II
J'enroule mon index dans un mouchoir blanc comme la neige. Peu à peu, ses traits hivernaux se métamorphosent en feuilles d'automne, ma phalange pleure des larmes rouges. Les lianes pendant des deux côtés de ma barbute sphérique ont percées ma cotte de maille épidermique. Nous sommes des chevaliers fainéants, montant des montures se nourrissant de pétrole. Je suis attendue. Les pulsations des aiguilles évoluant comme un poisson tournant autour d'un globe aquatile trahissent les soupirs d'une montre à gousset, pleurant dans le vide bondé d'un désert voisin d'un périphérique. Le temps est un pays désertique. Ses effluves soulèvent les cheveux secs des aventuriers les plus preux. Mais ses caresses nocturnes rassurent les paupières endormies au bas d'un baobab. Ma Vivienne frappe du talon les foetus quadruplés de ma cylindrée qui vrombit dès que ces futurs échappements sont alignés au bout de cette flèche cupide. Il y a quelques minutes tombait une pluie battante, une flagellation du macadam par les nuages pleureurs. Le Styx tombait, j'étais debout, une ombre derrière une porte. Je suis vulnérable. Personne ne m'a trempé dans ce fleuve vertical. Les Rue de Paris empreintent d'un temps de pluie défilent sous les pinceaux de la vitesse aux yeux de panthère, au corps de mannequin au sourire osseux. Une femme fatale, une dame en échec aux pupilles mates. Je fends les océans citadins, je suis dans l'oeil du cyclone, le maelström routinier. Je suis un anachronisme visionnaire. Mon futur est une erreur. Le temps se dérègle, le visage des minutes coule dans le moule d'une épée de damoclès. Il se distend, s'arrache, c'est une courbe sonore, un sonar, un cri de baleine. Sous les nageoires de l'adrénaline, je naît.
Je suis un vivipare ayant mis plusieurs années pour briser ma coquille. Ses éclats jonchent le chemin que j'ai décidé d'emprunter quand ma main embrassa vigoureusement la poignée. Ce chemin mène à une plaine, remplie de chênes et de baobabs. Ils ne connaissent ni l'hiver, ni l'été. La mort côtoie la naissance. Ce sont deux amants éperduments amoureux, emprisonnés dans un labyrinthe jonché des traces des lèvres pulpeuses de l'assuétude. Ce corridor boisé est bitumé. Il faut croire qu'une mort est un accouchement. En tant qu'adulte, je suis écartelé entre les deux. Chaque membre attaché à un étalon. Je chevauche à cru la jument de l'évolution. Sa crinière brûlant sous les soupirs de la pupille astrale. Big Brother is réchauffing you.
Les ailes de la guêpe crépitent dans mes tympans, elles me font déchausser de l'étrier. Je suis une enfant découvrant les plaisirs de la mise en danger. Je suis un baiser de fumée marquant de mon fer rouge deux magnifiques poumons. Je suis un amante détruisant un couple. Je me reflète dans la bague dorée portée par l'exquis annulaire de celle que je séduis. Aux noces, ma place est désignée. Mais toujours vide. Car je m'immisce doucement dans la cheminée de la chaumière. Je crépite et, un jour, mes cendres brûlent le parquet. La jument se cabre. Je tombe à terre. La langue du serpent est fendue par le rouge à lèvres du sabre.
Il étouffe le souffle du néant en se courbant autour de son cimeterre.
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