13- Cible
Une cible, être une cible, atteindre la cible, se choisir une cible.
Pour avancer sur mon chemin, aussi long soit-il, il faut que je me donne un but à atteindre. J'y mets toute ma détermination et m'y accroche avec témérité. Son atteinte représente ma motivation, ma raison pour y consacrer des efforts, y dépenser du temps et y engager ma vie. L'ultime cible exigera en tribut une part de mon être, de mon essence profonde. Des frontières seront nécessaires, pour ne pas me perdre dans cette course vers ma cible, mon but, sinon c'est mon âme qui se perdra.
********************************************************************************
Noah a beau faire, le sommeil ne vient plus. Il se lève doucement dans le dortoir silencieux, habité par les respirations plus ou moins bruyantes des dormeurs. Il enfile sa vieille veste noire pour pouvoir y glisser, dans le capuchon, une Veena ensommeillée. Il prend ses bottes en se demandant bien où il va pouvoir dépenser les heures avant le lever du soleil. Une idée lui vient. Il fouille sous le lit et y prend l'arc et le carquois de son père. Il est temps pour lui de voir ce qu'il peut faire avec cette arme. Le jeune homme prend donc la direction du premier sous-sol, là où se trouve la salle d'entraînement et de combat.
Sur son chemin, il ne croise que peu de monde. William a en effet décidé de ne plus faire de quarts de travail durant la nuit, de laisser les gens se reposer et vivre à un rythme de vie plus régulier. Seuls l'infirmerie, la surveillance sécuritaire et les gardes sont actifs sans discontinuer. Les couloirs de la station sont ainsi, à cette heure très matinale, déserts ou presque. La seule lumière qui éclaire ses pas est cette nuance bleue qui est émise par les murs et le plafond par une espèce de lichen terrien nuancé par un quelconque traitement Stotelss.
Noah se déplace mécaniquement, perdu dans ses pensées. Elles sont occupées en grande partie par des questionnements sur la prochaine mission qu'ils entreprendront bientôt.
En fait, dès demain, Tomas et Yohan prendront la tête d'un groupe de 30 personnes, dont son ami Jonas et le fils de Torin, Stanislas, afin de rejoindre le barrage de Starsh, le plus proche d'eux après celui de Rouan. Ils partiront avec 17 motoneiges afin de se frayer, avec leur lourd équipement, un chemin entre les montagnes. Yohan et Chimey ont prévu un système de gravité inversé pour alléger les paquetages et brouiller leur signature radar, ainsi qu'un communicateur OC pour qu'ils puissent rester en liaison avec la base. Quoique, rendu derrière des kilomètres de montagnes et de roches, Starsh étant à quatre jours de motoneige, ils ne savent pas si le signal sera bon. Jonas est en charge du détachement de combattants, regroupant anciens militaires, réservistes, policiers ou simple gardiens de sécurité. Quand à Stanislas, il a insisté auprès de son père pour les accompagner afin d'entretenir la machinerie et veiller au bon fonctionnement des piles Torin. Noah s'inquiète pour ses amis et aurait bien aimé les accompagner pour pouvoir mettre à leur service les dons de Veena. En effet, ils ne pourront se fier qu'à leur jugement et à l'intuition de Yohan pour définir si les personnes qui les accueilleront seront amis, ennemis ou fourbes.
Les deux Tenstei seront de l'escouade de six personnes qui se dirigera vers la Capitale dans deux jours. Dirigés par William, leur commandant, ils iront en motoneige jusqu'au Ranch de Miwan. Rendu là, Ayanha leur fournira des chevaux et les guidera lors de leur passage par la forêt, bien dissimulés, pour poursuivre leur route jusqu'en bordure de la ville. Un flou demeure pour l'emplacement où ils laisseront les chevaux ainsi que leur moyen de locomotion dans la ville même. Kaïra leur propose bien de se diriger vers un lieu de recherche en sciences appliqués, où les scientifiques du lieu leur fourniront gîte et appui selon elle. Le rôle de la jeune femme sera surtout primordial, après que Noah et Veena les aient sondés, pour convaincre les dirigeants de la Capitale de la véracité du danger planant sur tout le territoire. Chimey les accompagne aussi pour installer un moyen de communication OC entre eux et la station. Ariana, chef des gardes de Montagne Bleue et compagne de Jonas, les dirigera dans le Parlement, où elle a déjà travaillé en tant que garde du corps. Aussi, elle assumera le plan B, en cas de pépin, afin de les extraire de la manière forte du guêpier. Elle saura les cacher et les armer, car elle connaît une cachette sûre et bien équipée près du Parlement... et peut-être aussi des alliés s'ils y sont toujours.
Noah en est là de ses réflexions lorsqu'il atteint la salle d'entraînement. Située dans la cale de cet aéronef Stotelss enfoui sous la Montagne Bleue, les lieux regorgent d'équipement d'entraînement divers, certains plus terriens que d'autres, qui ne cessent d'ébahir le jeune Étolias. Ce n'est pas la première fois que Noah y met les pieds. William l'y a déjà amené pour lui montrer l'utilisation de l'arme mistrale qui ne le quitte plus. Petite et malléable, elle permet d'émettre une onde qui peut engourdir, étourdir, assommer ou tuer. Elle est donc utile en bien des situations – que Noah ne cesse de retourner dans sa tête avec effroi - mais possède le défaut d'être très bruyante. L'utilisation de l'arc semble dont plus adapté pour la furtivité.
En entrant dans la salle de combat, située à l'avant de celle pour la pratique du tir, Noah y trouve William en scéance d'entraînement physique. Le jeune homme est bien surpris de l'y trouver mais n'ose le déranger, alors que ce-dernier semble en pleine concentration, perdu dans son combat imaginaire. L'ex-commissaire exécute des enchaînements de mouvements complexes ressemblant à un amalgame d'arts martiaux. Sur le tatami, torse et pieds nus, les poings protégés par de légers gants, l'homme est en sueur, concentré et respirant profondément. Noah admire la variété des gestes exécutés et leur complexité qui dépassent largement la formation conventionnel d'un chef de Commissariat de cité. Pour son âge, que Noah ignore d'ailleurs, l'homme barbu et aux courts cheveux gris, semble en grande forme, dégageant une impression de puissance menaçante. Il voit avec stupeur la cicatrice rosâtre sur son ventre et en constate l'ampleur de la gravité. Mais par la suite, le jeune Étolias en fait fi pour, durant de longues minutes, scruter attentivement tous les mouvements de son commandant. Le jeu des muscles, des membres, l'équilibre des pieds et la position du corps. Sans même s'en rendre compte, Noah s'est accroupi, appuyé sur un mur et s'est fixé, tel une statue de marbre. Ses sens mistrals aux aguets, il apprend.
William ralentit ses gestes, et sans même le regarder, laisse tomber :
- Tu comptes rester là longtemps Petit ?
- Désolé William, répond Noah en se relevant et en allant le rejoindre.
- Pas de troubles, rétorque l'homme en lui faisant signe d'approcher tout en s'emparant d'une serviette et d'une bouteille.
Il y a une pause silencieuse pendant laquelle, William se désaltère et reprend bien vite son souffle.
- On pourrait peut-être faire disparaître cela ? dit Noah en pointant la cicatrice. Veena le pourrait certainement. Il n'y a qu'à demander.
- Je sais, Elros et Pentaa me l'avaient proposé, dit-il en passant sa main sur l'ancienne plaie. Mais non. Bizarrement, j'y tiens, elle fait partie de moi, de mon histoire. Elle me rappelle l'humilité et la nécessité de ne pas être seul. On ne sait jamais de qui viendra l'aide.
William s'assoit sur le sol en tailleur, bientôt rejoint par Noah. L'homme observe avec amusement, la Aywas endormie dans le capuchon du jeune homme. Puis, il poursuit :
- Ton père m'as surpris, il était supposé être un simple ingénieur. C'était MOI le soldat, le grand, le fort. Je l'ai snobé. Et même rit de ses plans de protection... J'ai appris. Cette cicatrice me rappelle aussi ton père, à quel point il a pris des risques pour moi. À quel point il me manque... Les liens ne dépendent pas de notre appartenance à la même origine.
- J'ai l'impression de le connaître si peu, souffle Noah. Je vous envie. J'aurais tant aimé qu'il soit resté, avec ma mère ...
- Sache une chose Noah, déclare William en le prenant par l'épaule. Ton père vous aimait plus que tout. Il serait fier de toi, de l'homme que je perçois en toi. Tu lui ressembles.
- On dit que j'ai les yeux de ma mère.
- Ça c'est vrai, tu es un peu des deux. Tu as la force mentale ainsi que la détermination de ton père ; l'empathie et le sens de la justice de ta mère.
- Veena ne réussit pas à me transmettre les souvenirs de Pentaa. Elle ne les retrouve pas.
- Tu es sérieux ! C'est possible ?
- C'est ce qu'elle me dit en tout cas. Elle dit que peut-être plus tard, quand son développement sera plus avancé.
- Sacré trucs mistral ! Je croyais avoir tout vu et entendu, ricane William.
- Pentaa lui ressemblait ?
- À Veena ? Elle lui ressemble un peu. Le regard. Mais Pentaa était rendue adulte. Elle était plus grande. Je l'ai connu sous deux apparences... et ses exploits ... phénoménal !
- Quelle âge avait-elle ?
- Ton père s'était lié avec elle bien avant d'arriver sur Terre, réfléchit William en fronçant les sourcils. Si je me rappelle bien, lorsqu'il était tout gamin, en allant au chevet de son aïeul, le père de sa mère Aïsal, juste avant de quitter Misstr pour de bon, il a reçu le cocon de Pentaa. La naissance de l'Aywas et leur lien ne se sont faits que plus tard, une fois Elros adulte. Il en a fait du chemin avant d'atterrir ici, ton père. Donc, je dirais que... non désolé, je ne sais pas.
- L'âge de mon père ?
- Je crois que Linadar serait mieux placée que moi.
- Hum. J'irai la voir avant que nous partions, déclare Noah alors que William réendosse son chandail et se rechausse. Elle n'a pas changé d'avis pour la mission ?
- Non, et elle refuse de me dire exactement pourquoi. Elle veut rester ici. Voilà. Et elle dit qu'elle a une idée et que je dois lui faire confiance.
- Et ?
- C'est Linadar, répond l'homme avec un haussement d'épaule. Je lui fais confiance.
William avise l'arc que Noah a posé près de lui :
-Tu viens pour t'entraîner avec ton arc.
- Oui, en fait... je ne sais pas trop.
- Montre-la moi.
Noah le lui tend, William l'observe un instant avec un sourire mélancolique.
- Il est bien comme dans mes souvenirs. Toujours aussi particulier. Il lui manque la corde mais je crois que j'ai ce qu'il te faut. Viens.
Il se lève et va dans la pièce du fond où Noah s'est déjà exercé pour le tir au fusil mistral. William va vers un coffre et Noah voit un autre arc marron, plus grand, que William prend pour en bander la corde et en vérifier rapidement la visée.
- C'est le tien ?
- Oui, répond Biron en le mettant de côté et en reprenant celui d'Elros. Cet arc, c'est moi qui l'ai offert à ton père après les avoir trouvés dans un paquetage dans un des dortoirs. Simon aussi en a eu un. Les deux gardiens n'aimaient pas vraiment ces armes, trop rudimentaires selon eux. J'ai réussi à leur montrer que, quand on sait y faire, ce sont des armes rudement flexibles, utiles et efficaces.
- Mieux qu'une arme mistrale ?
- Un arc qui possède une corde ! dit-il avec un sourire. Oh que oui ! Je n'en doute pas !
Il sort de la corde cirée, en détermine une longueur adéquate. Ensuite, il commence à la monter habilement sur les deux branches du corps de l'arc puis, il en ajuste la tension en écoutant le son de la vibration de la corde sous les yeux étonnés de Noah. Une fois l'ajustement à son goût, il redonne l'arme au jeune homme. William prend ensuite le carquois sur l'épaule de Noah et en vérifie une flèche.
- Encore bonne mais l'empennage est un peu frappé et la pointe a besoin d'être balancée, évalue-t-il en ôtant les flèches du carquois et les posant sur la table.
Il fouille dans son coffre et y prend son propre carquois qu'il endosse. Puis il sort aussi un tube en métal du coffre dans lequel se trouve des flèches.
- Prend celle-ci, dit-il en lui tendant quatre flèches noires et en en prenant autant pour lui-même, elles seront parfaites pour t'entraîner à l'intérieur. Dehors, elles devraient être plus pesantes et plus longues, avec des plumes plus effilées pour fendre l'air.
Il referme le coffre et entraîne Noah vers la droite de la pièce.
- Qui d'autre utilise l'arc ?
- Gabby et Yohan en ont un, Tomas préfère les gros calibres et Linadar aussi ! Chimey est une pacifique qui se défend mais attaque peu. C'est elle qui m'a appris à me battre avec les arts martiaux, sinon j'utilise la boxe.
- Quelqu'un de bien spéciale Chimey, constate Noah avec un air innocent.
- Oui, spéciale, répond William en détournant le regard. Et pas seulement pour moi.
- Que...
- Allez, viens je te montre ! réplique l'homme pour couper court à cette discussion.
À la droite du stand de tir, il y a un couloir dégagé avec quatre blasons au fond. William s'installe, tout en commentant ses gestes à mi-voix alors que Noah, attentif et à l'écoute, demeure contre le mur. Finalement, l'ex-commissaire arme son arc et lâche la corde. La flèche part et se loge quasiment au centre d'un des blasons. Il se tourne ensuite avec un grand sourire vers Noah. Celui-ci se rappelle l'efficacité de l'arme mistrale.
- D'accord : une flèche, une cible. Mais s'il y en a plusieurs, mieux vaut un bon vieux fusil non ?
- Oui, si on veut se faire remarquer.
En un rien de temps, dans des sifflements discrets, trois flèches se fichent au centre des trois autres cibles. Noah ouvre de grands yeux médusés.
- D'accord je suis convaincu.
- À ton tour Petit. Essais.
Noah prend son arc. Cela le rend nerveux. Nerveux d'utiliser une arme dont il contrôle en entier la détente. C'est flèche à la pointe métallique : elle peut tuer. Il laisse retomber sa main qui tient la flèche et abaisse le corps de l'arc. William, les bras croisés, lui lance un regard insistant. Avec un soupir, Noah reprend position, ferme un instant les yeux et prend une grande inspiration. Lorsqu'il réouvre ses paupières, il laisse aller son corps et son intuition, les gestes de William lui reviennent à l'esprit. La flèche se plante avec un son sec : pas aussi précis que Biron, mais elle a touché en périphérie le blason.
- Bravo! déclare William avec un sourire que Noah accueille avec fierté. Pour un premier tir c'est pas pire. Allez, encore. Et cette fois respire et détend toi.
Noah repend une autre flèche mais cette fois, elle rate son but. Il pousse un soupir mais William l'invite du geste à recommencer. La flèche s'élance et se plante in extremis sur le pourtour de la cible.
- Fais le vide en toi, vois le trajet de la flèche, de ton arc au blason.
Noah ferme ses yeux et se concentre. Du bout de ses doigts de la main gauche, il sent le corps de l'arc et l'encoche de la flèche qui roule entre ses doigts de la main droite. Il en ressent la force, le pouvoir qui est entre ses mains. Le silence s'installe en lui alors qu'il réfléchit sur les raisons qui le poussent à vouloir s'exercer au tir à l'arc. Ses pensées divaguent... grâce à cette arme, il pourra venger sa mère, son père, son oncle, le destin de sa vie... Il ressent de la haine et un goût de vengeance qui envahissent son intuition. Mais cette fois, il a le pouvoir, il les tuera. Quand il ouvre ses yeux, la cible occupe toute sa vision. Ses mains et son corps enchaînent les mouvements et, sans même y penser, sous les yeux abasourdis de William, il charge et recharge l'arc de flèches qui se suivent en une fluide succession : une, deux, trois... La quatrième est dans sa main et il s'apprête à l'encocher mais une brusque douleur embrase ses bras et sa tête. Un seul mot l'envahi : « NON ! »
Noah se retrouve courbé en deux, lâchant l'arme au sol.
« Veena ! Stop ! » réussit à émettre mentalement Noah à l'Aywas qui a sauté devant lui, en crachant furieusement et les yeux flamboyants.
« Ce n'est pas un jeu. Non ! La vie ne doit pas être prise à bout portant. Tu arrêtes d'utiliser cette arme si tu ne peux contrôler tes émotions. »
- Noah ça va ? lui demande William en se penchant sur lui.
- C'est Veena, répond le jeune Étolias.
- Le code des "permis/interditsˮ des Aywas... Elros l'a vécu aussi avec Pentaa. Impossible de dépasser une limite avec ces créatures. La patience, l'indulgence, la protection de la vie. Elles ont tôt fait de nous ramener à l'ordre. C'est leur nature.
- C'est injuste, des gens sont morts à cause d'eux ! riposte Noah autant en réponse à la déclaration de William qu'à celle de Veena.
« La vie est précieuse et les armes ne sont là que pour se protéger. »
- Va dire cela à ceux qu'on a massacrés au port de Rotts et de Pemplinn ! gronde le jeune homme tout en lançant un regard mauvais envers Veena qui s'est calmée, bien assise devant lui.
- Oui, réponds William d'un air coupable. On aurait dû être là, les protéger mais... mais nous n'étions pas prêts. Mais maintenant, nous nous somme ralliés et nous allons agir.
« Il est la voix de la sagesse, écoute-le Tenstei. » affirme Veena en s'adoucissant.
Noah ressent une onde de calme et de tendresse l'envelopper. Sous ce baume, sa fureur et sa soif de vengeance s'éteignent. Il pousse un soupir :
- Et maintenant ? questionne-t-il. On est plus nombreux ? Plus prêts ? Demain ils partent vers Starsh. Qu'est-ce qui nous assure qu'ils reviendront ?
- Le plan va fonctionner Noah, déclare fermement William en prenant Veena dans ses mains et en aidant le jeune à se relever. Tomas, Yohan et Jonas savent ce qu'ils font. Ils sont tous des combattants de terrains.
- Et moi, elle m'en empêche ! jette avec découragement le jeune avec un œil vers Veena qui proteste pour la forme.
- Noah ! dit William avec un air moqueur. Tu es envieux de leur mission ?
- ...
- Oui, tu aimerais en découdre avec les Stotelss ! Mais c'est aussi ce que nous allons faire à la Capitale. Nous allons devoir nous lancer à l'aveuglette dans un milieu dont nous ignorons les véritables acteurs. Toi et Veena devez être avec moi. J'ai besoin de vos talents pour discerner leurs véritables intentions, leur prouver...
- Convaincre, c'est...
- Essentiel Noah. Vital. Des milliers, des dizaines de milliers de vies en dépendent.
« Nous les protégerons, leur assurerons un avenir, une autre possibilité. »
- Notre rôle sera de protéger les habitants de la grande région des barrages...
- Et si cela tourne mal ? questionne Noah en levant les yeux autant vers William que vers Veena.
- Nous saurons agir en conséquence, répond l'homme.
- Tu me laisseras faire cette fois-là ? questionne Noah envers son alter ego, qui s'est juchée sur l'épaule du commandant.
Pour toute réponse, l'Aywas saute sur l'épaule de son alter ego pour ensuite se glisser doucement dans le capuchon, tout en offrant une caresse plumeuse sur la joue de son Tenstei.
- Il semble bien que ta séance de pratique ne soit pas terminée Petit ! jette William en lui tendant son arc.
- Pratiquons... si nous voulons protéger.
Noah s'entraîne pendant une bonne heure sous les conseils de William. Ses gestes deviennent de plus en plus lestes et rapides mais plus aucune haine ne les habite. Simplement une volonté de précision et d'assurance. William le regarde et ressent la fermeté des gestes de Noah refléter celle de ses convictions qui s'installent. En cela, il ressemble d'autant plus aux Gardiens de Misstr, avec la touche de la présence Aywas sur son épaule. Il pense avec nostalgie à son vieil ami.
« Je suis heureux que le destin me permette de le protéger et le guider comme tu me l'avais demandé mon ami, mon Bzir. Je te dois bien cela. » pense Biron en portant la main sur sa vieille blessure.
Au même instant, le ventre de Noah proteste et crie famine bruyamment.
- C'est assez pour aujourd'hui, dit le commandant. Si je veux pouvoir encore être le meilleur archer ! Allons manger, Linadar nous attends.
Dans les corridors, il y a plus de monde. La Station reprend vie, la lumière du soleil inonde certains coins en passant par les fameuses fenêtres Stotelss. En arrivant à la cantine, ils y retrouvent Linadar qui achève de manger. Ils prennent nourriture et boisson, tout en saluant autour d'eux et s'assoient auprès d'elle.
- Bonjour, les salue Linadar. Je suis contente de vous retrouver. Je devais justement te dire Noah que j'ai laissé quelque chose pour toi sur ton lit.
- Ah oui ? questionne le jeune homme la bouche pleine.
- Oui, le mini-ordinateur du centre jeunesse de Rotts. Tu te rappelles ? Tu sais, je l'ouvre mais il y a un dossier à ton nom avec un code et je ne réussis pas à l'ouvrir.
- Et pourquoi moi je le saurais ? s'étonne Noah.
- L'appareil vient de ta mère, répond William en entamant son repas.
- Oui, elle me l'a laissé il y a un mois. Elle disait que tu saurais.
- Tu as une idée ? Pour le code.
- Pas vraiment, c'est plutôt mystérieux.
- Je t'ai laissé aussi une charge mistrale pour l'appareil, explique Linadar. Tu pourras réfléchir en route sur le moyen de consulter le dossier. Il contient aussi une copie des cartes de la région, tu pourras diriger votre groupe avec l'aide de Chimey.
- Tu ne changes pas d'avis ? lui demande le garçon.
- Non, répond-elle doucement. J'ai mes raisons et vous devez...
- Oui les respecter, coupe Tomas en se penchant vers eux.
- Tomas ! Bonjour, saluent William et Noah.
- Je vous l'enlève, vous permettez ?
William et Noah acquiescent à cette demande. Linadar les salue d'un sourire et s'éloigne avec le rouquin en le prenant par la main, sous l'œil malicieux de leurs deux amis. Revenant à leur repas, les deux archers se rendent à l'évidence que la blonde navigatrice ne sera pas de leur groupe d'ambassadeurs vers la Capitale.
L'aîné termine son repas, s'adosse confortablement en sirotant son café puis se tourne vers Noah, à l'évidence un peu mal à l'aise :
- Écoute, je dois te dire quelque chose concernant Gabby.
- Ça va William, je sais tout... Mieux que je ne n'aurais pu le souhaiter... pour Gabby en tout cas, glisse Noah doucement.
- ...
- Tu as raison quand tu dis que les liens ne dépendent pas de notre appartenance à la même origine, rajoute le jeune homme.
Devant sa propre citation, William ne peut qu'approuver avec un sourire alors que Veena saute sur la table pour réclamer sa pitance.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top