Le souffle court et les pensées fulminantes, leurs pas dans la ruelle se font de plus en plus rapide.
Mais alors que les voitures derrière eux s'arrêtent, les coups de feux commencent.

L'adrénaline qui pulse en eux les aide à plonger dans les recoins et à chercher une échappatoire.
Une vitre brisé sur le côté finit par leur offrir cette sortie de secours et leurs deux corps à bout de souffle s'écrasent dans cette cave sombre.

Exactement comme leur première fuite, les voici dans une cave humide et poussiéreuse.
Mais les voici également dans un cul de sac sans issue.
Et ce n'est qu'une question de temps avant que les flics dehors ne trouvent leur emplacement.

Tentant en vain de trouver une issue, le noiraud fait les cent pas et finit par taper un mur de désespoir.
« Merde !!! On est piégé...
Pensant entendre son acolyte râler, il se tourne vers Aby.

Et la chute libre commence ainsi. Un regard.
Un regard vers son ami.
Du sang plein la main, la main posé sur la poitrine.
Un murmure faible lui parvient :
- Raf ?
- Oh merde, non...

Saisissant son ami avant qu'il ne tombe au sol, Rafael le saisi contre lui et observe ce triste spectacle.
Le sang qui s'écoule de son torse et son regard inexpressif.
Où est donc passé ce regard si vif et si joueur ?
Murmurant d'une voix presque étouffée et au bord du sanglot, Raf voit de plus en plus trouble et son sang se glace :
- Aby...Aby, ça va aller... C'est... Dis moi que ça va aller...
- Non, Raf...

Sa voix se perd dans un toussotement étranglé alors qu'un filet de sang coule de ses lèvres.
Le tenant allongé contre lui, Raf essuie une des nombreuses larmes qui se mettent à ruisseller sur sa joue.
- Ça peut pas se terminer comme ça... Ça peut pas...
- Comment... Voulais... Tu... Que ça... Se termine...

Soudain frappé par leur réalité, Raf arrête de sangloter. Ses pleures deviennent silencieux.
Les larmes tombent sur son t shirt.
Il repense à leurs rires, leurs promesses et leurs caresses échangées.
Leurs promesses...
Je veux mourir avec toi...

Et tout devient limpide pour le plus jeune des deux criminels.
Son regard se vide de sa tristesse. Un regard inexpressif, comme le magnifique regard ambré qui continue de le fixer.
Il murmure alors, comme une pensée intime que l'on décide enfin à libérer.
- Il me reste une balle...
- Q... Qu..quoi ?
- Il me reste... Une balle...

Sortant doucement son arme, Raf la tient fermement.
Un dernier murmure étouffé lui parvient de la part du rouquin presque partie entre ses bras.
- Embrasses moi...d'abord... Imbécile...
Puis un dernier sourire. Ce sourire joueur.
Mais cette fois ci, il n'annonce pas le début d'un nouveau jeu. Mais la fin du plus précieux de leur jeu.
Alors Raf sourit à son tour.
Un sourire franc, sincère et doux.

Il se penche en ignorant le sang qui dégouline des lèvres de son rouquin.
Et il l'embrasse une dernière fois comme ils en avaient tant l'habitude.
Et lorsque le souffle du rouquin s'arrête contre ses lèvres, il comprend.
Il est parti.
Si tu meurs, je meurs...

Le noiraud ferme alors ses yeux ambrés.
D'une caresse douce de la main, il ferme ces magnifiques yeux ambrés pour de bon. Ils ne se rouvriront plus jamais.

Et en fermant les siens, le corps penché au dessus du rouquin, il appuie sur la détente, l'arme sur la tempe.

" Chers concitoyens, nous vous annonçons avec un grand soulagement la fin de cette chasse à l'homme interminable.
Aby Marshall et Rafaël Marzan, suite à une poursuite éprouvante pour nos forces de l'ordre, ont été retrouvés morts suite aux blessures par balles de nos courageux policiers."
...
Suite à la peine immense de son coeur, l'un d'eux à préféré la mort.
Morts dans les bras l'un de l'autre... Mais ça personne ne l'annoncera jamais.