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Complètement cachée de la rue adjacente, la cave est sombre et humide.
- J'espère qu'on restera pas longtemps ici...
- Jusqu'à ce que la nuit tombe... Ils pensent qu'on est deux cambrioleurs basiques, le paysan avait pas de caméra et ils savent pas que c'est... Nous...enfin pas encore.
- Bah tiens... Si ils doivent le découvrir c'est à cause de toi et tes plans foireux !

Exaspéré, Raf balance son sac poussiéreux dans un coin de la pièce.
- J'ai le dos en miette à cause de tes bêtises !
- Raf...
- J'aurai jamais dû te suivre ! On est recherché et demain ce sera pire ! On va jamais s'en sortir !
- Raf...
- Je vais prendre 10 fois plus qu'à l'origine, putain ! Qu'est-ce qui m'a pris !
- Rafaël !!

Arrêtant sa crise de panique, le rouquin attrape son visage en coupe dans ses mains sales.
- On est dehors... Tu te rappelles ? On est tout les deux... Si t'étais sortie au bout de deux ans... T'aurai été seul...
- Qu'est-ce que t'en sais hein ?

À bout de nerf et épuisé, le noiraud laisse une larme rouler sur sa joue, balayant la suie et la poussière.
- Parce que personne n'en a rien foutre de nous ! Tu te rappelles de ce que tu m'as dis ?! Personne ne nous attend. Tout le monde s'en fiche. Ils ont leur petite vie parfaite et tranquille la dehors. Nous on a la notre maintenant !! Raf... T'étais contre moi cette nuit là, on en a oublié de fumer... Et tu m'as redis a quel point tout le monde s'en fiche de nous... Et t'as raison...
- Je...
- C'est finis Raf. C'est finis là bas. Mais nous deux, ici ça vient seulement de commencer. Alors on va s'en sortir...

                          *********

Beaucoup plus calme qu'avant, le noiraud est installé sur le vieux canapé déchiré que la cave abrite.
Prenant place à ses côtés, Aby fixe le mur et écoute les bruits extérieurs.
Aucune sirène, rien.
Quelques passants, quelques voitures. C'est tout.

Bercé par ces bruits qu'ils n'avaient plus entendu depuis longtemps, les deux fugitifs se réfugient par réflexe l'un contre l'autre.
Le rouquin finit par tourner son attention vers Raf.
- Raf... Je peux savoir pourquoi tu as pleuré ?
- Je sais même pas moi même...
- Je crois qu'au fond tu sais...

Prenant le temps d'y réfléchir, le jeune voleur murmure en jouant avec ses doigts fins et salis.
- Retourner à l'extérieur c'est comme replonger dans un bassin. Quand on sait nager c'est agréable... Quand on avait déjà l'impression de se noyer, ça l'est pas autant...
- Tu voles pas pour le plaisir, petit g... Raf..
- Pas vraiment...
- Je... Je peux en savoir plus ?

Relevant la tête vers Aby, le plus jeune se sent plus en confiance qu'avec personne. Alors il dévoile enfin la raison de sa noyade dans ce monde de fou.
- Je volais pour survivre d'abord. C'est devenu un mode de vie à part entière.
- T'as plus de parents ?
- Disons que c'est tout comme...j'ai été viré de chez moi...
- Pourquoi ?...
-  Les gens comme moi... Ça plaît pas à tout le monde...
- Y a pas grand chose qui plaît au monde, Raf... Ni toi... Ni moi.... Ni plein d'autres.
La vie est un jeu...
- Et quel est son but ?
- Ça dépend des gens...
- Quel est le tien ?
- Tout foutre en l'air, Raf... Tu viens tout foutre en l'air avec moi, Rafael Marzan ?
- Avec plaisir... Aby Marshall...

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