Chapitre n°14


Harry a l'air plus perdu que jamais. C'est encore pire que d'habitude, si cela est possible... Il est assis dans mon salon, et a l'air totalement absent. Il m'attend dans le salon, installé dans le canapé pendant que je prépare deux thés depuis la cuisine. Il regarde l'écran noir de la télévision, éteinte, en face de lui. Son regard est vide, comme sans vie et ça me brise le cœur.

Je ne l'ai jamais vu ainsi. C'est tellement déroutant. Lui qui, lorsque je l'ai rencontré était si sûre de lui. Il dégageait quelque chose de fort et il était terriblement fier. Aujourd'hui, ce n'est plus le même homme. J'ai l'impression d'avoir une coquille vide entre les mains.

Nous n'avons échangé aucun mot depuis que nous nous sommes retrouvés en bas de chez moi. Il ne m'a donné aucune explication pour justifier sa venue. Mais, j'espère sincèrement que c'est pour me parler. Vraiment me parler. Je pense avoir assez joué au chat et à la souris avec lui. Il est maintenant temps de dire la vérité.

Je ne peux plus continuer comme ça.

Et il semblerait que lui non plus. À voir les cernes qui barrent son regard et son teint blafard, je comprends qu'il a dû enchaîner les nuits blanches. Son regard est rouge et triste. Il a si mauvaise mine... Il fait peine à voir. De plus, ses mains tremblent légèrement et j'ai peur de comprendre pourquoi...

Je prends une grande inspiration en fermant les yeux, comme pour me donner du courage, et je vais le retrouver dans le salon. Je m'assois à côté de lui, et lui tends une tasse de thé.

« Merci... » me souffle-t-il tout doucement.

Je lui dis que ce n'est rien et le regarde glisser ses mains autour de la tasse, comme pour se réchauffer. Est-il resté longtemps en bas de chez moi ? Je suis rentré assez tard, alors s'il est arrivé en début de soirée, il a eu le temps de m'attendre dans le froid.

A ce rythme, je risque même de finir par m'en vouloir de ne pas être revenu plus tôt...

« Tu étais en bas depuis longtemps ? je lui demande finalement.

-Je suis arrivé vers...vingt-et-une-heure je pense ? J'ai sonné, mais tu n'as pas répondu. J'ai attendu en pensant que tu étais là, mais que tu ne voulais pas me voir, donc j'ai insisté. Je suppose que j'ai fini par m'endormir. Je dors très mal en ce moment, je suis épuisé » m'avoue-t-il en soupirant largement.

Je pense que j'aurais pu le deviner seul. Ses cernes, sa mine défaite, et ses joues creuses ne jouent pas en sa faveur. La douleur et la tristesse l'accable...

« Tu vas bien ? je finis par lui demander en me mordant l'intérieur de la joue.

-Non. » m'avoue-il en secouant la tête.

Sa sincérité me fait autant de mal qu'elle me soulage. Peut-être va-t-il enfin être honnête avec moi ! Mais à quel prix ?

Je le vois prendre une grande inspiration en fermant les yeux et je crois voir une larme couler le long de sa joue. Je secoue lentement la tête. Je pose ma tasse sur la table basse, j'attrape la sienne et la mets à côté de la mienne. Je glisse ensuite un bras autour de lui et je le serre contre moi. Je le sens pleurer en silence contre mon cœur... Pour la seconde fois, en moins d'une semaine, je tiens Harry à bout de bras. Je me sens bien à l'idée qu'il se livre mais c'est tellement difficile de le voir comme ça.

Il se tourne finalement vers moi après un long moment, lorsqu'il a séché ses larmes. Il m'observe pendant un instant qui me semble durer une éternité, puis il se dégage de mon emprise. Je crois qu'il a besoin d'un petit peu de temps avant de prendre la parole. Il semble chercher ses mots. Je le vois ouvrir et fermer la bouche plusieurs fois, n'osant pas parler, avant de finalement se jeter à l'eau.

« Je suis désolé. »

Il inspire profondément en tremblant avant de reprendre, alors qu'il a le regard bordé de larmes.

« Je suis désolé d'être parti comme un voleur il y a sept ans. Je suis désolé de m'être comporté comme je l'ai fait. Je suis désolé d'avoir été un con, arrogant, insolent et imbus de lui-même. Je suis désolé d'avoir essayé de me faire passer pour une personne que je ne suis pas et que je ne serai jamais. Je suis désolé. Mais je pense que jamais rien ne pourra rattraper mes erreurs du passé. Je suis tellement désolé Louis. Je n'étais pas moi-même à cette époque. J'essayais d'oublier et je l'ai fait à tes dépens. Tu ne méritais pas ce que je t'ai fait. J'ai fait souffrir tant de personnes, si tu savais comme je m'en veux. »

Je crois que je m'attendais à tout, sauf à des excuses...

La personne que j'ai rencontrée il y a sept ans ne se serait jamais excusée aussi platement comme lui, il vient de le faire.

Eleanor a raison quand elle me dit que Noah et Harry ne sont pas les mêmes personnes. Si physiquement j'ai face à moi une copie conforme de celui que j'ai rencontré en Thaïlande, en réalité, ce n'est clairement pas le même.

Sauf que j'aimerais comprendre pourquoi l'homme que j'ai en face de moi souffre autant d'avoir essayé d'être cette personne là ! Pourquoi il a tenté de se faire passer pour quelqu'un qu'il n'était pas ?

Je me pince les lèvres, et baisse les yeux sur mes doigts, que je commence à triturer. Je crois que le regarder m'est pour le moment, trop difficile. Je prends cependant la parole, dans un murmure :

« Niall m'a dit que nous nous étions rencontrés au mauvais moment, que tu avais vécu une période difficile... et qu'aujourd'hui, c'était toujours compliqué pour toi.

-Ma situation n'est pas aussi facile que je voudrais qu'elle le soit. Et j'ai pris conscience que si je ne fais rien pour qu'elle change, je finirai par en mourir. »

Je hoche lentement la tête, choqué par ses mots. Comment peut-il en arriver à dire cela ?

Est-ce si grave ?

Il reprend d'une toute petite voix, en me fixant.

« Je dois te l'avouer Louis, je t'ai utilisé comme un pansement. Je n'ai pas été honnête avec toi à l'époque. J'ai joué avec toi sur pas mal de choses, sauf sur une. Parce que j'en aurais de toute façon été incapable. Je ne me suis jamais amusé avec mes sentiments envers toi. Je ne suis pas idiot, j'ai bien vu le regard que tu avais sur moi, les attentions, la tendresse... L'amour, ça ne trompe pas. Et je n'ai rien mimé là-dessus, je n'aurais pas pu. Je t'ai aimé. »

Je ne pensais pas que cette discussion me ferait si mal au cœur.

Je ne pensais pas que ma poitrine se contracterait de cette manière-là.

Je ne pensais pas que cette conversation me toucherait autant.

Il m'a aimé. Au passé.

Je secoue lentement la tête en soupirant avant de me reprendre en réalisant la portée de ses mots. Je ne peux pas accepter de tout effacer comme ça, du revers de la main. Ses erreurs m'ont fait du mal et ont laissé une trace indélébile sur mon cœur et ma vie. Je voudrais fermer les yeux sur cette histoire et lui donner l'opportunité d'avancer en faisant table rase du passé. Mais ça me paraît trop douloureux.

Je lui réponds, la voix tremblante et le souffle court, tout ce que j'ai sur le cœur :

« Comment veux-tu que je te crois Harry ? J'ai eu l'impression de sombrer ce matin-là. Je crois que tu ne réalises pas l'impact que tu as eu sur ma vie et la façon dont tu l'as changée ! Tu m'as aidé à l'apprécier à sa juste valeur, à revoir mes priorité et à grandir ! J'étais un gamin ! Avant de te rencontrer j'étais un gamin ! Et toi, en quelques semaines, tu en as tout changé ! Avant de tout emporter avec toi quand tu as disparu. Ça fait mal tu sais. Très très mal. Je t'ai tellement détesté, haï... Je suis passé par toutes les phases du deuil : le choc, le déni, la colère, la douleur... Tout ! Pour moi tu étais mort Harry ! Mort ! Tu m'avais tellement fait de mal que je voulais te rayer de ma vie ! Et tu reviens comme un tourbillon dans mon existence alors que je commence juste à me reconstruire et à accepter ce que j'ai vécu avec toi. Sept ans c'est long quand on a mal. Mais tu es aussi celui qui m'a bousculé et qui m'a donné le courage de construire mon avenir, de monter mon entreprise pour voler de mes propres ailes avec tes grands idéaux ! Sans toi, sans notre rencontre, je n'aurais pas la vie que j'ai maintenant. Je le sais, et je te déteste tellement de ne pas m'avoir laissé la chance de te remercier, pour tout ce que tu m'as apporté. Mais... je te déteste aussi tellement pour le mal que tu as engendré surement sans même t'en rendre compte ! »

Il se pince douloureusement les lèvres en détournant le regard. J'aimerais savoir et comprendre ce qui se passe dans sa tête. J'aimerais pouvoir dire que je sais ce qu'il pense mais ce serait mentir !

Cependant, il y a une chose que je sais. Ça me fait encore plus de mal de le voir ainsi, aussi souffrant. Alors, je secoue la tête et glisse une main sur son menton. Je prends le courage de le fixer pendant quelques secondes, luttant moi aussi contre les larmes, en le voyant pleurer silencieusement face à moi.

Il a l'air si faible par rapport à il y a sept ans.

Je ne le reconnais pas...

« J'aimerais que tu me crois. Que tu réalises que tout ce que je dis aujourd'hui est vrai Louis, murmure-t-il.

-Tu as conscience que ce serait difficile ? Voir même impossible Harry ?

-Pourquoi tu ne me laisserais pas l'opportunité de te le prouver ? »

Pourquoi ? Oui, pourquoi tu ne pourrais pas le faire Louis hein ? Après tout ? C'est vrai, ce n'est pas comme si tu y avais laissé la moitié de ton cœur et de ton intégrité la dernière fois !

RAAAAH.

Mais comment je peux prendre une décision rationnelle avec lui aussi ? C'est tout bonnement, impossible.

« Je mérite une chance Louis » continue-t-il en se redressant.

Je le vois alors inspirer profondément, comme pour se redonner contenance et je réalise que je ne sais pas. Je ne sais pas si justement il mérite cette chance. Dois-je lui accorder mon cœur de nouveau alors que la première fois, il l'a littéralement arraché de ma poitrine ?

Mais...

Suis-je tombé amoureux de lui parce que c'était lui ? Ou bien parce qu'il était cette autre personne ? Suis-je tombé amoureux de Harry ? Ou de Noah ?

Je suis certain d'une chose, la personne qui est en face de moi, qui qu'elle soit, je ne serai jamais son ami. Je suis irrémédiablement attiré par lui. Il reste le fantôme de mes fantasmes les plus fous... et je ne pourrais vivre une amitié sincère avec lui parce que même si je ne suis pas amoureux de lui, je désirerai toujours son corps.

Je soupire avant d'inspirer profondément et le fixe pendant un long moment sans rien dire. Je voudrais avoir le temps de réfléchir à tout ça, mais je sais qu'il attend une réponse, maintenant. Peser le pour et le contre en si peu de temps est une véritable torture. Je voudrais tellement appuyer sur pause et faire ce choix cornélien à tête reposée. Je suis totalement embrumé par ses débuts d'aveux.

Mais je n'ai pas le temps.

A quoi bon sert-il de vivre, si ce n'est pas pour prendre le risque d'être heureux et amoureux, même si c'est douloureux ?

Je me pince les lèvres et réplique :

« Tu n'auras qu'une seule chance de me convaincre Harry. Et je tiens à te prévenir. On ne sera jamais amis toi et moi. Si tu veux cette chance, c'est que tu envisages quelque chose avec moi. Que tu envisages plus. Je te l'avoue, je ne sais pas de qui je suis tombé amoureux en Thaïlande. Je ne sais pas si c'était Harry, Noah ou quelqu'un d'autre. Mais...je veux te donner la chance de me convaincre que Harry est la personne que tu es, et que tu es quelqu'un de formidable, dont je peux tomber amoureux. »

Il hoche lentement la tête en se rapprochant de moi, et sans que je m'y attende, il glisse une main contre ma joue. Nos regards s'accrochent pour la millième fois de la soirée, faisant crépiter mon cœur, et il murmure :

« Je ne t'ai jamais demandé d'être mon ami. Même à l'époque, j'ai toujours été clair sur mes intentions envers toi. J'ai toujours été sincère avec toi là-dessus. Je te veux, pour moi, en entier. »

J'acquiesce d'un lent signe de tête, et il se pince les lèvres en retirant sa main.

Je crois qu'il lutte tout autant que moi pour ne pas se jeter sur ma bouche mais c'est trop tôt. Avant de lui offrir cette opportunité, j'ai besoin de temps. Je voudrais pouvoir fermer les yeux, foncer tête baissée et le prendre dans mes bras pour une douce étreinte en tant que retrouvailles, mais... ce ne serait pas sérieux.

Je le vois se redresser et finir par se lever. Je ne le quitte du regard à aucun moment.

Il se mordille l'intérieur de la joue, se gratte la nuque et reprends la parole, clairement gêné.

« Je crois que je vais te laisser...je vais rentrer.

-Je n'ai aucune envie de te laisser rentrer...avec Perrie. »

Il sourit tristement en secouant la tête, et m'avoue.

« Je ne suis plus chez elle depuis quelques jours. J'ai pris un hôtel à côté de l'hôpital. »

Je relève les yeux vers lui, le fixe pendant de longues secondes avant de murmurer :

« Je n'ai pas envie que tu partes tout court » je lui dis sans le lâcher du regard.

Il hoche la tête en se pinçant les lèvres, il se rassoit à côté de moi, et instinctivement, je passe mes bras autour de lui. Naturellement, son visage retrouve mon cou, et je le serre contre moi.

J'inspire profondément son parfum... Un léger sourire s'étire sur mes lèvres.

« Toi aussi, tu as toujours le même parfum »

Et je sens son sourire contre ma peau.

*

Ce matin, ce n'est pas dans mon lit que je me réveille, mais dans mon canapé...contre Harry. Je suis sur le dos, la tête contre l'accoudoir, et mes jambes sont emmêlées avec les siennes. Il est contre moi, entre mon corps et le dossier du canapé, installé sur le côté. Son visage est enfoui dans mon cou, et ses bras m'entourent, comme s'il avait peur que je m'évade durant la nuit.

Je souris finement en glissant mes doigts dans ses cheveux. Qu'est-ce que ça m'avait manqué de me réveiller ainsi, contre lui. J'avais oublié la sensation que c'était, le bonheur que je pouvais ressentir à cet instant-là. C'est comme si je venais de retrouver un morceau de moi-même. Je me sens entier, à ma place. Et ça fait du bien.

Je laisse mes doigts caresser sa chevelure, glissant entre ses boucles plus courtes qu'à l'époque. Je descends ensuite le long de sa colonne vertébrale. Je le sens bouger sous mes doigts, et un murmure vient alors rompre le silence paisible de ce début de matinée.

« Je pourrais me réhabituer bien rapidement, à ce genre de réveil Louis... » me susurre-t-il en souriant contre ma peau.

Je rigole légèrement à ses mots, avant de répondre en hochant la tête, alors que mes doigts remontent lentement le long de son dos.

« J'étais en train de me dire exactement la même chose. » je lui avoue.

Je le sens se redresser, sur un coude, en prenant appui sur mon torse. Ma main vient alors se loger dans sa nuque et un sourire magnifique se dessine sur ses lèvres. Je ne sais pas si c'est notre discussion d'hier soir qui l'a apaisé, ou le fait de dormir ici, avec moi, mais il me semble...reposé. Je suis heureux de le voir ainsi. Ça me réchauffe le cœur, et une petite voix me dit que j'ai fait le bon choix en le laissant rester là.

Ma main remonte lentement jusqu'à sa joue, et je me redresse en même temps. Il fait de même et s'assoit, à califourchon au-dessus de moi, ses jambes venant rapidement entourer ma taille. Je passe mes bras autour de sa nuque, et ses mains vont se joindre dans le creux de mes reins, me faisant légèrement frissonner.

« Café ? je propose en posant ma tête contre son épaule.

-Avec plaisir. »

Je ne sais pas exactement quand nous sommes devenus si proche, mais je ne n'échangerais ma place au creux de ses bras, pour rien au monde.

Je ferme les yeux, pour profiter de cet instant quelques secondes. Je n'ai pas envie de bouger, je suis si bien, mais, je finis par me redresser en le faisant se lever en même temps. Nous nous levons et nous étirons. Je pense que nous sommes tous les deux tout engourdis d'avoir dormi sur ce canapé.

Nous nous traînons ensuite jusqu'à la cuisine en baillant. J'allume la cafetière, sors deux tasses, et Harry me propose son aide pour préparer le petit-déjeuner. Je sors des œufs et du fromage pour faire une omelette et il se met au fourneau.

Je souris en le voyant prendre les rênes et l'imagine faire la même chose tous les week-ends pour son fils...

Samuel.

S'il est parti de chez Perrie, cela doit faire tout autant de temps qu'il ne l'a pas vu. Et ça me fend le cœur. Il doit lui manquer...il n'aurait pas traversé un océan pour le retrouver sinon. Je sais pertinemment que c'est pour lui, et non pour Perrie, qu'il est venu jusqu'ici, à New-York.

Et peut-être aussi un petit peu dans l'espoir de me retrouver...Un tout petit peu.

Quoi ? C'est beau de rêver non ?

« A quoi tu penses ? me demande-t-il finalement en faisant glisser l'omelette qu'il vient de terminer, dans l'assiette que je lui ai sorti.

-Ton fils, je lui réponds de but en blanc.

-Samy ? » s'étonne-t-il en fronçant les sourcils en reposant la poêle sur les plaques chauffantes.

Je hoche la tête, et il me renvoie un pourquoi, auquel je réponds rapidement :

« Je m'inquiète...Il ne te manque pas trop ?

-Il me manque beaucoup. Je ne l'ai pas vu depuis que je suis parti de chez Perrie, mais je savais à quoi m'attendre en m'en allant. Je ne pouvais plus continuer et supporter cette situation. »

Cette réponse m'inquiète. Je savais bien que tout ça n'était pas sain, et que sa relation avec Perrie était...particulière. Mais s'il est prêt à ne plus voir son fils parce que tout ça devenait trop difficile, c'est qu'il devait encaisser beaucoup de choses, trop de choses.

« Harry...elle te traite bien ?

-Non. Enfin...c'est compliqué Louis. Elle et moi, nous nous sommes mis ensemble uniquement pour Samy. A aucun moment nous n'avons été amoureux l'un de l'autre. »

Je crois que je suis réellement surpris et touché de son honnêteté. Même si hier soir, dans un sens, il m'a promis d'être totalement transparent, je ne m'attendais pas à ce qu'il le soit autant. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il fait de gros efforts et qu'il essaie de me prouver sa sincérité.

Une chose est certaine, il y arrivera de cette manière-là. Je n'ai aucun doute là-dessus.

« Tu ne peux pas lui parler et vous arranger pour que tu puisses le voir ?

-C'est...vraiment compliqué Louis. Je t'expliquerai tout un jour, je te le promets, mais...pas maintenant, pas ce matin, parce que ça me déchirera forcément le cœur. Je vais pleurer, peut-être même faire une crise d'angoisse. Je n'en parle jamais et...je n'ai pas envie de ça aujourd'hui. J'ai juste besoin d'être...bien. La journée commence bien, et j'ai envie que ça continue comme ça. J'ai juste besoin de toi je crois » me dit-il en me fixant droit dans les yeux.

Je souris et hoche la tête. Un jour, il me le dira, il m'expliquera tout. J'en suis certain. Je le vois dans son regard. Et...je crois que je sais ce qui pourrait l'aider pour aujourd'hui. En tout cas, c'est le meilleur remède pour moi !

« Je sais ce qu'on va faire aujourd'hui, je lui réponds alors en lui souriant, en tendant une main contre sa joue pour la caresser.

-Quoi ?

-Tu vas voir. »

*

« J'ai honte Louis...je ne peux pas débarquer chez eux, comme ça, avec TES vêtements, sans rien. Je n'ai pas de bouquet de fleurs pour ta maman, et puis, je ne les connais même pas ! » me dit Harry à la limite de la crise de panique.

Un léger rire s'échappe d'entre mes lèvres, et je secoue la tête en me tournant vers lui à un feu rouge. Il grimace en soupirant largement. Je vois qu'il est à deux doigts de sortir de cette voiture en claquant la portière, pour prendre ses jambes à son cou.

Il est adorable quand il est stressé.

« Jusqu'à preuve du contraire, mes parents n'ont jamais mangé qui que ce soit.

-Très drôle. » dit-il en soupirant.

Je rigole de nouveau, et glisse une main sur sa cuisse en murmurant :

« Hey...

-Hmm...

-Harry, ça va aller. Ils sont adorables. Mes sœurs ont le truc pour redonner le sourire. Attends-toi juste à ce que les jumelles tombent amoureuses de toi.

-Les jumelles... ? Mais tu as combien de sœurs ?

-Quatre ! »

Son regard s'arrondit. Il ne s'attendait surement pas à ce que j'ai une famille si nombreuse. A la vue de sa mine déconfite, je pouffe de rire. Il roule des paupières, vexé que je me moque ainsi de lui, mais il est tellement drôle à faire cette tête-là.

Je retire ma main pour la remettre sur le levier de vitesse et j'accélère quand le feu passe au vert.

Je ne comprends pas pourquoi Harry est si tendu. Il n'y a rien de stressant à rencontrer mes parents.

Oui...bon...ok, c'est peut-être bizarre.

Je ramène rarement de copain à la maison. Et je connais ma mère, dès qu'elle va nous voir débarquer à deux, elle va comprendre qu'il y a anguille sous roche. Elle a une sorte de sixième sens pour ça ! Pour Luke, elle m'avait dit que c'était un super garçon, et que je pourrais être heureux avec lui mais...

mais il y avait un mais justement.

Il manquait un petit truc. Elle l'a tout de suite décelé, dès la première rencontre.

Je crois qu'amener Harry chez eux, va aussi m'aider à y voir plus clair.

« On arrive dans longtemps ? me demande-t-il finalement au bout d'un moment de silence.

-Non. Tu n'as pas le temps de faire de crise cardiaque jusque-là.

-Tu n'es pas cool Louis. Je stresse vraiment en vrai... »

Je m'arrête alors à un stop, et me retourne de nouveau vers lui. Il a repris des couleurs depuis hier. De petites poches sont toujours là, sous son regarde émeraude, mais ses joues sont plus roses, ses lèvres plus rouges, et sa peau moins pâle. Il est beau. Hier il était triste, ce matin il est beau.

Et il l'est encore plus dans mes vêtements.

J'ai eu toute la peine du monde à trouver quelque chose à lui prêter pour s'habiller. Non pas qu'il fasse trois têtes de plus que moi, mais il a quand même plus d'épaules, et des jambes plus longues. Je l'ai finalement habillé avec un t-shirt noir qui m'est un peu grand et que j'utilise normalement pour dormir, une veste de sport, et un pantalon en toile que j'ai l'habitude de retrousser. Ma mère va tout de suite voir que ce sont mes fringues. J'en suis certain. Mais elle sera assez intelligente pour ne pas lui faire de réflexion. Sauf qu'elle ne se dérangera pas pour m'en faire, à moi, pour me mettre mal à l'aise.

A vingt-sept ans, j'ai parfois encore l'impression d'être un adolescent avec elle.

« Ça va bien se passer Harry. Ça compte pour moi en plus.

-C'est une sorte de rite de passage ? Si je veux sortir avec le fils, je dois plaire à ses parents ?

-Parce que tu veux sortir avec moi ? » je le taquine.

Il me sourit en coin en haussant des épaules et réponds au tac-o-tac :

« Je ne sais pas, tu as envie toi ?

-Peut-être.

-Alors peut-être que moi aussi. »

Je rigole en secouant la tête, et je reprends la route, content d'avoir pu le détendre.

Je passe la seconde en accélérant. Nous serons chez mes parents dans quelques minutes à peine. Encore cinq, trois à tout casser.

« C'est quoi le nom de tes sœurs ?

-Lottie et Félicité sont les aînées. Daisy et Phoebe sont les jumelles.

-Lottie, Félicité, Daisy... Phoebe. Okay. Je vais essayer de m'en souvenir....et tes parents ?

-Johannah pour ma mère, et Mark pour mon père. »

Je l'entends réciter tous leurs prénoms une seconde fois et je souris. Le voir faire un effort comme celui-ci, aussi minime soit-il me fait énormément plaisir. Il est stressé comme tout à l'idée d'aller dans ma famille, mais il tient quand même à connaître le prénom de tout le monde. Certain n'aurait même pas posé la question.

Je tourne à gauche, puis à droite et nous arrivons dans la rue de mes parents. J'arrête la voiture et me détache. Avant que je n'ai le temps de retirer ma main pour ouvrir la portière, Harry m'attrape le poignet.

Je me tourne vers lui, étonné, et je l'interroge alors du regard :

« Ils savent que tu viens avec moi ?

-J'ai envoyé un sms à ma mère pour lui dire que je venais avec un ami. Arrête de t'en faire. Okay ? »

Il hoche lentement la tête, et je me penche sur lui pour embrasser sa joue, glissant ma main sur l'autre. Je me redresse ensuite et il me fait un petit hochement de tête, comme pour me dire qu'il est prêt.

Nous pouvons y aller.

Je contourne la voiture, et une fois que Harry est dehors, je glisse une main dans le bas de son dos, pour le guider jusqu'à la porte d'entrée. Comme à mon habitude, je sonne, puis pénètre à l'intérieur en m'annonçant.

Je suis tout de suite accueilli par ma maman qui vient nous saluer. Elle me prend rapidement dans ses bras et salue poliment Harry en lui serrant la main. Elle le détaille quelques secondes à peine avant de me jeter un coup d'œil, avec un sourire en coin.

Quand je vous disais qu'elle avait un radar cette maman !

Nous gagnons le salon, où pratiquement tout le monde est déjà arrivé. Il ne manque que Lottie. Maman nous indique qu'elle ne devrait plus tarder avec Tommy, son petit-ami. Ce mec est un gars bien, je l'apprécie beaucoup. Ça doit déjà faire quelques mois qu'ils sont ensemble. Et elle le ramène de plus en plus souvent à nos repas dominicaux. Mon père qui était installé dans le canapé se lève pour nous saluer et mes trois sœurs déjà présentes en font de même.

Une fois que les présentations sont faites, maman nous demande de nous installer au salon, pendant que mon père nous sort de quoi boire un coup. Harry décline la proposition pour un apéritif et prend un simple jus de fruits. Je dois dire que je suis presque choqué mais...ma discussion avec Niall me revient en pleine tête.

Il est alcoolique. C'est un fait.

Ma mère lui sert donc un verre de jus sans faire de commentaire, et je prends la bière que mon père me propose.

Les discussions commencent, et ma mère intègre tout de suite Harry. Elle lui demande d'où nous nous connaissons et il n'hésite pas une seconde à lui dire que nous nous sommes rencontrés en Thaïlande. Elle enchaîne naturellement sur Eleanor et Max, puis elle lui demande ce qu'il fait dans la vie, Fizzie se glisse dans la conversation, et je vois mes deux plus jeunes sœurs le dévorer du regard.

Je ne suis même pas étonné...puisque je l'avais prévu.

Quand Lottie et Tommy arrivent, Harry est comme dans un poisson dans l'eau. Il raconte à ma mère son boulot en pédiatrie, et je dois dire que je n'ai jamais vu son regard briller avec une telle intensité. Il est comme...possédé par ce qu'il raconte. Ça fait plaisir de voir qu'il aime autant son boulot. Ça fait au moins une chose à laquelle il peut se raccrocher.

Ma sœur et son petit-ami nous saluent rapidement, s'installent et se greffent à la discussion avec Maman, Harry et Fizzie. Pendant ce temps, j'échange quelques mots avec mon père, pour lui donner des nouvelles du boulot. J'en profite ensuite pour demander aux jumelles comment ça se passe au lycée puis, il est déjà l'heure de passer à table.

Je me lève pour aider ma mère à débarrasser, et Lottie a déjà glissé un bras autour du coude de Harry pour l'entraîner vers la salle à manger. Je souris à cette vision, et suis ma mère jusqu'à la cuisine pour poser ce que j'ai entre les mains.

Je dépose mon plat vide dans l'évier, les verres que j'ai dans mon autre main dans le lave-vaisselle, et ma mère m'imite avec les assiettes qu'elle tient.

Elle se retourne ensuite vers moi, s'appuyant contre le plan de travail en croisant les bras sur sa poitrine.

Elle me sourit.

« Ce jeune homme te regarde, comme si tu étais la huitième merveille du monde mon chéri. »

Je sens instantanément le rose me monter aux joues, ce qui provoque l'hilarité de ma chère mère.

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel avant de répliquer.

« Maman ... !

-Un regard comme celui-ci ne trompe pas mon chéri.

-On ... essaie de recoller les morceaux.

-Tu l'as déjà fréquenté...c'est le garçon que tu as rencontré là-bas ? »

Je hoche lentement la tête et un sourire s'étire sur ses lèvres. Elle se redresse et attrape l'entrée dans le frigo, sans rien me dire de plus. Je fronce les sourcils, étonné qu'elle ne fasse pas de commentaires. Elle qui aime dire tout ce qu'elle pense...

Elle se retourne vers moi, avant de passer la porte de la cuisine, un sourire sur le coin des lèvres.

« En tout cas, c'est un très beau garçon mon chéri. »

*

Je ne pensais pas qu'il serait si tard lorsque nous arriverions chez moi. Quand je referme la porte de mon appartement, il est presque dix-huit heures. Nous avons passé l'après-midi chez mes parents à jouer aux cartes, boire du chocolat chaud, et discuter.

J'ai passé un agréable moment, et je pense qu'Harry aussi. J'ai vu un sourire que je ne lui connaissais pas s'étirer sur ses lèvres et son regard brillait d'une magnifique lueur. Mais, il demeure silencieux depuis que nous avons passé la porte de chez mes parents. Le sourire que j'ai vu naître sur ses lèvres s'est peu à peu fané, tout au long du voyage, avant de complètement disparaître une fois chez moi.

Il retire ses chaussures en se dirigeant naturellement jusqu'au salon sans rien dire. Je le suis en silence. Il s'assoit dans le canapé, glisse ses mains dans ses cheveux en tremblant. Je fronce les sourcils, contourne le canapé, puis la table basse pour me retrouver en face de lui. Je l'interroge du regard.

Ses yeux sont emplis de larmes.

« Ça va ? » je m'inquiète instantanément

Il hoche lentement la tête en inspirant profondément, comme pour se redonner contenance et il murmure simplement :

« J'avais oublié ce que c'était d'avoir une famille. Tu avais raison...j'en avais besoin Louis. Tu ne pouvais pas me faire plus de bien... et je ne t'en remercierai jamais assez »

Je le regarde alors, étonné de ses mots. A le voir pleurer ainsi, je ne pensais pas qu'il me répondrait ça. Je m'approche, et m'assois en face de lui, sur la table basse.

« Qu'est-ce qu'il se passe alors ?

-Je n'ai pas vu mes parents depuis cinq ans je crois...peut-être plus. Je...je ne sais plus trop. »

Je hoche lentement la tête en glissant mes mains dans les siennes, l'obligeant ainsi à me regarder. J'ai l'impression que toute la joie et le bonheur que nous avons accumulés cet après-midi sont partis en fumée sur le chemin... j'aurais tellement voulu que ce moment en famille lui remonte réellement le moral, et lui fasse du bien.

Il renifle légèrement avant de reprendre après avoir repris son souffle.

« J'ai toujours été en conflit avec mes parents Louis. Toujours. Parce que je n'étais pas celui qu'ils attendaient, que je n'ai pas fait les études qu'ils voulaient et que...je n'étais pas assez bien pour eux. Je n'étais pas comme lui.

-Mais...tu es médecin... ! je m'offusque.

-Oui. Mais mon père n'a jamais compris pourquoi je n'ai pas fait du droit, comme lui, pour reprendre son cabinet d'avocat, et ma mère...ma mère s'est toujours rangée derrière lui. Tu comprends, en étant médecin je ne gagnerai jamais assez bien ma vie selon eux. Pour eux, j'ai toujours tout fait de travers ! Tout ! J'aurais dû être lui, j'aurais pu être lui. J'ai essayé d'être Noah. Je l'ai essayé...tellement fort, si tu savais ! Sauf que ça n'a pas fonctionné...je t'ai brisé, j'ai fini d'anéantir Perrie, je sers de subterfuge pour Samuel, et...résultats des courses, je ne suis toujours que Harry. »

Je serre mes doigts entre les siens et je secoue la tête en voyant sa mâchoire trembler. Je commence à réaliser la portée de ses paroles et à comprendre tout ça. Je crois que la vérité qu'il s'apprête à me dire risque de me faire du mal. Elle va me confirmer que Harry ne va pas bien, et que c'est beaucoup plus profond qu'il ne laisse le paraître.

Je sens une rancœur indescriptible, une peine immense et de la honte...beaucoup de honte.

J'essaie de capter son regard, mais je n'arrive pas à le croiser. Il me fuit. Je sens arriver l'information que j'attends depuis tout ce temps. Mon cœur tambourine tellement dans ma poitrine que je le sens battre jusqu'au bout de ma langue.

Harry inspire profondément, et une larme roule le long de sa joue. Je me fais violence pour ne pas lâcher ses doigts et aller la lui essuyer. Il renifle légèrement, baisse le regarde et murmure.

« Noah était mon frère. Mon frère jumeau. »

Était.

« Il est...

-Oui. Enfin, Non... je ne sais pas. »

Il relève ses yeux verts sur moi, et je sens mon cœur se fissurer dans ma poitrine.

« Il est porté disparu. Depuis sept ans. »

#NoahFIC _ BIEN LE BONJOUUUUUUUR ! Voici donc le dernier chapitre de la première partie de Noah. Je pense que beaucoup avait deviné qui était Noah, donc le jumeau de Harry, mais la plupart pensait qu'il était mort. Hors, c'est là toute la difficulté de la situation, il a disparu, il n'est pas mort. Je dois vous avoué que j'ai réécris ce chapitre le week-end dernier parce que je ne le trouvais pas satisfaisant ... alors que je l'avais écris y'a... longtemps ! ^^ BREF. Un moment Larry privilégié pour H se dévoile et avoue ses sentiments envers L. L l'écoute mais ne peut pas s'empêcher de douter après tout ce qu'il lui a dit. Et finalement... ils se retrouvent chez les parents de L et c'est le déclic pour H qui finit par lâcher la bombe. Il ne reste plus qu'à savoir comment Noah a disparu. Des idées ?
Pour celles qui ne me suivent pas sur Twitter ! J'ai sortie une version broché de #WIWYMfic ! Et le tome 1 de #ARBHfic est en préparation. 


J'ai une attention toute particulière pour toutes mes copines qui sont un petit peu grisous en ce moment... je pense à vous ! 


Merci à Amélie, Cindy & Célestine pour les corrections !

Love. 

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