「 introduction 」
nda - pour terminer ces vacances, je vous propose le prologue de cette nouvelle histoire ;) le chapitre un sortira comme prévu dans une semaine (le 08 janvier), et il fera réellement apparaître nos protagonistes principaux!
bonne lecture !
tw: maltraitance animale
Ichiyô ajusta son oreillette et son micro tout en jetant des coups d'yeux rapides à sa montre. Elle passait à l'antenne dans quelques minutes, mieux valait qu'elle se tienne prête. Elle n'avait jamais été en retard ― pas même à ses débuts ― pour un journal télévisé et pour une fois, elle avait l'opportunité de couvrir un événement d'assez grande ampleur. Hors de question de rater cela ― et même les éléments qui se déchaînaient, le vent qui manquait de lui faire perdre l'équilibre régulièrement et les gouttes qui brouillaient le champ de la caméra de temps à autre ne lui feraient pas manquer le début du reportage.
Elle entendit la voix du présentateur ― c'était quoi son nom déjà ? Elle n'avait pas retenu, c'était le petit nouveau qui avait gravi les échelons à toute vitesse ― annoncer le sujet. Hier, à vingt-trois heures passées, la petite ville d'Onomichi a été placée en quarantaine en raison d'une accumulation encore inexpliquée de la pollution au-dessus d'elle.
La blonde coula un petit regard derrière elle. Le panneau Onomichi disparaissait presque entièrement derrière les grandes tentes dressées par les équipes sanitaires envoyées par le gouvernement ― on devait agir vite, apparemment. Honnêtement, personne ne comprenait bien pourquoi on avait déployé autant de moyens ici, dans cette petite ville peu peuplée et hors du temps de la préfecture d'Hiroshima.
Personne ne comprenait bien l'origine de la pollution qui avait justifié une telle fermeture.
« ... vous êtes en direct depuis le village d'Onomichi, comment est la situation là-bas ? »
La jeune femme revint sur terre au moment où le journaliste terminait son introduction ; elle regarda droit dans les yeux la caméra et se lança :
« Oui, comme vous pouvez le voir, les conditions climatiques ne sont pas au top, mais cette perturbation était annoncée par la météo donc elle ne semble pas directement liée à la pollution dont il est question depuis hier soir.
» Ici, les habitants se disent « étonnés » par la décision du gouvernement. Ceux que nous avons pu rencontrer, qui sont sortis de chez eux par nécessité pour aller chercher de la nourriture ou rejoindre leur famille dans une autre maison, nous ont confirmé qu'ils n'avaient rien remarqué d'anormal avant les annonces du gouvernement, tard hier soir. Plusieurs nous confient avoir toujours vu d'un mauvais œil les deux bâtiments de recherche qui ont été implantés à quelques kilomètres de là mais sans qu'il n'y ait plus de conséquences pour eux.
» Alors bien sûr, ce sont ces deux laboratoires qui attisent la curiosité aujourd'hui. Le directeur de ceux-ci a été entendu un peu plus tôt par les équipes scientifiques du gouvernement qui se sont installées il y a quelques heures déjà, et la tendance générale des villageois tend à les blâmer pour cet événement encore « inexpliqué » par les experts dépêchés par le gouvernement.
» Malgré toutes ces interrogations, le village reste calme ce soir, dans l'attente de futures annonces du gouvernement. Aucune prise de parole n'a encore été programmée, alors même que Onomichi est coupé du monde depuis presque vingt-quatre heures. »
Ichiyô termina son petit compte-rendu, esquissa un dernier sourire pour la caméra en écoutant les remerciements du présentateur et compta pendant quelques secondes avant d'être certaine que le contact avec l'antenne était rompu. Elle laissa ensuite échapper un petit soupir. Elle était nerveuse, mais avait réussi à ne pas bégayer. Après avoir échangé un regard triomphal avec le caméraman, elle remballa oreillette et micro dans son sac ― alors qu'elle faisait coulisser la fermeture éclair de celui-ci, des bruits de froissement dans les fourrés alentours lui parvinrent. L'équipe de journalistes au complet se figea ; leurs regards se tournèrent vers l'origine du bruit avec une certaine appréhension, mais personne n'osa dire quoi que ce soit pendant quelques secondes.
« On ne devrait pas tarder, finit par dire la caméraman. On a une longue journée demain si on veut faire des interviews pour le journal de midi avant de rentrer s'il n'y a rien de neuf. »
Tout le monde opina distraitement en rassemblant les affaires restantes. La blonde resta néanmoins légèrement en retrait le temps que tout le monde prenne la direction de l'auberge où ils séjournaient ; elle observa les fourrés, jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine devant elle, de plus en plus proche.
Ichiyô eut un moment de recul avant de réaliser que ce n'était qu'une biche. Elle avait grandi dans un village similaire à Onomichi ― elle savait donc qu'elle n'avait rien à craindre, tant qu'elle ne faisait pas de mouvements brusques. Elle s'étonnait néanmoins de trouver un animal si proche de la civilisation. Certes, l'endroit était très pittoresque mais tout de même...
L'animal fit quelques pas de plus dans sa direction ; et soudainement, il s'effondra en même temps qu'une détonation de fusil résonnait. En faisant volte-face, la jeune femme découvrit un homme derrière elle, arme pointée droit vers la biche.
« Vous êtes fou ? » s'exclama-t-elle. Elle ne pouvait pas croire qu'il venait d'abattre un animal de la sorte.
« On est pas dans un film ici, grinça l'inconnu, un vieillard qui la toisait avec mépris. Croyez pas que tous les animaux sont vos amis. Cette biche avait une sale lueur dans les yeux.
― Vous essayez juste de justifier votre cruauté, rétorqua-t-elle en retour. Je sais très bien qu'elle était inoffensive. »
L'autre homme haussa les épaules avec désinvolture avant de tourner les talons. Ichiyô l'interpella avec virulence ― Vous partez une fois votre crime commis ? ― mais il ne se retourna même pas, lui lançant simplement un Je vais chercher du renfort pour la bouger. La blonde resta immobile et silencieuse encore quelques secondes avant de tourner les talons à son tour.
L'idée de rester à côté d'un animal mort lui donnait la nausée et elle avait besoin de se rafraîchir les idées.
Et de toute façon, elle n'allait rien changer en restant plantée là.
(En revanche, ce départ l'empêcha de remarquer que, quelques secondes plus tard, la biche défunte se redresssa.)
(Le craquement de son cou résonna dans le silence.)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top