Chapitre 22
Je soupirai profondément. Il n'avait pas le droit. Rusard n'avait pas le droit.
Déjà, j'en avais pour trois semaines de retenue. Et en plus je devais passer une de ces semaines avec Grog. Et tout ça pour quoi, une sortie après le couvre feu et une mini course poursuite ? C'était exagéré tout de même.
C'était bien trop.
Je ne savais pas si j'allais tenir.
En fait si je savais. Je n'allais pas tenir. J'allais me suicider au bout de trois jours. Moi qui craignais tant de mourir, j'allais finir par en être la responsable.
- Bon tu m'aides ou pas ? Grogna Gargamel.
Je levai les yeux au ciel. On avait déjà passé deux heures ensemble hier. Deux heures où on avait plus ou moins réussi à s'ignorer, en nettoyant chacun d'un côté les nombreux vases et autres de la salle des trophées. Sans baguette bien sûr.
Mais cette fois ci, je m'ennuyai.
J'avais déjà tenu deux heures. Maintenant il me fallait une distraction, un truc plus intéressant à faire.
Et il se trouvait qu'embêter Gargouille était la distraction parfaite.
J'avais commencé par ne rien faire, l'observant frotter scrupuleusement un trophée avec son chiffon sale. Visiblement, il n'était pas très vif. Cela lui avait pris dix minutes pour se rendre compte que les traces noires mystérieuses qui apparaissaient sur le métal provenaient en fait de son chiffon.
Mais bon, ne rien faire pour le faire chier, c'était un peu léger. Un peu insuffisant de ma part.
Donc, alors qu'il me tournait le dos après avoir constaté que je n'allais pas lui répondre, je lui lançai mon chiffon mouillé a l'arrière de la tête.
Il atterrit avec un bruit de splosh. Ses épaules se contractèrent alors que le liquide faisait lentement son chemin le long de son dos.
Je laissai échapper un petit rire.
Il se tourna vers moi. Ses yeux lançaient des éclairs.
- T'es fâché ? Demandai-je.
Ses poings se crispèrent et il avança d'un pas. Il était tout rouge.
- C'est quoi ton problème ? Me demanda-t-il.
J'haussai des épaules.
- Je m'ennuie.
- Et bah ennuie toi toute seule, grogna-t-il en attrapant mon chiffon pour le lancer par terre, avant de me tourner le dos et continuer son avancée.
Je sautai du rebord de mur sur lequel j'étais assise pour rattraper Gloups en trottinant.
Il m'envoya un regard noir mais ne fit rien de plus.
Je le pensais plus colérique que ça.
Il fallait que je pousse les choses.
- Bon dis moi tout, ton parcours de vie tout ça tout ça.
Il m'envoya un regard en biais mais ne répondit pas. Je le pris personnellement. Je me savais insupportable.
- Une enfance douloureuse ?
Pas plus de réponse que ça.
- Des parents violents ?
Silence.
- Une famille qui te pèse dessus ?
Sa paupière tressauta. Je m'engouffrai dans la brèche.
- Un honneur à garder intact peut être ?
Rien.
- Un entourage qui ne te convient pas ?
Il m'envoya un rapide coup d'œil.
Un sourire se dessina sur mon visage.
- Tu as l'impression que tu vas exploser ?
Il fut très rapide. Il m'attrapa par le col de ma chemise, et vint me plaquer violemment contre une vitrine qui trembla sous le choc. Mes pieds raclaient le sol. Il avait de la force.
- Tu ne me connais pas, siffla-t-il entre ses dents.
J'haussai un sourcil.
- On dirait que si.
- Non, pas du tout. Arrête de supposer des trucs sur moi.
Je me relaxai un peu contre la vitre, prenant une position plus confortable.
- Et pourtant, j'ai raison, non ? Tes amis te prennent pour un imbécile, tes parents ne t'accordent aucune attention, les gens autour de toi t'appelle le gorille de Malefoy.
Sa prise se relâcha sur mon col.
J'avais juste. Je savais que j'avais juste.
On lisait en lui comme dans un livre ouvert. Et j'étais très intelligente.
Mais bon. J'espérai qu'il n'allait pas me casser la gueule.
Mais, étonnamment. Il ne fit rien. Passé le moment de colère. Il me lâcha complètement et continua son chemin.
Je devais l'accorder. Il était bon.
Mais je l'étais encore plus. Normalement.
En essayant de faire le moins de bruit possible, j'ouvrais une vitrine et saisit une médaille qui trainait là. Je lui lançai à l'arrière de la tête. Le tir était parfait. Un trois points.
Giselle s'arrêta dans son mouvement. Il se frotta la tête puis continua de nettoyer la vitre.
Mais c'était pas possible !
Je pris une autre médaille. La lançai encore.
Il l'attrapa en plein vol.
Et puis il se tourna vers moi, l'air neutre.
Il me faisait peur.
J'avalai ma salive. Il s'avança vers moi très lentement et je restai figée. Je n'osai pas bouger.
Le voir aussi calme m'effrayait. Je préférais quand il me criait dessus.
Une fois à mon niveau, un tout petit mini sourire se dessina sur son visage. Un sourire froid. Inquiétant.
Il leva la main. Je fermai les yeux.
Il allait me tuer.
Je n'aurais jamais dû l'énerver. Je suis une imbecile.
Au revoir papa. Au revoir maman. Au revoir Hermione.
Je sentis un truc froid dans ma main.
Une mitraillette ?
J'ouvris un seul œil de peur que le truc m'explose la main.
La médaille. C'était la médaille.
Je levai la tête vers lui. Et puis je la vis. La rage qui tournoyait dans son regard. La tempête qui faisait rage dans ses pupilles, qui menaçait de tout détruire.
Il se contrôlait.
Il me tapota l'épaule. Tout doucement.
- Sale gosse, souffla-t-il.
Et puis il me dépassa, pris son chiffon et se remit à nettoyer.
Ma respiration repris son cours normal. J'avalai bruyamment ma salive. Il me faisait peur. Il me terrifiait.
Je l'embêterai à nouveau demain.
|=|
On avait passé le reste de la colle dans un silence profond. Goyle à nettoyer les trophées avec son chiffon toujours sales et moi me faisant horriblement chier mais n'osant pas plus que ça continuer a l'embêter pour me distraire.
Dès que Rusard était venu nous délivrer, j'étais presque partie en courant, me hâtant vers la salle sur demande. Je passai une première fois devant la tapisserie puis une deuxième puis une troisième. La porte se révéla et je la poussais sans plus attendre.
Je slalomai entre les élèves pour rejoindre ma place au fond, contre Neville.
- On t'attendait ! Me cria Potter en m'envoyant un regard noir.
- Heureusement !
Et puis la séance commença.
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