Chapitre 2 : Une voix venue de nulle part
Mes doigts fins agrippèrent avec une certaine agilité la poignée en bois sombre. De ce fait, la porte glissa avec difficulté sur le parquet, qui, après avoir craqué quelques fois sous le poids de la porte, dévoila à mes yeux la pièce aussi sanglante que claire qu'était l'infirmerie.
Peur, appréhension, voilà ce que ressentait mon esprit multi-émotionnel lorsque j'entrai dans la pièce. Car plus les minutes, les heures défilaient, et plus je m'orientai vers l'idée que j'étais folle, corrompue, et dépourvue de tous sentiments qu'une personne normalement constituée pourrait ressentir.
Des larmes dont je me persuadais l'inexistence se formèrent au coin de mon œil humide. D'un coup d'un revers de main, elle laissèrent place à une joue rouge et irritée par le frottement.
La mort dans l'âme, j'hésitai à avancer plus encore que je ne l'avais fait. Personne ne m'y obligerai. Mais lorsque je baissai les yeux sur ma cicatrice, une volonté venue de nulle part me poussa à chercher des réponses. Le courage prit place à l'anxiété et je me décidai enfin à aller parler à la personne au fond de la pièce.
Seul une femme rondelette était un être mobile dans ce petit hôpital. D'autres patients, pour certains endormis et pour d'autres paralysés, s'étendaient sur des brancards de fortune.
Je l'approchais en prenant garde à ne pas faire de bruit. Mon regard glissa sur un patient, dont les brûlures s'étendaient de ses mains jusqu'à son front, de ses pieds jusqu'à son ventre, marqué d'un étrange sablier. Que pouvait-il bien signifier ? Un symbole important j'imagine. Enfin, vu l'état de celui qui le portait, je ne préférais ne pas l'avoir. Je lui jetai un dernier regard plein de compassion.
Lorsque la femme m'aperçut, elle se détourna de lui pour s'occuper de moi.
⁃ Qui es-tu ? me demanda t-elle sur un ton craintif.
Elle s'avança lentement vers moi, un pied après l'autre et tendit son bras frêle. Elle retint son souffle, comme si elle craignait de découvrir une araignée de la taille de mon poing, et remonta mon tee-shirt jusqu'en haut du ventre. Elle le relâcha en exaltant un soupir de soulagement.
⁃ Désolée. Je pensais que tu étais... enfin tu vois.
A vrai dire pas du tout mais j'acquiesçai quand même.
⁃ Tu comprends, cela vient de lui arriver à lui, et je ne voulais pas que tu ai le... même problème. Un est déjà bien trop, ajouta-t-elle en désignant le sablier.
⁃ Le sablier est votre signe ? demandai-je avec curiosité.
Je ne n'avais rien vu venir lorsqu'elle me donna une baffe si violente que je vacillai sous le choc.
⁃ Comment oses-tu me traiter comme une de ces choses ! Je t'interdis de revenir ! Sors !
Je ne voyais toujours pas ce que j'avais pu dire de mal quand je tendis la main vers la porte. Qui ne s'ouvrit pas. Je forçai sur la poignée, déterminée à sortir et à bouder dans un coin jusqu'à que quelqu'un vienne me chercher. Mais j'avais beau appuyer le plus fort que je pouvais, y mettre tout mon poids, elle ne bougea pas d'un seul millimètre. Je soupirai et reculai pour examiner la situation. Derrière moi, l'infirmière commença à s'impatienter.
Malheureusement, je ne pouvais rien faire.
Des longues tiges qui sortaient tout droit du sol bloquaient la sortie. Du sol, qui plus est, était seulement constitué de terre humide et fraiche et d'herbe haute. Pourquoi ne l'avais-je pas remarqué avant ? Et surtout comment avais-je pu louper un "détail" aussi important que celui-ci ?
Je ne me laissai pas absorber par l'étrangeté de la situation et tentai un moyen bien plus radical. Les fenêtre étaient ouvertes, et je tentai de me glisser à l'extérieur. Mais le destin s'abattit une fois de plus sur moi car une bourrasque ferma la vitre d'un coup sec et net et m'expulsa en dedans de la pièce.
Prise de rage, je me relevai fièrement et sortis par la porte de secours. Celle ci s'ouvrit enfin, et j'avançai sans tourner la tête.
Je m'appuyai contre le mur extérieur et méditai ce qui venait de se passer. Ma main se posa sur mon front qui me faisait si mal, et mes genoux se plièrent, pris de fatigue. Qu'avais-je donc fait pour mériter un tel sort ?
Mes paupières se fermèrent et je me rendis soudain compte que j'avais très chaud. Je retirai ma veste, mais la chaleur se faisait de plus en plus imposante et s'approchait vicieusement de moi. J'allais devoir partir. Je détestais cette sensation d'étouffement.
J'ouvris les yeux afin d'aller dans la fraîcheur de l'ombre. Et compris la source de cette chaleur insupportable. Un incendie avait déclaré foyer juste devant moi ! La fumée noire s'approchait dangereusement. Il fallait que je m'enfuie absolument avant d'inhaler ce gaz mortel.
Seule issue, l'infirmerie (quelqu'un là haut ne m'aime vraiment pas !) . Je rentrai à tout vitesse, manquant de peu de tomber et se mettre de côté ma dignité déjà bien basse.
L'infirmière ouvrit les yeux en grand.
⁃ Je croyais pourtant avoir été claire ! hurla-t-elle.
Elle me prit le bras et me tira vers la porte aux tiges. Malheureusement pour elle, une tonne d'eau venue de nul part lui tomba dessus, manquant de la renverser. Ses pieds s'emmêlèrent mais je la rattrapai de justesse dans mes bras, hésitant à la lâcher par terre pour m'avoir insultée. Je me repris et la déposai délicatement sur le sol.
Trempée, sa colère avait laissé place à un autre sentiment bien plus pacifique : la curiosité.
Murmurant un merci à peine audible, elle se releva et essuya sa robe imbibée d'eau. Ses cheveux poivre et sel bien humide lui tombait jusqu'à la taille et ses yeux verts fixaient le ciel, comme si elle s'adressait à quelqu'un.
⁃ Je ne comprends pas, balbutia-t-elle. Pourquoi te défendent-ils ?
Aucune idée. Je ne savais même pas qui était ce "ils" dont elle parlait. Mais je ne dis rien, de peur de retrouver l'infirmière qui avait voulu m'expulser et de perdre celle-ci bien plus douce et délicate.
⁃ Elle n'a même pas de tatouage. Elle n'est peut être même pas une Protectrice.
Pour réponse, le vent souffla des mots clairs et pourtant si doucement.
Garde la.
⁃ Je ne comprends pas (Elle soupira). Bien j'obéis. De toute façon, ai-je le choix ?
Non.
Au moins la réponse était claire.
Elle n'est pas comme les autres. Comprends le, et tu sauras que le pouvoir vient des endroits les plus improbables et les plus inattendus. Regarde la. Observe la. Surveille la. Et ne dis rien. Tu en sais déjà trop.
La bourrasque revint et fit voler mes cheveux, et l'étrange sensation de présence s'en alla.
⁃ Ai-je rêvé ? lui demandai-je avec un ton inquiétant.
Elle ne répondit pas, et sans m'adresser un regard, s'agenouilla.
⁃ Air, je t'en supplie. Explique moi. J'ai perdu la raison il y a des années de cela, et tu le sais. Les dieux le savent. Les anges le savent. Tes Gardiens le savent. Tes protecteurs le savent. S'il te plaît. Après cette insulte, comme pourrai-je seulement lever les yeux sur son odieux visage ? La pire comparaison que l'on puisse faire vient d'être commise dans ce lieu aussi sacré que magique. Punis la, pour ce qu'elle a fait et passes moi de son insupportable présence. Je t'en prie, aides moi.
Il ne se passa absolument rien.
Elle exalta un soupir de protestation et me fixa dans les yeux.
⁃ Tu dois être sacré importante pour qu'ils te défendent, n'est-ce pas ?
⁃ Je ne sais pas. Je ne sais rien, répondis-je sans broncher.
Elle plissa les yeux et tourna lentement autour de moi, impassible.
⁃ Dis moi qui tu es.
⁃ Vous le savez mieux que moi.
⁃ Réponds moi.
⁃ Je viens de le faire.
Elle paraissait au bout des nerfs, et je prenais un étrange plaisir à la tourmenter.
⁃ Ton nom ?
⁃ Le vôtre ?
⁃ Le tiens.
⁃ Je ne sais pas.
⁃ Tu ne sais pas ?
⁃ Je ne sais pas.
⁃ Qui ne connaît pas son nom en ce royaume ?
⁃ Moi, apparemment. Et vous aussi puisque vous ne me répondez toujours pas.
⁃ Petite insolente !
Elle leva la main pour me gifler mais je l'attrapai, les doigts fermement agrippés à leur cible. Je me sentais prédateur, et non plus proie. Cela me procurait une sensation de puissance et de bien être, une étonnante confiance en moi.
Je lâchai son bras à contre cœur, et tout d'un coup, je me sentis monstre. J'avais serré si fort ses mains grêle qu'ils étaient devenus blancs. Elle paraissait avoir mal, et je m'en voulais d'avoir agit ainsi.
La femme tenta de fermer ses doigts, mais il craquèrent sous le coup. Elle se mit à hurler à la mort, moi la regardant sans savoir quoi faire. Je me précipitai vers elle par réflexe mais ne sus pas comment agir. Je me levai en vitesse et cherchai quelque chose dans chaque placard, chaque recoins de cette infirmerie. Autour, les patients s'agitaient et pour certains, se réveillaient sous les hurlements de la femme.
Comment allais-je la sortir de là ? Ce n'était que des doigts, mais elle avait l'air agonisante. Peut importe, il fallait que je l'apaise.
Dans ce moment de désespoir, mon regard se posa sur le garçon au sablier. Il pointait son doigt sur moi, plus précisément vers mon cœur. Son bras tomba et il s'évanouit dans les profondeurs de la mort.
Qui avait pensé que la vu d'un garçon mort me tétaniserai ? Mes yeux ne pouvait arrêter de le fixer, avachit sur le sol terreux.
Mes jambes ne m'obéissaient plus. Seule ma tête pivota légèrement vers la femme agonisante qui réveilla mes instincts. Hors de question qu'il y ait deux morts en seulement trois minutes.
J'observais son visage et me rendis compte que non seulement sa main était brisée, mais que des brûlures marquaient son corps, comme le garçon qui venait de mourir. Que m'avait-il fait ? Il avait désigné mon cœur. Mais je n'avais aucune idée de comment réagir ! Alors je tentai de lui parler pour ne pas qu'elle tombe dans les néants de la mort.
⁃ Je m'excuse, dis-je. Je ne sais pas comment faire, comment le pourrai-je ? Je n'ai pas envie que vous mourriez. Je ne vous connais pas, enfin, très vite fait, et nous ne sommes pas parties sur de bonnes bases toutes les deux -c'est le moins que l'on puisse dire. Pardonnez moi...
Une unique larme de sel coula le long de ma joue et s'écrasa contre le front de l'infirmière.
C'est alors qu'elle ouvrit les yeux. Sans rien. Aucune blessure. Tout avait disparu comme par magie. Je clignai des yeux plusieurs fois, mais rien à faire. Cela avait beau être incroyable, elle avait guéri.
⁃ Merci, murmura-t-elle, faible.
Je ne répondis rien, perdue dans mes pensées. Comment une chose pareille avait-elle pu se produire ? Elle me rappelait la scène avec la femme au cheveux de feu.
⁃ Oui, ils t'aident.
⁃ Qui ? Je vous en prie, dites moi. Je veux juste savoir qui je suis.
⁃ Découvre le par toi même. Il n'est pas de mon devoir de te révéler la vérité.
⁃ Mais vous la connaissez !
⁃ Pas en totalité. Pour ce que je sais, il m'est impossible d'en parler.
Mes jambes cédèrent. J'appuyais tout mon poids sur mes genoux et posai ma tête dans mes mains. Je n'en pouvais déjà plus. Tant de mystères, en si peu de temps !
⁃ Il est mort ? demandai-je à Mme Rosi qui s'était déjà précipité vers le chevet du mourant malgré ce qui venait de se passer. Je remarquai que la situation ne l'avait pas plus choquée que cela, à en juger par son expression.
⁃ Oui, répondit-elle en un souffle.
Elle lui prit les mains et croisa ses doigts dans les siens.
⁃ Pourriez-vous m'expliquer ce symbole ? demandai-je en montrant le ventre du garçon dévoilé par sa chemise ouverte.
⁃ Non.
⁃ Je vous en prie !
Elle soupira.
⁃ Mais qui es-tu donc pour ne pas savoir qui sont les Gardiens du mal ?
⁃ Je ne sais pas.
⁃ Moi non plus.
Un sourire m'échappa involontairement.
⁃ Alors nous devrions bien nous entendre.
Elle gloussa.
⁃ Pour revenir aux Gardiens du mal, ce sont tout simplement des fées, elfes ou vampire ayant tournés vers le mal.
⁃ Elfe ? Fées ? Vampires ? répétai-je étonnée.
⁃ Cesse donc de faire le perroquet et laisse-moi parler nom de Dieu! me cria t-elle
⁃ Et vous cessez donc de jurer ! Mais pouvez-vous continuer votre récit ?
Mon sourire révéla toutes mes dents, mais son visage resta de marbre.
⁃ Veux-tu entendre la suite ?
⁃ Oui !
⁃ Alors cesse aussi de faire l'enfant !
⁃ Je ne fais pas l'enfant.
⁃ Non tu as raison. Même un enfant ne se comporterai pas comme tu le fais !
J'ouvris la bouche en grand pour continuer à répondre mais je la refermai aussitôt. Je voulais en savoir plus, et si je n'arrêtais pas mes puérilités, elle n'allait sûrement me donner des réponses.
⁃ Racontez moi. S'il vous plaît.
⁃ Certainement pas !
⁃ Je m'excuse.
Elle expira un bon coup et revint à moi.
⁃ Il vaut mieux que tu t'assoies. Avant de parler, j'ai besoin que tu me parles de toi.
⁃ Moi ? A quoi bon ?
⁃ Je te le répète. Qui es tu ?
⁃ Je vous retourne la question. Qui suis-je ?
⁃ Tu es celle que tu décides d'être.
Je ne répondis rien, perdu dans la réflexion. Peut être le passé n'était-il pas indispensable dans la réalisation de mon avenir. Le passé est le passé, le futur est avenir mais le présent, lui, m'appartient. Je dois prendre des choix pour avancer, et ne pas me terrer.
⁃ Un prénom est-il important ? demanda-je ne pleine réflexion.
⁃ Si tu en vois l'utilité, répondit-elle tout simplement.
⁃ Admettons que j'en vois une ?
⁃ Alors choisis.
⁃ Léna, murmura une voix.
⁃ Avez vous entendu ? demandai-je, choquée.
⁃ Entendu quoi ?
Elle me prenait visiblement pour une folle. Ce que je suis, j'imagine.
⁃ Rien.
⁃ As tu choisi ?
⁃ Léna. Je choisis Léna.
⁃ Pourquoi ?
⁃ C'est un prénom en rapport avec mon astre préféré : la lune. Réponds lui cela, et caches lui ma présence.
⁃ J'aime beaucoup ce prénom. Il a un rapport avec la Lune, mon astre préféré. Vous ne trouvez pas ?
Elle sourit.
⁃ Léna, en la langue des dieux, signifie la Nuit éclairée par la Lune.
J'allais demander à la personne qui hantait mon esprit pourquoi m'avait-elle ordonner de m'appeler comme cela, lorsque je me rendis compte que j'avais beau entendre cette voix, je ne pouvais pas y répondre. Comme si une personne ailleurs essayait de me faire passer un message. <<Ou alors cela est seulement le fruit de mon imagination débordante>>pensai-je. Beaucoup plus probable.
⁃ Maintenant que je peux t'appeler, laisses moi te raconter.
Elle croisa ses jambes grêles, et me fixa.
⁃ Nous sommes sur Tania, une planète protégée depuis des siècles par les Gardiens du bien. En réalité, celle-ci est une sorte de campus géant, constituée de plusieurs royaumes. Sur Terre naissent les Protecteurs, apprentis Gardiens. Ils étudient ici pendant deux ans, pendant lesquels il vont apprendre à combattre et à protéger notre planète principale, Mangus. Sur celle là, les Gardiens vivent en paix, ou du moins vivaient.
⁃ Est-ce un choix de devenir Gardien ?
⁃ Non, cela est notre vocation. Par la suite, nous choisissons le bien ou le mal, et un nouveau tatouage apparaît alors.
⁃ Tatouage ?
⁃ Tu en fera bientôt l'expérience. Garde un peu de suspense, tout de même !
⁃ Êtes vous Gardienne ?
Son regard nostalgique croisa le miens.
⁃ Je l'étais. Jusqu'à un accident... dont je n'ai pas envie de parler pour le moment, si tu veux bien. Mais j'aimerai tellement en refaire ma vocation ! Je suis jeune, je n'ai que six cents trente cinq ans. Je veux croquer la vie à pleines dents, retourner sur Mangus, et tuer tous ses Gardiens du mal qui nous ruinent nos vies.
⁃ Le sablier est le symbole des Gardiens du mal ?
⁃ Malheureusement. Tu comprends mieux ma réaction, maintenant ?
⁃ Oui, évidemment. Mais qu'on t-il fait? Pourquoi un sablier ? Ont-ils un rapport avec le temps ?
⁃ Une question à la fois s'il te plaît !
Elle paraissait épuisée.
⁃ Ils tuent, ôtent des vies pour le plaisir et pour semer la terreur. Cela les amuse. Je me souviens, quand j'étais encore de service, avant de mourir, l'un avait dit " Ma nourriture est la souffrance, ma drogue est de répandre le mal autour de moi, et ma mort serait de passer au bien. Je ne meurt pas réellement en ce jour." Et il s'était tranché la gorge, se vidant de son sang. Très grotesque, je dois dire, ajouta-t-elle, triste de se remémorer des passages de sa vie qu'elle aurait préféré oublier.
Je la comprenais. Voir un homme se tuer devant soi pour ne pas devenir "le gentil" avait dû être éprouvant.
⁃ Pour ta deuxième question, le sablier est bel est bien leur symbole. Cela remonte à très longtemps, aux origines même des Gardiens. Tu apprendras tout cela par la suite, n'en doute pas. Pour la dernière, une légende raconte que les Gardiens du mal sauraient contrôler le temps. Remonter dans le passé, changer leur avenir. Pour ma part, je trouve cette histoire absurde et irrationnelle.
⁃ Franchement ? répondis-je. Ce ne serait pas la chose la plus étonnante que j'aurais découverte jusque là.
⁃ Ho que non. Tout peut arriver. Tout.
Hello ! J'espère que ce chapitre vous aura plu ❤️
Je voulais tout d'abord vous remerciez pour toutes ces vues, vraiment Merci 😊
Bye 🌙
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