'attends finalement les ordres, qui ne tardent pas à venir. Les gardes, en grande difficulté devant mes comparses si bien entraînés, nous demandent de les aider à lutter.

M'efforçant de paraître naturelle, je fonce vers celui qui semble être le chef et engage le combat. Je lance mon bras vers son ventre puis saute sur le côté, esquivant son coup de fouet de peu.

J'essaie de m'éloigner le plus possible des autres, afin de pouvoir parler au chef. Le fouet claque à nouveau au-dessus de ma tête et je me baisse précipitamment. Contrairement à mon habitude, je n'attaque que très peu et me contente de me défendre et me décaler loin des autres.

Quand nous sommes assez loin pour que les autres ne puissent nous entendre, ce qui en soit c'est pas très éloigné avec le bruit des armes, je lance une offensive compliquée et me rapproche de mon adversaire.

Je neutralise difficilement le fouet du prétendu Maître des Fleurs. Il le fait claquer tout près de ma tête et, dans un élan de courage, je le saisis, m'entaillant la main. Je réussi cependant à me rapprocher de mon adversaire, son arme toujours dans ma paume sanglante.

- Éléments, lui glissé-je avant de m'éloigner, faignant un retournement de situation.

L'homme me regarde, perplexe. Il baisse lentement son fouet et j'écarquille les yeux en secouant la tête. Je vois qu'un des deux gardes nous regarde bizarrement. Qu'il m'attaque, vite ! Voyant qu'il ne va rien faire, je m'élance vers lui en poussant un cri de guerre.

Il comprend aussitôt mon intention, et riposte, faisant claquer son fouet tout près de ma tête.

- Il faut que vous partiez, chuchoté-je en voyant qu'Elena, Adam et les garde ont presque maîtrisé les coéquipières de ma camarade aux yeux violets.

Le chef hoche la tête et diminue la pression de ses coups. J'en profite pour poser ma lame sur sa gorge.

- Repli ! crie-t-il en me faisant un clin d'œil.

Les Fleurs s'éloignent en courant, suivant leur Maître que j'ai libéré. Je rejoins les miens et jette un coup d'œil à Elena, qui soupire de soulagement. Elle baisse les yeux et s'écrit soudain :

- Ta main !

Je regarde ma paume rouge de sang et hausse les épaules. J'ai mal, mais peux sans problème faire fi de la douleur.

- Merci, les jeunes. Vous nous avez bien aidé. Hâtez vous, maintenant. On a pris du retard.

Avec Elena, nous échangeons un long regard avant de les suivre, redoutant la suite des événements.

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