Chapitre n°13
Après l'appel inespéré de Max hier soir, nous avons tout de suite sauté dans ma voiture pour aller annoncer la bonne nouvelle à Niall. Entre-temps, Max avait envoyé les résultats par mail à Harry. Si bien que, ce matin, il a pu aller au rendez-vous de son avocat avec le certificat attestant qu'il était bien le père de Samuel. J'ai senti le soulagement de Harry. Cette annonce a été une libération pour lui. Il l'espérait depuis si longtemps. Maintenant il peut le dire, il est père. Vraiment père. Je suis si content pour lui. J'ai même vu une petite lueur s'allumer dans son regard lorsque Max a raccroché.
Une lueur qui m'a prouvé qu'il était prêt, et qu'il allait se battre pour Samuel, et pour lui.
C'est à contrecœur que j'ai tout de même dû laisser Harry chez Niall hier soir. Même si je suis parti le cœur léger et serein, je serais bien resté dans ses bras pour la nuit. Nous nous sommes longuement embrassés, comme des adolescents, sur le parking en bas de chez Niall, avant que je monte en voiture et que je rentre chez moi. Je crois que j'ai envie de tester sa version de nous-même. Il me tarde de me rendre à ce premier rendez-vous. J'ai hâte de voir où nous irons dîner et comment la soirée se déroulera.
Ce matin, quand j'arrive au bureau, je suis de bonne humeur, et ça n'échappe à personne, même Liam me taquine gentiment. Ils doivent tous penser que j'ai passé une nuit de folie qui m'a comblé au plus haut point. Mais, même avec ça, je ne serais pas de si belle humeur. Je vois enfin un petit morceau de ciel bleu dans le ciel de Harry... et ça fait un bien fou.
Malgré ma journée de boulot, j'ai attendu un appel ou un signe de Harry, mais je me suis dit qu'il avait trop à faire, et qu'il devait avoir la tête ailleurs.
Je ne m'en fais pas, il m'appellera ce soir.
Ce soir, quand je ferme l'agence, je suis encore le dernier à partir. Je baisse le store et me dirige tranquillement vers ma voiture, tout en pianotant sur mon téléphone pour répondre aux différents sms de Eleanor. Je dois la voir dans la semaine pour aller essayer sa robe de mariée. Je l'avoue, j'ai hâte de la voir habillée dans une longue robe blanche. La connaissant, elle va prendre une robe toute simple avec quelques dentelles comme uniques ornements, mais ce ne sera certainement pas une robe meringue !
Quoi que j'aimerais qu'elle en essaie une, juste pour que je puisse prendre une photo et me moquer d'elle jusqu'à la fin des temps !
Je monte finalement dans ma voiture, pose mon téléphone devant mon levier de vitesses et je démarre. Je prends la route pour rentrer chez moi en mettant la radio. Lorsque le dernier tube de Niall commence à retentir dans l'habitacle, je ne peux m'empêcher de monter le son et je me mets à chanter sur ses paroles à tue-tête.
Je mets une vingtaine de minutes à rentrer chez moi. Je trouve une place au début de ma rue, et je décide de ne pas chercher plus loin. Je me gare, descends, et récupère mes affaires. Je verrouille ma voiture, et remonte tranquillement jusqu'à mon immeuble.
Mais, lorsque je vois Harry assis sur mon perron, mon cœur s'emballe. Je presse le pas, cours presque jusqu'à lui et lorsqu'il me voit arriver à sa hauteur, il se lève. Je le prends immédiatement dans mes bras pour le serrer contre moi et je murmure avec incompréhension :
« Pourquoi tu ne m'as pas appelé au lieu de m'attendre ici ?
-J'avais besoin de prendre l'air... » m'avoue-t-il.
Je hoche lentement la tête en me détachant de lui et je prends une grande inspiration. J'embrasse sa joue et lui propose de monter avec moi. Il approuve d'un signe de tête, silencieux, et je déverrouille ma porte d'entrée.
Nous nous engouffrons dans mon immeuble et montons jusqu'à mon appartement. Je referme la porte derrière moi et suis Harry qui va naturellement s'asseoir dans le salon. Le voir agir comme s'il était chez lui me fait du bien. Ça veut dire qu'il me fait confiance et qu'il se sent bien chez moi. Ça compte beaucoup pour moi.
« Tu veux boire quelque chose ? je lui propose en arrivant dans le salon.
-Un verre d'eau ça ira, merci. »
Je hoche la tête, et vais jusqu'à la cuisine. J'attrape un verre que je remplis rapidement et je vais le retrouver. Je n'ai pas envie de le laisser seul trop longtemps. Je sais que c'est idiot, mais j'ai besoin d'être près de lui, de m'assurer que ça va aller.
Je m'assois à côté de lui et lui tends le verre. Il le prend en me remerciant et je l'interroge sur sa journée. Il tourne la tête vers moi en me regardant, et il hausse des épaules en me répondant :
« Ça a été difficile, mais c'était un mal à passer. Tu sais, je ne pensais pas que raconter tout ça à des inconnus serait si difficile. » m'avoue-t-il en baissant le regard, presque honteusement.
Je déteste le voir comme ça. Je déteste le voir honteux de ce qu'il lui est arrivé, alors qu'il n'y est strictement pour rien ! Harry a dû faire preuve d'énormément de courage pour raconter son histoire à des inconnus. Je le connais assez pour dire qu'il n'aime pas se placer en victime, et qu'il aurait préféré pouvoir prendre sur lui et endurer tout ça, ou mieux, régler tout cela seul.
Mais il fallait qu'il se rende à l'évidence, c'était impossible.
La preuve, la seule manière qu'il a trouvé pour compenser a été la bouteille... Et puis, je ne suis pas certain que qui que ce soit se serait débrouillé seul dans une histoire comme celle-ci. Il ne doit pas avoir honte de se faire aider. Clairement pas.
« Tu savais que c'était nécessaire, Harry.
-Oui. Mais, avouer à un inconnu que tu t'es fait abusé et frappé par une femme pendant... sept ans, c'est difficile, Louis. C'est même hyper humiliant et dégradant. J'ai eu l'impression de passer pour un homme faible et incapable de gérer. J'aurais dû savoir lui dire stop à un moment, Louis ! J'aurais dû savoir dire stop ! »
Je secoue lentement la tête en attrapant le verre qu'il a toujours entre les mains. Il tremble tellement que j'ai peur qu'il le renverse. Je le pose sur la table basse en face de nous et je me tourne ensuite vers lui. Je plonge mon regard dans le sien et reprends la parole en le fixant :
« Tu ne dois pas avoir honte. Non en fait, je t'interdis d'avoir honte, Harry ! Elle te faisait peur, et ce n'est pas une honte d'avoir peur d'elle.
-Tu sais, dès le départ j'ai été incapable de lui dire non. Je me suis senti si sale la première fois qu'elle m'a supplié de... commence-t-il avant de secouer la tête avec dégoût sans pouvoir finir sa phrase, en m'appelant Noah. J'étais dévasté par la disparition de mon frère et...
-Tu n'as pas à te justifier, Harry. Tu n'as pas à te justifier. Elle s'est servi de toi pour faire son deuil. C'est une fille manipulatrice et égoïste. De toute façon, tu ne peux pas faire machine arrière, tu ne peux pas retourner dans le passé, et aller contre tout ça. C'est impossible. Maintenant, tu dois regarder vers l'avant. »
Harry prend une de mes mains et la serre dans la sienne. Je me rapproche et le prends dans mes bras. Il vient se lover contre moi, dépose sa tête contre le haut de mon torse. Je sais qu'il essaie d'entendre les battements de mon cœur pour l'écouter murmurer des je t'aime. Je souris tendrement en glissant une main dans ses cheveux et je murmure :
« On va aller de l'avant, ensemble.
-Je sais... Je sais que nous allons y arriver, Louis. Mais c'est difficile de tourner la page. J'ai l'impression d'être resté bloqué au même chapitre affreux pendant des années. »
Comme toute réponse, je le serre encore plus fort contre moi. Nous restons dans cette position pendant un long moment avant qu'il ne reprenne la parole :
« J'ai tout dit à l'avocat. Je lui ai donné tout ce que j'avais contre Perrie. Les photos, les sms de menace, le certificat que Max m'a fait passer, tout. Il m'a dit qu'il était confiant. Il m'a même dit qu'il pouvait récupérer des dommages et intérêts assez... monstrueux. Je ne pensais pas qu'on pouvait demander autant d'argent dans une affaire comme celle-ci.
-C'est normal, Harry. Elle t'a privé d'une vie pendant sept ans ! Sept longues années !
-Je sais mais... je travaillais, je sortais, je vivais ! Je ne mérite pas tout ça ! »
C'est fou. C'est fou comme après toutes ces années de torture, et malgré le chemin qu'il a parcouru en quelques semaines, il arrive encore à tout remettre en question, et à douter de lui. Ça me fait mal au cœur.
Je prends son visage en coupe et plonge mon regard dans le sien :
« Tu sais quoi ? Ce fric, tu le donneras à une association de lutte contre les conjoints battus ! Tu aideras ceux qui sont dans ton cas aujourd'hui. Tu iras parler de tout ça et de ton histoire à ceux qui n'ont pas encore eu le courage de raconter la leur ! Et tu sais pourquoi tu le feras ? je lui demande alors qu'il me répond en secouant la tête. Tu le feras parce que toi tu auras eu le courage de t'en sortir et de te construire une nouvelle vie !
-Mais toi ? Tu seras là ? Dans cette nouvelle vie ?
-Harry... tu as écouté les battements de mon cœur il y a quelques secondes à peine, alors tu peux répondre à cette question tout seul. » je murmure en posant mes lèvres contre les siennes.
Il hoche lentement la tête avant de revenir se blottir contre moi. Je passe mes bras autour de lui, et embrasse ses cheveux. Au bout de quelques minutes de silence, je l'entends reprendre :
« L'avocat m'a dit d'aller déposer plainte contre elle, de demander une annulation de mariage et une injonction d'éloignement.
-Tu l'as fait ?
-Oui... il nous a accompagné avec Niall et je l'ai fait. J'ai vu la police. J'ai tout dit à la police...
-Je suis si fier de toi Harry...
-Je crois que je le suis aussi... fier de moi. »
Je sens mon cœur se gonfler de fierté et je me demande la dernière fois qu'Harry s'est senti fier de lui-même. J'espère que c'est le début d'une longue série et que ce n'est pas la dernière fois que je l'entends le dire. Il doit être fier de lui ! Il a de quoi l'être en tout cas.
« Mais... comme je le craignais, la garde de Samuel va poser soucis. Mon alcoolisme va être un sérieux frein lors du jugement.
-Malgré les circonstances atténuantes ?
-Oui. Ma seule chance est de prouver que je veux m'en sortir, et de convaincre le juge. Donc, mon rendez-vous avec le médecin de cet après-midi tombait à pic. »
Je me sens si mal pour lui. Perrie lui aura tout pris...
Sa dignité, les bons souvenirs de son frère, son fils... tout.
Je n'ose pas imaginer la douleur que ce doit être pour lui de parler ou de penser à Noah aujourd'hui. A cause de toute cette histoire, l'image de son frère sera à jamais associé à celle de Perrie. Et maintenant, il risque de perdre Samuel. Ce que je crois être encore pire.
Il sera marqué à vie.
« Qu'est-ce que le médecin t'a proposé ? je lui demande en essayant de le rassurer.
-Il m'a donné des prospectus pour aller aux AA. Je vais aller aux réunions et voir ce que ça donne. Mais il m'a dit être plutôt confiant. Je lui ai dit que j'étais déjà sobre depuis quelques jours, malgré la... situation. Il a dit que c'était un bon point. Puis, il m'a aussi proposé de trouver un bon centre pour que je puisse être suivi. Il m'a donné des adresses ici, et à la campagne. Au cas où j'aurais besoin de partir quelques temps pour me reposer et me retrouver. D'après lui, un séjour court, même de quelques jours, serait bénéfique.
-Peut-être que tu devrais y réfléchir, j'approuve en hochant la tête.
-Sauf que je ne peux pas tant que je n'aurais pas le fin mot de l'histoire vis-à-vis de Perrie, et de la procédure en cours. »
Il a raison. Il ne peut pas se permettre de partir dans un centre de désintoxication maintenant. Nous savons tous les deux qu'il en aurait sûrement besoin, mais ce n'est pas le bon moment. Puis, Perrie serait capable de s'en servir contre lui.
« Et... j'avais raison, il m'a mis en arrêt maladie. Tant que je ne serais pas sobre pendant au moins un an, je ne pourrais pas retrouver un poste comme celui que j'avais ici, en pédiatrie. Il m'a dit que, dans quelques mois, une fois que ma situation sera stabilisée, je pourrais peut-être travailler en labo, pour faire de la recherche, mais je n'aurais pas le droit d'approcher un patient avant un an. Et le fait de bosser en pédiatrie n'arrange pas les choses...
-Je suis terriblement désolé, je sais combien ton boulot compte pour toi. »
Il se pince les lèvres en baissant le regard et secoue lentement la tête avant de répondre :
« Tu n'as pas à être désolé, Louis.
-Je suis triste que tu sois obligé d'en arriver là.
-C'est normal. C'est la procédure. Je me mets à la place des parents de ces gamins que je soigne. Je ne voudrais pas d'un médecin qui a un penchant pour la bouteille. »
Je sais que c'est normal. Mais je suis tout de même triste pour lui. Je sais qu'il adore son boulot ! Se retrouver chez lui, à ne rien faire et tourner en rond ne va pas l'aider à aller mieux. Surtout avec tout ce qu'il vit en ce moment. Aller travailler lui occupait l'esprit la journée, et lui faisait oublier ses soucis le temps de quelques heures.
« Comment tu te sens ? je finis par lui demander.
-Je ne sais pas trop, me dit-il après un moment d'hésitation. Je crois que j'ai peur... Je te l'avoue, Louis, je pense même avoir très peur. Je ne sais pas quand Perrie va se faire convoquer et apprendre ce que j'ai entrepris envers elle et j'ai peur de sa réaction. Elle va péter un câble. » murmure-t-il en baissant le regard.
Il a de quoi avoir peur et appréhender. Mais j'aimerais pouvoir arriver à le rassurer.
« Sauf que tu n'es pas seul, Harry ! Nous sommes là avec Niall. Elle ne sait pas où tu loges en ce moment. Elle ne pourra pas te trouver. Et elle n'aura de toute façon, pas le droit de t'approcher.
-Les policiers nous ont avoué qu'elle avait elle aussi ouvert une plainte contre moi, mais avec nos preuves, mon avocat pense qu'elle ne sera pas prise au sérieux. Malgré tout, la procédure sera épuisante et laborieuse. »
Il se redresse lentement, et attrape son verre d'eau pour le porter à ses lèvres. Il les trempe à peine et ferme les yeux en appuyant ses coudes contre ses genoux.
Il prend une grande inspiration, et je comprends que ce n'est pas tout.
Il a autre chose à m'avouer...
Je glisse une main dans son dos, et laisse mes doigts s'égarer dans le bas de ses reins. Il tourne la tête vers moi en rouvrant ses paupières et il murmure :
« Niall m'a proposé un arrangement, pour Samuel.
-Lequel ? je l'interroge alors en fronçant les sourcils.
-Il me propose de demander la garde de Samuel, pour que le dossier passe plus facilement en notre faveur auprès des services sociaux et du juge. Etant donné qu'il exerce un métier qui lui permet de bien gagner sa vie et qu'il a les moyens de subvenir à ses besoins, il pense que ça pourrait fonctionner. Il va demander à Vanessa de venir vivre chez lui et ils vont se pacser pour que tout soit le plus solide possible.
-Ce serait une solution, effectivement, j'avoue en hochant la tête.
-Sauf qu'il m'a émis quelques conditions... Il ne me fait pas entièrement confiance. Et je peux le comprendre. Après tout, je suis malade, et ce ne serait pas sérieux que je m'occupe seul de Samuel. Il veut que je vienne à L.A. Dans un premier temps, nous habiterions tous les deux avec eux, et quand je me sentirai prêt, je prendrai une petite maison, ou un appartement là-bas, pas trop loin de chez eux. En attendant que tout se tasse et que mon état se stabilise.
-Tu... vas partir ? » je lui demande en le regardant alors.
C'est une chose de prendre mes distances avec lui alors que nous vivons dans la même ville, mais s'il part à l'autre bout du pays, ce sera clairement différent !
« Je crois que je n'ai pas trop le choix, finit-il par me dire.
-Ca me déchire le cœur de te le dire, mais tu as raison, Harry. Tu dois partir.
-Je ne peux pas demander à Niall de changer tout le cours de sa vie, pour moi. La proposition qu'il m'a faite est déjà énorme et je comprends qu'il veuille que je sois auprès de lui. S'il n'avait pas eu Vanessa, j'imagine qu'il aurait pu se réorganiser, mais je ne peux pas lui demander de le faire maintenant. Et c'est sûrement le seul moyen pour que je puisse rester auprès de mon fils.
-Je comprends, Harry. Je comprends. »
*
La semaine s'est lentement étirée, et je n'ai pas revu Harry depuis le soir où il m'attendait devant mon immeuble. Nous nous sommes échangés quelques messages et nous nous sommes appelés une fois. C'est de cette manière que j'ai appris que Perrie avait été convoquée chez les flics et que la procédure d'éloignement avait été appliquée dans la foulée. Il m'a avoué avoir très peur de la voir, et de la croiser. Il semble réellement croire qu'elle serait capable de le tuer... Je l'ai senti dans sa voix quand nous nous sommes parlés hier soir. Et j'ai peur de le croire moi aussi. Mais, elle ne semble pas savoir où ils logent avec Samuel et Niall. Sinon, elle se serait sûrement manifestée. Elle a essayé de le contacter, le trouver et de l'appeler, mais il a fini par bloquer son numéro.
Nous avons longuement reparlé de son possible déménagement à Los Angeles, et nous avons fini par conclure que c'était un mal nécessaire. Il a donc accepté la proposition de Niall, et d'après son avocat, ça restera la meilleure solution pour régler cette histoire le plus rapidement possible. Ils pourront ensuite renégocier les droits de garde, une fois Harry sobre dans les mois ou année à venir. Je pense que si nous avions été ensemble depuis longtemps, je lui aurais proposé de le faire pour lui.
Mais lui, comme moi, nous ne sommes pas prêts à ça. C'est trop tôt.
Après cette fameuse discussion déchirante, j'ai eu un appel de Niall, à peine j'avais eu raccroché avec Harry. Quand j'ai vu son prénom s'afficher sur mon téléphone, j'ai eu peur. J'ai eu peur qu'il me reproche encore quelque chose vis-à-vis de toute cette situation. Mais il m'a remercié de ne pas pousser Harry à rester à New-York, avec moi, par pure égoïsme. Je lui ai simplement répondu que je l'aimais bien trop pour ça. Et lui m'a ensuite répondu que je pouvais avoir confiance en Harry et que nous étions destinés à vivre une belle et longue histoire. Ce que je n'ai pu que confirmer.
J'en ai profité pour lui demander quelques explications, sur l'ancien Harry. Celui qu'il était avant la disparition de Noah. Je voulais savoir s'il était si peu sûr de lui et s'il avait besoin d'être sans cesse rassuré, comme c'est le cas aujourd'hui. Il m'a avoué que tout le monde le voyait comme un dur à cuire toujours prêt à en venir aux mains à la moindre contrariété. Il était je-m'en-foutiste de tout. Mais se cachait derrière quelqu'un d'hyper sensible, prêt à tout pour ceux qu'il aime.
Comme Harry me l'avait expliqué lui-même, il avait vécu dans l'ombre de son frère parfait pendant trop longtemps... et ça l'avait cassé. Et après sa disparition, Perrie a fini de l'achever.
Mais, maintenant nous sommes vendredi soir, il est l'heure de rentrer à la maison pour commencer le week-end, et Liam vient de frapper à ma porte.
Je le vois passer une tête par cette dernière et me demander l'autorisation d'entrer. Je souris en hochant la tête :
« Tu as fini ? m'interroge-t-il.
-Oui, je réponds à quelques mails, et je m'en vais.
-Parfait, je te laisse dix minutes et je t'embarque. » me dit-il en souriant.
Je fronce les sourcils à ses mots, et l'interroge du regard, ne comprenant pas où il veut en venir :
« J'ai envoyé un message à tout le monde, pour qu'on passe une soirée tous ensemble. J'ai bien compris que c'était difficile pour toi en ce moment. Alors je me suis dit qu'une soirée entre amis te ferait le plus grand bien. Dom a proposé qu'on passe la soirée chez eux, comme une petite crémaillère quoi. Comme nous n'avons pas encore arrosé leur appart', on s'est dit que c'était une bonne occasion. »
Je le regarde en faisant de grands yeux, et je sens instantanément les larmes venir embrumer mon regard. Je sais que je ne devrais pas craquer, qu'après tout, ce n'est pas moi la victime dans toute cette histoire, mais voir les efforts que font mes amis pour me remonter le moral me vont droit au cœur. Je secoue la tête, en essayant de retenir mes larmes, mais c'est comme si toute la pression que j'ai sur mes épaules depuis quelques jours retombait. Liam a visé pile au bon endroit, c'est exactement ce dont j'avais besoin. Et, je ne m'attendais clairement pas à un geste comme celui-ci !
« Tu ne vas quand même pas pleurer ? me demande Liam en rigolant légèrement.
-Non mais... tu ne te rends pas compte, Li', ça me touche énormément, je murmure en me frottant les yeux. J'ai l'impression d'être un zombie depuis quinze jours...
-C'est bien pour ça. »
Je me pince les lèvres en reniflant légèrement et je hoche la tête. Je prends une grande inspiration et je quitte tout ce que j'étais en train de faire sur mon ordinateur.
Tant pis, ça attendra lundi !
Je l'éteins et me lève de mon fauteuil en inspirant profondément. Je m'approche de mon ami et je le prends dans mes bras en le serrant contre moi.
« Merci. Merci beaucoup Liam.
-Ne me remercie pas. »
Nous nous détachons l'un de l'autre, et nous quittons mon bureau après avoir éteint la lumière et refermé la porte derrière nous. Il va verrouiller son propre bureau, et nous pouvons partir. Une fois dans la rue, il m'annonce qu'on prend sa voiture, pas question que nous fassions le chemin chacun de notre côté. De toute façon, je suis venu en métro ce matin, donc ça tombe bien. Nous nous dirigeons vers sa voiture, et je monte côté passager. Je m'installe en soupirant largement de bien-être et je boucle ma ceinture. Il claque sa portière en s'installant, et met le contact.
« Alors, du coup... ça s'arrange pour Harry ? me demande-t-il en sortant de sa place de parking.
-Plus ou moins. On dira que c'est en bonne voie. Il attend la convocation du juge, mais ce ne devrait plus être très long. Dans des affaires familiales comme celle-ci avec un enfant au milieu, des délais exceptionnels peuvent être mis en place.
-Et heureusement, ils ne peuvent pas rester dans cette situation pendant des mois... Et puis, ce qu'a fait Perrie est trop grave. Ils doivent faire quelque chose pour au moins mettre Samuel en sécurité. Ils ne peuvent pas le cacher indéfiniment de sa mère. C'est trop dangereux. » murmure Liam.
Je l'avoue, j'ai tout avoué à Liam dans la semaine. Il a vu que toute cette histoire me pesait. Et même si je ne sais pas si j'avais réellement le droit de le faire, j'avais besoin de me confier. Il a été touché par mon geste mais choqué de mes révélations. J'aurais pu en parler à Eleanor et je l'ai fait d'ailleurs ! Mais elle vit dans le monde des Bisounours en ce moment ! J'ai même réussi à la prendre en photo dans sa robe meringue... C'est dire si elle est à l'ouest ! A ses yeux, Harry est mon prince charmant et tout finira par rentrer dans l'ordre. Sauf que le chemin à emprunter au milieu reste un petit peu flou quand elle en parle.
Bref, je devais en parler à quelqu'un d'autre, et Liam semblait être la personne la plus appropriée.
« La procédure d'éloignement est effective de toute façon ? me demande-t-il en reprenant la parole.
-Oui, mais légalement, elle ne concerne que Harry... Pour ce qui est de Samuel, c'est plus compliqué. Mais, au vu de la situation, les autorités ont autorisé Niall et Harry de le garder. Et comme Perrie n'a pas le droit de s'approcher de Harry...
-Elle ne peut pas voir son fils, conclut Liam en hochant la tête.
-Exactement. »
J'ai quand même été soulagé de savoir que cette injonction d'éloignement avait été validée. Je me doute que ce n'est pas ce qui éloignera Perrie de Harry. Si elle a des choses à lui dire, ou qu'elle désire le voir, elle viendra quand même à lui. La preuve, elle a essayé d'entrer en contact avec lui. Heureusement qu'il ne travaille plus à l'hôpital, Max m'a dit qu'elle s'était rendue dans son service pour le voir. Elle a même fait un scandale pas possible en découvrant qu'il ne travaillait plus là, et que Max refusait de lui donner des explications. Ça a bien fait flipper Harry...
Je n'ose pas imaginer ce qu'il se serait passé si elle l'avait trouvé là-bas.
« Et... c'est décidé ? Il part s'installer à Los Angeles ? » m'interroge Liam.
Oui, ça aussi je lui en ai parlé...
« Oui. Ils se sont mis d'accord avec Niall, et l'avocat d'Harry a dit que c'était la solution la plus sûre pour qu'il puisse garder Samuel. Avec son addiction à l'alcool, la garde du petit aurait pu être réattribuée à ses parents, ou ceux de Perrie. Niall n'aurait été qu'un second choix, en cas de refus des deux autres couples. Donc, légalement c'est presque une assurance pour eux de récupérer la garde de Samuel. Ils attendent la convocation du juge pour avoir une date, et en fonction de sa décision, ils s'arrangeront.
-Je comprends. C'est triste de le voir partir, mais il s'agit de son fils.
-Jamais je ne me serais permis de lui demander de rester avec moi ici, alors qu'il se bat corps et âme pour se libérer d'une relation nocive et destructrice qui aurait pu lui coûter la vie. Je serais purement et simplement égoïste de vouloir le garder pour moi. »
Liam hoche la tête en soupirant. Il m'a dit qu'il était terriblement déçu pour moi. Le jour où j'arrive enfin à retrouver mon amour de jeunesse perdu, je me retrouve à devoir lui dire au revoir. Nous nous sommes mis d'accord avec Harry pour ne pas se perdre de vue. Nous en sommes incapables de toute façon. Nous nous sommes promis de nous appeler et nous écrire tous les jours. J'irai le voir, et lui viendra aussi. Ce ne sera pas facile, et nous allons souffrir de cette distance, mais nous n'avons pas le choix. Du moins, au départ, nous fonctionnerons ainsi. Nous verrons bien pour la suite.
« Et pourquoi tu ne le suivrais pas toi ? me demande Liam
-Parce que c'est trop tôt ! » je réponds naturellement en haussant des épaules.
Ce serait mentir que de dire que je n'y ai pas pensé. Mais à chaque fois, j'en suis arrivé à la même conclusion. Il est bien trop tôt pour que l'un de nous deux plaque tout pour l'autre. En plus, j'ai une affaire ici à New-York. Je ne pourrais pas laisser tomber Liam. Nous sommes amis, mais avant tout collègues et associés.
« Mais... c'est quelque chose que tu envisages, Louis. Je te connais par cœur. Quand tu t'engages dans une relation comme ça, tu penses à tout ! Tu calcules tout ! » me dit-il en rigolant.
Je souris face aux mots de mon ami. Il me connaît si bien...
Je hoche donc la tête, et je réponds :
« Oui, j'y ai pensé. Mais nous nous sommes promis de ne pas le faire. Il est bien trop tôt. Et Harry l'a dit lui-même, il a besoin de vivre tout ça de son côté, et de se retrouver. Nous avons le temps de penser à ça.
-Je vois. Mais, tu sais, ça fait quelques semaines que je pense à quelque chose, et ce serait le moment de le développer, commence-t-il.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? je lui demande en fronçant les sourcils.
-Cette semaine, Camilla Cabelo a fait le déplacement depuis Los Angeles pour te voir et valider son projet. Luis Fonsi t'a appelé pour les décors de son prochain clip. Si nous avions des bureaux à Los Angeles, ce serait beaucoup plus simple pour ce genre de contrat et on pourrait développer un pôle artistique. »
Je me tourne vers lui en faisant les gros yeux, complètement hébété par ses mots.
Ok. Ça, je n'y avais jamais pensé.
J'avoue, c'est Liam le cerveau de notre affaire, et je suis l'artiste. Il fait de très beaux travaux de rénovation, mais reste très classique. Il fonctionne très bien sur New-York avec nos clients réguliers, mais quand il s'agit de contrat plus... artistique et novateur, c'est moi qu'on demande.
Et il a raison, cette clientèle est principalement à Los Angeles. Nous avons bien conscience que c'est un manque à gagner énorme que d'avoir nos bureaux à New-York.
« Qu'est-ce que tu en dis ? me demande Liam
-Je t'avoue que je n'y aurais pas pensé moi-même.
-Je n'osais pas trop t'en parler, parce que c'est clairement ton domaine tout ça. Et je me voyais mal te demander de déménager à l'autre bout du pays, alors que tu as tous tes potes qui sont là. Mais... si dans un avenir plus ou moins proche tu envisages de t'installer avec Harry et bien... sache qu'il y a cette possibilité et que vous pourriez vous retrouver à Los Angeles. »
Je hoche lentement la tête à ses mots et détourne le regard vers la route. Nous sommes bientôt arrivés.
« Merci de penser à tout, Liam... sincèrement.
-C'est à ça que servent les amis. Et puis, après ce que tu as fait pour ma sœur et moi, je te dois bien ça. »
Je reconnais très bien mon Liam dans une réflexion comme celle-ci.
La voiture ne tarde pas à s'arrêter devant le nouvel immeuble de nos amis. Il coupe le contact, et nous descendons de voiture. Nous nous avançons devant la porte d'entrée et sonnons. Dom' nous répond à l'interphone, et déverrouille la porte. Nous pénétrons à l'intérieur, et nous engouffrons dans l'ascenseur. Quand nous arrivons à l'étage de Kate et Dom' c'est lui qui nous ouvre la porte de l'appartement après que nous ayons frappé.
« Entrez, nous n'attendions plus que vous ! s'exclame mon ami en me serrant rapidement dans ses bras.
-Merci pour l'invitation, je dis en entrant dans l'appartement.
-Tu remercieras Liam pour ça, c'est lui qui a pensé à tout organiser. »
Je me retourne une fois de plus vers mon ami, et il me renvoie un sourire. Je ne vais pas le remercier une fois de plus, parce que je vais finir par devenir ridicule.
Je secoue la tête en souriant, et m'avance vers le salon. Il y a un petit peu de monde ! Je croise le regard de Kate qui s'approche pour venir me saluer, et je la remercie pour son hospitalité. Je continue vers le salon et vois Zayn en train de discuter avec Matthew et Eleanor. Max est accoudé au comptoir qui sépare la cuisine du coin salon. Il parle avec une personne en face de lui, qui est dos à moi. Mais lorsque cette dernière se retourne pour planter son regard émeraude dans le mien, je me sens fondre de bonheur.
Harry.
Harry est là aussi. Ça ne peut qu'annoncer une bonne soirée.
#NoahFIC _ Les copains, j'ai pas beaucoup de temps pour épiloguer, j'espère que ce chapitre vous auras plut ! Pour celles qui ne me suivent pas sur Twitter ! J'ai sortie une version broché de & du T1 de vous pouvez vous les procurer sur Lulu !
Merci à Amélie, Cindy & Célestine pour les corrections !
Loves.
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