- Sacrées retrouvailles...
- Louis -
— Putain et en quel honneur tu l'inviterais ici ?!
Mon soupir résonne dans tout le petit salon, je me presse l'arcade de mes deux doigts.
— J'ai plus la force de m'engueuler avec ça Harry, je te jure.
Des mois qu'il me fait la misère au sujet de Carrie. Y en a marre.
Après le fameux incident chez elle, le soir-même, nos échanges de messages ont repris et ne se sont plus jamais arrêtés. Chaque jour nous recevons notre petit texto, puis nous nous téléphonons régulièrement dans la semaine à n'importe quelle heure et n'importe quelle occasion.
Elle m'a téléphoné lorsque cette voiture a frappé son vélo et qu'elle était sous le choc, assise sur un trottoir. Je l'ai appelée quand nous avons quitté la ville et en avons découvert une nouvelle. Elle m'a annoncé que sa candidature dans une prestigieuse école de danse avait été acceptée avec une bourse. Je l'ai appelé quand je me suis douloureusement séparé de Rachel. Elle m'a ensuite téléphoné quand le dernier jour des cours est arrivé, moi j'ai enchainé en lui racontant qu'un gros festival nous avait contacté pour que l'on vienne y jouer en juillet. Elle me parlait même depuis ses vacances au soleil, passant à chaque fois le portable à sa mère qui m'adore. C'est beau de les avoir vu se reconstruire, d'avoir assisté à ce long et douloureux travail.
Ces derniers mois Carrie a vraiment eu besoin de moi, tout comme j'ai tant eu besoin d'elle autrefois. Nous nous sommes retrouvés et à nouveau elle est redevenu une part essentielle de ma vie, sauf que ça, Harry le vit mal, et il ne s'en cache même pas.
— C'est mes vacances à moi aussi, m'engueule-t-il, j'ai le droit de pas vouloir que la Carine traine dans mes pattes !
Je ne relève pas la faute intentionnelle sur son prénom - celle qu'il fait pour feindre le désintérêt - ça lui ferait trop plaisir. A la place j'avance d'un pas et lui saisis l'épaule, l'obligeant à s'immobiliser et me regarder.
— Styles, lui dis-je alors.
C'est presque instantané, il se calme, ses traits crispés se lissent.
Il n'y a que moi qui l'appelle comme ça, d'une manière bien différente de la façon dont on utilise son nom de famille habituellement. Dans ma bouche, ce Styles prend un tout autre sens. Quand je le fais, c'est comme si j'appelais « l'autre » Harry, celui que je suis seul à connaitre, le Harry qu'il est vraiment. Il arrête immédiatement son cinéma quand ça se produit ; il m'écoute, attentif, au point que je me demande parfois si ce n'est pas ça, son véritable prénom.
— C'est juste une semaine... Puis tu la connais, elle ne gênera personne. J'ai vraiment envie de la revoir et l'été va bientôt se finir, elle va rentrer dans cet internat et on n'aura peut-être plus d'autre occasion de le faire...
Ses bras se croisent catégoriquement sur sa poitrine comme un gosse têtu. C'est officiel il me pète une de ses fameuses crises de jalousie, celles lorsqu'il ne veut me partager avec personne d'autre. Pourquoi est-ce que ça me plait autant ?
Son regard désabusé me détaille exagérément de haut en bas, plusieurs fois.
— C'est quoi ton blem' avec elle ? C'est quoi l'histoire ? Elle te branche ?
Mon rire se veut narquois.
— Ha parce qu'il faut absolument craquer sur une nana pour avoir envie de passer un peu de temps avec elle ?
— Evidement... ou au moins la vouloir dans son pieu, c'est un minimum.
— T'iras en enfer.
— J'espère bien. T'iras t'emmerder tout seul au paradis, Ô grand Saint-louis-de-la-miséricorde.
Quel chieur. Vraiment. Je secoue la tête puis le repousse, feignant de laisser tomber, puis m'attèle à sortir quelque chose de mangeable de ce minuscule monobloc de kitchenette.
De toute la préparation du gratin de pâtes, je n'ouvre pas la bouche ni ne souris, gardant une expression fermée. Dès qu'Harry lance une phrase dans les airs ou tente un début de conversation, je l'ignore ou réponds à peine.
Ça aussi, c'est une technique qui a fait ses preuves.
Il est énervé, il déambule dans ce 20m2 comme un lion en cage, fumant clopes sur clopes, jusqu'à finalement craquer au moment du repas sur notre petit balcon de pierre.
— Ok, j'ai réfléchis pour Carrie.
Difficile de contenir mon sourire victorieux, alors j'enfourne une grosse fourchette de pâtes au fromage fondu pour le planquer. Harry lui, regarde dans le fond de son verre de Coca en marmonnant.
— J'suis ok pour qu'elle crèche ici, mais elle a pas intérêt à me coller au cul ou trop me gonfler, parce que je te jure que je la vire de l'appart ! Pigé ?
— Pigé. Ça ne se produira pas, j'en suis sûr.
— Vaut mieux, achève-t-il.
Je taperais de joie sur la table et me trémousserait sur ma chaise en plastique si ça ne risquait pas de ruiner tous mes efforts. Je me contente donc d'hocher la tête en me raclant la gorge.
Une heure plus tard lorsque j'annonce la nouvelle à la concernée, je suis obligé de reculer le téléphone de mon oreille tant elle hurle. Moi aussi je ris et parle fort, assis en tailleur sur mon lit, lui racontant avec excitation tout ce que je prévois pour ces vacances. Nous ne raccrochons que très longtemps plus tard, terriblement impatients.
Le lendemain, elle me confirme officiellement sa venue. Sa mère n'a évidemment émis aucune objection. Quant à Fabien son petit-ami, j'imagine que Carrie et lui ne sont pas ensemble depuis assez longtemps pour qu'il ose dire quoi que ce soit.
De mon côté, le sourire de Loriane se fait crispé quand nous en parlons en tête-à-tête au restaurant. L'idée que ma meilleure-amie partage notre minuscule garçonnière ne semble pas l'enchanter. Elle cherche l'air de rien à voir son profil Facebook, et bizarrement elle se détend tout de suite quand je le lui montre, souriant largement et me conseillant plein d'activités amusantes à faire quand elle sera là. Sur le coup je ne comprends pas vraiment ce brusque changement d'attitude, mais je ne vais pas m'en plaindre, au contraire.
Une semaine plus tard, me voilà appuyé à la carrosserie de notre voiture, arrêté en warnings devant les quatre petites marches blanches de cette gare de village. Le train arrive, je vois une partie de ses wagons disparaitre pendant quelques minutes derrière l'édifice. Une dizaine de personnes jaillissent ensuite par la porte grillagée, et au milieu d'elles, une blonde radieuse court comme une enfant en trainant bruyamment sa valise. Mon cœur grossit dans ma poitrine, je m'élance à sa rencontre et la réceptionne dans mes bras, libérant un râle de plaisir.
— Ma poupée.
— Lou !
Mes yeux se ferment, j'inspire son parfum puis l'agrippe aussi fort qu'elle le fait. Je n'arrive pas à croire qu'une année entière sépare le moment où je l'ai déposée dans cette autre gare. C'est si bizarre. Je l'ai pourtant chaque jour au téléphone, en photos, en vidéos aussi, mais de la voir en vrai, de la sentir contre moi, c'est tout autre chose.
— Tu m'as trop manqué, me souffle-t-elle.
— Toi aussi. C'est génial de t'avoir ici.
Nous nous reculons tout en gardant nos mains fermement jointes, détaillant l'autre avidement.
La petite collégienne a changé, elle a grandi, tout en restant cette adolescente un peu androgyne que j'ai toujours connue. Ses cheveux platine ont poussé, ils arrivent presque au bas de sa mâchoire, quant à ses traits de porcelaine et la grâce de son port de tête, eux sont restés intacte. Elle a revêtu un de ses éternels shorts en jean surmonté d'une tunique orange tombante sur ses fines épaules, laissant découvrir ses clavicules tout comme ses longues jambes pâles.
Elle est adorable.
Sa main se lève tout à coup vers le voile de ma barbe, mais se fige dans les airs et rebrousse chemin. Un geste instinctif dont elle a sans doute corrigé la route. C'est vrai que je ne me rase plus maintenant, ça me change, me vieillit. Ma pilosité était une véritable corvée, j'ai abandonné.
— C'est ta voiture ? S'émerveille-t-elle soudain.
Un sourire fier m'étire le visage tandis que je m'écarte pour lui laisser le loisir de la contempler. Cette semaine nous avons fait l'acquisition de cette vieille Ford décapotable rouge. Elle est aussi ravagée que nous le sommes, et c'est par miracle qu'elle roule encore, malgré ça qu'est-ce qu'elle en jette. Elle est sublime.
Carrie vient doucement frotter la carrosserie. Son geste est hypnotisant tant il est gracile, j'avais oublié la danseuse sommeillant dans ce corps d'adolescente. Je charge sa valise dans le coffre puis saute agilement par-dessus la portière, comme dans les films, juste pour le plaisir d'entendre son rire cristallin. Elle se précipite de l'autre côté et s'installe sur le cuir blanc abimé, aussi rayonnante que le soleil. Le moteur rugit, je dérape dans les graviers puis manœuvre jusqu'à la route en la faisant crier de plaisir.
Derrière ce large volant à l'ancienne et contre cette fille que je rends tellement heureuse, je me sens le roi du monde.
La chaleur dessine des mirages au loin, troublant le paysage aride de cette ligne droite qui n'en finit pas. Nous écoutons à fond les Red Hot Chili Peppers, hurlons les paroles et éclatons de rire à chaque feu rouge. Mon sourire est immense dans le reflet de ses lunettes, j'imagine qu'elle le voit la même chose dans les miennes.
Nous traversons la petite ville jusqu'à ce que je me gare dans la cour du studio d'enregistrement. Accoudé au vieux balcon de fer, Harry fume une cigarette, ses lunettes baissées sur son nez pour nous regarder arriver.
Carrie n'est subitement plus rayonnante du tout, elle s'est ratatinée sur le siège et regarde ses genoux. Evident que leurs retrouvailles seraient moins enjouées. Faut bien avouer qu'Harry n'y a jamais mis du sien, dès les vacances chez mes parents quand nous l'avons rencontrée, ou plus récemment encore, quand il lui gueule qu'elle nous emmerde dès qu'elle m'appelle et qu'il m'arrache le portable pour lui raccrocher au nez. Moins subtil c'était impossible.
— Tu viens ?! Je le hèle. Loriane nous attend chez Betsy's. On va se manger une glace.
Pour toute réponse, il me déplie son majeur contre la rambarde, ça me fait dangereusement monter en pression. Qu'il soit asocial et infect n'est pas facile au quotidien, mais j'accepte, par contre je ne tolère pas l'impolitesse.
« Descend tout de suite » je lui articule entre mes dents serrées.
Malgré mes lunettes et mes efforts pour que Carrie ne remarque rien, je sais qu'il a vu que je ne plaisantais pas. Son mégot vole à travers le ciel puis sa silhouette quitte le balconnet, j'en soupire discrètement. Carrie triture toujours ses doigts sur ses genoux, je suppose qu'elle appréhende. Ma main vient serrer la sienne, ça semble lui faire plaisir, car elle redresse les épaules et observe les alentours.
— C'est ce studio dans lequel vous travaillez ?
— Oui. Le propriétaire est sympa. C'est pas très glorieux comme job mais ça met du beurre dans les épinards.
— Je trouve ça bien moi, m'assure-t-elle.
C'est vrai que c'est bien. L'endroit est un peu défraichi et son matériel ancestral, mais j'aime venir y travailler quelques heures par jour. Je n'y suis qu'un homme à tout faire ; je range, nettoie et répare, mais parfois on me demande de jouer du piano ou de la guitare pour ajuster les réglages. Être assis dans cette pièce insonorisé, face à cette vitre, seul sur mon tabouret avec un casque de retour et des micros, c'est presque un rêve qui se réalise. Ok ça n'est pas vraiment la réalité, mais un jour ce sera vrai. Un jour j'enregistrerai mes compositions.
La porte s'ouvre et m'oblige à quitter mes pensées. Nos mains se lâchent quand nous nous tournons regarder Harry. Il s'approche d'une démarche plus désinvolte encore que d'accoutumée. Son marcel à l'encolure immense flotte sur sa peau au milieu de ses nombreux pendentifs, ses boucles noires encadrent son visage et l'assombrissent. Il se poste contre la portière de notre invitée et la scrute de toute sa hauteur, la gueule fermée et le regard implacable.
— Salut Harry, lui dit-elle gentiment.
— Salut Carine.
Enfoiré.
Ce mec est une plaie, un enfer. Dommage qu'il fasse en sorte de ne pas croiser mes yeux, car il exploserait sous mes pensées destructrices. Carrie ne relève bien sûr pas la faute, ça ferait trop pathétique, elle se contente d'inspirer profondément.
— Tu veux peut-être monter devant ? Lui demande-t-elle d'une voix aigüe.
— Ouais.
La blonde arrache sa ceinture d'une façon qui serait presque grotesque puis se jette à l'arrière entre les sièges. Harry ouvre la portière et s'écroule contre moi, frottant son jean troué avant de poser le coude sur la portière. Sa tête reste tournée vers le paysage, car il sait pertinemment que ma colère l'attend de l'autre côté.
Trois mots. Dont une mauvaise lettre. Voilà tout ce qu'il aura daigné lui accorder. Ma main frappe le pommeau de vitesse et s'accroche rageusement sur le volant.
« Chez Betsy's » est le coin que nous préférons dans cette ville. C'est un restaurant aux faux airs de Drive In des années cinquante. Les serveuses sont en tenue assorties, il y a des statues d'Elvis ou de Marilyn Monroe partout, et il y a un somptueux Jukebox. Ce qui fait surtout que nous adorons cet endroit, c'est qu'ils proposent les meilleurs Milkshakes du coin.
L'ambiance est affreusement tendue quand nous quittons la voiture, j'espère que l'effervescence du lieu apaisera le malaise. Je leurs tiens la porte puis cherche ma copine du regard par mis les tables bondées. La voilà, tout au fond à droite. Elle a réservé deux banquettes rouges en vinyle. Elle quitte son éternel Instagram des yeux pour se mettre à agiter la main. J'ouvre la marche et avance à sa rencontre, feignant superbement de ne pas avoir entendu le juron d'Harry.
— Carrie ! S'extasie la brune en tapant la banquette contre elle, depuis le temps que Louis me parle de toi ! Je suis tellement contente de te rencontrer !
— Ho moi aussi ! Rétorque la blonde avec le regard brillant.
Elle s'installe contre Loriane puis toutes deux se prennent les mains, ça me réchauffe le cœur. Je me penche embrasser ses lèvres puis laisse passer Harry. Il se décale vers le store blanc sans piper un mot ni même la saluer, elle fait pareil et l'ignore totalement.
Comme à son habitude elle se met à beaucoup parler. Carrie l'écoute attentivement, son adorable sourire aux dents écartées ne quittant pas sa figure. Maintenant que j'ai son visage bien en face, je réalise qu'il a perdu de ses rondeurs, qu'elle s'est doucement féminisée.
Dire qu'elle fera dix-sept ans cet hiver, ça passe si vite.
Une serveuse en robe à carreaux vient prendre nos commandes d'une amusante façon puis repart entre les tables. Avec les deux filles nous faisons joyeusement la conversation, pendant qu'Harry balade tranquillement sur Tinder, avachi sur la banquette.
— Cette ville est petite, mais j'y ai toute ma vie, je n'arrive pas à la quitter.
— Oui mais il fait chaud au moins, rétorque une Carrie faussement boudeuse, chez moi c'est tout aussi perdu, sauf qu'il fait moche tout le temps.
Loriane glousse en rejetant ses longs cheveux en arrière, aussi noirs que ceux d'Harry, puis s'accoude à la table pour rebondir à sa remarque. Le moindre de ses gestes est sexy, sa poitrine généreuse ondule quand elle se dandine, mais soudain un nom particulier m'arrache de cette délicieuse contemplation.
— Alors Harry, cette vie te plait ? Tu es heureux ?
Le silence s'est fait. Mes yeux passent rapidement entre la blonde et le brun. Il a relevé le nez de son téléphone et fronce les sourcils, surpris qu'elle outrepasse son comportement réfractaire et tente de lui parler. Carrie elle, lui sourit timidement. Il finit par renifler en tapotant des doigts sur le plastique, comme remuerait la queue d'un chat que l'on ennuie.
— Ouais, ça me plait. Et toi ? T'es contente de rentrer dans ton école de danse ?
Mes yeux se ferment de désarroi tandis que je pose mon front dans la paume de ma main, je ne veux pas voir le visage de la douce poupée se fendre en deux. Harry sait pertinemment qu'elle doute de son avenir, qu'elle ne sait plus vraiment si elle aime la danse ou non, qu'elle redoute la pression et le travail trop intense. Elle a essayé de se montrer gentille et voilà comment il salue l'effort.
Carrie hoche la tête en déglutissant.
— Euh oui, je n'en reviens toujours pas d'avoir décroché cette bourse. Ça va être une expérience incroyable j'en suis sûre.
— Sûr, achève-t-il de cette voix qui ne désire pas de suite.
J'écrase violement son pied sous la table mais il ne sourcille même pas, se contentant de reposer les yeux sur son téléphone. Je relève les miens sur la petite poupée, mais grâce à Dieu elle n'a pas l'air si blessée que ça, au contraire, elle lui tire la langue car il ne regarde plus avant de me sourire en coin. J'en mords ma lèvre avec complicité.
Loriane aussi le regardait, mais pas de la même façon. Elle le méprise, elle l'a méprisé dès la première seconde où il s'est montré tout autant affreux avec elle. Ça m'ennuie, car même si je suis parfaitement conscient qu'il lui rend la vie impossible, j'aurais espéré qu'au bout de deux mois elle aurait fini par cerner l'animal, qu'elle aurait entraperçu le garçon génial sous la carapace et les faux-airs, et vu sa dévotion et tout le bien qu'il m'apporte au quotidien... mais non, c'est de pire en pire.
La serveuse nous pose nos glaces et nos milkshakes, immédiatement Lorie dégaine son portable pour immortaliser sa composition au cookie. Le temps qu'elle mettra à poster la photo sur les réseaux sociaux, la glace ne ressemblera plus à rien.
Carrie avale une cuiller de la sienne en lâchant un souffle ravi.
— C'qu'elle est bonne.
Forcément je pioche dedans pour gouter moi aussi.
— Eurk, fais-je en plissant le visage.
— Bien fait, se moque-t-elle, t'as oublié que tu détestais la mangue ?
— J'ai surtout oublié que t'en avais commandé...
Nous rions tous les deux puis ingurgitons une nouvelle cuiller.
Comment sait-elle pour la mangue ? J'ai certainement dû le lui dire un jour et elle s'en est souvenue. Un exemple de petites choses qui vous confortent dans une véritable amitié.
*
Après un rapide tour de la place principale de la ville, nous rentrons à l'appartement. Le ciel est devenu rougeoyant autour des immeubles de notre résidence. L'ascenseur ouvre ses portes sur le troisième étage et je déverrouille. Loriane pénètre la première, elle se met à faire visiter le petit deux pièces à Carrie. Je pose les clefs puis leur sourit.
— Je vous sers quelque chose à boire les filles ?
— Ho oui chou, tu nous fais des Mojitos ?
La demoiselle a décidé, Mojitos ce sera. J'en profite pour attraper fermement le bras d'Harry et le balancer dans la kitchenette avec moi, libérant tout ce que j'ai difficilement contenu toute l'après-midi.
— Styles maintenant ça suffit ta gueule de travers !
— Lâche-moi.
Il secoue l'épaule pour se libérer puis commence à sortir les verres du placard. Je lance un œil discret en direction des filles qui observent la terrasse puis me rapproche encore de lui.
— T'avais dit que tu ferais des efforts !
— Je t'ai jamais dit ça.
— Alors quoi. Tu vas te comporter comme un sale connard toute la semaine ? C'est ça le plan ?
L'insulte fait mouche, il repose le citron sur la planche à découper puis me détaille de haut en bas, l'air dangereux.
— Ha tu veux qu'on en parle des plans ? Jette un œil dehors mec et dis-moi ce que tu vois.
Mes yeux clignent, je ne comprends pas. Il me montre sèchement la baie-vitrée alors je m'exécute. Je n'y vois que Loriane, fumant sa clope en bavardant, et Carrie, qui la dévore des yeux parce qu'elle est plus âgée et mature.
— J'vois rien.
— Regarde mieux !
Ses doigts citronnés viennent alors saisir mes joues ; il me donne une secousse et me force à tourner la tête de nouveau.
— T'as deux meufs amoureuses de toi sur le même balcon. Tu le vois pas ça ? Tu le vois pas ce qui va te tomber sur le coin de la gueule pendant ces vacances ? Moi je le vois.
Mon sang s'échauffe tandis que je me repositionne contre le plan de travail. Je me mets à piler très fort le sucre roux et la menthe au fond des verres.
— Tu dis des conneries. Oui on s'adore et oui on partage un truc fort, mais on est amis, rien de plus. Elle a un mec.
Son rire me fait l'effet d'une gifle, j'en dépose le pilon pour lui faire face. Lui me scrute de haut en bas, d'une façon qui me hérisse le poil, avant d'esquisser un rictus sarcastique.
— Alors si elle a un mec, c'est sûr que ça change tout.
J'ai trop bouffé de ses airs affreux toute la journée pour réussir à me contenir. C'est plus que je ne peux en supporter, moi la patience réincarnée. J'avance d'un pas et colle presque mon front au sien.
— Je suis fatigué que tout soit moche et compliqué avec toi ! Arrête de voir le mal partout, y en a pas de mal. On va passer une super semaine ensemble et toi tu vas me faire le plaisir de te comporter en adulte, ça nous changera !
Cette fois c'est moi qui le blesse, je vois ses yeux frémir un instant avant qu'il ne les plisse si fort que je ne puisse plus les voir. Il me bouscule alors et enfile sa veste en cuir tout en récupérant ses clefs de moto. Juste avant de sortir, il me dédie tout de même une dernière menace.
— Cette histoire elle va te péter à la gueule Louis, tu pourras pas dire que je t'aurais pas prévenu.
La porte claque en me laissant prostré devant les cocktails inachevés. Depuis le balcon, je perçois très nettement Loriane traiter Harry de connard arrogant avant qu'elle ne se remette à parler de son job. Mes yeux se relèvent vers elles, je n'écoute plus, je regarde.
Je regarde longtemps.
Hello mes louloutes ! Je suis bien rentrée de mes vaches ! Du coup ce chapitre est un poil plus long que les autres, j'avais que ça à faire dans le train ;p.
J'ai adoré ce chapitre, il est... complexe. Vous sentez les emmerdes arriver ? ;p
Je vous bisouille et clic clic étoile
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