Chapitre n°2
Ce n'est qu'une fois que je suis dans la rue que je réalise ce qu'il vient de se passer. Que je réalise l'ampleur du secret que vient de me révéler Harry, mais aussi ce que nous venons de faire.
Je ne suis qu'un connard égoïste. Voilà ce que je suis. Il n'y a pas d'autres mots pour dire ce que je suis. Je n'ai couché avec lui uniquement parce que je ne savais pas quoi faire d'autre. J'avais besoin de le faire taire ! Je ne pouvais pas le laisser continuer de parler, de peur qu'il ne me révèle encore plus de choses. Des choses terribles, pires que celles que je viens d'apprendre... si cela est possible.
Et j'avais besoin de le sentir, de le caresser, de l'embrasser de... l'aimer ! J'avais besoin de sentir ses mains sur ma peau et ses lèvres contre les miennes. J'avais besoin de retrouver sa chaleur corporelle et de me laisser envelopper. J'avais besoin de me rappeler ce que j'avais perdu il y a sept ans, ce qui m'avait fait chavirer, et finalement noyer.
Je devais m'assurer que tout avait été bien réel à l'époque, que je n'avais pas rêvé la tendresse de ses doigts, la profondeur de son regard, le son de ses gémissements, ni la vigueur de ses reins. Je devais aussi me rassurer quant à notre attachement, notre alchimie, et notre passion. J'en avais terriblement besoin. Je devais vérifier que tout n'était pas éteint, qu'il y avait toujours une lueur d'espoir pour nous.
Mais maintenant que je suis là, dehors, je prends conscience de toute sa situation. Sa relation avec Perrie, sa sûrement paternité avec Samuel, ses problèmes avec l'alcool, sa dépression.
Putain, mais suis-je au moins assez fort pour assumer tout ça ?
Serais-je capable de m'embarquer dans une histoire comme celle-ci ?
Parce que nous n'allons pas nous mentir, ça fait vraiment vraiment beaucoup de choses...
Si je me laisse entraîner là-dedans, je vais devoir assumer beaucoup de responsabilités. Harry aura forcément des séquelles. Il ne pourra pas se sortir de cette histoire indemne. Comment devrais-je gérer ses crises d'ancien alcoolique, ses cauchemars avec Noah, ou Perrie ? Comment je devrais me comporter avec Samuel ? Parce que oui, je ne dois pas oublier qu'il est père ! Je ne sais pas si je suis prêt à ça, moi ! J'ai toujours su que je voulais des enfants mais là ce n'est pas pareil ! Samuel va avoir sept ans. Il est déjà un grand garçon. Et s'il me détestait ?
Je suis totalement perdu et je ne sais pas quoi faire. Je crois que j'ai besoin de prendre du recul et d'assimiler tout ça. Sauf que je viens de coucher avec Harry, et ça... c'était l'erreur à ne surtout pas faire. J'en avais envie, évidemment, j'en ai envie depuis que je l'ai retrouvé, ici à New-York. Mais, je ne l'ai pas fait pour les bonnes raisons. Je n'aurais pas dû faire ça, uniquement pour me rassurer. C'était purement égoïste. Et je le suis encore plus de m'être barré comme ça...
Je soupire largement en inspirant profondément, et je ferme les yeux.
Dans quelle merde je me suis encore mis ? Pourquoi je ne pouvais pas tomber amoureux d'une personne normale ? Bon sang ... ça aurait été si simple ! Pourquoi je fais toujours les choses de travers ? Pourquoi je rencontre toujours les mauvaises personnes ? J'aurais dû rester avec Luke, partir en Australie avec lui, tout aurait été si simple. Je serais fiancé, en train de préparer un mariage, mon chemin serait tout tracé ! Parfois, je me dis que je cherche la difficulté inutilement. J'aurais pu m'éviter toute cette souffrance.
Je passe une main dans mes cheveux, je laisse la brise fraîche de la nuit balayer mon visage en prenant une grande bouffée d'air frais. Je joue en même temps avec mes clés de voitures, accrochées à celles de mon appartement. Je crois que j'ai besoin de prendre l'air. Prendre la route me fera du bien et m'obligera à me concentrer sur quelque chose, soit à ne plus penser à Harry.
J'attrape donc mes clés plus fermement, et je cherche ma voiture du regard dans ma rue. J'appuie le bouton d'ouverture des portes à distance, et je me dirige vers elle. Je me glisse au volant, prends une grande inspiration et je pénètre la clé dans l'orifice. Je la tourne, démarre et pars.
Je roule. Je roule pendant une heure, peut-être deux.
Je ne vois pas le temps filer en même temps que j'avale le bitume avec mes roues. Je tourne d'abord dans mon quartier, puis je passe le pont de Brooklyn pour admirer Manhattan de nuit. Je m'évade en rêvassant lorsque je remonte la 5e avenue, puis je redescends vers Wall Street où j'observe les immenses buildings en verre.
Durant tout mon chemin, je ne pense pas, je ne fais rien, je roule. Je ne suis qu'un automate Je fais attention aux autres voitures, aux piétons, à la route tout simplement ! Mais c'est tout. Je ne pense surtout pas à ma soirée. Je crois que ça m'a vidé l'esprit et que ça m'a fait du bien.
Maintenant, j'ai besoin de parler. Je crois que n'importe qui aurait besoin de parler de tout ça, après ce que je viens d'apprendre sur Harry et son passé. Mais il doit être presque une heure du matin. Je ne peux pas appeler Liam, Matthew, ou Dominic. Ils n'ont jamais réellement compris ma relation avec Harry. Et puis, il est trop tard. Soit ils dorment, soient ils finissent leur soirée avec leurs moitiés respectives. Je pourrais appeler Eleanor, elle me répondrait à n'importe quelle heure du jour, comme de la nuit. Mais, je pense avoir besoin de parler à quelqu'un qui en sait déjà assez pour me guider. Je ne suis pas prêt à tout répéter maintenant, c'est trop gros...
La seule personne qui serait susceptible de répondre au téléphone, et avec qui je pourrais parler de tout ça librement est Niall. Visiblement, il en sait beaucoup plus que je ne pouvais le penser à la base. Il a vécu tout ça, il connait Harry depuis une éternité. Il connait même le Harry d'avant. Il saura me dire les choses, me rassurer, ou me secouer...
Je me gare sur le bord de la route, soupire largement et prends mon courage à deux mains avant de composer son numéro. Je ferme les yeux en attendant que sa voix résonne dans mon oreille. Je crois que l'avoir au téléphone me soulage instantanément.
« Louis ? Tout va bien ? Tu as vu l'heure qu'il est chez toi ? »
Je sens l'inquiétude dans la voix de mon ami. En même temps, qui ne le serait pas à sa place ? Il est au courant de tout, il sait que je suis à deux doigts de disjoncter à cause de son beau-frère, que ce dernier est au bord de l'implosion, et que sa soeur est hystérique.
Bref, tout va mal.
« Harry m'a tout dit.
-Il a quoi ? » murmure-t-il
Je vois son froncement de sourcils d'ici. Je connais mon ami ! Nous nous voyons peu, mais j'ai appris à bien le connaitre avec le peu de temps que nous avons passé ensemble.
« Il m'a tout dit. La disparition de Noah, sa relation avec ses parents, votre amitié, son couple avec Perrie, le transfert de ta soeur, son lien avec Samuel, son alcoolisme, sa dépression. Tout. Il m'a tout dit, même des choses dont... je pense être maintenant le seul au courant, Niall. Tu t'imagines ce que ça fait d'apprendre tout ça ? La claque que je me suis prise en pleine gueule ? Tu ne penses pas que tu aurais pu me prévenir de l'ampleur de toute cette histoire ? » Je m'exclame avec violence.
Parce que c'est exactement ce que j'ai ressenti en apprenant toute son histoire. Une claque dans la figure, et pas autre chose ! Je n'arrive pas à croire qu'il soit encore en vie avec tout ça, avec tout ce qu'il a vécu.
C'est... à ne rien y comprendre.
A moins que ...
« Il est malade ? » je demande alors
Après tout, ça pourrait répondre à beaucoup de questions, non ?
« Tu n'es pas sincèrement en train de me poser cette question ? me renvoie Niall avec agressivité
-MAIS PUTAIN NIALL ! Il est malade je te dis ! Il ne peut pas y avoir d'autre explication ! Il a des soucis moi je te dis !
-Sans blague ! Tu m'en apprends une bonne là ! Je découvre que mon pote est alcoolique et dépressif ! Merci Louis, je ne débarque pas d'une autre planète tu sais !
-Je ne parlais pas de ça, Niall. Il a un problème dans sa tête ! C'est un malade ! C'est un psychopathe ! Non seulement il s'est fait appelé par le prénom de son frère mort pendant tout un été lorsqu'il était avec moi, mais en plus, il laisse Perrie le baiser en l'appelant par ce même prénom ! Il s'est fait passer pour lui. Il... et s'il recommençait ? Et s'il recommençait à jouer, à redevenir lui ? Il serait capable de prendre une autre personne dans ses filets, de manipuler, de ...
-Louis, stop ! STOP ! » me coupe Niall en me hurlant dessus
Ce n'est que lorsqu'il m'arrête que je réalise la portée de mes mots, et la tempête qui est en train de décimer mon esprit. J'allais me laisser emporter. Je prends une grande inspiration, j'essaie de faire le vide dans ma tête et je ferme les yeux.
J'étais en train de vriller. Complètement vriller.
« Je suis désolé, je me suis laissé emporté, Niall. Je disjoncte complètement, j'avoue en tremblant de tout mon corps.
-La situation est pire que je ne l'imaginais alors ? »
Si je veux aider Harry, je pense qu'il est nécessaire que Niall soit au courant de ce qu'il se passe réellement. Je ne sais pas s'il se doute de la gravité de la situation. Arrivera un moment où il va bien falloir qu'il soit au courant du comportement de sa sœur. J'imagine bien qu'Harry n'a jamais osé avouer ce que Perrie fait, à qui que ce soit. Par fierté, mais aussi par peur. J'ai bien senti qu'il y avait de la peur dans le regard de Harry lorsqu'il m'a parlé de sa relation avec Perrie. Il y a de quoi avec le comportement qu'elle a. Et je suis certain qu'il ne m'a pas tout dit. Je suis certain qu'elle est capable de bien pire. Et ça, je ne sais pas si je suis prêt à le savoir. Je dois me préparer au pire.
Je prends une grande inspiration et je lui réponds alors :
« Sa situation est critique, Niall. Il va avoir besoin d'aide. Il doit se libérer de tout ça. Crois-moi, il en porte beaucoup trop sur les épaules. »
Le silence qui me répond après ma tirade me fait grimacer. Je ne sais pas si Niall réalise la gravité de la situation ou pas. Je pense qu'il ne soupçonne même pas la profondeur du mal de Harry. Evidemment, ce n'est pas à moi de lui dire. Ce n'est pas à moi de lui avouer les choses, surtout que ça le concerne directement. Mais... je suis obligé d'aborder le sujet quand même.
« Je... vais avoir besoin de toi ici Niall. Je ne sais pas si je pourrais tout assumer seul.
-Je vais en parler avec Vanessa. Je peux travailler mon prochain album de New-York. Je vais louer un appartement en ville. Tu as raison je ne peux pas le laisser comme ça. Je te fais confiance quant à ton aide pour le soutenir, mais il va avoir besoin de moi.
-Il m'a dit que tu étais son meilleur ami, Niall. Il pense qu'il t'a perdu. Alors... il est peut-être temps de lui prouver le contraire !
-Je ne l'ai jamais abandonné, Louis. C'est lui qui s'est éloigné. Mais je sens son envie de retour depuis quelques mois. Je serais là, quoi qu'il se passe, quoi que j'apprenne, je le soutiendrai. »
La réponse de Niall me soulage. Savoir que je ne serai pas seul pour affronter tout ça, me fait un bien fou. Quand Harry m'a appris la lourdeur de son passé, j'ai cru défaillir, à l'idée de devoir tout gérer tout seul. Je veux bien être là pour lui, je veux bien avoir les épaules qu'il faut pour le soutenir, mais je sais que je n'en serai pas capable indéfiniment. En plus, je pense qu'il est nécessaire qu'Harry ne se repose pas uniquement sur moi.
« Tu sais, il va déjà mieux... Il y a quelques mois, il aurait été incapable d'avouer son alcoolisme, et encore moins dire qu'il était dépressif. S'il le réalise et qu'il ose en parler, c'est qu'il va dans la bonne direction. Je ne dis pas que ce sera facile et que tout est gagné mais... j'ai bon espoir, Louis. Vraiment.
-Je sais bien, Niall... Je ne me fais pas d'illusion.
-Tu sais dans quoi tu t'engages, et surtout tu sais ce que tu risques ? »
En réalité, je n'ose même pas l'imaginer...
« Pas réellement, mais j'ai besoin de l'aider. J'ai bien conscience que ce ne sera pas facile. J'ai réalisé une chose, Niall, en Thaïlande, je suis tombé amoureux de quelqu'un. J'ai simplement besoin de savoir si c'était de Noah ou de Harry. Je pense sincèrement que c'était Harry, ou tout du moins je l'espère. Si c'est véritablement le cas, je le veux dans ma vie.»
Un court silence suit ma révélation. Je pense que Niall commence à réaliser ce qui nous a lié, il y a sept ans. Je ne sais pas s'il s'est rendu compte de l'impact qu'à eu notre rencontre dans nos vies respectives, ou tout du moins, dans la mienne. J'aimerais qu'il me dise qu'il se passe la même chose du côté de Harry.
«Je veux juste m'assurer que je ne fais pas tout ça pour rien, Niall.
-Tu ne le fais pas pour rien. Lui aussi est tombé amoureux là-bas. Même s'il ne se l'est sûrement jamais avoué. Mais, te revoir a dû lui mettre un coup au moral, et il avait besoin de cet élément déclencheur pour avancer. Il avait besoin de toi.
-J'espère pouvoir l'aider alors...»
*
J'ai erré une bonne partie de la nuit, j'ai roulé quelques kilomètres de plus, puis j'ai marché, à la recherche d'un petit peu d'air frais. Je n'ai même pas osé rentrer chez moi, de peur de tomber sur Harry... ou justement sur son absence. S'il s'est réveillé en pleine nuit, et qu'il a trouvé mon appartement vide, j'imagine qu'il n'y est pas resté. Si c'est ce qu'il s'est passé, il doit me détester à l'heure qu'il est. Je ferais mieux de rentrer chez moi, si Harry ne s'est pas réveillé, il est encore temps de réparer les dégâts, mais au plus profond de moi, je crois que j'ai envie qu'il soit parti. Je l'espère même. Je ne suis pas prêt à lui faire face, et faire comme si tout allait bien, alors que je suis au bord de l'implosion.
Après mon appel avec Niall, je suis resté garé où j'étais pendant de longues minutes. J'avais besoin de réfléchir et faire le point. Savoir que mon ami va venir en ville me soulage énormément. J'aurais été incapable de tout gérer seul avec Harry. De plus, je pense sincèrement que Harry a besoin de lui. Il a besoin de voir que son meilleur ami est toujours là, et qu'il peut lui faire confiance. Il va falloir qu'il lui avoue tout ce qu'il m'a dit même si ce n'est pas facile à avouer. Je n'arrive pas à savoir comment Niall va pouvoir prendre tout ça, surtout concernant sa soeur. J'imagine que Perrie doit être tout aussi paumée, stressée et triste que Harry d'avoir perdu Noah. Mais ce n'est pas une raison pour se comporter comme ça. Harry n'a clairement pas besoin de ça.
Durant le reste du trajet, je me suis naturellement rapproché de chez Eleanor. Quand j'arrive en bas de chez elle, il doit être quatre heures du matin. Je sais qu'il est encore très tôt, mais je pense que j'ai maintenant besoin de retrouver mon amie. Après avoir parlé à Niall, je dois voir Eleanor. Je crois qu'ils sont mes deux principaux piliers dans cette histoire. Et elle est ma personne de référence. Elle a toujours su me donner de bon conseils aux moments importants de ma vie, depuis que je la connais.
Je me gare dans sa rue, descends de voiture, et me traîne jusqu'à son immeuble. Je n'ai plus la vigueur de mes vingts ans. La nuit blanche que je suis en train de m'enquiller, risque de me faire du mal. Je sais que je vais le regretter à la fin de ma semaine.
J'appuie sur l'interphone de mon amie et attends, en espérant qu'elle soit bien là. Je sais que je vais bien me faire recevoir, la réveiller à une heure pareille n'est peut-être pas l'idée du siècle. Mais j'ai vraiment besoin d'elle.
Après tout, elle a bien traversé la planète pour moi la dernière fois que je l'ai appelé à l'aide, non ?
Sauf que je ne reçois aucune réponse. Je fronce les sourcils, appuie une seconde fois, et patiente comme je peux. Mais au bout de trois essais, je pense que je dois me rendre à l'évidence, elle n'est pas là.
Je soupire lourdement, attrape mon téléphone portable qui est presque vidé de sa batterie, et je compose son numéro. Je n'attends que trois sonneries avant de l'entendre brailler à l'autre bout du fil. Je ne m'attendais pas vraiment à un autre accueil à cette heure-ci :
«Je peux savoir pourquoi tu me réveilles à une heure pareille ? Non mais ça va pas ! Tu rentres de soirée ? Tu es bourré ? Je pensais que vous aviez arrêté avec vos conneries ! Merde à la fin !
-Tu n'es pas chez toi, je présume ? je demande simplement, en ignorant ses paroles.
-Non, je ne suis pas chez moi. Pourquoi ? Tu campes devant ma porte ? »
Je grimace légèrement à ses mots, et hoche la tête de haut en bas comme si elle était en face de moi. Face à mon silence, je l'entends grogner et répliquer :
«Me dis pas que tu es chez moi, Louis, j'te jure, ça me mettrait de très mauvaise humeur.
-Ok. Alors je ne te le dis pas.
-Putain, Louis ! Mais ça va pas ? Qu'est-ce que tu fous chez moi ? Sérieusement ! »
Je ferme les yeux en me laissant glisser le long de la porte de son immeuble, et je finis par m'assoir sur le perron. J'inspire profondément en me glissant une main dans les cheveux avant de murmurer :
«El' s'il te plait... j'ai besoin de toi. »
Je l'entends soupirer avant de parler en s'éloigner du téléphone. J'imagine qu'elle doit être chez Matthew. Je ne vois pas où elle pourrait être de toute façon. Je suis heureux d'apprendre qu'ils repassent autant de temps ensemble, et qu'elle y passe des nuits mais je n'ai aucun remord à la tirer de son lit. J'ai besoin d'elle.
«Je suis chez moi dans quinze minutes, Mat' va me déposer.
-Merci.»
*
J'ai l'impression d'attendre depuis une éternité quand je vois enfin la voiture de Matthew se garer devant moi. Eleanor en descend après l'avoir salué, et il s'éloigne au volant de sa Volvo instantanément. Il n'est même pas descendu pour me dire bonjour, mais je crois qu'il a bien fait. Je ne suis pas en état. Je suis aussi soulagé de voir qu'Eleanor a eu la décence de ne pas lui proposer de rester. Je ne l'aurais pas supporté.
Mon amie s'approche de moi en prenant la parole et je comprends qu'elle va commencer par me faire regretter de l'avoir faite lever à cette heure ci. Ce que je pense, être de bonne guerre.
« Je veux bien être sympa, Louis, mais ma patience à des limites ! Sérieusement, la prochaine fois, évite de me réveiller à une heure comme celle-ci un lundi matin. UN LUNDI MATIN ! Merde à la fin ! Tu te rends compte ? Matthew travaille tout à l'heure, il aurait très bien pu refuser de me ramener jusqu'ici, et clairement je n'aurais pas apprécié de traverser la ville à cette heure-là ! »
Je relève les yeux vers elle, incapable de dire ou faire quoi que ce soit. Elle a raison, c'était égoïste de venir ici sans la prévenir, et de lui faire traverser la ville. Mais j'ai besoin d'elle !
Elle continue de parler, mais je ne l'écoute plus, je ne l'entends plus. Je vois uniquement ses lèvres bouger. Une énorme boule s'est formée dans ma gorge. Maintenant que je suis là je vais devoir tout avouer à Eleanor. Je sais qu'elle apprécie Perrie, même si ça pourrait paraitre étrange vis à vis de sa relation avec Matthew. Je sais qu'elle risque d'être choquée et terriblement déçue de sa nouvelle amie, et je n'ai pas envie de l'affecter ainsi. Une fois que tout sera dit, les choses ne seront plus pareilles...
J'inspire profondément, en papillonnant des yeux, sentant mes paupières s'alourdir. Mon regard se voile légèrement et une seconde plus tard, je sens déjà les larmes rouler le long de mes joues.
Je craque. Je savais que ça aller arriver.
Eleanor s'arrête alors, fait les gros yeux lorsqu'elle finit d'arriver à ma hauteur. Elle se met à genoux face à moi, et plonge son regard dans le mien, en prenant mon visage en coupe. Je crois qu'elle ne s'attendait pas à me voir dans cet état ! Mais elle devait bien se douter que je ne l'avais pas appeler pour rien à une heure comme celle-ci !
Lorsque nos regards s'accrochent, je finis de fondre en larmes et je me laisse totalement aller entre ses bras. Elle les referme autour de moi, me berce et me murmure que ça va aller. Je ferme les yeux, et me laisse emporter. Je sais qu'il n'y a qu'entre ses bras à elle que je pourrais être réconforté.
Je ne sais pas combien de temps nous restons là, en bas de chez elle, mais lorsque je finis par me redresser grâce à l'aide de mon amie, mes jambes sont toutes engourdies. Elle me guide comme un automate à l'intérieur, et quelques secondes plus tard, nous sommes installés chez elle, dans son salon. Je me laisse tomber dans son canapé. Je renifle légèrement tout en recevant une tasse de café bien chaude entre les mains, après quelques minutes. Eleanor s'assoie ensuite à côté de moi, passe un bras autour de ma taille, et je viens poser ma tête contre son épaule.
«Je sais tout. Harry m'a tout dit, je murmure dans un souffle.
-Réellement ? Il t'a vraiment tout tout dit ?
-Oui. Même des choses dont je me soupçonne être le seul au courant.. des choses que j'aurais peut-être préféré ne pas savoir. » je lui avoue en fermant les yeux.
Je l'entends marmonner des mots que je ne comprends pas, et j'en profite pour souffler un petit peu, et faire le point sur tout ce que je vais lui dire. Eleanor est la seule personne que je compte mettre dans la confidence. Je dois tout lui dire, de A à Z, même la partie dont Niall n'est pas au courant. Je pense qu'il est important qu'il y ait au moins une personne au courant de toute la situation, en dehors de moi. Et elle ne pourra pas m'aider et me conseiller correctement, si elle ne sait pas tout.
Je prends une grande inspiration, avant de me redresser et de commencer à parler. J'essaie de lui raconter les choses comme il me les a dites. J'imagine que j'oublie des détails mais l'essentiel y est. J'essaie de reprendre un ordre chronologique dans mon récit pour ne pas qu'elle se perde entre les évènements, parce qu'il y a beaucoup de choses à apprendre d'un seul coup.
Eleanor m'écoute avec attention, sans un mot, elle me laisse parler. Je vois l'expression son visage changer au fur et à mesure de notre discussion. Je vois même son regard se voiler à certain moment, mais elle ne craque pas. Si elle craque, je serais incapable de tenir de mon côté. Elle sait qu'elle ne doit pas.
A la fin de mon récit, j'ai le regard rivé sur mon café. La main de mon amie a quitté mon dos, et est venue se loger sur mon genou qu'elle serre distraitement tout en analysant tout ce qu'elle vient d'apprendre.
De l'extérieur, je ne sais pas à quoi cette histoire ressemble, mais clairement on ne doit pas savoir qui d'Harry, Noah ou Perrie est le plus psychotique.
Je l'entends soupirer lourdement avant d'avouer :
« Je crois que si tu me demandais conseil pour savoir quoi faire, je ne saurais pas quoi te répondre, Louis, m'avoue-t-elle finalement en tournant la tête vers moi.
-Je sais que je veux l'aider, Eleanor, mais si je suis parti tout à l'heure c'est que j'avais besoin de prendre des distances et de parler de tout ça. J'ai eu Niall au téléphone et il n'est pas au courant de tout. Il ne soupçonne pas l'importance de la relation d'Harry et Perrie dans son état, il ne sait pas non plus que Samuel est peut-être son fils. Il est seul face à tout ça, Eleanor. Je ne peux pas le laisser dans cette situation. Je ne peux pas refuser de lui tendre la main. Il a besoin de moi. Et je pense que j'ai besoin de lui. J'ai envie de l'avoir dans ma vie. »
Elle hoche lentement la tête sans me quitter du regard. Je soupire et porte mon café à mes lèvres mais je grimace en réalisant qu'il est froid. Elle sourit à mon geste, et dépose sa tasse vide sur la table basse pour attraper la mienne. Elle disparaît quelques secondes dans la cuisine, et revient avec une tasse fumante qu'elle me tend.
«Je ne peux pas te donner de conseils, Louis, mais je pense avoir compris une chose qui est très importante, crois-moi. Harry tient beaucoup à toi. Votre rencontre, il y a sept ans a autant bouleversé sa vie que la tienne. Je ne sais pas s'il est amoureux, ou si on peut seulement parler d'amour, mais en tout cas, il tient vraiment à toi, sinon il ne t'aurait jamais avoué tout cela. S'il l'a fait ce n'est pas uniquement pour te demander de l'aide, c'est aussi parce qu'il veut te laisser une place dans sa vie.
-Et tu ne penses pas qu'il est malade ? »
A ma question, mon amie me regarde en souriant, avant de rouler des paupières, en répondant :
« Je crois que nous sommes tous un petit peu malade au fond, tu sais... tu n'étais pas agoraphobe toi avant ton voyage en Thaïlande ?
-Si, je lui réponds en hochant la tête.
- Et moi, la moitié de ma famille me prend pour une névrosée à cause de la vie que je mène. »
Eleanor a raison. Nous avons tous au fond de nous, une part de folie qui va et vient, selon les moments. J'ai eu des délires pas possible, à m'en rendre malade, avant mon départ cet été-là. Il pouvait se passer des semaines sans que je sorte de chez moi. C'était une forme de maladie... de folie. Alors si j'ai pu traiter Harry de fou et de malade, je peux me mettre dans le même panier. Le pire dans tout ça, c'est que je ne savais pas du tout me gérer. Quand j'entrai dans une phrase de psychose, j'étais incapable de me calmer, n'importe qui pouvait venir, et me traîner dehors de force, je ne pouvais pas sortir. C'était impossible. Je ne sais d'ailleurs pas comment Matthew et Dominic ont réussi à me foutre dans cet avion à l'époque !
«C'est lui qui t'a guéri. Alors, aujourd'hui, il est temps que vous inversiez les rôles. »
Je hoche la tête en soupirant avant de porter ma tasse de café à mes lèvres.
C'est bien beau de vouloir aider Harry. Mais comme je l'ai dit à Niall, il y a un gros point qui me fait extrêmement peur....et pas des moindres.
«Et si j'étais tombé amoureux de Noah ? Et si ce n'était pas Harry que j'aimais ? »
Parce qu'après tout, si je me retourne vers lui aujourd'hui, c'est à cause de ce souvenir, de cette nostalgie que j'ai de lui. Recoucher avec lui n'était peut-être pas une bonne idée, mais maintenant je sais ce que j'attendais de cette action. Je voulais savoir qui j'avais réellement en face de moi. Lui faire l'amour, était pour moi la seule solution de vérifier qu'il était la même personne, celle que j'ai rencontré là-bas, il y a sept ans.
Mais, Eleanor désapprouve complètement d'un signe de la tête et répond tout de suite :
«Je ne sais pas de qui tu es tombé amoureux là-bas. Noah... Harry... qu'importe, ça reste la même personne au fond. Il n'a pas toujours tenu le rôle qu'il se donnait, personne ne le peut. Le naturel revient toujours au galop, Louis ! Dans vos moments à deux, dans vos moments les plus intimes, et je ne parle pas uniquement de sexe, il était forcément lui. Il est impossible de jouer à être quelqu'un d'autre dans ces circonstances-là. Alors la question n'est pas de savoir le prénom de la personne dont tu es amoureux, puisqu'il s'agit de la même, mais de savoir si tu l'aimes toujours ! »
Et je pense qu'elle a raison.
#NoahFIC _ Je sais, nous ne sommes pas Samedi, MAIS j'ai un w-e de concours chargé DONC chapitre en avance, c'est mieux que si vous l'aviez eu lundi non ? O:)
BON. Je sais que mes lectrices tests ont détesté Louis pour avoir dit et pensé tout ça... je les comprends, mais je crois que je comprends aussi mon Louis, après avoir appris tout ça, y'a de quoi se poser des questions ... mais, heureusement que super Eleanor est là !! Je l'aime tellement cette petite !
Pour celles qui ne me suivent pas sur Twitter ! J'ai sortie une version broché de #WIWYMfic & du T1 de #ARBHfic vous pouvez vous les procurer sur Lulu !
Merci à Amélie, Cindy & Célestine pour les corrections !
Love.
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