Chapitre n°4


Je referme la porte de l'agence en soupirant. La journée a été longue, et je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi. Il est presque vingt heures, et je rêve de me glisser sous la couette. Je voudrais pouvoir m'endormir et ne me réveiller que demain matin. Je suis certain que ça me ferait le plus grand bien ! Mais, une fois de plus, je risque de me choper une insomnie.

Depuis la soirée chez Eleanor en début de semaine, je m'inquiète pour elle. Comme si le retour de Harry ne suffisait pas.

J'ai essayé d'interroger Max, mais il n'a rien voulu me dire. Il m'a seulement demandé de garder un œil sur elle, en m'avouant être inquiet, lui aussi. J'ai évidemment accepté, parce qu'il s'agit d'Eleanor, et que je serais prêt à faire n'importe quoi pour elle. Mais j'aurais aimé qu'il me dise la vérité. Être dans la confidence m'aurait sûrement aidé.

Une fois dans la rue, je me dirige vers la première bouche de métro pour rentrer chez moi. Si Liam vient en voiture chaque matin, ce n'est pas forcément mon cas. Que je vienne en transport en commun ou en voiture, je mets le même temps. Le matin, mon choix se fait en fonction de ce que je dois faire en débauchant. En ce moment, je ne préfère rien prévoir...

Je soupire en pénétrant dans la rame de métro, et m'installe sur un siège libre. J'attrape mon casque dans mon sac à dos, et l'installe sur ma tête. Je prends ensuite mon téléphone, et souris en voyant un texto de ma petite sœur, Charlotte. Elle prend de mes nouvelles, et me demande quand est-ce que je compte passer à la maison pour dîner. Il est vrai que ça fait plusieurs semaines que je loupe le déjeuner dominical. Il faut que j'appelle ma mère pour lui dire que je serai présent cette semaine. En plus, on doit fêter l'anniversaire des jumelles je pense. Ce repas du dimanche midi est une tradition familiale que je ne manque pas souvent. Mais ces dernières semaines, j'ai eu beaucoup de travail, et j'avoue que dimanche dernier, je n'ai pas eu le courage d'y aller.

Ma discussion avec ma sœur m'occupe tout le voyage. Quand je déverrouille enfin la porte de mon appartement, il doit être vingt heures trente. Je pose mon sac dans un coin, retire ma veste et vais jusqu'à ma cuisine, mon ventre commençant à se réveiller. Je sors un plat de mon congélateur, le mets dans le four, puis je vais au salon pour allumer la télévision. Je me laisse tomber sur mon canapé, mais je suis rapidement arrêté par la sonnerie de mon téléphone. Je soupire, l'attrape et fronce les sourcils en voyant le prénom de Matthew sur l'écran.

C'est parti pour une heure. La tornade Eleanor a dû revenir dans sa vie, et foutre un bordel pas possible.

Je décroche, inspire profondément, et le laisse commencer :

« PUTAIN DE MERDE ! Tu ne devineras JAMAIS ce que Perrie vient de me dire, mec. Je te jure, je vais lui tordre le cou à cette fille. Elle ne cherche qu'une chose, me pourrir la vie !

-Hmm... bonjour, oui merci, je vais bien et toi ?

-Ca va ouais. BREF ! Je la vois sortir ce midi pour aller déjeuner. Jusque là, tout va bien. Elle me dit qu'elle doit retrouver une nouvelle copine. Je n'ai rien dit, je suis pas forcément curieux comme mec tu vois, donc voilà. Et vas-y que je la vois revenir à quatorze heures avec ELEANOR ! Cette fille est un véritable parasite ! J'y crois pas ! Je suis certain qu'elle a fait ça exprès, quand elle a su que je fréquentais quelqu'un. »

Je ferme les yeux, même pas étonné de voir cette réaction de la part de Matthew. Je secoue la tête, et alors que je m'apprête à reprendre la parole, il me coupe et s'exclame :

« J'ai fais comme si ça ne m'atteignait pas. Eleanor m'a regardé de haut en bas et m'a à peine dit bonjour ! Tu te rends compte ?! MERDE ! C'est elle qui est parti, c'est à moi d'avoir ce genre de réaction et de la mépriser, pas le contraire ! Elle n'a pas le droit de me faire ça ! Et puis, depuis quand elle est rentrée ? Parce que je ne savais même pas qu'elle était là, et d'habitude je suis toujours le premier qu'elle vient voir.

- Elle est revenue lundi dans la journée, pour moi. Quand... j'ai vu Noah... enfin, Harry, puisque visiblement il semble s'appeler Harry, j'ai totalement disjoncté. J'avais besoin d'elle. Je l'ai appelé, et elle est revenue. »

Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil. Je sais que tout ça doit le travailler. Matthew doit être vexé de ne pas avoir eu la visite de Eleanor à son retour. Mais, je ne peux pas garder pour moi mes inquiétudes. Je sais qu'ils sont en froid, comme cinquante pourcent du temps, mais ils demeurent les personnes les plus amoureuses que je connaisse.

Même s'ils s'y prennent comme deux idiots.

« Matthew. Je m'inquiète.

-Comment ça tu t'inquiètes ? Pour qui tu t'inquiètes ? Pour moi ? Je t'assure que tout va bien. Cette Perrie est géniale, mec ! Elle me prend pas la tête, j'ai pas besoin de l'appeler le soir pour lui souhaiter une bonne nuit, ou bien de lui écrire à longueur de journée. C'est parfait comme relation.

-Attends, attends. Tu sors avec elle ?

-Quoi ? Non ! Absolument pas ! Mais on se voit ! On prend du bon temps !

-Mais... elle n'a pas de mec ? »

Matthew me répond par un éclat de rire, et il ajoute.

« On n'est pas ensemble ensemble, si tu vois ce que je veux dire. Mais elle m'a clairement dit qu'elle était pour une relation sans attache, avec quelques parties de jambes en l'air par semaine quoi. Elle s'en fout de ce que Harry peut en penser. Et moi aussi, je t'avoue. »

Donc, ce que Kate m'a appris l'autre jour était vrai, ils sont vraiment dans une relation libre...

« T'es un gros dégueulasse.

-Non, je crois que j'ai besoin de ça. Donc, jt'assure, tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi.

-C'est pas pour toi que je m'inquiétais espèce d'idiot, c'est pour Eleanor. »

Il soupire largement, et je le vois rouler des paupières d'ici. Je connais Matthew depuis si longtemps, que je crois que je serais capable de décrypter et deviner toutes ses mimiques à distance.

Je ferme les yeux et reprends:

« Elle ne va pas bien. D'après ce que j'ai compris, ce n'est pas pour rien qu'elle est partie il y a trois mois, mec. J'étais chez elle mardi soir, avec Max. Ils se sont engueulés. Ils est au courant de ce qui l'a faite partir, et elle n'a pas voulu m'en parler. A moi. Matthew, elle n'a pas voulu m'en parler à moi, alors qu'elle me dit tout ! Elle ne va pas bien. Il y a un truc qui cloche ! »

Le silence qui suit me fait comprendre que le jeune commence à réaliser mes mots. Je connais Matthew, il ne mettra pas longtemps à revenir en arrière, et commencer à s'inquiéter pour elle. Il est incapable de rester insensible à Eleanor. C'est la femme de sa vie. Je le sais.

« Je commence à me dire que je devrais peut-être arrêter de faire des frais avec elle, Louis. Elle... m'a brisé le cœur, un nombre incalculable de fois. J'ai juste envie de vivre sans avoir peur que la femme que j'aime ne se barre du jour au lendemain, à l'autre bout du monde, pour revenir, comme une fleur deux mois plus tard. J'ai plus vingt ans. Ça peut fonctionner un temps, mais là, c'est plus possible. Je commence à saturer. Je l'aime, je suis fou d'elle, mais je ne sais pas si elle pourra réellement me rendre heureux. »

QUOI ?

« Mais... Matthew, on parle d'Eleanor. Toi et Eleanor c'est votre histoire, vous fonctionnez comme ça. Non ?

-Oui. Mais tu ne crois pas que j'ai le droit de vivre autre chose ? D'être heureux avec une fille normale ? »

Je me pince les lèvres à l'annonce de mon ami, et je ne sais pas pour qui j'ai le plus mal. Matthew ou Eleanor. S'il commence à m'en parler, ça veut dire que tout cela le travaille depuis un moment, et que sa décision est pratiquement prise. Matthew n'aime pas être influencé pour ce genre de chose. Il a donc tendance à beaucoup intérioriser avant de finalement s'exprimer sur ce qu'il vit. C'est pour lui une façon de prendre ses propres décisions, seul.

Mais je le connais, ça a dû lui briser le cœur.

Sauf que je dois continuer. Je ne peux pas laisser mon amie comme ça.

« Matthew, tu m'as déjà entendu dire que j'étais inquiet pour Eleanor ?

-Non.

-Elle m'a clairement demandé de ne pas lui poser de question concernant son départ. Max est au courant de quelque chose, il m'a dit qu'il ne pouvait rien me dire, et que c'était à El' de le faire. Matthew, même si tu ne te considères plus comme son petit ami, je sais que tu l'aimes toujours, et tu es le seul qui saura l'aider si elle va mal. Elle a besoin de toi. »

Je ferme les yeux, et me masse les tempes. Depuis que je l'ai vu chez elle avec Max l'autre soir, je n'ai pas trop eu de nouvelles d'elle. Je crois même qu'elle m'évite. Je suis certain qu'elle a peur que je continue de lui poser des questions.

« Je n'ai pas eu de nouvelles depuis le soir où j'ai dîné avec elle. Si elle a vu Perrie c'était uniquement à cause de moi, elle devait s'informer sur Harry. Je... elle n'a pas fait ça pour te faire du mal. C'est même tout le contraire, crois-moi »

J'entends la respiration de Matthew à l'autre bout du fil, et je ferme les yeux en soupirant. J'aimerais qu'il comprenne qu'il faut absolument qu'il fasse quelque chose pour elle. Je m'inquiète vraiment pour mon amie. Eleanor est quelqu'un de très indépendant, je n'ai pas pour habitude de m'inquiéter pour ses problèmes, elle sait les gérer seule. Mais là, il se passe un truc.

« Si tu voulais des infos sur ce mec, il fallait me le dire, je l'aurais fait. J'aurais pu interroger Perrie. Pas la peine qu'elle se lance dans une croisade comme celle-ci. Perrie semblait toute contente à l'idée de s'être fait une amie.

-Tu ne l'aurais sûrement pas fait. Vous n'avez jamais compris ce que j'ai vécu avec ce mec.

-C'était toxique, Louis ! Il a passé deux mois à te mentir ! C'était... Non. Juste non. Mais tu te trompes, j'aurais posé toutes les questions que tu aurais voulu à Perrie. Je l'aurais fait parce que tu es mon ami, et que je tiens à toi. »

Sauf que je connais Eleanor, elle est bien mieux placée pour le faire. Elle connaît mieux que personne mon histoire avec Harry, et elle saura poser les bonnes questions, surement même mieux que moi.

« Le fait est que Perrie est tout de même toute contente à l'idée de s'être fait une amie, alors qu'il ne s'agit qu'une des folles manigances de mademoiselle Calder. Alors, excuse-moi d'être en colère contre elle. Perrie vient d'arriver en ville, elle ne connaît personne ! Tu sais combien c'est difficile de se faire des amis à New-York !

-Tu peux être en colère contre elle, y'a pas de soucis Matthew. Mais le résultat reste le même. Elle ne va pas bien, elle me cache des choses, et si Max est impliqué, je crains que ce soit parce qu'elle y ait été obligée.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

-Matthew. Il est médecin. »

Un long silence suit mes derniers mots et je l'entends alors murmurer au bout de quelques secondes.

« Oh merde... »

Ouais, OH merde, comme tu le dis.

« Tu comprends mieux pourquoi je m'inquiète maintenant ?

-Oui. »

*

La fin de semaine est passée assez rapidement. Niall m'a appelé pour me dire que tout était arrivé à Los Angeles. Il en a profité pour me dire qu'il allait être sur New-York encore quelques jours, et donc, m'a persuadé de faire le voyage jusque là-bas, ensemble, mardi, pour débuter le tournage mercredi. J'ai aussi accepté sa proposition lorsqu'il m'a dit qu'il pouvait m'héberger les deux nuits que j'allais passer là-bas.

Eleanor m'a rappelé hier. Elle m'a proposé qu'on se retrouve dans un bar ce soir, pour parler de sa nouvelle super amitié avec Perrie. Depuis ma discussion avec Matthew, je ne sais pas quoi penser. Perrie arrive dans une nouvelle ville, seule, et cette relation avec Eleanor n'est peut-être pas une bonne idée. De plus, je ne sais toujours pas ce qui cloche chez mon amie. Je ne lui ai rien demandé au téléphone, parce que je sais qu'elle n'allait rien me dire. Mais je crois que Matthew n'est pas retourné vers elle, sinon elle m'en aurait parlé hier au téléphone. Soit pour me remercier, soit pour m'engueuler. Et je pense que s'il revient vers elle, Eleanor va m'en tenir responsable.

Bref. Ce midi, je dois aller retrouver Zayn. Sans Liam. Ça m'a étonné quand il m'a appelé hier soir, pour me demander si j'étais libre pour déjeuner avec lui. Dans le couple, c'est Liam mon ami, mais je peux considérer Zayn comme tel maintenant ! Je l'ai rarement vu seul à seul, mais je l'apprécie beaucoup. C'est une personne discrète et très attentive. A l'opposé de Liam qui peut être très exubérant quand il s'y met. Comme on dit, les contraires s'attirent, non ?

Je passe la porte du petit restaurant où il m'a donné rendez-vous à midi. Je souris en le voyant installé à table, Nolan dans ses bras. Je traverse la pièce pour les retrouver, et prends le petit garçon dans mes bras pour l'embrasser, une fois à leur hauteur. J'aime tellement ce petit bout...il est adorable.

« Bonjour petit prince ! » je murmure en embrassant sa joue, laissant le bambin gazouiller dans mes bras.

Zayn se redresse, un sourire magnifique sur le visage en regardant son fils. Ce petit lui ressemble beaucoup. Liam et lui ont décidé de faire appel à une mère porteuse. Zayn est le père biologique de Nolan, et ça se voit. Sa peau chocolat et ses cheveux bruns ne trompent pas.

Je rends son fils à son papa, et il l'installe dans le landau. Je le salue rapidement et m'assois en face de lui.

« Alors, qu'avais-tu à me dire pour me demander de venir ? je lui fais alors en regardant la carte.

-C'est bientôt l'anniversaire de Liam. Je voudrais lui organiser une soirée surprise, pour ses trente ans, je me suis dis que ce serait sympa. Q'en penses-tu ? »

Je souris largement à cette annonce, et hoche la tête. C'est même une super idée. Je sais que Liam a toujours un petit coup de mou pour les fêtes et les anniversaires. Sa famille n'a jamais accepté son homosexualité, et il n'a plus du tout de contact avec eux. Je sais que Zayn et la sienne le soutiennent énormément. Sans eux, il serait bien seul. C'est pour cette raison que Zayn s'est toujours assuré qu'il puisse avoir de beaux anniversaires, a toujours fait les fêtes de fin d'année avec lui même quand ce n'était pas aussi sérieux qu'aujourd'hui, entre eux.

Trente ans, c'est un virage important, et je pense donc que son mari a visé juste.

C'est une bonne idée.

« Parfait ! C'est une super idée, Zayn ! Tu veux faire ça où ? je l'interroge.

-Je ne sais pas. Je ne vois pas une grosse fête, juste les gars, et ma famille. Ça compte pour lui qu'ils soient présents. Et puis, comme Nolan est encore petit, nous ne pouvons pas nous permettre de faire les choses en grand.

-C'est parfait comme projet. Je suis certain que ça lui plaira. On peut organiser ça à l'agence ? Je m'organiserais avec les filles pour qu'elles puissent aménager le showroom pour l'événement. Tu n'auras qu'à t'arranger pour l'emmener loin toute la journée, le temps que nous installions tout !

-C'est une super idée de le faire à l'agence, il adore cet endroit en plus. Même s'il y passe ses journées, dit-il en rigolant légèrement.

-Je m'occupe d'organiser la réception. Nous sommes d'accord, un truc entre amis, et avec la famille. Un cocktail debout, pas la peine d'installer des tables pour un repas ? »

Zayn hoche la tête, et semble se perdre dans cette nouvelle idée, d'organiser cette soirée pour son mari. Bon sang que ces deux-là sont différents. Zayn est toujours dans la lune, et plane à dix-mille. Mais je l'adore ! C'est ce qui fait son charme !

« Je te laisse faire la liste ? je lui demande.

-Oui, je la fais rapidement, et je te dirai. Mais nous serons une vingtaine je pense, pas beaucoup plus, assure-t-il.

-Parfait, j'organiserai tout ça, tu n'as pas à t'en faire. J'imagine qu'avec Nolan, tu as de quoi occuper ta journée ! » je lui dis en regardant le gamin qui nous observe de ses beaux yeux chocolat.

Zayn rigole légèrement, et hoche la tête. J'imagine que ce ne doit pas être facile pour lui. Il a décidé d'arrêter de travailler à l'arrivée de ce petit, pour se consacrer à lui. Je ne sais pas si Liam aurait été capable de lâcher l'agence quelques mois. J'espère que Zayn ne le regrette pas, mais en voyant le sourire, et le regard qu'il a en observant son fils, j'imagine que non. En fait, j'en suis même pratiquement certain.

« Oui, j'ai beaucoup de boulot avec lui. Mais, ça me permet de revenir à mes vieilles passions. J'ai repris la peinture, m'avoue-t-il en se pinçant les lèvres.

-C'est vrai ?! Depuis le temps que je te dis que tu devrais le faire, tu t'es enfin lancé ! » je déclare en souriant.

Zayn a fait une école d'art avant de se lancer dans sa carrière de pompier. A vrai dire, il est plutôt doué avec un pinceau entre les mains. Mais... l'enseignement académique de l'université l'a complètement vacciné de l'art. Il s'est dégoûté de son premier amour, ce que je trouve extrêmement triste.

Liam et lui se connaissaient tout juste à l'époque. C'est lui qui lui a conseillé d'arrêter la fac, pour se consacrer à autre chose, le temps de se réconcilier avec l'art. Mais visiblement, ça a pris un petit peu plus de temps que prévu... presque dix ans.

« Oui, j'ai recommencé à peindre il y a quelques mois. Je t'avoue que ce n'est pas du grand art, et que c'est différent de mes anciens travaux, mais ça me détend.

-Tu me montreras ? je l'interroge en souriant.

-Pourquoi pas, oui, à l'occasion » murmure-t-il en haussant des épaules, légèrement timidement.

La serveuse arrive, et prend nos commandes. Je décide de manger un plat de poisson, et Zayn opte pour une viande rouge. Il donne le plat du petit Nolan en même temps pour qu'elle le fasse réchauffer et qu'on puisse le faire manger en même temps que nous.

« Et où est Liam alors ? je demande en me demandant bien ce qu'il a pu faire de lui pour ce midi.

-Avec Niall, il vont voir un match de Baseball cet après-midi. Il était tout gêné à l'idée de me laisser tout seul avec Nolan, mais il est sûrement loin de savoir que ça m'arrangeait bien ! » m'avoue-t-il en rigolant.

Je rigole en hochant la tête. Niall m'a proposé de venir avec eux voir le match, mais j'avais pas mal de choses à faire. Entre mon repas avec Zayn et ma soirée avec Eleanor, il faut absolument que je trouve un moment pour aller en ville, acheter un petit cadeau pour les jumelles, à leur amener demain au repas. J'ai confirmé ma présence à ma mère, ce matin. Demain, en plus de notre traditionnel repas, nous fêtons l'anniversaire de mes deux soeurs.

« Et toi, ça va ? m'interroge-t-il alors en souriant légèrement.

-Ca va.

-Liam m'a dit pour... Harry ? C'est bien son prénom, c'est ça ?

-Oui... c'est ça... mais oui, ça va. Je me fais à l'idée que je ne le reverrai sûrement pas, et que je ne saurai jamais le fin mot de l'histoire. Même si Eleanor s'est mise en tête qu'elle allait faire copine, copine, avec sa petite-amie pour avoir des infos. »

Zayn rigole légèrement en secouant la tête. Il connaît plutôt bien Eleanor maintenant, depuis le temps que nous nous connaissons tous. Il l'apprécie beaucoup. Je crois bien que c'est lui qui s'entend le mieux avec elle, hormis Max.

Sûrement que le côté artistique du jeune basané s'accorde bien avec le côté bohème de mon amie.

« Eleanor est particulièrement folle. Il faut le dire, affirme-t-il en souriant. Et elle a réussi à avoir les fameuses infos alors ?

-Je ne sais pas, je dois la voir ce soir. »

Zayn me sourit en hochant la tête, avant de reprendre la parole, plus sérieusement.

« Tu sais Louis, si ce garçon t'intrigue, et que tu as besoin de savoir pour avancer, tu dois chercher les réponses qui t'intéressent. J'imagine que tout le monde à dû te dire de lâcher l'affaire, mais ce que tu as vécu, ce n'est pas anodin. Personnellement, je trouve votre histoire hors norme. Vous avez vécu quelque chose de fort. Je ne te dis pas de plonger dans ses bras, la tête la première, mais peut-être que tu devrais essayer de le trouver, et lui parler. Lui poser les questions qui te brûlent les lèvres, et t'empêchent de dormir. Vu tes cernes, j'imagine que c'est la raison qui t'empêche de fermer les yeux, la nuit. Je me trompe ?

-Non...

-Tu prends ce que tu veux de ce que je viens de te dire, Louis, mais je suis sincère. Je pense que tu devrais au moins le retrouver, pour essayer d'avoir les réponses à tes questions. »

Je regarde Zayn, en hochant la tête. Il est le premier, avec Eleanor, à tenir ce discours. Ils sont tous les deux d'accord sur l'idée que je dois retrouver Harry pour connaître la vérité sur tout cela. Sans ça, je ne pourrai pas avancer et tourner la page. Mais justement, dois-je prendre le risque de m'enfoncer encore plus dans cette histoire et écrire un second tome ?

Je crois que oui...

*

Après avoir traîné dans les boutiques une bonne partie de l'après-midi, j'ai finalement trouvé un cadeau pour mes sœurs. Ce n'est pas toujours facile de trouver quoi offrir à des gamines de quinze ans. Elles vivent à une époque totalement différente de celle où moi j'ai grandi. Ça n'a plus rien à voir, et j'ai parfois du mal à suivre leurs envies. J'ai finalement jeté mon dévolu sur des cartes cadeau d'une célèbre enseigne de vêtements. Je me suis dit que ce serait le mieux pour elles.

Maintenant que j'ai mon cadeau, je peux enfin rentrer chez moi. J'ai pensé à la soirée d'anniversaire de Liam une bonne partie de la journée, et je suis content que Zayn m'ait mis dans la confidence. Et puis, ça m'a fait du bien de le voir et de parler avec lui. Sa vision sur Harry est très intéressante et je lui en suis reconnaissant de m'avoir dit tout cela. Je pense qu'il a raison. J'ai besoin de savoir, pour me rendre compte de ce qu'il s'est réellement passé à l'époque. J'ai besoin de savoir si tout ce que j'ai vécu et senti était à sens unique ou pas.

J'ai tout juste le temps de passer sous la douche, et de m'habiller, avant de retrouver Eleanor. Il est déjà tard, et je vais finir par être en retard. J'ai trainé à table avec Zayn et Nolan avant de sortir pour trouver mes cadeaux.

Une fois prêt, je sors de chez moi, et m'engouffre dans le premier métro pour dire à Eleanor que je pars de chez moi. J'avance lentement au rythme des locomotives pour traverser le pont de Brooklyn, et lorsque j'arrive à Soho, quelques minutes plus tard, je suis juste à l'heure. Eleanor ne m'a pas répondu mais je sais qu'elle sera là.

Je sors du métro une fois arrivé au bon arrêt, et je me dirige directement vers le bar où mon ami m'a donné rendez-vous. La soirée est douce, et je suis content de la passer dehors. Passer du temps hors de chez moi me fait du bien. Je pousse la porte du bar, et parcours rapidement la pièce du regard. Eleanor n'est pas encore arrivée. Etonnant, c'est le genre de fille à toujours être ponctuelle pourtant !

Je hausse les épaules et décide de m'avancer jusqu'au comptoir pour commander une bière en l'attendant. Nous venons souvent ici, et les serveuses nous connaissent. Je tire une chaise et m'installe, tout en souriant à Kendall qui s'approche pour prendre ma commande. On se salue rapidement, et elle me sert ma Bud, alors que je suis attiré par la seconde serveuse, Kylie, qui semble en difficulté à l'autre bout du comptoir. Celle qui vient de me servir soupire et réplique en voyant mon regard.

« On a un pauvre garçon, ivre. Il est là depuis dix-huit heures. Ça fait une demi-heure qu'on a refusé de continuer de le servir, mais il ne veut pas partir... on va finir par appeler les flics. Il ne doit même plus tenir debout, m'explique-t-elle en secouant la tête.

-Oh... et vous lui avez demandé s'il avait quelqu'un pour venir le chercher ? »

Elle me répond par la négative, d'un signe de tête, alors que je prends une gorgée de ma bière.

« Il ne veut pas nous laisser appeler qui que ce soit. Mais il va finir en cellule de dégrisement à ce rythme. »

Je grimace à ses mots, tout en me disant que ce n'est jamais agréable de se retrouver dans une cellule qui pue l'urine et la transpiration. Quel que soit le souci de cet homme, et ce qui l'a poussé à venir ici se saouler, je ne lui souhaite pas de se retrouver là-bas. Je prends une autre gorgée de ma boisson et me redresse.

« Je vais voir ce que je peux faire, je murmure alors en me pinçant les lèvres.

-merci... »

Je m'approche donc du jeune homme, et sens mon cœur faire un looping dans ma poitrine en reconnaissant ses boucles.

C'est une blague ?

Pourquoi faut-il que le seul mec qui vienne se saouler dans mon bar fétiche, et fasse chier les serveuses soit Harry ? Sérieusement !

Même si ma raison me dit de me barrer en courant, et de claquer la porte, ma discussion avec Zayn me revient en mémoire. Peut-être que c'est le moment de faire un pas vers lui, et de l'aider. Après cela, peut-être qu'il répondra à mes questions. Après tout, il m'en devra une, non ?

J'inspire profondément et essaie de ne pas perdre mon cœur sur le chemin qui me mène jusqu'à lui. Je m'approche, et tire le tabouret voisin au sien pour me glisser à ses côtés.

« Harry ? » je murmure pour attirer son attention alors que Kylie me remercie dans un regard, comprenant que je vais essayer de le faire sortir d'ici.

Au son de ma voix, il se redresse d'un coup et se tourne vers moi. Il me déshabille du regard, un léger sourire sur les lèvres à mi-chemin entre le dégoût et l'amusement. Je ne sais pas comment je dois prendre ce comportement, mais il me met clairement mal à l'aise. Il finit par rigoler en secouant la tête. Il glisse une de ses mains dans ses boucles pour dégager son regard. Ses yeux sont embués par l'alcool, mais pas seulement, je peux voir une lueur bien noire briller dans ses pupilles. Je n'aime pas ça. Je crois que j'aurais mieux fait de laisser les filles appeler les flics.

Il penche légèrement la tête sur le côté avant de prendre la parole :

« Tu as trouvé mon véritable prénom ? Tu ne veux pas m'appeler Noah aujourd'hui ? »

Je me pince les lèvres à ses mots, et prends sur moi pour ne pas écraser ma main sur sa joue. Je secoue la tête, avale difficilement ma salive et essaie de reprendre contenance. C'est fou comme cet homme m'a aidé à me forger il y a sept ans, pour me mettre plus bas que terre, maintenant que je le retrouve. J'ai voulu le retrouver, pour le remercier. Au delà du sentiment d'abandon que j'ai eu à son départ, je ne peux pas le nier, sans lui, je ne serais pas qui je suis.

« Je crois que ton petit cirque a assez duré, Harry. Enfile ça, et sors d'ici. Je t'accompagne dehors, je lui dis en lui tendant sa veste que je viens d'attraper.

-Je peux savoir ce que tu fais? » me demande-t-il descendant du tabouret sur lequel il est installé

Je le vois trébucher en retombant sur ses pieds, et il se rattrape à mes épaules pour retrouver son équilibre, et ne pas tomber. Il reste une fraction de seconde qui me parait durer une éternité, avant que je n'arrive à me détacher de lui, et répliquer :

« Je te sauve le cul, avant qu'ils appellent les flics pour te virer de là. »

Il roule des paupières, attrape sa veste et l'enfile tant bien que mal. Je soupire en voyant ses gestes lents et saccadés. Je suis même obligé de l'aider à enfiler la seconde manche de sa veste. Il se retourne vers moi, les sourcils froncés, en retirant son bras de mon emprise bien trop rapidement en me hurlant presque dessus :

« Me touche pas !

-Arrête de te donner en spectacle, et sortons d'ici. Je crois que tu en as assez fait pour la journée.

-Pour toute une vie tu veux dire... » murmure-t-il amer en me donnant un coup d'épaule pour s'éloigner de moi.

Je le regarde commencer à marcher, ou plutôt tanguer, pour quitter le bar. Il est dans un état assez lamentable, et pourtant, il arrive visiblement à me tenir un discours cohérent. J'ai peur qu'il ne soit habitué à se retrouver dans ce genre de situation. Je soupire à cette pensée et lui emboîte le pas. J'entends Kylie me remercier dans mon dos, et je lève une main en l'air pour lui répondre.

Je presse le pas, et arrive rapidement à sa hauteur. Je suis obligé de le rattraper par le bras en le voyant dangereusement basculer en avant, et il essaie de se défaire de mon emprise. Je resserre ma prise, et il finit par céder, me laissant l'aider à sortir du bar.

Je le lâche enfin, une fois que nous sommes dans la rue. Je m'apprête à le laisser là, sans aucun scrupule, mais lorsque je le vois se laisser tomber sur le rebord du trottoir pour s'asseoir, et prendre sa tête entre ses mains, je sens mon coeur se serrer. Je ne peux pas le laisser là. Malgré tout, je ne peux pas. Je soupire largement, m'approche et m'agenouille à sa hauteur. Je glisse une main dans son dos pour essayer de le réconforter et je murmure :

« Je peux... appeler quelqu'un pour toi ? Tu veux que j'appelle Perrie ?

-Me parle pas d'elle, j'te jure, me parle pas d'elle !

-Oh, tu te calmes ! Tu ne me parles pas comme ça, je réplique avant de reprendre durement, je suis déjà bien assez sympa de te proposer mon aide après tout ce que tu m'as fait. »

Je le vois se tourner vers moi en fronçant les sourcils, et le regard qu'il me lance ne m'annonce rien de bon... Lorsqu'il ouvre la bouche pour répliquer, je comprends que j'aurais mieux fait de ne rien lui dire :

« Ce que je t'ai fait ? Pourtant ça ne t'a pas dérangé de me baiser pendant deux mois en m'appelant Noah. Tu ne t'es pas posé de questions à l'époque je te signale ! Tu veux qu'on recommence ? Tu veux qu'on reprenne là où nous nous sommes arrêtés ? Y'a pas de soucis, ramène-moi chez toi, baise-moi en gémissant son prénom ! Je t'en prie, fais-le ! »

Je le regarde, outré par ses mots et ma main vient s'écraser contre sa joue. Il porte la sienne contre la marque que je viens laisser derrière mon geste, et je me redresse en le fixant.

« Tu es un grand malade. Je te jure, Harry, tu es un PUTAIN de malade. »

Il m'observe de ses grands-yeux brillants, et je vois les larmes emplir son regard. Je secoue la tête avant de reprendre, écoeuré par un tel comportement.

« Je crois qu'il n'y a que toi que ça amuse toujours. Tu ne te rends pas compte de l'impact que tu as pu avoir sur ma vie.

-Et tu crois sérieusement que c'était un hasard ? Que j'ai contrôlé tout ce que j'ai fait ou vécu avec toi ? Non. Tu n'as pas le monopole de la tristesse, Louis. Moi aussi, j'ai souffert ! J'ai vécu la même chose que toi, je te signale ! Et putain, j'ai eu mal !

-Oui, mais c'est toi qui es parti ! » je réplique en lui hurlant dessus.

Il inspire profondément en se redressant comme il le peut, en essayant de ne pas se ramasser la gueule. Qu'il a l'air ridicule putain ! C'en est presque risible.

« Tu n'as aucune idée des raisons qui m'ont poussé à faire ce voyage, puis à te quitter, du jour au lendemain.

-Justement, je voudrais les savoir. Je voudrais pouvoir comprendre.

-Crois-moi, tu n'es pas prêt à savoir qui je suis, et qui il est. Non. Tu n'y es pas prêt. » dit-il en me bousculant pour passer devant moi.

Je le regarde, choqué par son comportement, mais encore plus par ses mots.

Il lève un bras en l'air, un taxi s'arrête et il disparaît à l'intérieur.

Finalement, c'est la voix d'Eleanor qui me ramène à la réalité quelques secondes plus tard.

« Louis, ça va ? »

Je ne crois pas. 

#NoahFIC _ Bonjouuuuuuuur ! BON une confrontation Larry, comme vous en attendiez une, j'imagine. ça ne s'est pas forcément très bien passé, MAIS ils se sont retrouvés ! Pour s'engueuler, mais ils se sont retrouvés .... O:) Pour ce qui est du reste du chapitre, on en apprend un petit peu plus concernant Perrie & Harry avec Matthew, puis ensuite nous avons la préparation d'un petit anniversaire surprise pour Liamou ! :) De belles choses à venir quoi !


Je vous embrasse. Merci à Amélie pour ses corrections !

Love.
Phil.

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