Onyx faisait les cents pas dans sa chambre de façon frénétique. Il était tard, dehors les éclairages semi-magiques de la ville étaient déjà allumés et coloraient les rues de lumières multicolores. Un contraste très violent avec la noirceur des pensées qui tourmentaient le brun.

Il n'avait pas eu l'occasion de se réunir de nouveau avec Sélène et Belladonnie et ils s'étaient quittés sur la douloureuse constatation que réussir à s'emparer de la Venturine allait être bien plus compliqué que prévu. Ce n'était pas faute d'y avoir réfléchit, le mage noir n'avait eu de cesse d'inventer plan sur plan mais tous s'étaient conclu par un abandon. Trop risqué, pas assez de temps, trop d'éléments aléatoires... Aucune de ses idées ne lui avait permis de créer un stratagème qui garantissait une réussite où ils finiraient tous les trois en vie.

Il se laissa tomber sur la chaise de son bureau et posa son front dans sa main. Comment est-ce qu'il pouvait seulement espérer rivaliser contre Kélénia qui avait placé ses pions depuis des années ? Cette femme avait toutes les pièces en main et la seule chose qui l'avait tenu en sécurité depuis toutes ses années avait été sa capacité étonnante à survivre.

Le fait que la Venturine soit aussi dangereuse a utilisé dans un environnement comme le palais avait certainement dû jouer en sa faveur. Mais il avait aussi conscience que rares étaient ceux qui auraient pu survivre à autant de tentatives d'assassinat.

Il poussait un grognement de frustration quand plusieurs coups furent toqués contre sa porte. Onyx se redressa en haussant un sourcil. Pour quelle raison quelqu'un viendrait le chercher aussi tard dans la soirée ? Le prince se leva et ouvrit la porte de ses appartements pour se retrouver face à un serviteur visiblement pas très à l'aise.

- "Votre père, le Roi, tenait à vous faire savoir que les troupes parties pour Ikyo sont rentrées !" le prévient-il en jetant des regards vers la fenêtre qui donnait sur l'entrée principale du palais.

Le brun mit un moment à comprendre de quoi le serviteur parlait. Il regarda un instant dans la même direction que celui-ci avant de comprendre et de s'élancer vers la baie vitrée avec un juron. Il ouvrit en grand les rideaux et écarquilla les yeux face au spectacle qui avait lieu dans la cour du palais.

Encadrés par plusieurs dizaines de soldats, une longue file de mercenaires enchaînés était en train de rentrer dans le palais, certainement en direction de la prison royale. Les soldats de son père les avaient trouvés avant l'équipe de Sulian...

C'était à la fois la pire et la meilleure de situation possible. La pire parce que son règne, dont il ne voulait pas, allait vraiment commencer avec un massacre mais aussi la meilleure parce que Crystal était très certainement parmi les mercenaires qui venaient d'arriver. Il fallait qu'il lui parle. Sa sœur avait réussi à esquiver une exécution publique, si il y avait bien quelqu'un qui savait se sortir des situations impossibles, c'était elle.

D'un geste rapide, il attrapa sa veste de costume et l'enfila par-dessus sa chemise. Il ajusta sa cravate et lissa un pli de sa tenue, presque machinalement pour essayer de soulager son stress. Il prit une grande inspiration et quitta enfin ses appartements. Il n'avait pas le temps de prévenir Belladonnie et Sélène devait déjà être au courant. Les rumeurs allaient vite parmi les serviteurs.

Il fallut plusieurs minutes à Onyx pour rejoindre l'endroit où les mercenaires étaient retenus prisonniers. Il arriva juste à temps pour voir Vasen, le commandant des armées royales sous les ordres du Roi, sortir des cachots en claquant la porte derrière lui.

Les deux hommes se firent face, le regard fixe, le buste droit. Onyx savait que le soldat et lui ne partageaient pas les mêmes opinions sur les mercenaires. Là où lui les voyaient comme parfois gênant mais aussi très pratiques dans beaucoup de cas, le mage devant lui n'éprouvait que haine et dégoût à leur insu.

- "J'aimerais entrer, grinça le mage noir. Si vous pouviez vous pousser de mon chemin."

Le soldat serra les dents avant de finalement se décaler, rouvrant la porte pour le prince. Les deux se frolèrent sans un regard de plus et Onyx entra enfin dans les cachots.

Il grimaça instantanément face aux gémissements de douleurs, de deuil et de désespoir qui s'élevaient entre les murs de pierre. Son regard trancha les ténèbres et il le regretta immédiatement. Serrés les uns contre les autres, souvent couverts de sang ou salement amochés, les gens qu'il avait en face de lui n'étaient pas des combattants. Enchaînés comme des criminels, c'étaient des vieillards, des enfants et leurs parents qu'il avait en face de lui. La bile lui monta à la gorge et il dut se retenir de montrer tout signe de faiblesse.

Déterminé à trouver sa sœur, il parcourut les allées, ses yeux cherchant avec ferveur n'importe quelle chevelure blanche. Mais plus les minutes passaient, plus il se rendait compte avec incompréhension qu'il n'y avait pas le moindre albinos enfermé avec les mercenaires. Alors il fit un deuxième tour, détaillant le visage de tous les mages noirs en essayant de se rappeler de celui qui accompagnait Crystal dix ans auparavant, sans grand espoir.

A son troisième passage, il s'apprêtait à laisser tomber quand une chevelure plus claire que les autres attira son regard. C'était une enfant, blottie contre le flanc d'une mage invisible qui tenait, collé contre elle, un nourrisson à la tignasse rousse. La petite avait l'air tout bonnement terrifiée et ses petites mains tiraient sur les pans de ses vêtements déchirés pour essayer de se protéger du froid.

Il eut envie de vomir. Au vue des bleus qui ornaient le haut de ses bras, les soldats l'avaient traité comme tous les autres, sans la moindre considération pour son âge. Il refusait de faire partie de cet engrenage.

Doucement il s'accroupit face à la cellule où les trois étaient retenus et il essaya de capter le regard de la fillette. Leurs yeux charbons se croisèrent et Onyx manqua de s'étrangler. Il avait déjà vu ce regard... Alors il inspecta l'enfant plus attentivement et chaque seconde qui passait le faisait respirer un peu plus fort. C'était impossible...

Il releva les yeux vers la jeune mage qui l'accompagnait et cette dernière sera un peu plus les enfants contre elle avant de relever le menton pour se donner l'air brave. Elle ancra son regard dans le sien et d'une voix qui ne tressaillit presque pas, elle le mit en garde.

- "Vous n'avez aucune idée de ce que vous avez engendré... Elh va venir la chercher et je peux vous jurer, que rien ne pourra l'arrêter."

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Toujours plus de DRAMAAAAA ! X)

La confrontation finale approche à grand pas et la fin du tome aussi ! J'ai tellement hate de conclure "Noir de Jais" pour enfin pouvoir écrire la vraie histoire, celle qui m'a autant motivée à écrire deux tomes entiers rien que pour placer le décor et introduire les problématiques X)

Je vous préviens, vous n'êtes pas prêt pour l'acte final de Monochrome !

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