Chapitre 29


Bon, ok, la situation aurait pu être favorable pour moi.

Elle aurait pu être favorable si Potter ne m'avait pas entendu balancer son secret.

Elle aurait pu être favorable s'il ne m'avait pas violemment tirée hors de la chambre.

Elle aurait pu être favorable si quelqu'un, n'importe qui, m'avait aidé.

Sauf que la situation était tout sauf favorable.

Et que j'étais dans une énième pièce sombre, avec Potter en face de moi, ses yeux lançant des éclairs.

Je n'avais pas envie d'avoir cette discussion.

- Oui ?

Au début il ne dit rien. Il laissa ses yeux dans les miens.

Et puis lentement, les éclairs qui y brillaient furent remplacés par quelque chose de plus doux, de plus amers. Presque des larmes.

Je ne savais pas quoi faire. Il n'allait pas chialer quand même ?

Et puis il inspira profondément. Et il se mit à parler.

- Je ne sais même pas quoi te dire, commença-t-il, Je suis trop fatigué en fait, pour te faire n'importe quel reproche. Je sais pas Fiona, je sais plus, je sais plus quoi faire, je voulais juste ce foutu collier, et t'as pas été fichue de me le donner, et depuis... Tu me déteste tellement, tellement que je comprends même pas pourquoi d'ailleurs. Et puis là, tu balances tout à des gens que je considère comme des amis. Tu te rend compte pour qui tu me fais passer, non ? Je comprend que j'ai peut être été violent, que je me suis vite énervé. Mais je suis à cran Fiona, et je suis désolé pour ça. Mais tu n'as pas le droit. Tu n'as pas le droit de me couper des gens que j'aime. Tu n'as pas le droit de dire les choses à ma place. Et je pense que tu n'as pas le droit de me détester non plus.

Ah.

Oh.

C'était vrai que ma haine envers Potter avait toujours été un peu gratuite, c'était vrai qu'il m'avait juste crié dessus, il ne m'avait jamais vraiment frappé ni rien, et c'était vrai que j'avais beaucoup exagéré la chose quand même.

Mais je ne pouvais pas me permettre de lui dire là maintenant qu'il avait raison, si ?

Et puis, quand même, ma haine qui durait depuis si longtemps, elle ne pouvait pas s'en aller aussi vite quand même, juste parce que Harry m'avait dit la vérité.

La vérité.

Mes yeux s'écarquillèrent sans que je ne le veuille vraiment.

J'étais une imbécile. Je me détestais.

Et puis Cédric avait raison.

Je le détestais aussi.

Je devais la vérité à Potter. Je la lui devais parce que je n'avais pas été juste avec lui. Moi qui avais l'impression qu'il me harcelait depuis le début, lui avait peut être l'impression de courir inlassablement derrière une chimère, alors qu'il avait sans doute d'autres problèmes.

Mais j'avais continué à courir.

Je lui devais au moins la vérité.

Je me raclai la gorge.

- Pour tout t'avouer, je comprend pas grand chose. Je sais même pas pourquoi je te déteste, bon, peut être parce que tu m'as laissé tomber de quatre mètres, mais bon. Je sais en tout cas, que je ne peux pas te donner ce collier, je le sais parce que c'était écrit sur un bout de papier attaché dessus, quand je l'ai trouvé. La vérité c'est que je pense que j'ai volé le collier en fait. Il était là, avec son mot, où il y avait marqué : "Trois chances, un secret". Trois résurrections Potter, et je sais que j'en ai déjà épuisée deux. Enfin pas moi, mais ça c'est une autre histoire. Et un secret. T'étais pas censé le savoir, personne n'était censé le savoir. A la base, c'est même pas possible, c'est presque de la magie noire que de savoir que je peux ressusciter un mort. C'est pas possible pour moi de te le donner, vu que tu n'es même pas censé le savoir. C'est débile, hein ? J'obéis à des ordres d'un inconnu, et je protège un truc que j'ai volé. Je me sens stupide de ne pas juste t'avoir dit plus tôt "Non, je peux pas", je me sens stupide de t'avoir fait souffrir. Je crois que je suis désolée.

Puis je me tut.

La pièce était silencieuse, Potter réfléchissait.

Lentement, ses sourcils se décrispèrent, pour la première fois, il me regarda avec autre chose que de la haine dans les yeux. Avec une sorte de comprehension, et je sentis mon cœur se réchauffer lentement.

Foutu Cédric, qui avait toujours raison.

Foutue vérité, qui marchait bien mieux que mes mensonges.

Si j'avais su, j'aurais tenté plus tôt.

- Comment ça, quelqu'un a épuisé une résurrection ? Demanda Harry, après que le moment émotion soit passé.

Même si c'était une question banale, je sentis que là, dans cette pièce sombre dans une maison hantée, notre relation avait fait un bond phénoménal, qu'il allait arrêter de me harceler, et que j'allais arrêter d'être aussi chiante.

Avec lui du moins.

- Cédric, soupirai-je, Il est mort l'année dernière.

Harry écarquilla les yeux, et ses pupilles se teintèrent de douleur, comme si il se souvenait de quelque chose.

- C'est... C'est vrai, je l'ai vu mourir. Comment ai-je pu oublier ça ?

Je souris tristement.

J'avais commencé à lui dire la vérité, autant finir.

- C'est le collier. Je pense que Cho Chang l'a ressuscité, par amour pour lui, et dès qu'il est sorti de sa tombe, sa mort a été effacée de tout les esprits, à part de celle de la personne qui l'a ressuscité, et de la mienne, je suppose parce que le collier m'appartient.

Il ne cilla même pas. C'était quand même sa petite copine Cho, non ?

- Comment a t-elle trouvé le collier ?

Ah, voilà la partie où j'expliquais à quel point j'avais foiré.

Ma préférée.

- Il se trouve que... Que j'ai perdu le collier, pendant très longtemps, elle a dû le trouver.

Et il me manquait toujours une grosse partie de l'histoire. Et quelque chose me disait que c'était pas tout rose.

Je frissonnai.

Ça ne me disait rien de bon.

Harry me regarda droit dans les yeux, et je ne sus quoi dire.

C'était quoi son problème ?

- Je pense que je devrais m'excuser, avoua-t-il.

Hein ?

- Désolé, Fiona, de t'avoir harcelé, j'ai été obsédé par mes parents, par le fait de les revoir, mais... Je ne sais pas, je pense qu'il ne vaut mieux pas perturber le passé, on a déjà assez de travail pour le futur. Peut être qu'un jour, je reviendrais te voir, peut être que quand tout ça sera fini, je toquerais à ta porte, et je te demanderai le collier. Et peut être que ce jour là, tu l'auras encore perdu.

Je souris.

Si, si je vous assure, je souris, un vrai sourire.

Parce que ça voulait dire qu'on était devenu des amis, et que c'était fini, les chamailleries inutiles, les fuites, et les sorts à esquiver dans les couloirs.

C'était fini, définitivement.

Et un problème de moins sur ma liste.

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