2 - Réception

Je sais pas trop ce qui se passe mais mon vertige se résorbe, je marche d'un pas lourd et bruyant comme des cloches

La tonalité du dehors divague au son des saisons 

Des boules de neige combatives se reposent par terre après l'effort, après avoir brûlé d'un contact prématuré la main joueuse d'un gamin 

Je laisse les traces de mon passage dans l'étendue blanche qui barre les routes, elle impose son mode de vie à la ruche qu'elle occupe 

C'est comme une reine déchue et déshonorée qui revient pour se venger 

Alors tout le monde se met à l'aimer comme si elle possédait dans ses yeux la flamme qui manquait dans le coeur de chacun 

Mais c'est peut être vrai, elle nous fait allumer une cheminée et augmenter le chauffage 

Elle pétrifie les oiseaux dans leur vol et stoppe les voitures 

Elle prend une photo du monde qui l'entoure avant de repartir hiberner 

Pendant que nous nous dormons dans nos couettes réconfortantes comme des ours exténués 

Mais prêts à repartir quand l'aube embrassera sa dulcinée de glace 

Laisser les empreintes de nos griffes aux allures de lances et de nos poils gigantesques 

Qui plaisent aux petits doigts gelés des gamins sortant de l'école 

Ils enfournent leurs phalanges dans notre fourrure et s'en imprégnent comme s'ils voulaient la garder en eux comme un bijou dans un écrin 

Cachée parmi les tableaux qui dépeignent un amour maternel au bord de l'explosion 

Cette gigantesque fresque grandit au fur et à mesure que son hôte pousse 

Comme un chêne dans une forêt dense 

Nos temples sont érigés aux frontières de nos croyances et de nos fantasmes 

On y entre avec une certitude floue et masquée par les masques du bal 

Le bal qui anime gaiement l'intérieur de cet édifice marbé 

Peuplé de marquis et de princesses d'un soir, dansant au rythmes des marrées 

Ils sont des grains de sables nous piquant la rétine et nous empêchant de les distinguer nettement 

Mais leur accoutrement nous est familier et leurs voix également 

Mais pas le temps de réfléchir, nous sommes admis à l'embarquement 

On nous prend par le bout de nos mains froides et l'on nous tire là où le parquet est le plus flamboyant 

Lardé de centaines de marques de cire, le cire des talons de nos chaussures sombres

Le bruit des claquettes résonne comme des éclats de rire incontrôlés, ou comme un jet de boule de neige sur une vitre embuée 

Tout s'harmonise et les perspectives sont claires et fécondes 

La grande porte couvrant l'entrée se referme bruyamment d'un coup sec et mélodieux 

Le bruit extérieur parvient à nos oreilles comme une plume sur une page endormie, la réveillant avec une douceur maternelle 

Notre d'ours s'évapore entre les fissures peintes du plafond 

Entres les rosaces et une voûte céleste craquelé 

Notre regard suit avec dédain cette montée d'adrénaline

La disparition de notre animosité se traduit par la création d'un nuage brumeux sur un tableau recouvrant notre tête 

Entre les chapiteaux et les piédestals s'installent nos crocs ciselés et réduits en miettes 

La colonnade précédant la boîte de pandore en métal se prépare à affronter une nuit griffue 

Nous qui restons dans notre temple, attablés à un buffet rempli de victuailles 

Contemplons le résultat d'une chasse victorieuse 

Le crâne dépecé de notre alter ego ursidé est apprêté d'un florilège de nourriture délicieuse

C'est un zoo macabre où défilent des centaines d'espèces 

Des prédateurs détrônés et rendus inoffensifs 

Les homo sapiens qui, auparavant, dormaient dans ces corps, redécouvrent la sérénité d'un appétit apaisé

Leur fourrure se ramollit jusqu'à devenir malléable

Ces Centaures mange à leur faim, entourés de leurs paradoxes endormis éternellement

Leur transformation commence au plus profond de leur être duquel ils sont désormais maîtres

Le soleil se montre, les yeux cernés et le ventre creux 

Il dépose un baiser sur la joue paisible de sa reine abeille 

Les enfants sortent leurs mains de leurs manteaux chauds et confortables

Ils les plongent avec la plus grande vigueur dans le pelage nouveau né de leurs aînés 

Ils ne sentent plus les griffes et les crocs, le coeur qui battait à tout rompre 

Maintenant ils ressentent des pattes bienveillantes et un pouls enfoui dans un sommeil paradoxal 

Les roses trémières remplacent les chênes dans la forêt dense 

Les tableaux ornent les murs repeints du manoir de l'orfèvre 

Un orfèvre travaillant dans la bijouterie qui, le soir, fait scintiller les pupilles du passant 

Le vertige se résorbe, les boules de neiges claquent sur les fenêtres 
Les oiseaux se figent et l'orgue saisonnière résonne avec un entrain phénoménal

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top

Tags: