Chapitre 5
L'air frais du matin était imprégné de l'odeur des épices et du chocolat chaud tandis que je marchais aux côtés de M. Jenkins, le vieux majordome de M. Thomas de Noël, en direction du marché de Noël. La ville s'animait, chaque coin de rue s'illuminant d'une chaleur festive. Les étals en bois, décorés de guirlandes et de lumières, proposaient toutes sortes de merveilles : des jouets en bois, des décorations faites main, des sucreries aux couleurs vives.
Je regardais autour de moi avec émerveillement, mon cœur battant au rythme des rires et des chants de Noël qui s'élevaient dans l'air. J'aimais cette période de l'année, où l'espoir et la joie semblaient infuser chaque moment. M. Jenkins, d'un pas lent mais assuré, me montrait les différents stands, sa voix grave résonnant avec une chaleur familière.
— Regardez ces petites marionnettes, mademoiselle , dit-il en désignant un stand où des artisans présentaient des jouets colorés. Elles seraient parfaites pour les enfants de la ville.
Un sourire se dessina sur mes lèvres, ma nostalgie me poussant à me souvenir des Noëls passés, des rires des enfants et de l'excitation qui régnait autour du sapin. Je me tournais vers M. Jenkins, qui fouillait dans son manteau, et en sortit un petit carnet usé.
— J'ai dressé une liste des enfants cette année , expliqua-t-il avec un sourire bienveillant. Je pense qu'il est important que chaque enfant reçoive un cadeau.
Mon cœur se gonfla d'émotion en voyant la sincérité dans les yeux du vieux majordome. Sa générosité était touchante. Il consacrait tant de temps et d'efforts à faire plaisir aux enfants de la ville, même si cela ne lui rapportait rien en retour. Je ne pouvais m'empêcher de l'admirer.
— Que diriez-vous de choisir quelque chose pour chacun d'eux ? proposai-je, excitée par l'idée. Nous pourrions passer la journée à choisir des cadeaux !
Les yeux de M. Jenkins brillèrent d'un éclat juvénile.
— Oh, mademoiselle, quelle merveilleuse idée ! Je suis certain qu'ils apprécieront votre attention.
Nous passâmes alors de stand en stand, M. Jenkins m'encourageant à choisir des jouets qui pourraient amener des sourires sur les visages des enfants. Nous prîmes le temps de discuter avec les artisans, apprenant l'histoire de chaque objet, des peluches douces aux casse-têtes en bois, tous faits avec amour.
— Celui-ci est particulièrement spécial , dit M. Jenkins en montrant une petite boîte ornée de motifs étoilés. C'est un coffre à trésors. Je me souviens d'en avoir eu un quand j'étais jeune. J'y cachais mes plus précieux souvenirs.
Je le regardai, mon cœur réchauffé par cette confession.
— Nous devrions en prendre un pour le petit Oliver. Il adorerait y mettre ses coquillages et ses pierres.
Au fil de la journée, nous remplissons nos sacs de cadeaux, chacun plus mignon que le précédent. Je ressentais une joie profonde, alimentée par l'esprit de partage qui flottait autour de nous.
À la fin de notre excursion, nous nous dirigeâmes vers un café où une douce chaleur nous enveloppa. Nous demandâmes du chocolat chaud et des biscuits au gingembre, discutant de nos trouvailles.
— Vous savez, mademoiselle , commença M. Jenkins, sa voix empreinte de nostalgie, « il n'y a rien de plus précieux que le bonheur d'un enfant. C'est un trésor inestimable.
J'hochai la tête, touchée par sa sagesse.
— Vous avez raison. Offrir un cadeau, c'est aussi offrir un peu de bonheur.
Alors que nous sirotons notre chocolat, j'observai les flocons de neige tomber à l'extérieur, créant un paysage féerique. Je me sentis pleine de gratitude pour ce moment partagé, cette complicité avec M. Jenkins, qui m'avait révélé la beauté de la générosité désintéressée.
La journée se termina sur une note douce, mais au fond de moi, une mélodie persistante résonnait : celle de l'esprit de Noël, un écho de chaleur et de joie qui, je le savais, continuerait à briller dans mon cœur bien après que les décorations auraient été rangées.
Alors que nous quittions le café, M. Jenkins et moi traversâmes à nouveau les ruelles illuminées, les bras chargés de paquets soigneusement emballés, des rubans rouges et dorés scintillant sous les guirlandes suspendues. Chaque paquet semblait contenir bien plus qu'un simple cadeau; ils étaient remplis de souvenirs et d'espoirs pour les enfants de la ville.
Au moment de prendre congé, je me tournai vers M. Jenkins. Son visage, ridé par les années mais empreint de bienveillance, me souriait avec cette chaleur qui semblait pouvoir réchauffer le cœur le plus froid.
— Merci pour cette journée, murmurai-je, sincèrement reconnaissante. Vous m'avez rappelé l'importance de donner sans attendre en retour.
Il posa une main douce sur mon épaule, son regard brillant d'une sagesse infinie.
— N'oubliez jamais, mademoiselle Evelyn, que ce sont les petites attentions qui font les plus grandes différences. Un sourire, une écoute, un geste de bonté... ce sont eux qui illuminent réellement la vie des autres.
Je repartis, le cœur empli d'une douce paix, et me promis de garder précieusement cette leçon. Le marché de Noël ne m'avait pas seulement offert de quoi remplir les chaussons des enfants; il m'avait également rappelé la beauté d'une main tendue, du partage, de l'amour. Et en marchant vers la maison, je sentais déjà l'anticipation de voir les yeux des enfants briller en déballant leurs cadeaux.
Oui, cette année, Noël avait un goût particulier, celui de l'altruisme et de la bienveillance, et j'étais impatiente de perpétuer cette tradition, inspirée par le cœur généreux de M. Jenkins.
Les jours qui suivirent furent remplis d'effervescence. Je passai mon temps à envelopper les cadeaux avec soin, ajoutant des petites cartes pour chaque enfant, écrites avec quelques mots doux. M. Jenkins, toujours attentif, s'assure que tout soit parfait, ajustant les rubans ici, remplaçant un papier froissé là-bas. Chaque détail comptait pour lui, et je voyais dans ses gestes l'amour et le dévouement qu'il portait pour les enfants de la ville.
La veille de Noël, nous nous retrouvâmes au grand salon, devant l'immense sapin que M. Thomas avait fait installer pour l'occasion. Ses branches, décorées de guirlandes scintillantes et de boules colorées, illuminent la pièce d'une douce lumière. Un feu crépitait dans la cheminée, et l'air était parfumé de cannelle et de sapin. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en imaginant la réaction des enfants le lendemain.
— Mademoiselle Evelyn, dit M. Jenkins en arrangeant un dernier cadeau sous le sapin, j'ai rarement vu quelqu'un s'investir avec autant de cœur que vous.
Je rougis légèrement, surprise par ses mots.
— C'est grâce à vous, M. Jenkins. Vous m'avez montré l'importance de donner. Vous m'avez rappelé que Noël, c'est bien plus que des cadeaux; c'est le bonheur que l'on partage avec ceux qu'on aime, et même avec ceux que l'on ne connaît pas.
Il me sourit, ses yeux brillants d'une tendresse que je n'oublierai jamais.
Le lendemain, l'air était glacé et la neige tombait en gros flocons, recouvrant la ville d'un épais manteau blanc. Noël approchait, et je pouvais sentir l'excitation dans l'air tandis que M. Jenkins et moi nous préparions à distribuer les cadeaux. Nous avions emballé chaque présent avec soin, les étiquettes portant le nom de chaque enfant inscrites d'une main soignée. M. Jenkins avait même ajouté de petits rubans dorés pour ajouter une touche festive.
Nous avions prévu de livrer les cadeaux en fin d'après-midi, quand les enfants seraient tous rassemblés près de la grande place, où le sapin de Noël géant, couvert de guirlandes et de boules colorées, dominait la scène. M. Thomas avait fait installer une estrade pour l'occasion, et je pouvais déjà imaginer les rires et l'émerveillement des enfants à la vue de cette montagne de paquets.
Lorsque nous arrivâmes sur la place, les visages s'illuminèrent autour de nous. Les parents tenaient la main de leurs enfants, chacun habillé de ses plus beaux habits d'hiver, emmitouflés dans des écharpes en laine et des bonnets moelleux. Un frisson d'anticipation me parcourut alors que M. Jenkins prenait la parole d'une voix réconfortante.
— Mes chers amis, dit-il, s'adressant à la foule avec un sourire tendre. Aujourd'hui, nous avons un petit présent pour chaque enfant, grâce à la générosité de M. Thomas et de sa fidèle équipe.
Les enfants poussèrent des exclamations de joie, certains sautillant sur place, leurs yeux pétillants de bonheur. Je pris place à ses côtés, distribuant les paquets un par un, prenant soin d'échanger quelques mots avec chaque enfant. Il y avait des sourires timides, des éclats de rire, et même quelques regards émerveillés qui me rappelaient combien cette période de l'année pouvait être magique.
Puis, Oliver s'avança. Je lui ai remis le petit coffre à trésors que M. Jenkins et moi avions choisi pour lui. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'il ouvrit le couvercle pour découvrir le doux velours rouge à l'intérieur.
— C'est pour moi ? demanda-t-il, ses joues rougies par le froid et l'émotion.
Je hochai la tête avec un sourire.
— Oui, Oliver. Pour y ranger tous tes trésors.
Il me fixa un instant, ses yeux brillants, avant de se jeter dans mes bras pour un câlin inattendu et plein de gratitude. Ce moment resta gravé dans ma mémoire, un instant de pure générosité et de bonheur simple.
Lorsque le dernier cadeau fut distribué, je jetai un coup d'œil à M. Jenkins, qui observait la scène avec une lueur émue dans les yeux. Sa mission accomplie, il hocha la tête comme pour signifier que tout cela valait chaque effort, chaque préparation. Dans ce regard, je vis non seulement la satisfaction du devoir accompli, mais aussi la tendresse d'un homme qui, en silence, avait su toucher le cœur de tant de personnes.
Nous nous éloignons ensuite, laissant les familles savourer ces moments de joie ensemble. Je ressentais en moi un mélange de nostalgie et de bonheur, consciente que cette journée restera l'un des souvenirs les plus précieux de ma vie.
Alors que M. Jenkins et moi retournions vers la grande demeure, le bruit des rires et des cris de joie des enfants résonnait derrière nous, enveloppant la place d'une douce mélodie festive. La neige tombait toujours en flocons légers, s'accumulant délicatement sur les toits et les branches, créant une atmosphère irréelle, comme si la ville tout entière était plongée dans un conte de fées.
En arrivant au seuil de la maison, je m'arrêtai un instant, tournant la tête pour observer la scène derrière moi. La grande place illuminée, les familles rassemblées, les enfants découvrant leurs cadeaux sous les lumières du sapin géant... Un sentiment de paix m'envahit, et je réalisai que Noël avait pris une signification nouvelle cette année. Ce n'était pas seulement une fête, mais un instant précieux, un moment où le bonheur de donner surpassait tout le reste.
M. Jenkins, remarquant mon air pensif, posa une main réconfortante sur mon épaule.
— Vous avez apporté bien plus qu'un simple cadeau à ces enfants, mademoiselle Evelyn. Vous leur avez offert un souvenir, quelque chose qu'ils chériront longtemps.
Je lui souris, touchée par ses paroles, et ensemble, nous entrâmes dans la chaleur de la maison. Les dernières lueurs du crépuscule se mêlaient à la lumière douce des guirlandes à l'intérieur, et un sentiment de contentement et d'accomplissement emplissait chaque recoin de mon être.
Cette nuit-là, alors que je m'endormais, le souvenir des rires des enfants et la tendresse du vieux majordome gravèrent en moi une leçon précieuse, une leçon d'amour et de générosité. Et je sus qu'à chaque Noël qui suivrait, je reviendrais toujours ici, auprès de M. Jenkins, pour perpétuer cette tradition d'altruisme et de bonté. Car désormais, Noël représentait pour moi bien plus que des cadeaux et des décorations : c'était une célébration de la chaleur humaine et du bonheur partagé, une lueur d'espoir dans l'obscurité de l'hiver.
En fermant les yeux, un sourire flottant sur mes lèvres, je sus que j'étais prête à transmettre à mon tour ce que M. Jenkins m'avait enseigné.
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