Chapitre 1
Mix Editions vous propose de découvrir gratuitement le premier chapitre de ce roman.Le journal de Louisa
Un jour de soleil
La vie est belle, superbe. Aujourd'hui, j'ai passé ma journée à regarder les gens. Il faisait beau, ils se promenaient. J'ai eu droit à de nombreux sourires. J'avais ma petite robe à fleurs, celle que j'aime tant, qui me parle de chaleur et du printemps. J'étais heureuse. Alors, j'en ai profité ; je sais que ça ne dure jamais.
Le soleil est toujours là
Quatre jours sans coup de blues ! Je ne suis pas complètement stupide. Ce n'est pas qu'à cause de ce ciel bleu resplendissant. Mes parents sont absents, ils sont partis voir la famille de mon père. Je ne pouvais pas m'y rendre avec eux, je passe le bac dans une semaine et je dois réviser. Sans leur présence, je peux le faire, installée dans le jardin. Je me suis mise dans un coin sans vis-à-vis et en maillot de bain. Ma peau a déjà commencé à brunir. C'est si joli un corps bronzé. J'ai intérêt à avoir mon bac avec mention, sinon je n'ai pas fini d'en entendre parler. Mon père m'a promis quelques belles baffes si ce n'était pas le cas. Le regard noir de ma mère m'a suffi pour savoir qu'elle n'en pensait pas moins. Elle ne me frappera pas, elle sait pouvoir compter sur son mari. Ceci étant, je ne m'inquiète pas trop, j'ai toujours été excellente. Je n'ai jamais eu le choix. J'espérais pouvoir partir et m'éloigner pour mes études. Ce ne sera pas le cas. Mes parents ont refusé de me payer une vie étudiante. Je suis condamnée à rester ici. J'ai froid maintenant. Ils ne sont pas là et, pourtant, ils gâchent ma journée.
Un dimanche à pleurer
Un lever aux aurores, comme tous les dimanches, et du temps de perdu pour ressembler à une petite fille modèle. Je déteste ces robes blanches et immaculées que je dois porter pour aller à la messe. Je déteste aller dans ce lieu glacial et jouer à l'enfant parfaite pendant les deux heures que l'on passe à l'église. Il y a l'avant, où on se salue. L'heure où il me faut écouter le prêtre avec attention ou, tout du moins, en donner l'impression. Et l'après, où mes parents restent une heure à discuter avec les uns et les autres, alors que je maintiens un sourire de façade qui a obligation d'être convaincant. Puis, c'est le repas dominical, silencieux pour moi. Je n'ai pas grand-chose à dire et parler des actions bénévoles que je suis contrainte de faire me sape le moral. L'obligation les rend pesantes. Qu'elles aient pour seul rôle de donner une bonne image de moi les rend perfides.
Après, je peux m'enfermer dans ma chambre. Sous couvert d'étudier, je lis des livres interdits, ceux qui parlent d'amour et, accessoirement, de sexe. Si mes parents venaient à le découvrir, je ne donne pas cher de ma peau.
Indifférence
J'ai eu mon bac avec mention très bien. Je n'ai eu le droit à aucun mot de félicitations, juste cet échange de sourires entre mes parents et leur hochement de tête de satisfaction. Je ne suis rien pour eux, juste un faire-valoir que l'illusion de perfection habille. Je me suis enfermée dans ma chambre et j'ai sorti mon petit miroir. Il est beau et futile. J'aime qu'il soit les deux. Je me suis regardée, j'ai scruté mon regard. Mes yeux sont bleu foncé. Je les ai sondés, ils ne m'ont rien dit. Je ne sais pas qui je suis, j'ai été façonnée par mes parents.
Pleurer serait trop tendre
Vacances chez mes grands-parents maternels, avec mes parents : un ennui mortel, des jeux de rôle incessants et des hurlements que je retenais. Je me suis scarifiée pour la première fois. Il fallait que cette douleur s'efface, qu'elle trouve un point d'ancrage que je puisse comprendre. C'est bon cette douleur physique, admissible et saisissable. C'est beau ce sang qui coule et qui colore la peau. Il va falloir que je trouve un autre endroit que mes poignets.
Respirer
J'ai intégré une école prestigieuse au cœur de la ville. J'étudie la gestion et la communication. Je dois tout donner pour espérer gagner la liberté. Je n'ai pas d'autre choix si je veux mon autonomie. Le mariage pourrait être une autre solution pour m'évader, mais mes parents me destinent à une alliance avec un homme qu'ils auront choisi, un de leur congrégation, un qui soit comme eux. Plutôt mourir.
Les journées sont longues et je m'en réjouis. Loin de chez moi, je peux respirer. Je suis avec des jeunes de mon âge qui vivent normalement. Je ne peux pas accepter leurs invitations à sortir. Pourtant, c'est un second souffle, loin de ces années où mes parents pouvaient tout contrôler. L'institution dans laquelle je vivais ma seconde vie était sans mystère pour eux. Ils sont amis avec le directeur de l'école primaire, celui du collège et, bien évidemment, celui du lycée. Dans cet établissement, ils n'ont aucune mainmise. J'ai failli continuer dans cette lancée et faire mes études supérieures dans le privé. Ma chance a été d'être acceptée dans cette école à la réputation sans faille, illustre. M'en interdire l'accès aurait été stupide. Ils peuvent se gausser devant leurs connaissances, amis et famille, de la réussite de leur fille si parfaite. J'ai envie de vomir, mais je préfère me gorger de cet oxygène non vicié. J'arrive à être un tant soit peu moi-même, je me découvre. Je m'épuise aussi à passer d'une personnalité à une autre, d'une humeur à une autre. La journée, j'ai envie de rire. Le soir, j'ai envie de mourir. La nuit, je ne dors que d'un œil, l'esprit divisé par les deux.
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