Réincarnation
La nuit était tombée depuis déjà une paire d'heures mais dans le petit appartement de la bleutée, tout le monde était encore plus ou moins éveillé.
Tikki était allongée sur le coussin de sa porteuse, se reposant, sans pensée particulière tandis que Marinette avait son attention portée sur sa machine à coudre.
Tout aurait pu bien se passer, tout aurait pu être normal, tout aurait pu être comme la plus calme des soirées.
Mais ce ne fut pas le cas.
Tikki commença à s'illuminer sans raison.
Ses taches noires disparaissaient presque tellement l'éclat rougeâtre était puissant.
Cela n'avait duré qu'un instant, qu'un bref instant.
Mais ça avait ébloui la jeune styliste, l'aveuglant presque. Elle s'était empressé de réveiller Tikki qui n'avait rien senti, lorsque cette dernière eut pris connaissance des faits, elle s'affola sans raison.
– Il faut tout de suite aller voir le gardien, c'est une urgence Marinette, s'écria le kwami affolé.
Jamais la bleutée n'avait vu Tikki dans un tel état de stress, jamais elle ne l'avait vue aussi affolée, jamais comme ça. Sans réfléchir elle hocha la tête, enfila son manteau et son écharpe et descendit. Malgré l'obscurité de la nuit, les rues de Paris n'étaient pas vides, il restait quelques personnes – assez rares faut le dire – qui se trouvaient encore dehors.
Marinette marcha un bon moment avant d'arriver devant la porte en bois du vieil homme. Elle n'eut pas besoin de tendre l'oreille pour entendre son coéquipier discuter avec le Maître. Sans plus réfléchir, elle frappa deux coups sec et après avoir eu l'autorisation d'entrer, elle ouvrit la porte. Contre toute attente, le gardien se trouvait seul dans la pièce, l'accueillant avec un sourire ridé.
– Entre Ladybug, Chat Noir est à côté, tu as sans doute le même problème que lui, l'accueillit-il.
Suite à ces mots, Tikki sortit du sac de sa porteuse pour se mettre devant le Maître. Elle semblait toujours autant affolée, inquiétant encore plus Marinette.
– Qu'est ce qu'il se passe ? demanda-t-elle en regardant successivement sa kwami et le gardien.
Ce dernier soupira longuement avant de lancer un regard triste à la petite coccinelle. Il se leva et se dirigea vers une bibliothèque située dans la pièce voisine pour en revenir quelques secondes plus tard un livre à la main.
– Tu ne t'es jamais demandé pourquoi les miraculous restaient tout le temps dans la boîte et n'étaient attribués qu'au moment ou l'on en avait vraiment besoin ? demanda finalement le vieil homme en s'asseyant en tailleur face à sa tasse de thé.
Marinette plissa les yeux un instant avant de répondre dans la plus grande ignorance.
– Pour éviter qu'ils ne tombent entre de mauvaises mains, chuchota-t-elle hésitante.
Tikki secoua la tête négativement mais n'osait rien dire, pour une raison encore inconnue à la porteuse.
– Les miraculous sont très anciens comme tu le sais déjà, seulement, ils ont un défaut qui n'est pas des moindres. Les kwamis en activité accumulent de l'énergie magique, la même qui vous sert à vous transformer ainsi qu'à invoquer vos pouvoirs. Mais cette énergie devient trop importante au bout d'un certain temps, donnant ainsi des reflux d'énergie comme ce qu'ont eu Tikki et Plagg. Et lorsque le corps du kwami a accumulé trop de cette énergie il devient trop dangereux pour que les porteurs puissent se transformer, la seule solution étant ce que l'on appelle la réincarnation corporelle. Les kwamis doivent boire un mélange fait à partir de la recette du grand livre, ce qui leur permettra de changer de corps tout en gardant le même aspect physique, expliqua longuement le Maître.
Marinette papillonna des yeux. Trop d'informations d'un seul coup. Comment était-ce possible ? Trop de questions se bousculaient dans sa tête. Elle ouvrit la bouche pour parler mais aucun son ne sortait. La jeune femme qu'elle est devenue posa sa tête entre ses mains, essayant désespérément d'intégrer les informations fournies.
– Et c-comment on fait ce mélange ? Celui pour les pouvoirs avait déjà été une torture à faire, articula-t-elle au bout d'un moment de silence.
Le grand gardien et le kwami de la création se regardèrent un instant avant de reporter leur attention sur la Franco-Chinoise.
– J'ai déjà tous les ingrédients ici, j'ai déjà réussi à décrypter la recette, répondit le maître.
Marinette eut un soulagement l'espace d'un instant. Le gardien reprit alors.
– Seulement il me faut deux jours pour la préparer si l'on veut que tout soit respecté mais j'ai bien peur de ne pas avoir assez de temps, finit-il, provoquant une sueur froide dans le dos de la bleutée.
Le cerveau de la jeune femme commença à réfléchir aux conséquences. En effet, ils n'avaient pas assez de temps. D'un moment à un autre le Papillon pouvait lancer une attaque, mettre les Parisiens en danger. Hors de question. Ils devaient trouver une autre solution.
– Je peux réussir à faire le mélange en une journée au minimum mais ça comporte des risques, j'ai bien peur de devoir les prendre, compléta le gardien.
À ces mots la jeune fille hocha la tête, ils devaient faire ça, ils n'avaient pas d'autre option. La bleutée rentra chez elle, seule, sans Tikki qui devait rester chez le maître.
Marinette passa une nuit des plus mouvementées, elle s'inquiétait. Et si le gardien n'arrivait pas à faire le mélange avant ? Et si le Papillon attaquait ? C'est à grands bols de café que la styliste survécut à sa journée de travail.
Une journée longue, angoissante, stressante.
Lorsque le soir arriva enfin elle se rendit chez le maître. Elle frappa à la porte et entra. Elle vit les deux kwamis allongés au sol les yeux fermés comme mort.
Elle accourut vers eux mais fut retenue par la main du gardien. Les larmes commençaient à lui monter aux yeux. Étaient-ils... Morts ? Dans une sorte de coma ?
Le vieil homme la prit à part et la fit s'asseoir, elle devait savoir après tout, c'était son kwami, au moins pour ce siècle.
– Calme-toi Marinette, c'est normal, ils doivent passer par ce stade d'inconscience pour se réincarner, on saura assez vite si ça a marché ou non, expliqua-t-il tandis que la bleutée séchait les quelques larmes qui avaient commencé à descendre le long de ses joues.
Suite à ces mots, les deux adultes virent une lumière jaune vif illuminer la pièce adjacente. Ils se levèrent et se dirigèrent presque en courant au chevet des deux êtres.
– Nous revoilà, déclara Tikki en se collant à la joue de sa porteuse.
Le maître avait réussi. Ils étaient sauvés, au moins pour cette fois...
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