Chapitre n°5


Je remercie Eleanor qui me tend une tasse de café. C'est la seconde que nous buvons depuis que nous sommes arrivés chez moi. Lorsqu'elle m'a ramassé sur le trottoir de notre bar fétiche, le Key's, elle nous a fait monter dans un taxi pour nous ramener chez moi. Elle a bien compris qu'il m'était impossible de rester là-bas. J'étais tellement choqué par ce qu'il venait de se passer. Elle a naturellement donné mon adresse au conducteur, sachant que je me sentirais plus en sécurité chez moi pour discuter.

Une fois confortablement installé dans mon salon, un café entre les mains, je lui ai raconté mon altercation avec Harry. Elle ne m'a pas paru choquée par mes propos, ni par le comportement de Harry. Malheureusement, je crois que plus rien de pourra nous étonner venant de lui !

Il était déjà capable de me tenir des discours aussi blessant qu'enflammés, il y a sept ans, lorsque nous nous sommes rencontrés. Si j'ai pu être choqué sur le coup, aujourd'hui, avec du recul, je reconnais le Noah colérique et impulsif que j'ai pu connaître là-bas, parfois.

Eleanor reprend finalement la parole, après un temps de silence. Je pense qu'elle-même ne sait plus quoi me dire. Je lui ai raconté mon déjeuner avec Zayn. Et maintenant que je me suis retrouvé en face de Harry, que j'ai vu la méchanceté briller dans son regard, je ne sais pas si j'ai envie de continuer. J'ai la nette impression, que même si je voulais me débarrasser de toute cette histoire, je ne le pourrais pas. Le karma doit être contre moi.

Pour que je le croise deux fois, en moins d'une semaine, il doit forcément y avoir une raison ?

« Et je fais quoi moi, maintenant ? j'interroge mon amie en relevant les yeux vers elle.

-Je n'en ai pas la moindre idée, m'avoue-t-elle en haussant des épaules. J'ai essayé d'avoir des informations le concernant. Mais Perrie est restée très évasive sur sa relation avec lui, et encore plus sur leur passé commun. J'ai voulu lui demander comment ils s'étaient rencontrés, etc... mais je n'ai pas pu avoir de réponse. La seule chose que j'ai comprise, c'est qu'ils se connaissent depuis longtemps. Voire même très longtemps. Je suis certaine qu'ils se connaissaient déjà lorsque vous vous êtes rencontrés en Thaïlande. »

Je hoche la tête à ses paroles, et porte ma tasse de café à mes lèvres. S'ils se connaissaient déjà à l'époque, étaient-ils déjà ensemble ? Si oui, ont-ils toujours eu une relation comme ils ont maintenant ? Ca me paraît aberrant, voire même irréel, de vivre si longtemps en couple avec quelqu'un de cette manière.

Je prends le temps de réfléchir à ces quelques mots, avant de reprendre :

« Tu crois que je dois essayer de l'aider ? je lui demande finalement en fixant le fond de ma tasse.

-Je ne sais pas quoi te répondre, Louis. Toute cette histoire a l'air bien plus compliquée qu'on ne le pense. Mais passer du temps avec cette fille m'a fait comprendre une chose : elle a vécu quelque chose. Je ne sais pas quoi, ni les conséquences que cela a encore sur sa vie, mais elle a vécu un traumatisme. J'en suis certaine. Et peut-être que Harry a aussi un lien avec tout ça.

-Tu crois que ce serait lié au comportement de Harry ?

-Pourquoi pas ? Ils semblent si proches et si... éloignés l'un de l'autre. Cette relation cache quelque chose.

Je soupire à ses mots et la regarde un instant. Elle a raison, toute cette histoire nous dépasse complètement. Nous risquons de nous y perdre, mais je n'ai pas envie de croire que c'est le hasard qui m'a remis sur la route de Harry.

« Je n'ai pas envie de croire que je l'ai revu par hasard.

-Je n'ai jamais cru au hasard, Louis, donc ce n'est pas moi qui vais te contredire. Mais, Louis... je pense que tu devrais prendre tes précautions. »

Je hoche lentement la tête à ses mots. Elle a entièrement raison sur ce point. Je dois essayer de garder mes distances, sentimentalement parlant, par rapport à tout ça. Sauf que je suis déjà bien trop impliqué.

« Mais tu n'y arriveras pas, n'est-ce pas ? me dit-elle en souriant tristement.

-C'est bien possible.

-Tu sais, cette fille est gentille. Elle est extrêmement fragile et semble porter un fardeau trop lourd pour ses épaules. Elle m'a fait de la peine, Louis.

-Elle sait qui tu es, par rapport à Matthew ? » je lui demande alors en me pinçant les lèvres.

Eleanor soupire, et secoue lentement la tête. J'aurais dû me douter qu'elle avait gardé cette information pour elle. En même temps, je peux la comprendre. J'imagine que, si elle voulait vraiment faire amie-amie avec Perrie, ça risquerait de tout compromettre.

En revanche, ce qui m'étonne, c'est que Matthew ne l'ait pas mise au courant...

« Elle ne le sait pas ? je la questionne pour être certain.

-Pas par moi en tout cas. Elle m'a fait de la peine, Louis. Elle semble si seule, et perdue !

-Pourquoi est-elle ici alors ?

-Elle arrive de Londres, et je crois qu'elle a déménagé sur un coup de tête. Elle avait besoin de changer d'air et d'univers. »

Et Eleanor ne peut que la comprendre... je comprends mieux pourquoi elle a envie de l'aider maintenant.

« Tu désires réellement être son amie ?

-Je crois. Malgré l'idée qu'elle soit plus ou moins avec Matthew, cette fille me parle.

-Alors aide-la ! Mais, si tu veux réellement le faire, tu dois être honnête avec elle, et lui avouer ta relation avec Matthew, et ce qui m'a lié à Harry.

-Elle sait déjà qui tu es. »

Je fronce les sourcils à ses mots, et l'interroge du regard. Elle baisse les yeux sur sa tasse de café, inspire profondément, comme pour se donner du temps avant de reprendre la parole.

« Elle m'a dit qu'il était très bouleversé à cause de ces retrouvailles.

-Mais... pourquoi ?

-Elle m'a dit que votre voyage l'avait énormément touché, et d'après ce que j'ai compris, il est rentré dans le même état que toi, Louis. Tout ce que vous avez vécu, ça a eu une signification, pour lui aussi. Alors, te revoir a eu l'effet d'un électrochoc. Mais, elle ne m'en a pas dit plus.

-Mais c'est lui qui est parti ! »

Elle hoche la tête en reposant sa tasse de café, et reprend la parole :

« Je ne dis pas le contraire, Louis.

-Et tu sais ce qu'elle en pense de tout ça ? »

Elle secoue lentement la tête tout en me disant que Perrie ne s'est pas étendue sur le sujet.

« En règle générale, elle ne m'a pas beaucoup parlé de Harry, ni de leur relation ou de leur passé, je te l'ai dit. »

*

J'ai failli appeler ma mère pour lui dire que je n'étais pas en état de venir déjeuner, parce que j'étais malade. Eleanor, qui a passé la nuit chez moi, m'a remonté les bretelles en me déclarant que je ne pouvais pas manquer l'anniversaire de mes sœurs. Depuis que j'ai ouvert mon agence de design, je passe moins de temps avec ma famille. Alors, j'évite de louper ce type d'événement. J'ai toujours été très proche d'eux, j'essaie donc de faire des efforts et d'y aller le plus souvent possible, pour les repas dominicaux. Et je ne manque jamais d'appeler mes parents quand je le peux !

J'ai cédé à Eleanor, mais je l'ai presque supplié de m'accompagner. Elle n'a pas refusé, parce qu'elle adore ma famille, et que tout le monde l'adore chez moi. Les jumelles lui vouent un culte pas possible. Elles sont ses fans numéro 1 sur Youtube, et c'est parfois drôle de les voir avec elle.

J'ai quand même appelé ma mère pour la prévenir que je venais avec El'. Elle a été enchanté d'apprendre la nouvelle, et s'est empressée de me dire que ça ferait plaisir aux jumelles. Elle m'a aussi dit qu'elle allait leur garder la surprise. Je l'ai remercié, puis nous nous sommes préparés pour aller chez mes parents. Ils n'habitent pas très loin de chez moi. Quand nous avons émigré aux Etats-Unis pour le boulot de mon père, ma mère est tombée amoureuse de Brooklyn, même si, à l'époque, ça n'avait peut-être pas le charme d'aujourd'hui. Ils ont acheté un ancien bâtiment industriel qu'ils ont entièrement rénové en un magnifique loft. Ils ont eu un coup de chance pas possible de pouvoir acquérir un bien comme le leur. Aujourd'hui, il vaudrait une petite fortune. Ma mère a passé des mois à tout rénover et décorer à son goût. Je crois que c'est d'ailleurs cela qui m'a donné envie de faire le métier que j'exerce aujourd'hui.

Eleanor a insisté pour que nous nous arrêtions en route, pour qu'elle puisse prendre des petits cadeaux pour les jumelles, et un bouquet de fleurs pour ma mère.

Dès que nous passons la porte de chez moi, je sens que j'ai bien fait de venir, et que ce midi avec ma famille va me faire du bien. La nuit a été courte, nous avons beaucoup parlé avec Eleanor. Mais à mon plus grand regret, à chaque fois que j'ai essayé d'en apprendre plus sur les raisons de son départ, elle a habilement évité le sujet.

« Louis ! Ah, vous voilà ! Quel plaisir de vous avoir avec nous ce midi ! s'exclame ma mère en nous accueillant dans le hall.

-C'est de ma faute si nous sommes en retard, j'ai insisté pour vous ramener un petit quelque chose, avoue Eleanor en tendant le bouquet de fleurs que nous avons acheté tout à l'heure.

-Oh, Eleanor, il ne fallait pas voyons. » répond ma mère en souriant avant d'attraper le bouquet.

Elle le porte à son visage, inspire la délicieuse effluve de rose, avant de s'approcher de nous. Elle nous prend rapidement dans ses bras, puis nous retirons nos vestes pour retrouver le reste de la famille au salon. Mon père est en train de bricoler sur son ordinateur. Il referme l'écran en nous voyant arriver, et vient nous saluer. Il complimente Eleanor sur sa beauté, comme à chaque fois qu'il la voit, et me taquine légèrement en me disant qu'il aurait bien voulu d'une fille comme elle, comme belle-fille.

Mes parents sont au courant de mon homosexualité. Si, au départ, l'annonce n'a pas été facile, aujourd'hui ils ont accepté cette idée. Mon père me taquine souvent sur les filles, mais ce n'est jamais méchant ou blessant. Quant à ma mère, elle est parfois bien trop contente de pouvoir parler de garçons avec moi. C'est irréel, mais terriblement drôle.

Charlotte et Félicité ne tardent pas à apparaître dans le salon. Nous les saluons et nous demandons où sont les jumelles.

« Elles finissent de se préparer, elles veulent être les plus belles ! Tu les connais ! déclare Charlotte en rigolant.

-Je crois même qu'elles voulaient tester un nouveau tuto beauté qu'elles ont trouvé sur Youtube. Désolée Eleanor, mais elles délaissent tes beaux paysages et voyages pour de jolis minois parfaitement maquillés, explique Félicité en souriant.

-Je ne m'en plaindrais pas ! Elles ont raison de prendre tout ce qu'elles peuvent sur la plateforme. » affirme Eleanor en saluant mes deux sœurs.

Mes parents nous proposent de nous installer, et de nous servir un apéritif. En attendant, Félicité va chercher les jumelles, et quelques minutes plus tard, elles débarquent. Elles nous saluent joyeusement avec Eleanor, et s'installent de part et d'autre de mon amie, ne pouvant s'empêcher de se coller à elle, ce qui évidemment, me fait beaucoup rire.

J'en profite que El' soit occupée avec les filles, pour me lever et retrouver ma mère dans la cuisine. Elle est en train de disposer des petits roulés au fromage pour l'apéritif dans un plat.

« Tu as besoin d'un coup de main ? je lui demande en souriant.

-Attrape les verrines dans le frigo, mon chéri » me répond-elle en se tournant vers moi en hochant la tête.

J'approuve d'un signe de tête, et ouvre le frigo. J'attrape le plateau avec les verrines et le pose sur la table de la cuisine, je récupère quelques cuillères pour les mettre avec, et ma mère enchaîne en reprenant la parole :

« Comment tu vas, Louis ? Tu me parais épuisé, me dit-elle alors en s'appuyant contre le plan de travail.

-Je ne dors pas très bien en ce moment. » je lui avoue en haussant des épaules.

Après tout, pourquoi lui mentir ? Ma mère est capable de lire en moi, comme dans un livre ouvert. Je ne peux pas lui mentir, elle le verrait tout de suite ! Elle a toujours était là pour moi, et nous sommes très proches. Même si je passe moins de temps ici, je sais qu'elle est toujours très attentive. Elle ne fait absolument pas de favoritisme, loin de là, puisqu'elle est comme ça avec tous ses enfants. Elle peut même l'être avec mes amis. Notamment avec Eleanor, Matthew et Dominic. Parfois, j'ai véritablement l'impression qu'ils font partie de la famille, et ça fait du bien.

« Qu'est ce qui t'empêche de dormir ? m'interroge-t-elle en fronçant les sourcils.

-C'est... idiot, mais j'ai recroisé quelqu'un que j'ai rencontré y'a longtemps, et ça me perturbe. Eleanor ne va pas très bien non plus, elle ne veut pas m'en parler. Je m'inquiète pour elle...

-J'ai vu que quelque chose n'allait pas pour elle, je peux essayer de lui parler ? me propose-t-elle.

-Je ne sais pas si ça servirait à grand-chose, maman, mais merci. Je sais que Max est au courant, et j'en ai parlé à Matthew. Je le connais, il ne va pas tarder à l'appeler, et il sera là pour elle. » j'affirme en hochant la tête.

Ma mère m'observe pendant un léger instant, avant d'approuver d'un signe de tête. Elle sait tout aussi bien que moi que Matthew ne tardera pas à prendre tout ça en charge. Il sait s'occuper d'Eleanor.

Elle soupire largement et murmure :

« Vous savez les enfants, la vie est courte. Si tu te rends malade à cause de ce garçon, parce que j'imagine qu'il s'agit d'un garçon, bas-toi pour arranger les choses, ou bien tourne la page, ne vis pas dans le passé. Quant à Eleanor... je ne peux que t'encourager à être là pour elle. J'espère que ça s'arrangera, une fois de plus, avec Matthew, parce qu'ils méritent d'être heureux, tous les deux.

-Je l'espère aussi, Maman, tellement... En plus, Matthew a rencontré quelqu'un entre temps, et même si cette fille semble être adorable, elle ne remplacera jamais Eleanor.

-Je suis bien d'accord mon chéri. »

Maman doit être la fan numéro un du couple que formaient Matthew et Eleanor. Je la comprends, ils sont... tellement beaux quand ils sont ensemble. Elle semblait si contente de les voir se rapprocher à l'époque. Elle connaît Matthew depuis longtemps, elle l'avait vu avec beaucoup de filles avant, comme tout le monde d'ailleurs ! On connaissait Matthew comme un véritable homme à femmes. Mais depuis qu'il connaît Eleanor, même lors de leurs périodes creuses, il n'a pas vu beaucoup d'autres filles.

Perrie est d'ailleurs l'une des seules à avoir pu l'ensorceler...

« Assez parlé de moi, Maman. Vous, comment allez-vous ? » j'interroge alors ma mère en souriant.

Les mamans sont toujours en train de s'inquiéter pour leurs enfants, mais eux ne s'inquiètent jamais assez pour elles ! C'est pour cette raison que je prends toujours des nouvelles de mes parents, et que je m'assure que tout aille bien pour eux. Ils sont ensemble depuis si longtemps qu'à mes yeux, il n'y a pas de raison que ça se passe mal, mais il y a des hauts et des bas, comme pour chaque couple.

Elle me sourit et hoche lentement la tête. Je suis à chaque fois, soulagé, d'apprendre que tout va bien pour eux.

« Oui, tout va pour le mieux, mon chéri. Et d'ailleurs, tu ne le dis pas à tes sœurs mais... je suis enceinte. »

J'ouvre grand les yeux, et la bouche à son annonce, et je m'approche d'elle pour aller la prendre dans mes bras et la féliciter. Après la naissance des jumelles, quand elles ont grandi, et quitté leurs couches culottes, mes parents ont essayé d'avoir un autre bébé. Mais, elle a enchaîné les fausses couches et ils ont fini par abandonné l'idée.

Finalement, ils ont bien fait de patienter !

« Mais c'est génial ! Tu le sais depuis quand ? Qui est au courant ? je l'interroge en me détachant finalement d'elle après l'avoir serré contre moi.

-Quelques jours. Seulement ton père est au courant, il est heureux comme tout. Il n'y a plus que les jumelles à la maison maintenant, donc ... nous pouvons bien faire ça. Nous étions prêts à avoir un autre bébé quand les filles étaient encore en bas-âges. Nous nous sommes dit que nous pouvions bien le garder, même si nous vieillissons.

-Tu l'as tant voulu maman, ça aurait été idiot de ne pas le garder. » je murmure en embrassant sa joue une fois de plus.

J'ai assisté à la déprime de ma mère lorsqu'elle a essayé d'avoir un bébé après les jumelles, et elle a été on ne peut plus malheureuse. Ce fut une période très difficile pour elle, et savoir qu'aujourd'hui, elle arrive à accéder à cette envie, me rend heureux. On pourrait très bien se dire qu'avec cinq enfants elle en a déjà assez, mais... non. Maman est comme ça, elle a de l'amour à revendre, et je sais que ce petit sixième sera élevé comme un prince.

« Je suis tellement content pour vous maman, c'est extraordinaire, je répète en souriant.

-J'espère que ce sera un petit mec, ça me manque parfois, m'avoue-t-elle en rigolant.

-Quoi ? Mes baskets sales en rentrant du foot ? je lui demande en me joignant à ses rires.

-Oui. Et puis ça changera un petit peu. Toutes ces filles... Mark va devenir fou sinon ! »

Je rigole de plus belle en secouant la tête, et j'attrape le plateau que j'étais normalement venu prendre. J'embrasse la joue de ma mère au passage et je quitte donc la cuisine à ses côtés, tout sourire. Je suis vraiment heureux de cette nouvelle. J'ai bien fait de venir, ça me fait du bien de voir ma famille, ma maman, mes sœurs, mon père... tout ça me rappelle que, malgré tout ce qu'il peut se passer dans ma vie, ils sont là.

Je dépose le plateau sur la table basse et je croise le regard de mon père. Je lui mime un « félicitations » du bout des lèvres, et le sourire qu'il me renvoie me réchauffe le cœur. Je comprends mieux sa si bonne humeur. Je suis véritablement heureux pour eux. Je n'ai pas de soucis à me faire quant à leur avenir. Ce petit va arriver comme un cadeau du ciel...

Je m'installe à côté de Charlotte qui pianote sur son téléphone, pendant que Félicité discute avec les jumelles et Eleanor. Les trois semblent bien intéressées par le dernier voyage de mon amie, en Inde.

Nous prenons l'apéritif dans la bonne humeur, et avant que nous passions à table, ma mère propose de distribuer les cadeaux aux jumelles. Evidemment, elles ne peuvent pas refuser, et ça nous fait rire. Elles sont excitées à l'idée de recevoir leurs présents, comme des enfants pour Noël.

Je me dévoue le premier pour leur donner leurs cartes cadeaux. J'ai choisi l'enseigne en connaissant leurs boutiques préférées en ville pour faire du shopping. Avec 100 dollars chacune, j'imagine qu'elles auront de quoi se faire plaisir.

« Joyeux anniversaire les filles, voilà pour vous » je leur dis en tendant une enveloppe à chacune d'entre elles.

Daisy et Phoebe me remercient en attrapant les enveloppes. Elles ouvrent tout en souriant, et je vois leurs yeux s'illuminer en découvrant l'enseigne du magasin.

Daisy se redresse d'un geste et vient tout de suite me prendre dans ses bras, suivie de près par sa jumelle :

« Mais tu es fou ! s'exclame-t-elle en souriant.

-Tu ne vas pas te plaindre quand même ! je réponds en rigolant.

-J'avoue c'est hyper chouette ! Merci Lou. » affirme Phoebe en se redressant pour se détacher de moi la première.

Daisy embrasse ma joue une seconde fois, puis Eleanor attrape ses propres cadeaux. Elle leur tend un paquet chacune, contenant une palette de maquillage d'une de leur marque préférée. Je suis certain qu'elles seront tout aussi contentes de ce cadeau-là !

Ça ne manque pas, quand elles ouvrent, elles se jettent sur mon amie pour la remercier. Eleanor vise toujours juste quand il s'agit de cadeau et peu importe le destinataire, elle a un don et j'en serais presque jaloux ! Je souris tendrement en voyant Eleanor étreindre mes sœurs. Puis, finalement mes parents, Charlotte et Félicité distribuent, à leur tour leurs cadeaux. Autant dire que les filles ont clairement été gâtées !

Nous ne tardons pas à passer à table. Maman a prévu un super repas, et en voyant les plats défiler les uns après les autres, nous ne pouvons que la remercier. Nous passons un agréable moment tous ensemble. Je sais que ces moments en famille sont importants pour Eleanor aussi. Elle n'a pas la chance de vivre aussi proche qu'elle le voudrait de chez ses parents.

Je sais qu'elle a parfois hésité à repartir à Sydney, mais n'a jamais sauté le pas, à cause de Matthew. Quand elle s'est installée à New-York, je savais que c'était en partie pour lui. Et même lors de leurs différentes séparations, elle n'est jamais repartie d'ici. Bien qu'elle aurait pu repartir en Australie. Aujourd'hui, je ne sais pas vraiment où elle en est, si elle envisage ou pas d'y aller, ne serait-ce qu'en séjour. Je sais qu'elle y va peu, parce que chaque visite est difficile. Chaque départ est plus compliqué.

A la fin du repas, Eleanor prend le temps de discuter avec mes sœurs, pendant que j'aide ma mère à ranger avec mon père. Quand nous décidons de partir, il est déjà dix-sept heures, et j'ai passé un super après-midi. J'adore ces moments-là, et je suis content que Eleanor ait pu en profiter aussi.

Je monte en voiture, boucle ma ceinture, et mets le contact. Eleanor soupire de bien-être à côté de moi, et je tourne le regard vers elle, avant d'enclencher la première pour partir.

« Ce fut une bonne après-midi, n'est-ce pas ? je l'interroge en souriant.

-Oui, c'était exactement ce dont j'avais besoin moi aussi Louis. Merci.

-Non, c'est moi qui te remercie de m'avoir secoué pour que je vienne. Ce matin, j'étais au fond du seau et maintenant, je me sens mieux. Ça m'a fait du bien de les voir, et de discuter avec ma mère. »

Eleanor me sourit, et glisse une main contre ma joue. Elle se penche sur moi et embrasse mon front avant de murmurer, en me regardant dans les yeux :

« Nous sommes une grande famille, il est normal de se soutenir, Louis. »

Je souris à ses mots en hochant la tête. Je ne peux que confirmer ses mots, nous sommes une grande famille... et ça fait plaisir de savoir que j'ai des amis si proches.

Je la laisse finalement se dégager et j'enclenche la première pour prendre le chemin du retour.

« Je te dépose chez toi ? Ou tu veux qu'on commande un truc à manger en regardant un film ? je lui propose en m'arrêtant au premier croisement.

-Le film me va très bien ! Mais j'avoue qu'après le repas de ta mère...Je pense que je serai incapable d'avaler quoi que ce soit ! me dit-elle en rigolant.

-On verra bien ! Allez, en route alors ! »

Elle me sourit, et je redémarre. Nous roulons en discutant de notre après-midi pendant un petit moment, avant que je ne me souvienne de la nouvelle que m'a mère m'a annoncé tout à l'heure en aparté. Je sais que je peux mettre Eleanor dans la confidence, et qu'elle n'ira rien dire à mes sœurs. Après tout, ma mère ne m'a pas interdit de le dire à Eleanor. Je me demande d'ailleurs quand ils mettront les filles au courant. Mais, en attendant, je suis tellement heureux de cette nouvelle, que j'ai besoin de la partager avec quelqu'un. Eleanor me semble être la personne idéale !

« Oh, ma mère m'a fait une annonce ! je déclare en souriant grandement.

-Ah oui ? Quoi donc ?

-Elle est enceinte ! »

Le silence qui suit ma déclaration m'étonne. Je sens le regard brûlant d'Eleanor sur moi, et il me met clairement mal à l'aise. Je fronce les sourcils, et m'autorise à jeter un œil sur elle malgré le fait que je sois au volant.

Elle se pince les lèvres, comme... choquée, voire même peinée de la nouvelle.

« Pourquoi tu le prends comme ça ? je lui demande sans comprendre.

-Elle est encore enceinte ?

-Oui... et où est le souci ? »

Elle inspire profondément en secouant la tête et détourne le regard. Je la vois se frotter les yeux du revers de son pull et j'arque un sourcil, encore plus étonné, voire même inquiet par la tournure de cette conversation.

Il se passe quoi là ?

« Eleanor ?

-Elle a eu cinq enfants. Cinq enfants, et elle est encore enceinte ?

-Qu'est ce que tu es en train de me faire là ?! » je réplique.

Je pile et m'arrête au milieu de la route. Heureusement, personne n'est derrière moi. Je glisse une main sur l'épaule de mon amie, et essaie de la retourner vers moi. Elle me donne un coup d'épaule pour se dégager de mon emprise, et je la regarde, choqué.

Qu'est ce qu'elle est en train de me faire ?

« Eleanor, qu'est ce que tu as ?

-Elle est encore enceinte, murmure-t-elle la voix complètement cassée.

-Oui, j'ai bien compris ! Mais... pourquoi tu te mets dans cet état ?!

-MAIS elle est ENCORE enceinte, alors que moi je ne le serai jamais ! » me répond-elle avec violence, les larmes aux yeux en se retournant vers moi.

*

« Tu vas maintenant m'expliquer ce qu'il vient de se passer ? » je demande en m'installant en face de Eleanor.

Après ses révélations, elle a refusé d'ouvrir la bouche. Je l'ai laissé pleurer en silence, incapable de la consoler ou de la faire parler. J'ai roulé jusque chez moi, et nous sommes montés dans mon appartement. Elle s'est tout de suite installée dans mon canapé en s'enroulant dans un plaid, avant de se cacher derrière un mur de silence.

Je l'ai observé pendant un long moment, avant de m'asseoir en face d'elle et de lui adresser la parole.

Elle me regarde maintenant de ses grands-yeux bruns, et attend sûrement que je change de sujet, ou que lâche l'affaire, sauf que je ne peux pas. Pas cette fois-ci. Pas après ce qu'elle m'a annoncé dans la voiture. J'ai été gentil ces derniers temps, à la laisser me cacher des choses, mais je crois qu'il est temps qu'elle me dise la vérité.

Elle soupire largement en secouant la tête, et se racle la gorge en baissant les yeux.

« Je me suis faites opérer avant de partir en Inde...

-Mais... pourquoi ?

-J'avais des douleurs anormales. J'en ai parlé à Max qui m'a conseillé de passer des examens. Il s'est révélé que j'avais une grosseur sur l'un de mes ovaires. Ils ont tout retiré. Le second ne semble pas atteint mais le cancérologue m'a avoué que ce n'était sûrement qu'une question de temps. Donc... ils l'ont enlevé aussi.

-C'est... un cancer ?

-Oui, c'était un cancer... Il n'était présent que sur un seul ovaire. Mais les risques étaient bien trop grands si je laissais l'autre. Il y a avait une tâche anormale dessus, et ils n'ont pas voulu prendre de risques. Je n'ai pas eu de chimio ou quoi que ce soit, puisque je n'avais pas de métastases ailleurs. Je devrais repasser des examens dans quelques semaines mais...pour le moment, ça va. Mais...ça fait beaucoup à avaler. »

Je me pince la lèvre inférieure à ses mots, comprenant mieux sa réaction à l'annonce de la grossesse de ma mère. Si on lui a retiré ses deux ovaires, cela veut dire une chose : qu'elle est devenue stérile. Je me sens tellement mal de lui avoir annoncé la nouvelle de cette manière ! Mais je ne pouvais pas le deviner en même temps ! Si seulement elle m'en avait parlé.

Je me lève du fauteuil dans lequel je suis installé, et je vais m'asseoir près d'elle. Je l'entoure de mes bras et elle vient se lover contre moi.

« J'ai complètement déraillé... Matthew attend tellement d'une vie de couple, et je sais qu'il rêve d'être papa, et... je ne pourrai jamais lui offrir cela maintenant que je... Putain, Louis !» murmure-t-elle avant de fondre en larmes.

Je secoue la tête, la serrant encore plus fort contre moi pour la consoler et essayer de la bercer. J'inspire profondément, les larmes aux yeux, et le cœur au bout des lèvres. Ça fait tellement mal de la voir ainsi. Mes soucis de Harry-Noah-ou-je-ne-sais-quoi, paraissent tellement ridicules à côté !

« Hey... je suis là moi, je suis là pour toi. Max aussi, et... malgré ce que tu peux penser, Matthew aussi. Il t'aime, comme un dingue. Tu dois lui en parler, il a besoin de comprendre. C'est pour ça que tu es partie, n'est-ce pas ? » je l'interroge en douceur.

Elle me répond par un tout petit hochement de tête et je me pince les lèvres en reprenant.

« Tu dois lui dire la vérité. Tu ne peux pas rester comme ça. Tu as besoin de lui, Eleanor.

-Je l'aime... tellement.

-Je sais, et lui aussi, comme un fou, il sera peiné de l'apprendre. Pas pour son envie à lui d'avoir des enfants, mais pour toi. Parce que je sais que toi aussi c'était quelque chose qui comptait pour toi.

-Et s'il ne veut plus de moi après ça ?

-Il voudra de toi après ça. Il te voudra encore plus Eleanor, il te soutiendra et il sera là. Il y a d'autres manières pour devenir parents, tu le sais. »

Elle renifle légèrement en hochant la tête de haut en bas, avant de murmurer.

« Tu seras là toi aussi ?

-Oui... »



#NoahFIC _ BONSOIR ! comment allez-vous ? :) J'espère que ce chapitre vous aura plût ! Il répond à quelques questions quand même ! Notamment sur Eleanor ! BON nous n'en savons pas vraiment plus concernant Noah/Harry mais bon...ça viendra !

Merci à Amélie pour ses corrections !

Love.

Phil. 

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