L'inconnu au 06


Ce jour-là j'avais séché le cours de maths de Madame Barosse. J'avais toujours voulu aller en filière littéraire mais d'après mes parents celle-ci n'avait aucun débouché. J'avais donc été forcé d'aller chez les matheux ce qui ne m'enchantait pas particulièrement. J'avais accessoirement suivi comme un con ce que l'on me disait de faire. Depuis, j'étais devenu un bad boy. Il en faut peu pour vous faire basculer du côté obscure.

Ce jour-là, le ciel s'était assombri lorsque j'étais sorti dans les rues de Paris. Il n'était même pas 18h que le soleil semblait déjà s'être assoupi.

Sur le trottoir, les passants ne semblaient pas prêter attention à ce qui se passait autour d'eux. Ils marchaient après une vie qu'ils ne vivront jamais, ils couraient après le temps qui leur échappait.

Ce temps que  l'on oublie si souvent et qui nous tombe dessus alors qu'on pensait l'avoir semé.

Cette soirée là, au lieu de tenter de comprendre la vie grâce à des nombres je tentais ma chance place des Vosges. A chaque instant quelque chose pouvait arriver dans ma vie.

Mais il n'arriva rien. Le ciel s'obscurcissait de plus en plus tandis que les enfants accompagnés de leurs parents rentraient chez eux se couvrant du froid glacial qui tenait la ville au creux de ses mains.

Je resserrais ma veste en cuir contre moi comme si elle allait me protéger du vent glacé.

Mon portable bipa, à l'écran s'affichait un message : « Maman : Tu rentres bientôt ? Tu peux acheter des bananes ? »

Un soupire s'échappa d'entre mes lèvres tandis ce que je me levais, traversant le jardin presque désert afin d'aller faire les courses demandées par ma mère.

Dans la rue, je sentais les regards se poser sur moi : ma veste en cuir, mon jean noir troué, mes cheveux châtains foncés poussés vers l'arrière de mon crane, ma boucle d'oreille ornant mon lobe gauche et mon cou décoré d'un tatouage faisait de moi le parfait bad boy vu et revu dans les films ou bien livres, celui faisant tomber les jeunes filles en fleur.

Quoi, vous pensiez sérieusement que je ne le savais pas ?

A votre avis, d'où je tiens ce style qui me sied à merveille ?

La société a choisi que l'homme parfait serait celui-ci, tant qu'à faire, du haut de mes presque 18 ans, cheveux au vent, je souhaitais que mon existence soie couronnée par le port d'intérêt à mon égard : est-ce un mal?

Pour le moment, c'était un échec. Peut-être à cause des bananes, ma mère adore les bananes moi pas, pourtant j'en mange le midi et ce n'est pas forcément très sexy. J'imagine que cela baisse mon sex appeal.

Je m'arrêtais devant la petite épicerie bio où ma mère avait l'habitude de se procurer ses fruits. Après avoir acheté l'aliment tant convoité je rentrais à l'appartement.

Ma mère, une belle femme d'une quarantaine d'année m'accueillit avec un grand enthousiasme, ou peut-être était-elle plus heureuse de voir les bananes, je ne sais pas. Je passais devant le salon, saluait de loin comme office de « bonsoir » à mon beau père et je gagnais ma chambre.

Celle-ci était décorée d'une multitude de livres et dvd en tout genre. Au coin de la pièce un bureau avec un ordinateur m'attendait tandis que mon lit à l'opposé ne souhaitait voir que moi. Le truc dans la vie d'un « bad boy » c'est que l'on est demandé à tout va.

Mes sneaker à peine enlevées j'avais déjà allumé mon ordinateur. Le tour de twitter et facebook avait été fait rapidement et l'ennui se faisait sentir. La monotonie de ma vie faisait ressortir des question qui me trottaient dans la tête depuis quelques temps, l'une refit surface dégageant toutes les autres de mon esprit : comment ne pas être oublié ?

Les phrases d'Augustus Waters dans « Nos étoiles contraires » avaient raisonnées en moi comme un son dans une église.

Mes doigts tapaient rapidement sur le clavier : « comment ne pas être oublié » mais les réponses de mon moteur de recherche préférées laissaient à désirer : « comment oublier une personne », « en couple, ne pas s'oublier ».

Je passais mes bras derrière ma tête pour m'étirer.

« Je vais jamais rien trouver ! J'ai personne à oublier si ce n'est ma prof de maths et je ne suis pas en couple!» dis-je en râlant comme à mon habitude.

Ma mère ouvrit la porte de ma chambre.

« Frappe avant d'entrer bordel !

-Je sais mon petit rebelle, ria-t-elle de sa douce voix de soprano, enlève moi cette veste et viens manger, j'ai fais de la banane flambée pour le dessert !

-J'arrive. »

J'enlevais ma veste et rejoignis ma mère et mon beau-père, Jean, dans la salle à manger.

« Alors mon grand tu as fais quoi aujourd'hui ? demanda Jean de son habituelle voix endormie

-Bah, je suis en Scientifique : des maths. »

Le reste du repas se déroula sous les commentaires psalmodiés du présentateur télé : de la Corée du Nord à la guerre au Moyen-Orient le tout entrecoupés de festivals des fruits diverses, tout y passait.

Voilà ma vie. Celle d'un gamin qui a peur d'être oublié, celle d'un gamin qui bouffe des bananes à longueur de journée, celle d'un gamin pur produit de la société dans laquelle il vit, un gamin pas malheureux quoi.

Lorsque le repas fut fini, je retournais trainer sur twitter. Devant mes yeux défilaient des filles à moitié nues, des messages haineux, des gens en manque d'amour, des blagues à deux balles pompées sur facebook, bref pas grand-chose d'intéressant jusqu'à ce qu'un tweet retienne mon attention : « Votre vie est nulle ? Alors tentez de la rendre intéressante ! »

Je n'avais certainement pas tenté sur le moment de comprendre pourquoi je cliquais sur le lien mais ça me semblait une solution pour animer ma vie bien trop calme.

« Haha vous voulez donc avoir une vie intéressante ?! Trépidante ?! Comme celle que l'on peut trouver dans les films, les séries, les livres ou les jeux-vidéos ? Alors vous êtes un bon endroit ! Cliquez sur ce que vous préférez :

Livres, jeux, séries, films. »

Je dirigeais ma souris vers les séries puis pris le temps de me poser la question avant de répondre « livres ».

« Vous avez choisi livres ! Vos histoires favorites ont comme genres : écrivez votre réponse. »

J'hésitais entre réalise, fantastique ou SF et fini par inscrire les trois.

« Vous avez : écrivez votre âge/ Vous êtes : homme/femme/autre/ Vous vivez : ville et pays/ Votre numéro de téléphone est : 06... »

Après avoir complété le petit questionnaire qui comportait bien peu de questions, je validais le contenu.

« Bravo, nous avons trouvé une correspondance. » Une correspondance ?

« Veuillez-vous rendre dans 15 minutes : Place des Vosges » Place des... J'attrapais ma veste, mes clés et mon portable et sorti de l'appartement en vitesse pendant que mes parents regardaient the voice.

Mon portable vibra tandis que je sortais de mon immeuble : « Inconnu : tu es en retard. »

Ignorant celui-ci, je me précipitais place des Vosges alors que le froid glaçant semblait briser mes dents.

Arrivé au milieu du petit parc, en face de la fontaine, je reprenais mon souffle avant de m'assoir sur le bord de celle-ci.

Mon téléphone vibra encore une fois, cette fois-ci je le déverrouillais :

« Inconnu : trop tard, regardes sur le premier banc à droite de la fontaine quand tu te tiens devant elle. »

Je levais mon regard à droite, puis à gauche et au loin, sur un banc se trouvait quelque chose. Je me levais et rejoignis le banc en question. Couvert d'un papier journal quelque chose trônait sur le banc, dessus, une lettre pour seul information.

"Au mec chelou qui bouffe des bananes"

Comment...?

J'ouvris la lettre :

"Salut toi, tu ne me connais pas mais moi si. Je sais tout de toi. Tu veux que ta vie soit trépidante? Attend toi à des grosses surprise grâce à mon cadeau.

-L'inconnu(e)"

L'écriture était bâclé, assez sale, certainement pas une écriture féminine.

J'attrapais le "cadeau" et déchira le papier : "Une brève histoire du temps"

Stephen Hawking.

J'ouvris le livre et sur la première page se trouvait un petit mot : "ce livre te permettra de te remettre en question, de remettre en question ton importance dans l'univers."

J'attrapais la lettre et le papier et retourna sur mes pas. Une fois engueulé par ma mère vu que je n'ai pas  le droit de sortir sans demander l'autorisation "parce qu'on est pas dans une de tes séries à la con!", je me rendis dans ma chambre et décida de répondre au sms:

"Qui es-tu?"

Il ne fallut que quelques seconde pour recevoir: "Appel moi Kiri"


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Ceci est une sorte de parodie des histoires de badboy et de la manière dont elles sont écrites en général. J'espère que cela vous plait!

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