Fuccboi ou bad boy?
Petit cours de vocabulaire :
fuccboi : "A manipulating dick who does whatever it takes to benefit him, regardless of who he screws over. They will screw over anyone and everyone as long they get what they want." urban dictionary
***
Ambre? Non, c'était illogique elle venait d'arriver à Paris. Et puis, il a quoi mon charisme ?!
Je levais les yeux vers un petit couloir à ma droite où j'avais senti quelqu'un m'observer. Lorsque mon regard s'y posa, une ombre s'enfuit à petit pas. Était-ce Kiri qui au loin observait tous mes faits et gestes ? Kiri serait en réalité un stalker ?
Sans prendre le temps de répondre au message provoquant que je venais de recevoir, je me dirigeai en gardant mon style implacable vers le couloir. Mais celui-ci était sombre, les lumières étaient éteintes et personne ne s'y trouvait. Je m'y engouffrais, méfiant.
« Y a quelqu'un ? demandais-je d'une voix assurée. »
Bien sûr, n'étant pas dans un film d'horreur personne ne surgirait à ce moment précis pour me tuer ; n'étant pas non plus dans un film ou un manga, aucune fille ne sortirait la tête tremblante et les yeux doux pour m'annoncer qu'elle était amoureuse de moi.
Ce que j'espérais au fond de moi était d'apercevoir Kiri.
Je ne sais pas comment j'imaginai réellement cette personne. Une fille, bien sûr, des cheveux très longs peut-être. Je l'imaginai la peau bronzée, les cheveux foncés.
Peut-être aux airs de Shéhérazade ou de Goldshifteh Farahani. Un air autoritaire sur son visage, légèrement mystérieux.
La sonnerie retenti me sortant de mes rêveries, en un rien de temps, je me retrouvai entouré d'élèves se pressant de trouver leur prochaine salle de cours. J'avançai à contre-courant, tout était bien trop bruyant pour mes petite oreilles sensibles, dans un léger état de flottement, je me demandais comment Kiri en savait tant sur moi. J'avais beau être très bien placé sur l'échelle sociale de cet école, connaissaient-ils tous autant de choses de Kiri ? Il n'y avait que deux réponses à cette question : Kiri m'observait depuis bien trop longtemps ou alors j'étais bien plus populaire que ce que je pensai.
Mon téléphone vibra, Etienne, le délégué m'annonça qu'il avait pris mes affaires et les avaient déposés en salle d'anglais, à ma place.
Cette nouvelle question en tête, j'abandonnais ma courte recherche de cette ombre et retournais tel un bon petit élève en classe. Le cours d'anglais serait pour moi un bon moyen d'en savoir plus sur ma personne, parce que je suis important après tout.
Juste avant la deuxième sonnerie, je déboulai dans la salle où tout le monde était déjà assis à son îlot respectif. Sur ma table, celle au fond de la classe, nous étions quatre : Etienne, le délégué ; Marie, une grande gueule et Thomas un de mes amis le plus proche que je pouvais avoir ici.
Le cours commença, ou plutôt les discutions commencèrent car notre classe ne faisait pas grand effort pour les langues. De plus, la pédagogie n'était pas vraiment des plus adaptés pour les élèves dissipés que nous sommes . Tandis que le professeur nous décrivait les superhéros de tous les jours, j'entamais la conversation que je redoutais et attendait tant.
« Hey, on est d'accord que pas mal de gens me connaisse au bahut non ?
-Ouais, répondirent-ils en cœur, s'attendant à des détails croustillant sur ma vie.
-Est-ce que vous savez si des gens ne m'aiment pas voir me détestent ? demandai-je hésitant.
-Pas que je sache, s'étonna Thomas, pourquoi ça ?
-On t'a menacé ? rit Marie, les yeux grands ouverts en attente de ragots.
-Tu sais, si quelque chose ne va pas, parles en hein, me conseilla mon cher délégué.
-Mais non, soupirais-je, plutôt une fille que j'aurais draguée ou ce genre de trucs, un mec à qui j'aurais piqué la nana, vous voyez le genre ? »
Ils pouffèrent en cœur.
« Tu nous demandes vraiment ça Noam ?! cria presque mon ami aux cheveux d'or.
-Tu es vraiment plus con que ce que je pensais ! s'esclaffa Marie.
-Tu te calmes planche à pain, lui lançais-je du tac au tac.
-Hé ! C'est toi qui te calme ! si ses yeux avaient pu m'étrangler j'aurai été déjà mort. »
Un «silence ! Et écoutez !» prononcé par le professeur calma le jeu.
« Bon, pourquoi je suis « con » hein ? demandai-je en chuchotant.
-Bien sûr, que les filles te détestent si c'est de ça que tu nous parlais, m'annonça Marie, tu penses réellement être adoré alors que tu les considères comme de la merde ?
-Je ne les considère pas comme ça ! Les femmes sont les plus belles créatures qui existent, argumentai-je d'une voix emprunté à un lord anglais.
-C'est ce que tu renvoies. Tu fais attention à ton image de bad boy, ton image populaire et les gens s'y laissent prendre, les filles aussi et puis ensuite, tu es un putain de connard, et tu le sais, ajouta Thomas
-Alors qu'un bad boy n'est pas forcément un batard, annonça fièrement Etienne tenant un dictionnaire électronique dans ses mains. »
Ce garçon était d'une naïveté et d'une pureté admirable. Un silence plomba l'ambiance de notre table. Thomas ajouta, d'une manière plus subtile ce qu'il pensait réellement.
« Je pense que tu agis d'une manière qui n'est pas réelle et pas seulement envers les autres mais envers toi. Tu joues un rôle. »
Thomas, ce garçon humble et gentil, nous ne nous connaissions que depuis la seconde mais c'était suffisant pour savoir que je pouvais compter sur lui. Seulement, il était bien plus transparent que moi à l'école, tellement transparent que je parvenais parfois moi-même à l'oublier.
« Nous jouons tous un rôle, ajoutais-je d'un ton calme, tous.»
« Dis ça à Laura, elle sera heureuse de savoir que tu as joué un rôle avec elle.
-Laura? Je regardai Marie intrigué.
-Tu as oublié Laura ? Celle que tu as dragué et à qui tu as promis de devenir son copain mais dont tu ne te souvenais plus du nom le lendemain ? Demanda Marie
-Ah ! Et Lucinda, à qui tu as posé 4 lapins ? ajouta Etienne
-Alex, que... commença Thomas
-Ca va, ca va ! J'ai compris, j'ai fais mon connard avec ces filles, mais c'est mon droit.
-Tu n'as pas le droit de jouer avec le coeur des autres ! Marie haussa le ton.
-Après ce n'est qu'en « amour », tu as fait tellement pire dans ce lycée ! me rappela Thomas, tu te souviens de Cassandre ?
-Euh, je me creusais l'esprit mais aucun visage ne semblait faire surface dans mon esprit.
-L'asiatique en L, tu l'as humiliée au début d'année parce qu'elle est rousse.
-Oui, mais une asiatique n'est pas rousse ! Argumentais-je me sentant d'une connerie intergalactique."
J'ai vraiment fais ça ?
"Ses cheveux son auburn, chuchota Marie.
-Tu l'as vue dans la cours, tu es allée la voir et tu lui as dis qu'elle devrait arrêter de se teindre les cheveux. Thomas se souvenait de chaque personne à qui j'avais pu faire du mal.
-Tu vois Noam, tu tentes de faire ton «bad boy » mais au final tu fais ton "fuccboi", tu te mets tout le monde à dos, on est pas dans un film. Je regardais Etienne qui copiait le cours tout en me faisant la morale. Tu es un coureur de jupons, un macho, un mec raciste. Rien ne pardonnera ce que tu as fais, par contre tu peux tenter de t'améliorer.
-Ca va, je sais. J'ai compris.
-Arrête de te comporter mal envers les filles, on dirait un collégien, arrête de critiquer les gens sur leur physique. Tu n'as pas le droit.la voix fluette de Marie me transperça les oreilles.
-Ca va, Marie, ca va. J'irai m'excuser.
-T'excuser ?
-Auprès de toutes les filles que j'ai fais souffrir.
-T'excuser ne changera rien à ce que tu as fais et tu resteras un connard, mais c'est un bon début, Marie clos la discussion par ces mots.»
En réalité, je ne sais pas ce que j'espérai, voir Kiri qui me sautera dans les bras avec mon mea culpa ? Ou bien ma conscience commençait à être trop pleine de ses visages de femmes brisées par ma faute ? J'avais commencé à faire ça en seconde, je commençais à grandir, enfin.
La sonnerie marqua la fin de ce cours personnalisé de lynchage et me permis de sortir de cette classe remplie de personnages secondaires sans importance.
Thomas marchait derrière moi, certainement parce qu'il voulait me parler de cette discussion mouvementée qu'il y avait eu en anglais.
En fait, Thomas était un peu mon personnage secondaire à moi, il apparaissait lorsqu'il le fallait, simplement pour le bon ou mauvais déroulement de ma vie. Quant à Etienne ou Marie ils n'étaient présents dans mon existence que parce que le destin avait voulu que l'on tombe sur la même table deux fois par semaine.
Vous ne saurez donc jamais rien de Thomas, Etienne ou Marie, uniquement ce qui comptera pour faire fonctionner ma vie. Je suis détestable ? Tout le monde est détestable au moins une fois dans sa vie. J'allai changer, je passerai de "fuccboy", ce personnage que tout le monde voyait en moi à véritable bad boy. J'allai enfin devenir ce à quoi j'aspirai mais je devais avant tout expier mes fautes.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top