Par la porte de l'Enfer, tu entres dans ma vie
Les méandres de ton âme accrochent ma lumière
Enveloppe donc mon existence comme le lierre
Contre toi, retiens-moi ; sinon, l'atroce agonie !
Mon paradis, ma perte, mon aimée, ma Camille
Enlace-moi, laisse-moi goûter à l'extase
Lorsque tu m'embrasses, mon infernal séraphin
Divin maléfice, auprès de toi je m'embrase
Perdu dans tes bras, je m'égare jusqu'au matin

Les mots s'échappent, les heures s'enfuient, oublions-les
Magnifique marbre que je pétris, avide
Mon influence, ma muse, mon amie, ma Camille
Ma seule inspiration qui rend insipide
Ma glaise délaissée, mon art abandonné

L'or de tes mains reflète le feu de tes cheveux
Je conquiers mais je me soumets à ton baiser
Nos cœurs, nos corps s'emmêlent, avec fureur, je veux
Ton génie, ta folie, tes caresses, mes regrets
Mon Graal, ma faute, mon expiation, ma Camille
Ma dame, en ton sein je bâtis mon Kaamelott
Tu es ma nuit, mon repos, ma vieillesse, tout mon être
Pour toi, ce château de cartes aux tours si hautes
Si éblouissantes avant de disparaître

À vie, on t'a enfermée dans une forteresse
Mon épave, ma détresse, mon exaltée Camille
Mon élève parfaite, ma malheureuse maîtresse
Absous celui qui perd son étoile, sa Camille

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30/10/2021

Gagnant du Marathon poétique, thème Les incontournables de l'Amour de @WattpadRomanceFR et @WattpadPoesieFR !

29/08/2021

Ce poème est ma participation au concours « Les incontournables de l'Amour » organisé par @WattpadRomanceFR dans le cadre du Marathon Poétique du profil @WattpadPoesieFR.

Il fallait choisir un couple d'amants existants, dans la littérature ou dans la réalité, et imaginer un poème que l'un(e) pourrait écrire à l'autre. Ici, Auguste Rodin s'adresse à Camille Claudel.

Notes de contexte concernant le poème :

Je fais référence à deux des œuvres sur lesquelles Auguste Rodin et Camille Claudel ont travaillé ensemble : La Porte de l'Enfer et Le Baiser. Je souhaitais aussi faire un jeu de mots Camille/came, mais impossible : il semble que cette expression argotique date des années 1930, bien après la mort de Rodin. Alors, je me suis rabattu sur des références aux chevaliers de la Table Ronde.

Extraits de Wikipédia :

Camille Claudel est née le 08/12/1864, morte le 19/10/1943. Son art de la sculpture s'apparente à l'art nouveau par son utilisation savante des courbes et des méandres. Sa carrière est météorique, brisée par un internement psychiatrique forcé, à partir de 1913 jusqu'à sa mort dans l'indigence.

Auguste Rodin est né le 12/11/1840, mort le 17/11/1917. L'art de la sculpture de Rodin est modelé par la lutte entre la forme et la lumière. La virilité de l'artiste est au centre d'une expression plastique de la sensualité, de l'érotisme, mais aussi de la douleur.

Ils se rencontrent en 1882 et commencent rapidement une passion amoureuse durant une dizaine d'années, mais Rodin vit depuis plus de deux décennies avec sa compagne, son ancien modèle Rose Beuret, qu'il ne voudra jamais quitter et qu'il épousera quelques mois avant sa mort.

Bouleversé par l'internement de Claudel, Rodin tente de faire en sorte d'améliorer son sort, sans grand succès. Après avoir consacré en 1914 une salle à l'œuvre de Camille Claudel dans l'hôtel Biron, il meurt en novembre 1917.

Extrait d'une lettre de 1886, de Rodin à Claudel :

« Je n'en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l'atroce folie. C'est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t'aime avec fureur. Ma Camille, sois assurée que je n'ai aucune femme en amitié, et toute mon âme t'appartient. »

Concernant le vers qui commence par « L'or de tes mains » :

Je me suis inspiré du fait que Claudel avait les cheveux auburn et qu'à ceux qui critiquaient la trop grande influence de Rodin sur l'œuvre de son élève, il avait répondu : « Je lui ai montré où trouver de l'or, mais l'or qu'elle trouve est bien à elle.