Chapitre n°1
« Il est porté disparu. Depuis sept ans. »
Noah et Harry étaient frères. Ils étaient frères jumeaux. Bon sang, Harry a perdu sa moitié, son âme-sœur, son alter-égo. Pire encore, Noah a disparu ! Comment avancer ? Comment arriver à faire son deuil ?
Ça fait sept ans. Sept ans que Noah a disparu.
J'ai rencontré Harry, en Thaïlande, peu de temps après la disparition de son frère. Harry devait être dévasté. Sa vie tout entière venait d'être bouleversée. Il devait être perdu, incapable de faire quoi que ce soit pour aller mieux. Pour se sentir mieux. Je commence maintenant à comprendre son comportement et pourquoi il s'est fait passé pour Noah. Sûrement que, pour lui, c'était une façon de le retrouver. Mais tout cela ne l'excuse aucunement. Il n'avait quand même pas le droit de m'utiliser, de me mentir, et de me manipuler comme il l'a fait pendant tout ce voyage.
Mais comment Noah peut-il être porté disparu depuis si longtemps ? Que s'est-il passé ?
« Comment il a... ? » je finis par demander en relevant les yeux sur Harry.
Je n'ose même pas terminer ma phrase. Je me sens idiot, parce qu'après tout ce n'est pas moi qui ai vécu une expérience traumatisante, c'est lui. C'est lui qui devrait parler ainsi, qui devrait prendre des pincettes.
Il me regarde pendant une fraction de seconde, le regard brillant, comme absent, puis il reprend la parole :
« Comment il a disparu ?
-Oui...
-Tu peux le dire, tu sais. Ça fait toujours mal d'en parler, et je pense que ça le sera jusqu'à la fin de ma vie. Mais... aujourd'hui j'arrive à en parler librement. Ou tout du moins, j'essaie.
-Tu n'es pas obligé de m'en parler, Harry ! » je lui réponds en réalisant alors ce que ce doit être pour lui.
Il secoue lentement la tête, tout en posant ensuite une main sur mon avant bras. Il me fixe pendant quelques instants, et ça me semble durer une éternité. De nous deux, je crois qu'il est le plus à l'aise pour aborder ce sujet, et je me sens légèrement idiot.
Je ne sais pas si j'étais prêt à parler de tout ça sans prendre de recul. Mais il n'est pas question de moi après tout. Il est question de lui. Si nous ne parlons pas tout de suite de tout ça, rien ne me dit qu'il voudra le refaire un jour...
Je me mordille la lèvre inférieure en le regardant et il me répond :
« Je dois te parler de lui, Louis. Je dois tout t'expliquer pour que tu comprennes ma situation aujourd'hui. Avec Perrie, Samuel... mes parents. Tout. Tu ne pourras pas tout comprendre sinon. Et j'estime que tu as le droit de savoir.
- Pourquoi vouloir me dire tout ça maintenant, Harry ?
-Parce que je sais ce que tu essaies de faire. Ce que vous essayez de faire avec Niall. J'ai conscience que j'ai besoin d'aide, et que vous êtes sûrement les mieux placés pour me secourir. Je sais que je suis dépressif et que je suis alcoolique. Je suis médecin, je te rappelle. » me dit-il en me fixant.
Sa réplique arrive à me faire monter le rouge aux joues, et je me sens comme un adolescent devant son premier crush. Ou comme un enfant pris la main dans le sac. Dis comme ça, il paraît complètement inconvenant, voire grossier de notre part avec Niall, de prétendre pouvoir aider un médecin à guérir de ses maladies.
Il glisse une main contre l'une d'entre elle et caresse ma pommette du bout du pouce avec une douceur infinie. Je ferme les yeux à son geste, inspirant profondément. Je ne sais pas où cette discussion risque de nous emmener, et inconsciemment, je crois que j'ai besoin de profiter de ce moment.
Il reprend finalement la parole, alors que j'ouvre à nouveau les yeux pour me perdre dans son regard :
« Je ne veux pas que tu t'embarques dans toute cette histoire, sans que tu comprennes réellement ce qu'il en est. »
Je hoche lentement la tête, tout en écoutant les paroles de Harry. Il me semble si sincère. Pour la première fois, depuis que je le connais, il me semble véritablement honnête et je ne sais pas si je dois en être soulagé, ou si je dois être effrayé. Cela prouve justement à quel point il a manqué d'honnêteté envers moi, jusqu'à présent.
Il y a sept ans, il n'était pas prêt à se faire aider. Tout ce qu'il venait de vivre était trop frais. Il devait être effondré à cause de l'absence de son frère, il devait toujours espérer le voir revenir. Je pense qu'il attendait encore de le voir pousser la porte de chez eux, souriant et carillonnant une blague grotesque pour expliquer son absence.
Ce n'était pas le bon moment pour en parler. Mais aujourd'hui, la donne a changé. Aujourd'hui, il a besoin d'aide. Et le fait qu'il en prenne conscience est déjà un grand pas vers sa guérison. Même si cela risque d'être un long chemin, semé d'embuches. Nous n'allons pas nous mentir.
« Bien...je t'écoute. » je lui réponds donc en posant ma main sur la sienne qui est toujours sur mon avant bras.
Il me sourit tristement en hochant la tête. Il serre doucement mes doigts entre les siens, et il prend une grande inspiration, avant de commencer :
« Contrairement à moi, Noah a toujours eu une relation exemplaire avec nos parents. Il a toujours eu de bonnes notes, il a commencé les études qu'il fallait pour ensuite travailler avec notre père, et il sortait avec LA fille qu'il fallait. Nous étions... le jour et la nuit. Pendant que lui bossait pendant des heures pour avoir les meilleures notes possible, je me contentais du strict minimum pour pouvoir valider mes années sans efforts. Je n'ai pas fait les études que mon père voulait et pire encore, j'ai exploré ma sexualité pendant toute mon adolescence avant de finalement avoir un penchant plus prononcé pour les mecs.
-Tes parents n'ont pas accepté l'idée que tu pouvais tout aussi bien aimer un homme qu'une femme ? »
Harry secoue lentement la tête à ma question.
Encore une personne qui s'est vue rejetée et brisée par sa famille à cause de son orientation sexuelle. Je suis toujours sidéré et profondément attristé par ces situations. J'imagine que ce ne doit pas être facile pour la famille d'apprendre une nouvelle comme celle-ci, mais quand même...
J'ai vu cette souffrance chez Liam. L'absence de sa famille a été un véritable calvaire pour lui. Je suis heureux qu'il ait aujourd'hui des nouvelles d'une de ses sœurs, et j'espère de tout cœur qu'il va pouvoir la retrouver, et créer une relation avec elle. Je serais si content pour lui. Mais je sais que ce n'est pas gagné, et qu'il a encore une blessure indélébile au milieu de la poitrine. Heureusement qu'il a rencontré Zayn qui a su l'aider à guérir, bien qu'elle ne soit pas encore totalement cicatrisée.
Mais je commence à comprendre pourquoi Harry semble si marqué par la vie. Il se sent terriblement seul.
« Je viens d'une famille très... vieux jeu, Louis. J'ai grandi à Londres dans un manoir avec un cuisinier, des domestiques et un majordome. C'est... un autre monde ! Tu ne peux même pas imaginer. Autant dire qu'un fils sodomite, comme le dit si bien mon père, n'est pas acceptable dans une famille comme la mienne. »
Après un court silence, Harry se racle finalement la gorge, et reprend la parole en me regardant :
« Avant tout, il faut que tu comprennes une choses, Louis, Noah et moi, nous avons toujours eu une relation compliquée. Quand nous étions enfants, j'enviais sa relation avec nos parents, et lui de ma liberté. C'était un véritable cercle vicieux. Aucun de nous deux n'était capable de faire la part des choses. Quand l'un faisait une remarque, l'autre partait au quart de tour, nous jouions à un jeu très dangereux qui a fini par totalement nous séparer à l'adolescence. Je pense avoir passé tout mon lycée à ne pas adresser la parole à mon frère.
-Mais... il était ton frère jumeau !
-Il semblerait que tous les jumeaux n'aient pas ce lien inexplicable et infaillible que l'on décrit dans les films et les romans. »
Bêtement, je pense avoir toujours cru à ce lien...
« Mais, un été, tout a basculé. »
Je fronce les sourcils à ses mots, ne m'attendant pas à ça. J'attendais patiemment qu'il reprenne la parole, mais je vois que me raconter tout ça lui coute. Ça lui fait du mal. Sa voix n'est pas aussi assurée qu'elle ne l'est habituellement. Il cherche ses mots pour essayer de me dire les choses le plus naturellement possible.
Il me fait tellement de peine.
« L'été entre notre première et deuxième année d'étude, il a changé de comportement. Encore aujourd'hui, je ne saurais pas te dire pourquoi, mais il a hissé le drapeau blanc entre nous et il s'est tourné vers moi. La première fois qu'il est venu dans ma chambre, en me demandant de faire une trêve, je lui ai ri au nez. Je ne l'ai pas pris au sérieux. Il a mis plus de quinze jours avant de me faire comprendre qu'il était réellement sincère. Alors, j'ai aussi déposé les armes et je l'ai laissé entrer. Cet été là, nous avons pris conscience d'une chose : nous ne nous connaissions pas du tout. Nous étions des étrangers l'un pour l'autre. Ce qui est terriblement triste. Deux frères jumeaux... nous aurions dû être liés comme les doigts de la main, nous n'aurions pas dû nous détester comme nous l'avions toujours fait. Nous avions mis tellement de haine dans notre relation, que nous étions passés à côté de nos vies respectives et ça nous a rendu malades quand nous l'avons réalisé. Et c'est aussi à ce moment là que j'ai compris une chose : Il n'était pas heureux dans sa vie. Il faisait des études qui ne l'intéressaient pas et était en couple avec une fille qu'il n'était même plus certain d'aimer encore.
-Il t'enviait alors ?
-Complètement. Ça faisait depuis un moment déjà que j'étais plus ou moins libre. Je dis ça dans le sens où mon père n'avait plus aucun espoir que je retrouve le droit chemin, comme il aimait si bien le dire. Il me donnait assez d'argent pour vivre, et ainsi je pouvais vivre ma vie de mon côté, sans qu'il ait à se soucier de quoi que ce soit me concernant. Noah était en plein questionnement quant à son avenir, et je lui ai dit qu'il était temps qu'il vive pour lui, qu'il arrête de vouloir faire les choses en fonction de notre père. Je lui ai dit que nous n'avions qu'une seule vie et qu'il ne fallait pas la gâcher.
-Et il l'a fait ? »
- Oui. Et j'aurais peut-être mieux fait de me taire, le jour où je lui ai dit ça. Quelques semaines plus tard, il a décidé de s'engager dans l'armée. »
Oh putain ...
Il hoche lentement la tête en se raclant la gorge. Il n'est pas réellement mal à l'aise, mais je vois que c'est difficile pour lui de m'avouer sa responsabilité dans l'enrôlement de son frère.
Je décèle même de la culpabilité dans son regard. Et putain, ça me fait mal au cœur !
« Mais pourquoi il a fait ça ? je reprends rapidement en le regardant.
-Notre grand-père maternel était Général dans l'Armée de Terre. Gamin, il était fasciné par cet univers, notre grand-père nous a toujours parlé de l'armée. Il nous racontait les mauvais côtés, le risque que cela entraînait, etc... mais il a toujours su mettre en avant le plaisir que c'était de servir la Nation. Je crois que c'était pour Noah une manière de se rebeller tout en gardant un certain cadre dans sa vie. Il ne pouvait pas complètement vriller. Il a tout plaqué et il est parti. Même Perrie n'était au courant de rien.
-Attends... Perrie était la petite amie de ton frère ? » je demande en faisant les gros yeux.
Je le vois se pincer les lèvres et il hoche la tête. Je crois que la partie la plus tordue de l'histoire n'est pas encore arrivée, et je ne sais pas à quoi je dois m'attendre.
Clairement, j'ai peur.
« Oui.
-Mais c'est...
-Louis. Laisse-moi finir. S'il te plaît. »
Je m'apprête à riposter, mais le regard qu'il me lance me dissuade de dire quoi que ce soit de plus. Je soupire et hoche la tête, avant de le laisser continuer.
« Bref... cet été là, j'ai passé beaucoup de temps avec lui, et quand il a annoncé son enrôlement, je n'ai pas été réellement étonné. Je pense avoir été le seul, avec notre mère, à l'avoir soutenu. C'est ce qui m'a permis de comprendre qu'elle n'était pas contre nous, mais plutôt avec notre père, et contrairement à ce que je pensais, c'était une grosse différence. Si elle voulait vivre correctement, elle avait tout intérêt à faire comme si elle se rangeait derrière lui, hors, ce n'était pas réellement le cas.
-Donc... ta mère n'avait pas les mêmes opinions que ton père ?
-Pas le moins du monde. Mais... mon père est un homme d'influence. Il est très manipulateur. Ce n'est pas pour rien qu'il est l'un des meilleurs avocats d'Angleterre. Il sait dire ce qu'il faut pour appuyer là où ça fait mal, et régner par la terreur. Ma mère avait peur de lui. Mais tu vois, tout ça m'a permis de comprendre que Noah aussi n'avait pas eu une enfance et une adolescence facile. Personnellement, j'étais si bas dans l'estime de notre père, que je ne pouvais pas le décevoir d'avantage. Alors que lui, en contrepartie, portait tout sur ses épaules. »
Noah a donc pris la pression familiale pour lui. Leur père, déçu par Harry, avait tout misé sur le second fils, celui qui saurait devenir celui qu'il voulait. Il voulait que son fils soit forgé à son image, dans le but de pouvoir un jour, prendre sa place et diriger le cabinet d'avocat familial.
Mais visiblement tout ne s'est pas déroulé comme il l'aurait voulu...
« Noah a donc fini par craquer. Il a complètement déconnecté à la fin de cet été là, et n'est pas retourné à la fac. Après sa décision, il a demandé conseil à notre grand-père, ils ont choisi une base militaire tous les deux et il est parti. Notre père l'a très mal pris. Il m'a tenu responsable de sa déviance.
-Mais tu n'y étais pour rien ! » je m'offusque alors.
Harry soupire lourdement en secouant la tête, avant de se redresser pour nous détacher l'un de l'autre. Il fuit mon regard pendant un instant, glisse une main dans ses cheveux, comme pour se redonner contenance. Puis, après une courte pause, il reprend.
« Selon lui, nous aurions passé trop de temps ensemble cet été-là. Il aurait totalement vrillé, par ma faute. Tu sais c'était sûrement plus facile pour lui. Il avait besoin d'un coupable, et j'étais la cible idéale. Alors, j'ai tout envoyé en l'air. Je me suis définitivement fâché avec lui. Il m'a coupé les vivres et je me suis réfugié chez mon meilleur ami, Niall... J'ai pris un boulot à côté de mes études pour pouvoir payer ma partie du loyer, et je suis resté chez lui jusqu'à la disparition de mon frère.
-Donc Niall était ton meilleur ami ?
-Il l'est toujours à mes yeux... même si nous ne sommes plus aussi proches qu'avant, par ma faute, évidemment. »
Je secoue la tête en l'entendant répondre de la sorte. Après le discours que j'ai eu de la part de son ami, je peux lui assurer une chose : Niall tient toujours énormément à lui ! Il ne m'aurait pas soutenu dans mon envie de l'aider sinon. Il se préoccupe réellement de l'état de Harry. Bien plus que ce dernier ne peut le croire !
« Tu te trompes, Harry. Niall te soutient et se soucie de toi, à cent pour cent.
-Je me suis coupé de tout le monde, Louis. J'ai été affreux avec eux... Niall ne m'a pas adressé la parole pendant des mois, tu sais.
-Mais aujourd'hui il est là pour toi, tu le sais ! je lui dis en le regardant droit dans les yeux.
-Oui... »
Je me rapproche de lui et reprends une de ses mains entre les miennes pour la serrer et lui prouver tout mon soutien. Je me doute bien que ce ne sera pas assez, mais je pense que je peux au moins faire ça.
Il ferme les yeux une fraction de seconde, comme apaisé par mon geste, avant de reprendre la parole :
« Lorsque Noah est revenu pour sa première permission, il semblait apaisé et heureux. Il n'était plus le même. Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression d'avoir un jumeau. Un vrai. Pas un frère, un jumeau. Une personne en qui je pouvais avoir entièrement confiance, à qui je pouvais me confier, à qui je pouvais tout dire. Il m'a remercié de l'avoir aidé à prendre la bonne décision. A l'époque, il m'a confié qu'il n'aurait sûrement jamais eu le courage de le faire sans moi. Pour la première fois de sa vie, il se sentait lui-même. Il ne jouait plus de rôle. Tout ce qu'il vivait et voyait là-bas était très difficile, évidemment mais ... il savait maintenant ce qu'il voulait faire de sa vie : aider le monde à aller mieux.
-Tu as dû te sentir fier, je murmure.
-Sur le coup oui... mais ensuite, je m'en suis voulu. » me répond-il d'une voix blanche.
Je le vois pâlir après ses derniers mots, et je crois que ça ne me dit rien qui vaille.
Je sais qu'il va maintenant aborder le sujet de la disparition.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé alors ? Il a disparu dans l'exercice de ses fonctions ? »
Il hoche lentement la tête en répondant :
« Oui. Dès qu'il a eu fini sa formation, il a été déployé. Il s'est retrouvé en Syrie en 2010.
-Oh mon dieu...
-Il a passé plusieurs mois là-bas avant de revenir en permission. Sa dernière... Il était tracassé. Tout ne se déroulait pas comme il voulait. Il avait été envoyé en permission alors que ce n'était normalement pas le moment. Il se passait quelque chose, mais il ne pouvait pas nous en parler, et il n'a rien voulu me dire.
-Tu penses qu'il vous a caché des choses ?
-Oui. Mais il ne pouvait rien nous dire à cause du secret professionnel... Puis, quinze jours après son retour en Syrie, sa base s'est faite attaquer. Ils ont massacré les trois quarts des militaires présents et les autres ont tous disparu. On suppose qu'ils ont été capturés et emprisonnés par les rebelles. Mais ce ne sont que des hypothèses. Une enquête a été ouverte, mais aucun résultat n'est revenu concluant. Aujourd'hui, l'enquête n'est toujours pas classée et il est toujours porté disparu. Nous savons qu'il n'y a plus d'espoir de le revoir vivant, mais ça laisse toujours une petite porte ouverte, dans un coin de notre esprit. Je crois que... personne ne pourra avancer et aller de l'avant tant que nous ne clôturerons pas cette enquête et qu'ils seront tous déclarés morts dans l'exercice de leur fonction."
Je le regarde avec de grands yeux et m'étonne de voir que celui qui pleure de nous deux, c'est moi. Pas lui. Harry a ravalé ses sanglots, et même s'il a une mine déconfite, et qu'il est pâle comme un linge, il ne pleure pas. Je me sens tellement stupide de pleurer ainsi. Ce n'est pas moi qui ai perdu mon frère, qui ai vu ma vie changer du tout au tout, en l'espace d'un coup de téléphone. Ce n'est pas moi qui ai dû ré-apprendre à vivre !
En voyant les larmes rouler le long de mes joues, il secoue lentement la tête, et relâche mes mains. Il dépose ses doigts contre mes joues, et me regarde.
Il me fixe et murmure :
« Non. Non. Ne pleure pas.
-Je suis...tellement désolé. Je me sens si égoïste de ne pas t'avoir laissé revenir vers moi quand nous nous sommes retrouvés. Je m'en veux tellement, jamais je n'aurais pu imaginer tout ça !
-Tu ne pouvais pas savoir...
-Je suis tellement désolé, Harry, si tu savais.
-Tu n'y es pour rien. »
Je me sens tellement bête maintenant. Je l'ai repoussé avec tant de vigueur, et maintenant que je sais tout ça, je m'en veux profondément. Il a fait un pas vers moi après que nous nous soyons retrouvés par hasard dans cette boite de nuit.
Il avait besoin de moi. Et moi, j'ai mis des barrières que je n'aurais pas dû mettre.
Mais... même si je suis profondément choqué d'apprendre tout cela, que je suis terriblement triste pour Harry, cela ne répond pas à ma principale question.
Pourquoi s'est-il comporté de cette manière lors de notre rencontre en Thaïlande il y a sept ans ? Il venait de perdre son frère. Ok. Mais pourquoi se faire passer pour lui ? Cela ne devait que remuer le couteau dans la plaie !
Je comprends son besoin de laisser tout derrière lui, son besoin d'émancipation après cet événement aussi traumatisant. Mais...ça ? Pourquoi avoir fait ça ?
Pourquoi avoir pris l'identité de son frère porté disparu ?
« Pourquoi tu t'es fait passé pour lui lorsque nous nous sommes rencontrés en Thaïlande, Harry ? Je ne comprends pas. » je lui avoue alors avec incompréhension.
Il se pince les lèvres et se redresse pour s'éloigner de moi. Il baisse les yeux sur ses mains, comme s'il avait honte de ce qu'il s'apprête à me dire.
Il inspire profondément et répond alors :
« Cet été là, celui juste avant son enrôlement, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, comme je te l'ai dit. Pour la première fois, nous avons parlé, et échangé. Nous nous sommes rendus compte d'une chose : nous jalousions tous les deux la vie de l'autre. Une nuit, je lui ai avoué que je rêvais de passer une soirée dans sa peau, rien que pour savoir ce que ça faisait de se sentir aimé par nos parents...
-Vous n'avez pas fait ça ? »
Il se pince la lèvre inférieure, et finit par hocher la tête de haut en bas.
« Si. Le temps d'une soirée, il m'a proposé de devenir lui. J'avais tellement envie de voir ce qu'était sa vie, je voulais comprendre ! J'avais besoin de recevoir un petit peu d'amour de la part de nos parents ! Et lui avait besoin de liberté. Ma liberté. Nos parents étaient très restrictifs pour lui. Il n'avait pas le droit de sortir comme il le voulait, à moins que ce soit pour aller à la bibliothèque universitaire ou pour voir Perrie. Il était bien rare qu'il puisse sortir pour aller boire un verre avec des amis ou bien faire la fête. Moi, je pouvais entrer et sortir de chez nous comme dans un moulin ! Donc un soir, on l'a fait.
-Enfin, Harry tu te rends compte de...
-Louis, s'il te plait, laisse-moi finir, me demande-t-il autoritairement.
-Oui, désolé... »
Il se racle la gorge, et semble chercher ses mots avant de finalement reprendre son récit.
« On l'a donc fait pour une soirée, puis une seconde et je pense que nous avons fini par arrêter de compter au bout de quelques semaines. Je n'avais jamais assez d'amour de la part de nos parents, et lui ne pouvait plus se passer de la liberté que j'avais à lui offrir. Mais Perrie a fini par voir la supercherie. Je suis tombé sur elle, un soir, alors que j'étais censé être Noah. Elle a cru que mon frère était sorti avec des amis, que j'en avais profité pour me faire passer pour lui auprès de nos parents et qu'il n'était pas au courant. Elle m'a traité de névrosé et de grand malade ! A ses yeux, j'étais le seul responsable, et Noah était forcément blanc comme neige. Comme s'il ne pouvait pas avoir, lui aussi, envie de vivre autre chose le temps d'une soirée ou d'une journée ! Ca m'a rendu malade. Je ne me suis jamais senti aussi mal d'être moi-même. Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'a jamais osé dire à nos parents et Perrie la vérité.
-Attends... Perrie a dit tout ça à tes parents en plus ?
-Oui. Ils m'ont pris pour un malade. Noah ne m'a pas défendu, de peur de décevoir notre famille et sa petite amie si parfaite. Il savait qu'il allait changer de vie à la rentrée avec son camp d'entraînement militaire, et je lui en ai voulu. Parce que si lui s'en allait, moi j'allais rester, et j'allais devoir vivre avec tout ça !
-Il n'a jamais rien dit à qui que ce soit ? »
Harry secoue lentement la tête, la mâchoire tremblante, je n'ai pas envie de le voir craquer maintenant. Je me rapproche de lui et le prends dans mes bras. Je le sens alors fondre en larmes contre moi et je me retiens de ne pas pleurer. Et bien, nous faisons la paire tous les deux...
Je ne sais pas combien de temps il met à se remettre, mais au bout d'un long moment, il finit par se redresser en reniflant légèrement.
« Pour la première fois de ma vie, j'avais un frère, un vrai ... et il a tout gâché, Louis. Il a menti à nos parents et il m'a abandonné, il est parti... et il a disparu.
-Je suis sincèrement désolé...
-Je lui en ai voulu... tellement. Lors de ses permissions, j'avais du mal à lui laisser reprendre la place qu'il avait avant cet incident. J'ai essayé mais j'étais tellement rancunier...et aujourd'hui, je m'en veux profondément. »
Pour rien au monde, je voudrais perdre un proche, alors que nous sommes fâchés. La disparition doit être encore plus difficile à vivre...
« Quand nous avons appris sa disparition, nos parents m'ont tout mis sur le dos. Je m'en suis pris plein la tête. Mon père a toujours été très dur avec moi, mais il n'avait jamais été aussi haineux et méchant envers moi. Il m'a hurlé des choses horribles que je préfère oublier aujourd'hui. Puis, il a fini par se terrer dans son boulot, ma mère a fait une dépression et... Perrie m'a fait vivre un enfer. » dit-il avec dégoût en secouant la tête.
Je fronce les sourcils à ses mots, ne m'attendant pas à ce qu'il vienne me parler de Perrie à ce moment de l'histoire. Le voir tordre du nez de la sorte, et détourner le regard avec rancœur ne fait que me serrer le cœur d'avantage.
Lorsqu'il reprend la parole, je comprends que le pire reste encore à venir.
« Quelques jours après la disparition de Noah, elle est venue me trouver chez Niall. J'y étais installé depuis temps déjà. Elle est venue un soir où Niall n'était pas là. Il donnait un concert dans un bar du quartier, c'était avant qu'il se fasse connaître. Elle est arrivée, complètement saoule et elle m'a littéralement allumé. »
Je fais les gros yeux à ses mots, craignant de deviner la suite de l'histoire.
« Elle m'a demandé d'être lui. Elle a commencé à m'appeler Noah. Je n'ai pas réussi à lui faire entendre raison et elle a commencé à se déshabiller en pleurant et me suppliant d'être lui, juste une fois, pour elle. J'étais au trente sixième dessous, plus malheureux que je ne l'avais jamais été et je n'ai pas pu lui dire non. J'ai craqué psychologiquement. Elle a joui en hurlant le prénom de mon frère, pendant que moi je fondais en larmes. Une fois qu'elle a eu fini son affaire, elle m'a traité de psychopathe en me hurlant dessus. Elle m'a supplié de ne rien dire à personne et elle m'a promis qu'elle me le ferait payer si j'en parlais. »
Ce n'est pas Harry le grand malade dans cette histoire, c'est Perrie ! Même si elle aussi devait être dévastée par la disparition de l'homme qu'elle aimait, elle n'avait pas le droit de manipuler et d'utiliser Harry comme elle l'avait fait !
Mon cœur se déchire en tout petit morceau face à cette terrible histoire.
Putain, comment a-t-elle pu jouer à ça avec lui ? Comment a-t-il pu se laisser faire ?
« Quand elle est partie, j'ai pas réfléchi bien longtemps, j'ai pris quelques affaires et j'ai disparu à l'autre bout du monde.
-Et nous nous sommes rencontrés en Thaïlande.
-Exactement. »
Perrie l'avait utilisé, humilié et rabaissé. Il avait sûrement perdu toute confiance en lui. Le Harry qu'il était n'avait plus lieu de vivre, puisqu'il ne servait plus à rien aux yeux de tous. Perrie elle-même n'avait fait qu'utiliser sa ressemblance physique pour combler un vide émotionnel. Il venait de perdre son frèr et on lui avait rabâché qu'il ne serait jamais à la hauteur de sa mémoire. Donc... il avait voulu se prouver qu'il pouvait vraiment être lui.
Mais aujourd'hui qu'en est-il ?
Sa situation est-elle toujours aussi tordue ?
Est-il toujours avec Perrie ?
A-t-il au moins un jour été en couple avec elle ?
Et...Samuel ? Oui Samuel, de qui est-il le fils ?
« Samuel est ton fils ? je m'exclame alors.
-Je ne sais pas. Mais... je le crois. Quand je suis parti, j'ai coupé mon téléphone. La nuit où je t'ai laissé, je venais de le rallumer. Tu ne le sais peut-être pas, Louis, mais tu m'as empêché de faire une erreur irréparable. J'aurais été capable de me foutre en l'air. J'étais perdu, triste et...je ne voulais plus vivre. Je ne savais plus qui j'étais, qui je devais être et... tu es arrivé et tu m'as sauvé. J'étais prêt à te dire la vérité, et te raconter toute mon histoire tordue. Mais avant, j'avais besoin de parler à Niall. Donc, j'ai allumé mon téléphone. Il m'avait écrit des milliards de messages. Pour me demander de rentrer, puis pour demander de donner des nouvelles, et finalement pour me dire que sa sœur était enceinte. Je n'ai pas cherché à comprendre et je suis parti. Sauf que lorsque je suis rentré, j'ai bien compris qu'elle n'avait rien dit de notre nuit à qui que ce soit, et...tout le monde pense ce bébé de mon frère.
-Je sais, je demande après un court silence. Samuel pourrait vraiment être ton fils ?
-Je pense que oui. »
Je soupire lourdement à ses mots en me pinçant les lèvres et l'entends reprendre.
« Elle m'a mis une pression pas possible pour que je l'aide à assumer Samuel. J'ai repris mes études et j'ai bossé comme un fou pour avoir les spécialisations que je voulais. J'ai réussi à intégrer un bel hôpital à Londres pour mon internat, et même si tout cela était plus que bancal... finalement ça a tenu pendant des mois... puis des années. On a acheté un appartement avec Perrie, on s'est... plus ou moins mis en couple, pour Samuel, et ça a marché le temps que ça a duré. Je crois que personne n'a compris notre choix, ni notre couple, mais je ne pouvais pas ne pas m'occuper de Samuel. Quant bien même il ne soit pas mon fils biologique, à mes yeux, dans mon cœur, il l'est. Même si c'est le sang de mon frère qui coule dans ses veines. Si c'est le cas, je dois bien ça à Noah. »
Je ne sais pas si j'aurais été capable d'assumer une responsabilité pareille. J'adore les enfants, la preuve, je suis gaga de mes petites sœurs. Mais clairement, je ne sais pas si j'aurais pu faire ce que Harry a fait. Tenir bon face à la vie, entreprendre de grandes études, devenir père, et un compagnon de vie. J'aurais fini par péter un plomb... et je crois que c'est ce qui a fini par lui arriver pour qu'il soit dans cet état aujourd'hui. Ça ne pouvait pas fonctionner.
« Il y a quelques mois, j'ai réalisé que je ne pouvais pas continuer comme ça. J'avais besoin de retrouver mon indépendance. Je voulais la quitter et reprendre ma vie à moi. Elle a pété un plomb quand je le lui ai dit. Elle m'a dit des choses horribles, et... elle a fini par me balancer que j'avais volé la vie de mon frère. Que je les avais utilisé avec Samuel pour vivre une vie qui n'était pas la mienne, que je m'étais travesti aux yeux de tous ! Sauf que c'est elle qui m'a enfermé là-dedans. C'est elle qui m'a dit que je devais l'aider avec Samuel, qu'elle irait dire à tout le monde que j'avais joué avec elle lors de la disparition de mon frère. J'aurais pu lui tenir tête, mais à chaque fois que j'ai essayé de faire un pas en arrière, pour vivre ma vie à moi, elle m'en a empêché. Elle me mettait des bâtons dans les roues. Elle m'aurait empêché de voir Samuel, aurait raconté des histoires à qui voulait bien l'entendre. J'étais déjà en mauvais termes avec... à peu près tout le monde et je n'avais pas besoin de ça. Elle n'a jamais cessé de me comparer à Noah en me disant que je ne serai jamais lui, et que je ne lui arriverai jamais à la cheville. Ce n'est pas moi qui vis par procuration, mais bien elle, je pense... Puis un soir, on s'est fâché avec un petit peu plus de violence que d'habitude, et elle est partie...
-A New-York.
-Tu as tout compris.»
Putain. Jamais je n'aurais pu imaginer tout ça. Mais, est-ce que je peux réellement lui faire confiance ? Il m'a semblait si sincère en me racontant toute son histoire. Mais à l'entendre m'avouer qu'il a joué avec lui-même et son identité avec tant de facilité par le passé me fait clairement flipper. J'imagine que je dois au moins essayer de le croire, pour Niall. Je lui ai promis d'essayer de l'aider... j'en ai terriblement envie, évidemment, mais c'est si difficile après tout ça.
Mais d'ailleurs, Niall est-il au courant de ce que Perrie a fait vivre à Harry ? Quelqu'un est au courant de tout ça, à part eux deux ?
« Tu as dit tout ça à quelqu'un ? La façon dont Perrie t'a humilié et utilisé. Tu l'as dis ?
-Non. »
Je me pince les lèvres en secouant la tête. Je ne suis pas étonné. Je commence à le connaître, et la fierté qui l'habite, bien qu'il soit totalement brisé par toute cette histoire, l'en a empêché. Mais aujourd'hui, s'il me dit tout ça, c'est qu'il a envie de s'en sortir, et qu'il a conscience qu'il ne peut pas y arriver seul.
« Je n'en peux plus, Louis. J'ai besoin d'être moi, d'être Harry. J'ai besoin de me retrouver, j'ai besoin d'arrêter toute cette mascarade. Je n'en peux plus de me faire tenir de cette manière. J'ai besoin d'aide, Louis. A l'époque, tu m'as permis de ne pas commettre l'irréparable, mais je n'ai pas su saisir la main que tu me tendais pour m'aider. Aujourd'hui, s'il te plait, tend-la moi de nouveau parce que je la prendrai ! Je suis prêt à m'en sortir. »
Je le regarde, inspirant profondément, me liquéfiant sur place. Bon sang... je ne sais même plus quoi faire. Tout ce discours a fini par me convaincre que Harry n'est pas une personne forcément très saine. Qu'il a de graves déviances et qu'il a besoin d'aide. Pas seulement mon aide, mais une aide extérieure. Médicale. Il reconnaît être alcoolique et dépressif. Il reconnaît avoir des problèmes, et je sais que je n'aurais pas les compétences pour l'aider à régler ces conflits-là.
« Je pense avoir assez souffert pour toute une vie, Louis, j'ai juste besoin d'apaisement. Je veux retrouver une vie normale, ma vie. » me dit-il alors en me fixant.
J'inspire profondément en le voyant me regarder, droit dans les yeux avec un regard brillant.
Sa voix est à deux doigts de vriller. Si je ne fais rien, il risque de craquer. Je le vois très bien mais j'ai l'impression d'avoir les poings liés. Après tout ce qu'il vient de me raconter, je crois qu'il faudrait que je prenne un petit peu de recul pour penser à moi, et comprendre ce que je risque. Si je m'engage à aider Harry, si je fais le moindre pas vers lui aujourd'hui, ce sera irréversible.
« Je ... ne sais pas quoi te dire, Harry, je lui avoue finalement.
-J'ai conscience que ça fait beaucoup de choses à assimiler, et à apprendre d'un seul coup. Que tu risques de me prendre pour un grand fou, mais...la seule erreur que j'ai faite, c'est juste de vouloir un petit peu plus d'amour, d'avoir une famille aimante, et un frère. C'est tout ! Je n'ai rien fait de mal.
-Harry, je me suis promis de t'aider, mais ...
-Mais tu ne vas pas le faire. » murmure-t-il d'une voix tranchante alors qu'il se lève pour quitter mon canapé.
Je secoue la tête, comme si je venais de recevoir un électrochoc. Non. Non, il n'a pas le droit de partir, je ne peux pas le laisser partir ! Je me lève à mon tour et attrape sa main. Je l'attire à moi, et nos regards se croisent. Je secoue lentement la tête et lui murmure de rester. Je le supplie de rester. Je ne peux pas le laisser filer. J'ai aussi peur de le voir partir que rester dans ma vie. Il a hanté mes nuits pendant si longtemps, que je ne peux pas. Je dois le garder près de moi. Je sais que je suis contradictoire mais c'est la vérité. J'ai besoin de lui.
J'inspire profondément en laissant mes bras l'entourer et le serrer contre moi. Je crois que nous avons assez parlé pour ce soir et que je réfléchirai à tout cela demain. Je ressens le besoin de l'apaiser et de lui sécher ses larmes. J'ai besoin de le serrer contre moi, de l'étreindre dans la douceur de la nuit. J'ai besoin de retrouver la chaleur de sa peau contre la mienne, de ressentir la tendresse de ses mouvements... je me sens égoïste de penser à tout ça après ce qu'il vient de m'avouer sur sa vie et son passé, mais...je pense que j'ai besoin de le sentir ainsi pour me prouver qu'il est bien là, que c'est bien lui, et qu'il ne tient plus de rôle. Lorsque nous nous sommes rencontrés, il n'y a que pendant nos ébats que j'avais l'impression de l'avoir au naturel avec moi.
J'ai besoin de le retrouver ainsi. J'ai besoin de savoir que c'est bien lui.
« Qu'est-ce que tu fais ? murmure-t-il alors que nos souffles commencent à se mêler.
-J'ai besoin de savoir que c'est toi.
-Mais je suis moi.
-Non, j'ai besoin de le sentir, Harry. »
Il se redresse lentement pour planter son regard dans le mien, et les larmes ruisselant le long de son visage me transpercent la poitrine une fois de plus. Je prends son visage en coupe, et plonge mon regard dans ses orbes émeraudes. Je colle mon front contre le sien et inspire profondément. Nos souffles se mélangent et je sens son rythme cardiaque accélérer entre mes doigts. Il papillonne du regard quelques secondes, hésitant, avant de finalement lier nos lèvres.
C'est à cet instant très précis que j'ai l'impression qu'il dépose toutes ses armes, que le rideau tombe et que je retrouve l'homme que j'ai tant aimé par le passé.
C'est lorsque je commence à le déshabiller dans la pénombre de mon salon, pour ensuite l'entraîner dans ma chambre que je me rends compte qu'il m'a bien plus manqué.
Et c'est quand je gémis SON prénom à lui pendant l'amour que je me rends que... je suis toujours amoureux de lui.
*
Harry est magnifique. Je crois même que c'est la plus belle personne que je n'ai jamais vu.
Il est allongé sur le ventre, à côté de moi, le dos nu, et mes draps sont remontés jusqu'au milieu de ses hanches. La lune reflète contre sa peau et l'illumine d'une douce lumière argentée. Ses boucles bien plus courtes que lorsque je l'ai rencontré, sont éparpillées autour de lui. Il a le visage tourné vers moi, les yeux clos, il dort. Il a l'air si apaisé, si paisible... si doux, si bien... alors que je suis si tourmenté.
Je n'ai pas réussi à fermer l'œil depuis que nous avons atteint l'orgasme. Il y a plus de trois heures. Harry a murmuré mon prénom avec tant de tendresse pendant l'amour que je me suis perdu en lui. J'avais oublié la douce vigueur de ses coups de reins, j'avais oublié la chaleur de ses baisers, j'avais oublié la dextérité de ses doigts et de ses mains.
J'avais oublié combien je pouvais l'aimer.
Et maintenant, je me retrouve là, dans mon lit, nu, après l'amour, et je suis incapable de trouver le sommeil. Je pensais que ça me ferait du bien. Je pensais que j'avais besoin de le retrouver. Que ça me ferait oublier mes doutes, mais ils n'ont fait que les renforcer. Parce que maintenant, je sais ce que je risquerais de perdre dans toute cette histoire.
Et ça... ça fait très très mal.
Je soupire largement en fermant les yeux, avant de secouer la tête. Lorsque j'ouvre les paupières, je pose le regard sur Harry qui dort toujours paisiblement à mes côtés. J'inspire profondément avant de me pencher sur lui pour embrasser son front et je finis par quitter mes draps.
J'enfile rapidement un caleçon propre, un jogging, une veste et je sors de ma chambre.
Sans réfléchir, j'attrape mes clés et quitte mon appartement.
J'ai besoin de prendre l'air.
Il faudra remercier Elodie pour cette publication avancée ! :)
SINON BING REVELATION QUAND MEME HEIN ? VOS IMPRESSIONS SUR HARRY/NOAH ET TOUTE CETTE HISTOIRE ?
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