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« Allez, c'est votre sortie. Soyez sages et silencieux s'il vous plaît. On entend suffisament les autres comme ça.

Tenant fermement leurs détenus, les gardiens les guident vers la cour la plus proche de leurs cellules.

Les deux détenus ne se sont ni approchés ni adressé la parole depuis la veille.
La cour finit par leur être dévoilée à tout les deux.
Toute nouvelle pour le noiraud, il la visite d'abord du regard et prend le temps d'observer les immenses grilles qui l'encadrent même au dessus de leurs têtes.
Le second, pourtant déjà habitué à une certaine routine semble tout autant étonné.
- Pourquoi je suis dans cette cour avec lui ? D'habitude je suis dans l'aile sud.
- Ouais bah l'Ours y est, donc toi non.
- Quoi ? Vous avez peur que je le mange ?
- Sois pas si sûr de toi. L'inverse est plus probable.

Sans un regard de plus pour les deux co-détenus, le gardien le plus corpulent des deux referme la porte métallique.
Un soupir échappe au fameux détenteur du regard ambré qui se laisse lourdement tombé contre la grille.
Le nouveau venu le fixe à nouveau, ignorant quel comportement avoir.
Mais sa réflexion est coupé court quand l'homme assis en face de lui le fixe à son tour.
- Alors ?
- Quoi ?
Tout en retenant un rire moqueur, il demande d'une voix désinvolt
- On s'est déjà rencontré ?

Sans trop réfléchir, le noiraud s'asseoit en tailleur et murmure :
- Non...Je m'en souviendrai
- Je pense aussi...

Sans lâché le nouveau prisonnier aux cheveux bouclés du regard, le plus âgé continue sur sa lancée.
- T'as déjà fait de la taule ?
- Non... C'est la première fois.

Les deux détenus observent leurs mains, occupant leurs esprits par autre chose que les insultent et les plaintes des autres prisonniers.
Si une chose était censé être sûre pour eux, c'est que l'envie de démarrer une conversation avec un inconnu se fait rare ici.

Mais cette impression étrange qui habite les deux hommes ne les quitte pas.
La sensation d'avoir été poussé ici par la vie et son jeu de circonstance. La sensation d'être deux âmes qui possèdent alors bien plus de points communs qu'elles ne le pensent.

N'est-ce pas vrai pour tout le monde ?
Peut être bien...
Mais les histoires commencent toujours bizarrement, non ?
Et l'étrangeté de leur histoire commence ainsi.
En démarrant une conversation. Une conversation nouvelle avec un être nouveau.
Mais avec la sensation au fond de soi de continuer une conversation si vieille.
Une conversation que l'on reprend car elle n'a jamais été terminée.

- T'es vraiment coupable ?
Relevant la tête, le nouveau fronce les sourcils.
- Tu poses vraiment la question ?
- Pardon de vouloir faire la conversation hein...pourquoi t'es là ?
- Vols....
- Donc t'es un petit voleur...
Tout en riant, la tête contre le grillage, le rouquin le dévisage :
- Pourquoi tu fais si gay ?

Toujours en affichant son air agacé,le noiraud murmure :
- Je t'emmerde si fort, c'est fou...

Mais à sa plus grande surprise, le prisonnier au regard ambré éclate d'un rire franc et sourit face à lui.
- Je ne vis que pour ça...

Constatant les quelques minutes qui leur reste pour profiter de l'air extérieur, le rouquin se penche vers son nouveau voisin de cellule et termine dans un murmure :
- Tu sais quoi ? On devrait pouvoir s'entendre au moins ce qu'il faut pour pas que je te casse la gueule...

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