Chapitre 3 : Expérience de mort imminente
Il n'est jamais évident de trouver son chemin dans un endroit que l'on vient à peine de rencontrer. Alors s'il vous plaît, imaginez seulement comment vais-je galérer afin de pouvoir me retrouver dans ce château où sont situés des couloirs et des escaliers à chaque recoin ?
Je tentai le tout pour le tout et pris à droite, puis empruntai un escalier recouvert d'un vieux tapis rouge. De cette façon, je ne fis pas de bruit, voulant rester discrète.
Les escaliers s'entassaient et mes jambes se firent lourdes. Mes pieds me faisaient mal, mais je redoublai d'effort malgré tout. Enfin, j'arrivai sur le palier et m'appuyai de fatigue contre la rambarde. Mon dieu mais qu'avaient-ils avec les marches ?
Je déambulais encore pendant une dizaine de minutes avant de me rendre à l'évidence : jamais je ne me retrouverai dans cette galerie. De plus, je vis au dessus de moi que le soleil allait se coucher et que celui-ci allait dans peu de temps laisser place à la Lune.
⁃ Tu lui manques, repris la voix d'homme.
Je rageais. Qui était-il ? Et manquer à qui ?
Je décidai de redescendre les escaliers et de trouver une autre issue.
La noirceur de la nuit aurait dû m'empêcher d'y voir plus clair, mais au contraire, je n'y voyais que plus. Mes yeux s'adaptèrent parfaitement à l'obscurité dominante et je pus ainsi ne pas me perdre encore plus que je ne l'étais déjà.
Arrivée en bas, je m'accroupis, désespérée.
⁃ Je me ferai dévorer par un vampire ou une autre créature encore plus bizarre dans quelques minutes. Au moins, je n'aurais plus à arpenter les sinistres couloirs.
Je me mis en position fœtale, les jambes repliées et la tête entre les genoux, cachant ce monde de mes yeux. Dans ce moment de détresse, je fis l'inventaire de cette terrifiante journée.
J'étais arrivée sans rien dans ce château où regorgeait créatures étranges et redoutables, et avais fait la connaissance brève d'une femme rousse qui m'avait dit qu'elle ne m'abandonnerait pas, ou quelque chose dans le genre. Puis j'avais connu l'infirmière, et l'avais blessée d'une manière que j'ignore. J'avais "juste" cassé sa main, mais des brûlures de nature inconnues s'étaient étendues sur tout ses bras. Ensuite j'avais vu un garçon à un étrange signe, qui correspondait en réalité à des créatures immondes ayant mal tournés et serait devenu des Gardiens du mal, puis celui-ci était mort devant mes yeux.
Sacrée journée, pour tout dire.
Je détestais cette sensation de vide qui s'emparait de moi lorsque j'étais dans le bâtiment. Aucun élève n'arpentait les couloirs, et j'étais donc seule dans le dédale. J'étais d'un côté plutôt rassurée de ne pas rencontrer les créatures mais de l'autre effrayée de rester seule.
N'ayant rien d'autre à faire, puisque se retrouver semblait être l'impossible, je réfléchis à une question qui trottait dans mon esprit. Je m'étais déjà demandée comment étais-je arrivée là, mais jamais pourquoi. Et si j'étais une sorte de monstre ? Et si j'étais moi aussi l'une des trois espèces ? Un frisson parcouru mon dos à cette idée.
Les émotions se bousculaient dans mon esprit. D'abord la peur, puis la colère et enfin la tristesse. J'étais certaine que quelqu'un savait qui j'étais. Rester juste à lui tirer des réponses. << Et à le trouver dans le monde immense où je me trouve>>, ajouta ma pensée. Sans prendre garde, une larme se forma au coin de mon œil.
⁃ Ne pense pas cela. Je t'assure que tout est mieux comme cela. Quelques fois, il vaut mieux ne pas savoir ce que l'on a fait auparavant, reprit l'homme.
C'en était trop. D'abord, il s'incrustait dans ma misérable existence et il se permettait de me faire des leçons de morale ?
⁃ Dites-moi qui je suis, si vous savez tout comme vous en avez l'air !
Je cru entendre son hoquet de surprise. Le fait que je parvienne à lui répondre l'avait autant étonné que moi.
⁃ Peut-être que vous, cela ne vous fait rien qu'une fille comme moi soit perdue au beau milieu de sa vie, mais moi, cela m'anéantit. Alors dites-le moi. Je vous en supplie.
J'avais retrouvé mon ton calme et posé, pensant qu'il répondrait plus à mes questions que si je lui criais dessus, voire l'agressais. Il fallait savoir que ce n'était pas l'envie qui me manquait.
⁃ Non.
⁃ Pourquoi non ?
⁃ Je ne peux pas.
⁃ Vous ne pouvez pas ou vous ne voulez pas ?
⁃ Je ne peux pas car je ne veux pas te perdre une seconde fois.
⁃ Me perdre. Je ne vous connais même pas !
⁃ Bien sûr que si.
Cette histoire devenait de plus en plus bizarre. Et d'ailleurs, comment arrivait-il à s'immiscer dans mon esprit ?
⁃ Alors je trouverai seule.
⁃ Impossible.
⁃ Pourquoi ? demandai-je, de plus en plus énervée.
⁃ Parce que je t'en empêcherai. Jamais tu ne sauras qui tu es. M'as tu compris ? Jamais !
On aurait dit qu'il refoulait les larmes. Son ton était désespéré. Il paraissait prêt à partir aux sanglots.
⁃ Dites moi juste pourquoi, lui dis-je avant d'ajouter : s'il vous plaît.
⁃ A une seule condition.
⁃ Tout ce que vous voudrez.
⁃ Tutoies moi. J'ai l'impression que tu es une inconnue lorsque tu me vouvoies.
J'allais lui rétorquer que j'étais bien une inconnue mais je me retins de justesse.
⁃ Bien.
⁃ Pour la simple et bonne raison que si tu l'apprends, ils le sauront par ton intermédiaire.
⁃ Qui est ce ils ? Réponds moi ! Tu n'imagines pas à quel point tout cela est important pour moi, et à quel point il est difficile pour moi de vivre.
⁃ Il ne sera plus difficile de vivre si je te le dis. Parce que tu ne vivras plus ! Comprends-tu ? Je tiens à toi, et nous sommes liés malgré toi. Alors ne fais pas de bêtise, d'accord ?
Comment osait-il ? Ne pas faire de "bêtise" ? On dirait une mère qui parle à son fils ! Totalement absurde. Et "liés" ? Et puis quoi encore ?
⁃ Je trouverai un moyen de savoir qui je suis. N'importe lequel. Quoi qu'il m'en coûte, homme qui hante mon esprit, je saurai qui je suis et pourquoi je suis née.
Je n'avais aucune idée d'où cette détermination me venait mais ce que je savais, c'est qu'elle me rendait forte. Cet homme ne me dictera plus ce que je dois faire. Je déciderai de ma vie. Si j'ai envie de connaître mon passé, alors je le découvrirai.
⁃ Personne ne m'en empêchera.
Je m'autorisai à relever la tête. Le couloir était toujours aussi obscur et clair à mes yeux et le ciel nocturne s'élevait toujours au dessus de moi. Mes yeux observèrent la Lune. L'homme n'avait pas eu tort lorsqu'il avait dit qu'elle était mon astre préféré. Je la trouvais réellement magnifique et fascinante. Elle avait une façon incompréhensible d'éclairer la nuit sans la rendre aussi lumineuse que le jour. Elle laissait l'obscurité arpenter ses rues, mais en nous laissant une assez grande visibilité pour la guetter.
⁃ J'aurai bien besoin de lumière dans cette obscurité permanente qui rode en moi, murmurai-je.
J'avais une faible envie de me lever et d'entamer mes recherches sur mon passé. Malheurement, la fatigue me prit de court et j'hésitai à tomber dans les limbes de Morphée quelques instants. Mes paupières se fermèrent, mais je les rouvris à contrecœur de suite. Il suffisait qu'un vampire déambule dans le château pour en terminer bien plus tôt que prévu avec la vie.
Dans le silence pesant, un bruit se distingua. J'optai d'abord pour mon imagination mais le son se fit de plus en plus net.
⁃ Des pas, pensai-je.
Effrayée, je descendis les escaliers quatre à quatre et me cachai derrière une porte ouverte, menant à un bureau vide.
La silhouette qui s'approchait paraissait inquiète. Ses yeux balayaient l'espace, cherchant un éventuel ravisseur.
Après avoir inspecté ses arrières, elle s'attaqua à ce qu'il l'attendait à l'avant.
Et ses pupilles se posèrent net sur la porte qui me dissimulait.
Avec une grâce indescriptible, elle descendit les marche. Elle avait une légèreté incroyable lui donnant l'impression de voler.
Derrière cette délicatesse sans limite, le regard de la silhouette disait tout. Elle cherchait quelqu'un, et je l'avais dérangée.
J'entrai en panique dans le bureau. Aucun meuble n'habillait la pièce, donc aucune cachette possible. La baie vitrée était fermée à double tour, et aucune autre porte ne me permettrait de sortir.
Quand je vis la mort s'approcher vers moi, elle portait une capuche et une longue cape. Elle était tout de noir vêtu et ne laissait pas son visage se faire découvrir par la fille que j'étais.
Le bruit de ses pas se rapprochant vers ma mort était un supplice. Je m'imaginais la scène, moi par terre, morte.
Je ne suppliais pas la mort de m'épargner, voulant garder ma dignité. De toute manière, elle allait m'assassiner.
Je fus donc surprise lorsque celle-ci retira sa capuche et dévoila son visage aussi parfait qu'insolent.
Je découvris le garçon qui avait voulu boire mon sang devant moi, prêt à passer à l'acte de ma mort. Ses yeux bleus plein de colère et de haine détruisait sa beauté surnaturelle. Il était méchant et le portait sur lui.
Il s'approcha, lentement, prenant garde à me fixer, et d'un seul coup à une vitesse surprenante et surréaliste, franchit les quelques mètres qui nous séparaient pour venir à moi.
Sa tête se posa lentement sur mon cou et il sortit les crocs de sa fine bouche. Ses dents frôlèrent ma peau quelques instants, puis les planta en un seul coup.
La douleur fut telle que je te tentai l'impossible en repoussant cet homme qui devait faire vingt kilos de plus que moi.
Heureusement, il se retira après avoir bu quelques gorgées. Du dégoût s'affichait sur son visage.
⁃ Flamme avait raison. Ton sang est ignoble et imbuvable.
Blanche comme un linge, je ne répondis rien, encore sous le choc. J'avais eu l'impression que mon cou allait lâcher tant sa morsure avait été insupportable.
Il ne disait rien, mais son regard machiavélique et vicieux parlait pour lui. Si il ne pouvait pas me tuer en me vidant de mon sang, il trouverait un autre moyen.
L'homme tournait autour de moi sans me quitter des yeux. Sa voix me fit frissonner.
⁃ Ici, nous sommes prédateurs, ou nous sommes proies. Ce campus marche comme cela. Et tu en fera bientôt l'expérience.
Le sourire éblouissant qu'il m'adressa cachait sa véritable nature. Il était cruel.
⁃ Mais comme je ne suis pas un horrible prédateur, je vais te laisser le choix. Tu te laisses faire, et je te tuerai vite et rapidement. Tu ne souffriras pas, annonça t-il avant d'ajouter en souriant : ou du moins, pas beaucoup. Ou alors tu décides inutilement de faire ta rebelle et tu mourras dans la souffrance. Que choisis tu ? Tu vois, je ne suis pas si méchant que ça. Quelle chance as-tu eu de tomber sur moi !
Mes yeux cherchèrent une issue. N'importe laquelle. Et la seule que je trouvai ne m'assurait aucune certitude de réussite. Mais au point où j'en étais...
Je me jetai sur lui et lui assénai un coup au visage qui parvint à le faire vaciller. Il parut encore plus furieux qu'il ne l'était déjà.
⁃ Je vois que tu choisis la manière forte.
Il se releva aussi vite et me jeta contre le mur de pierre. Ma tête cogna en pleins dedans. Mais je ne me laissai pas faire. Je me réveillai et l'approchai, l'air de ne pas avoir mal. En réalité, je souffrais énormément.
Il allait me frapper lorsque nous entendîmes des voix à peine audibles. L'homme me prit violemment dans ses bras et posa sa main contre ma bouche pour m'empêcher d'appeler à l'aide.
Plus les voix se rapprochaient, plus l'homme à la cape semblait tendu. Il se raidissait, paraissant apeuré et se grattait la nuque de temps à autre. Sa bouche se crispait, ou sa mâchoire craquait, laissant paraître un étrange bruit qu'il maudissait aussitôt.
Puis les pas se firent entendre et nous parvînmes à distinguer les voix les unes des autres.
Une jeune fille parlait avec un homme de son âge. Il paraissait avoir une discussion très sérieuse.
⁃ Tu ne peux pas tout arrêter comme cela ! plaida la jeune fille.
⁃ Écoute, je n'ai jamais voulu aller sur Tania. Cette planète me fait peur, et tu peux comprendre pourquoi.
Il paraissait triste et apeuré.
⁃ Je sais, je sais, reprit t-elle. Mais il ne reste pas longtemps avant la cérémonie de pleine Lune. Tu pourras voir alors à ce moment là.
⁃ Il sera trop tard. À partir du moment où mon tatouage apparaîtra, je serai destiné à être Gardien. Et personne n'échappe à son destin.
Elle ne répondit rien, visiblement désespérée.
⁃ Écoute, qu'espères-tu en retournant sur Terre ? Tu sais bien que la plupart des humains son éradiqués de là planètes et qu'elle est pratiquement détruite. Mangus et Tania sont nos seuls moyens de survie, R. Si nous nous égarons d'elles, il nous sera impossible de vivre. Et seul Darkus sait ce qui nous attend après la mort.
Elle parut hésiter un instant, puis ajouta :
⁃ En réalité, je préfère ne rien savoir.
⁃ Mais j'aime la Terre.
⁃ Elle n'est plus celle que nous avons connu, R ! Réfléchis seulement quelques instants. Il est impossible de vivre là bas. Seuls les humains ont réussi à développer des protections assez puissantes pour que la vie soit possible, mais pas nous. Je ne veux pas te perdre, Ryan.
Il tressaillit aux derniers mots de la fille. Je fus la seule à remarquer la larme au coin de son œil.
⁃ Moi non plus je ne veux pas te perdre Rose.
Des étoiles scintillèrent dans ses yeux.
⁃ Alors tu ne pars pas ? demanda Rose, plus enthousiaste que jamais.
⁃ Je vais y réfléchir. Tu sais à quel point c'est important pour moi. (Il soupira) Nous verrons.
Les deux adolescents entrèrent dans le bureau sans discrétion apparente. Ils ne nous avait évidemment pas remarqués, sans quoi ils auraient eu bien plus peur que cela.
Je tentai de remuer afin de me libérer de ses bras fermes mais il resserra de plus belle. Jamais je n'en sortirait. Il fallait juste espérer qu'ils me voient.
Pendant ce temps, les deux rigolaient et papotaient l'air de rien au fond de la pièce. Par je ne sais quelle magie, l'homme avait réussi à nous dissimuler derrière un épais rideau qui permettait de voir sans être vu. Il regardait avec des yeux remplis de dégoût les deux adolescents.
⁃ Quels idiots, murmura-t-il.
Rose releva la tête étonnée.
⁃ Tu n'as pas entendu quelque chose ? questionna-t-elle à Ryan.
⁃ Non pourquoi ?
Elle ne répondit pas et se leva pour inspecter la pièce. Ses pieds passaient les uns devant les autres avec une lenteur qui me fit trépigner d'impatience. J'allais sortir !
Elle s'approcha du rideau et bougea la tête de droite à gauche afin de trouver quelqu'un ou quelque chose.
Elle haussa les épaules et repartit vers Ryan.
Non ! Elle n'était pas venue ! Je tentai de me débattre une fois de plus et parvint à donner un coup de coude dans le ventre à mon agresseur. Il se plia en deux et le parquet craqua. Cette fois si, Rose était certaine de la présence d'un intrus. Elle courut et ouvrir le rideau opaque.
Quelle fut sa surprise lorsqu'elle découvrit la nouvelle emprisonnée par un vampire ! Sa main se posa contre sa bouche et ces quelques secondes de trop permirent à l'homme de s'enfuir par la porte.
Je m'écroulai sur le sol de bois, vidée de toutes mes forces, puis tout devint noir.
NDA : Bonjour tout le monde ! J'espère que ce chapitre vous aura plus, n'hésitez pas à me dire si vous ne comprenez pas quelque chose, je vous expliquerez avec plaisir ;)
Bye ♡
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