CHAPITRE 18 ✓
Après de longues minutes de débat, nous sommes finalement arrivés à un accord. J'essaierai de monopoliser trois personnes et de les mettre hors d'état de nuire par la même occasion tandis qu'Adam s'occupera de la dernière ainsi que de voler le coffre. Cela permettra d'alléger le poids sur mes épaules et de le faire combattre un peu.
Sur l'ordre du professeur Kyriel, nous sortons du bâtiment pour la première fois depuis que je suis arrivée ici, après être passés chercher quelques affaires au dortoir. Nous avons décidé, avec mon compagnon blond, de ne pas nous surcharger, ainsi, nous n'avons emporté que nos armes et un sac à dos. Tout le monde est très excité et je dois avouer que moi aussi : la perspective de prendre l'air et de combattre me fait sourire.
Voilà quelque chose que j'aime particulièrement chez la Ligue. On peut sortir, faire des missions, et surtout, on est considérés comme des grands. Ici, nous sommes là pour nous former, donc on a pas l'air de faire des choses importantes.
Enfin, je suppose que les dirigeants des Phénix n'ont pas vraiment expliqué aux élèves pourquoi ils étaient là... À mon avis, ils veulent surtout être le plus possible pour arriver à prendre le pouvoir... Et ça ne m'étonne pas que ça se termine par un coup d'état qui serait fatal au roi, ce qu'il faut empêcher à tout prix.
Nous marchons une dizaine de minutes, toutes plus silencieuses les unes que les autres. Chacun d'entre nous profite de la petite brise qui souffle joyeusement, atténuant la chaleur étouffante du soleil.
Nous arrivons en vue d'une grande maison. Comme nous sommes en haut d'une colline, derrière une bosse, ses occupants ne peuvent pas nous voir. L'endroit idéal. Le cadre l'est aussi : les rayons du soleil illuminent la montagne, se reflétant sur les points d'eau. Je ne peux qu'admirer la beauté du lieu.
- Bon. Je vais vous expliquer comment cela va se passer, intervient le professeur. Il y a deux autres maisons que nous allons "attaquer". Dans chacune, il y a un piège, ou un imprévu. Vous verrez bien de quoi il s'agit à l'intérieur. Je précise que les occupants me feront un compte rendu de votre parcours.
Je réfléchis à ses propos. Je me demande bien ce qu'il va nous arriver : plus d'occupants dans la maison ? Le coffre caché dans un endroit inaccessible ?
- Monsieur, on peut choisir la maison qu'on veut attaquer ? demande soudain mon ami blond.
- Non. Adam, ne m'interromps pas. Donc, j'allais vous dire que cette opération sera évaluée. Je vous transmettrai vos résultats dans quelques jours. Maintenant, cette maison est à vous, indique Kyriel en désignant Ashley et son amie.
Cette dernière porte des vêtements noirs et un sac à dos, sûrement pour y mettre le coffre, comme nous. De tout façon, je n'ai aucun doute sur l'efficacité de l'attaque des deux filles. Ashley est tellement forte pour ça que cela ne m'étonnerait pas qu'elles aient la note maximale à l'examen.
Je ne suis pas sûr que tel soit le cas pour Adam et moi. Nous comptons utiliser notre force et y aller en bourrinant un peu... Cependant, je ne suis pas sûre que ce soit ce que le prof attendait. Mais peu importe. Déjà, si on réussi, ce ne sera pas mal.
Enfin, on verra bien. En attendant, je regarde Ashley dévaler la pente en direction de la maison, son arc à la main. Elle a fière allure dans sa tenue de combat. Elle doit faire des ravages chez les garçons.
Mon amie se place devant un des nombreux arbres du jardin et entreprend de grimper le long de l'écorce. Même de loin, je vois que ses flèches ont des bouts moins pointus que d'habitude, pour ne pas blesser trop profondément ses adversaires.
Dès qu'elle arrive en haut, dissimulée par l'épais feuillage, elle encoche une flèche et attend. C'est alors que j'aperçois son amie brune qui se trouve sur le toit. Elle fait un geste de la main et Ashley lance un bref cri, sûrement pour amener les occupants de la maison vers elle.
Deux d'entre eux ne tardent pas à sortir, armés d'épées effilées. Ils scrutent l'horizon, et dès qu'ils se tournent pour regarder à l'opposé de l'arbre d'Ashley, celle-ci lâche la corde et sa flèche part à la vitesse de l'éclair se loger dans l'épaule de l'homme.
C'est très bien visé. De cette façon, il pourra se remettre rapidement, mais sur le coup, la douleur fulgurante l'empêchera de réagir. La tireuse met ainsi encore un homme et une femme hors d'état de nuire, puis devient immobile.
C'est à cet instant qu'un cri glaçant résonne. Peu de temps après, la brune sort de la maison en courant, serrant une main ensanglantée contre sa poitrine. Ashley réagit au quart de tour et se précipite pour l'aider. Elles disparaissent dans le logement tandis que nous attendons, silencieux. Lorsqu'elles réapparaissent quelques minutes plus tard, le professeur Kyriel ne peut retenir un sourire.
Leur sac à dos semble contenir le coffre tant désiré. Elles nous rejoignent et nous partons en direction du lieu suivant. Une fois l'opération terminée avec succès, nous nous arrêtons vers une dernière maison, entourée d'un jardin.
C'est à nous. Adam me regarde avec un petit sourire et je hoche la tête. Nous n'avons eu aucun retour des autres sur l'intérieur. Nous ne savons pas quelle est la surprise qui nous attend dedans...
Je m'échauffe et sors mes poignards. Je suis sensée rentrer par l'avant et Adam par une petite fenêtre que l'on peut aborder grâce à un grand chêne. Je regarde Ashley qui m'encourage d'un clin d'œil et après avoir souhaité bonne chance à Adam, m'élance vers la maison.
J'avance rapidement, le plus discrètement possible, respirant doucement. Mon corps se prépare au combat qui va être livré dans peu de temps. Un mauvais pressentiment me tord la poitrine, mais je n'y fais pas attention. Pas question que je fasse foirer notre examen.
Mes poignards biens calés dans mes mains, je pénètre dans la maison. Je vois tout de suite que quelque chose cloche. La lumière est éteinte et il n'y a aucun bruit. Et, cerise sur le gâteau, j'entends une respiration derrière moi. Ne pas écouter mon instinct était une grave erreur : il ne me trompe jamais. Déterminée à ne pas échouer, je me prépare à en faire les frais.
Je me retourne, mais pas assez vite. Mon adversaire me saisit le cou et serre de toutes ses forces. Je pousse un cri rendu silencieux par le manque d'air. Je me débat, mais mes bras sont immédiatement immobilisés par d'autres personnes.
Mon cœur se serre alors que la panique envahit mes membres, les enserrant tel un cobra. Cette position me rappelle mon rêve et Matt, que je n'ai pas encore vu depuis. Mon cœur bat de plus en plus fort tandis je me mets à trembler. Non. Cela ne va pas se passer comme ça. Il ne sont pas ici pour me tuer. Il faut que je me reprenne. Je dois les battre.
Reprenant mes esprits, je réalise que mes jambes sont encore libres. Grave erreur. J'envoie un coup de pied puissant et souris en entendant un gémissement de douleur. Mes poumons cherchant désespérément de l'air, je frappe une deuxième fois, une troisième, et enfin l'étreinte sur ma gorge disparaît.
J'inspire profondément et le nœud qui enserrait ma poitrine se détend. Mon corps, plein d'adrénaline suite à l'arrivée soudaine d'oxygène, me répond immédiatement. Sans plus attendre, je libère mes bras, pivote et m'élance sur mon adversaire, que je distingue à peine dans la pénombre. Il faut absolument que je trouve de la lumière, ainsi que de l'espace pour me battre.
Je recule en direction de la porte toujours ouverte, tout en me défendant contre les nombreuses armes qui me menacent. N'y voyant rien, je ferme les yeux pour mieux entendre et me sers des sifflements qu'elles produisent dans l'air pour les éviter.
J'atteins la sortie, me retourne et cours à toute vitesse pour m'éloigner des murs. Je plisse les yeux, aveuglée par la lumière vive du soleil, mais après m'être arrêtée, parviens à identifier mes opposants. Ils sont quatre. Mince. Les trois hommes et la femme s'avancent vers moi, menaçants.
J'inspire longuement puis me lance dans le combat. J'attaque, pare, esquive, entame une danse endiablée. La fille - une brune - combat plutôt bien et un des hommes à l'air d'être un sacré morceau.
Il se jette sur moi et je bloque son coup tandis que mon deuxième poignard en attaque un autre. Concentrée à l'extrême afin de ne rien laisser passer, je me défends plus qu'autre chose. En même temps, se battre contre quatre personnes demande énormément d'énergie.
Même si je lutte pour rester en pleine possession de mes moyens, je ne peux m'empêcher de reculer peu à peu fade à la puissance combinée de mes adversaires.
Un de mes assaillants disparait soudain et je pousse un soupir de soulagement : je n'allais pas tenir encore longtemps face à quatre personnes aussi qualifiées. Mine de rien, le combat m'a fatiguée.
Je profite de cet instant de répit pour faire l'inventaire de mes blessures. Une longue blessure sanglante se trouve sur mon avant bras gauche, que je n'avais pas encore sentie tant j'étais dans ma bulle. Mais maintenant que c'est fini, elle me brûle et me pique. J'ai mal au cou après l'étranglement et je dois avoir une ou deux petites cicatrices au ventre. Rien de très grave, à part l'estafilade de mon bras.
Mais une attaque de nouveau plus forte m'oblige à me reconcentrer. Un blond que je n'avais pas encore vu s'approche de moi. Furieuse, je me jette sur lui. Il s'écarte, les yeux équarquillés.
- Sky ! C'est moi, Adam ! s'esclame-t-il, épouvanté.
J'identifie soudain la personne en face de moi et dévie au dernier moment mon cou, qui frappe dans le vide. Un peu plus et je lui perforai le ventre.
- Oups ! Pardon ! lâché-je dans un souffle.
Je fais une grimace désolée et repars au combat. Grisée par cette aide inattendue, je frappe de plus belle. Délestée de deux adversaires, je mets à terre l'un des soldats et la femme, tandis qu'Adam rend hors d'état de nuire un autre homme.
Il ne reste plus que celui que j'avais estimé comme le plus fort. Brun aux hautes pommettes, il ressemble très fortement à la fille. Ils doivent être de la même famille. Grand, le frère me domine de toute sa hauteur.
Je me jette sur lui, très vite rejointe par Adam. Nous combattons côte à côte, faisant peu à peu reculer notre adversaire. Mais, apparemment, il n'a pas dit son dernier mot. Le voilà qui plaque sans ménagement mon coéquipier contre le mur de la maison.
Je me stoppe immédiatement dans mon élan, ne sachant que faire. Je m'en veux de n'avoir réussi à le battre plus tôt.
Collant son épée contre Adam, le soldat des Phénix dit d'une voix menaçante :
- Lâche ton arme et viens devant moi.
Mon instinct me crie à tout rompre de lui obéir, alors, même si j'ai envie de voler au secours de mon ami, je pose mes poignards par terre, réticente. Gardant mes mains bien en vues, je m'avance vers le brun.
- Bien. Maintenant, regarde ce qui arrive aux malautrus comme vous !
Il assène une grande baffe à Adam et je me crispe de colère. Furieuse, je m'élance et plante mon genou dans son entre-jambe. Il se plie en deux, hurlant de douleur. Tremblante de colère, je l'écarte du beau blond et lui décroche un magnifique uppercut, dont je ne suis pas peu fière, dans la mâchoire.
Il essaye de se relever, mais je le frappe de toutes mes forces, à la tête, dans le ventre, au cou et il retombe par terre, inconscient. Les yeux plissés par un regard de tueur, je m'éloigne du corps.
- Ça va ? je demande à Adam.
- Toi, il faut pas te chercher des noises ! affirme-t-il les yeux écarquillés, éludant la question.
Il fouille dans son sac à dos et en sort le coffre tant désiré. Je souris, heureuse. Nous avons réussi et tant pis si cela a été un vrai carnage. L'euphorie de la bataille court encore dans les veines quand je regarde les grands yeux verts d'Adam et lui fait un clin d'œil.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top